Une rencontre un tant soit peu particulière...[ with Snowy ]

De là où elle était, elle pouvait voir les arbres percer le ciel de nuages. C'était un jour gris, comme un jour d'hiver. Le froid s'installait lentement, chassant peu à peu les dernières heures de soleil. L'air avait tout le même gardé une température permettant de se promener dans se cacher derrière une montagne de vêtements: on était mi-automne.

Ça faisait plus d'un an qu'Umbra attendait Oskan. Elle était, au début, très impatiente, elle s'imaginait leurs retrouvailles, s'inventant des histoires comme une enfant de dix ans. Lorsqu'elle voyait une silhouette masculine s'approcher de la Cité, son coeur se mettait à battre un peu trop vite, le rouge lui montait aux joue... enfin, c'était les premières semaines. Au bout de deux mois, elle s'était dégotté un logement pour presque rien, elle aidait à la Cité à tout et n'importe quoi, elle s'était intégrée mais continuait régulièrement à monter à l'horloge pour guetter la venue d'Oskan.

Au bout de six mois, son espoir l'avait pratiquement abandonnée. Un an plus tard, elle montait le coeur lourd en répétant sur un ton grave « Il est mort... il est mort... il ne viendra jamais... il est mort... ». Elle était tombée malade, ça s'était aggravé et elle avait du garder le lit deux bonnes semaines. Une fois guérie, elle garda tout de même sur le visage, un air maladif, un air perdu. Elle montait toujours à l'horloge, sans savoir pourquoi, elle regardait au loin, le regard vide. Pourtant, elle avait conservé son sourire discret, rêveur, son côté lointain, inaccessible. Pour elle, le temps s'était arrêté, chaque jours n'était qu'une parfaite copie de la veille, plus rien n'avait de sens. Elle pensa alors s'en aller, rien ne la retenait vraiment, à la Cité, Oskan ne viendrait pas... il ne viendrait jamais... Partir était peut-être une bonne chose, partir mais...où ?


Umbra se perdait dans le passé, elle savait que ça ne lui apporterait rien de bon: s'accrocher aux choses disparues n'apportent que le désespoir, il faut aller de l'avant.
Elle ouvrit brusquement les yeux, sur sa main coulait lentement une goutte de glace à l'eau de mer.

Ha....Zut... dit-elle, d'un air désintéressé au possible.

Elle se lécha la main, finit rapidement sa glace et descendit de son endroit préféré. Elle avait d'autres choses à faire que de rester plantée là. De plus, la journée s'avérerait chargée...
Elle flânât tout de même sur le chemin du retour, le nez en l'air, regardant le ciel aveuglant de son seul oeil valide... le temps était bizarre ces temps-ci, ça n'annonçait rien de bon...
Elle continua sa route et décida de s'arrêter sur un banc, quelques minutes "tant pis si j'arrive un peu en retard, c'n'est pas ça qui sera bien grave...".

Il n'y avait encore personne dans les rues normalement à cette heure là... cependant, une ombre masculine, une taille d'enfant, arriva tranquillement...
"En voilà un de bambin bizarre, quelle idée l'a piqué de se balader comme ça, à cette heure, nan mais franchement... jamais vu ça ! ".

L’automne.
Il fut un temps où Snowy adorait cette saison. L’été se terminait, la chaleur et le soleil disparaissaient progressivement. La nuit tombait plus vite, finissait plus tard. L’hiver approchait.
Aujourd’hui, sans mauvais jeu de mots, cette saison ne lui faisait ni chaud ni froid.
Snowy soupira. Il était encore très tôt. À part lui, il n’y avait personne dans les rues de la Cité du Crépuscule. Ou alors peut être qu’il y avait cette fille, là, à laquelle il manquait un bras. Snowy l’avait tout de suite remarquée, cette fille. Elle lui avait rappelé Hikari… Le jeune homme tenta de bannir ce souvenir de sa mémoire. C’était en voulant le protéger qu’Hikari avait perdu son bras. Parce que lui, il n’en aurait pas été capable tout seul. Quel lâche !
Deux jours plus tard, Hikari était morte. Trop de sang perdu. Trop d’infection. Trop d’ennemis et trop peu d’alliés.
Snowy se raidit. Les larmes lui montèrent aux yeux. « Arrête de pleurnicher, grinça une voix dans son esprit, ça ne sert à rien de toutes façons. Elle est morte, point. Passe l’éponge et trouve-toi une nouvelle copine. »
Tais-toi, murmura Snowy, sans se rendre compte qu’il parlait à voix haute. Et voilà, en plus d’être dépressif, il allait devenir schizophrène.
C’est à ce moment là qu’il LA vit. La fille au bras manquant. Elle était assise sur un banc, et semblait perdue dans ses pensées. Le cœur du jeune homme rata un battement. Il avait l’impression qu’elle était comme lui. En attente. En attente de quelqu’un. Qu’elle avait perdu espoir, elle aussi. Que chaque jour pour elle était un jour de plus dans une vie monotone. Un instant, il se surprit à vouloir lui parler. Il s’approcha d’elle, mais, voyant qu’elle le regardait, il jugea préférable de battre en retraite. Malheureusement, il loupa sa manœuvre et s’étala tout du long juste devant elle. Bilan : les coudes écorchés et le contenu de ses poches (de l’argent, une petite clé, une chaînette dorée décorée d’une pierre rouge sombre et des mouchoirs) vidé sur le sol. Première impression : pas géniale…
Le jeune homme tenta de se relever, trop vite, et tomba de nouveau.
Ça va, tout est OK ! s'exclama-t-il, rougissant de sa maladresse.

Umbra fixa son regard vide sur le garçon qui continuait d'avancer tranquillement. D'un coup, il fit un geste qui semblait être un demi-tour... deux secondes plus tard, il était à ses pieds.
J'ai un de ses charmes... les gens tombent à mes pieds dès qu'ils me voient ! Pensa Umbra en essayant de masquer un petit sourire.
Elle se leva rapidement, s'agenouilla près du jeune homme, l'aida à se relever et l'installa sur le banc. Elle commença à lui remontrer les manches et regarda l'état de ses coudes.
Ah, ça passe, c'est pas bien grave, au bout de quelques jours ça devrait partir! Prend tout de même ça, ça empêchera les frottements et aidera à la cicatrisation. Lui dit-elle d'un air maternel, comme elle en avait l'habitude en s'occupant des jeunes enfants, en lui tendant deux pansements.
Sans qu'il ai eu le temps de dire, ou même de faire quoi que ce soit, elle lui posa les pansements sur les jambes et enchaîne d'une question:
Mais dis-moi, que fais-tu à traîner dans la rue à cette heure là, tu devrait être dans ton lit en train de dormir, c'est en pleine semaine, à la tête, tu dois avoir environ 14-15 ans... tu devrais donc avoir école...
Elle ne réalisa que plus tard que c'était une question plutôt personnelle, mais, elle s'était laissée emportée.
La curiosité est un bien mauvais défaut...à quoi va m'amener cette question, je ne le connais pas... arf... quelle idiote... !

Snowy était sidéré. Bon, que quelqu’un le relève après une gamelle, rien d’extraordinaire.
Mais cette femme s’occupait de lui comme… comme une mère, ou une grande sœur, ou n’importe qui dans ce genre. Elle lui donna des pansements, lui en posa, même, puis commença à lui parler. Elle semblait tellement attentionnée, ce qui contrastait avec son air vide et désintéressé.
" Mais dis-moi, que fais-tu à traîner dans la rue à cette heure là, tu devrais être dans ton lit en train de dormir, c'est en pleine semaine, à la tête, tu dois avoir environ 14-15 ans... tu devrais donc avoir école... " dit-elle. Snowy redressa la tête.
" Non, je n’ai pas école ", répondit-il, un peu surpris. C’était la première fois que quelqu’un ici lui demandait s’il allait à l’école. En fait, c’était sûrement la première personne qui s’intéressait à lui depuis qu’il était là. Il ressentit un soudain besoin de discuter.
" Et puis, je trouve que c’est une bonne heure pour se promener. Il n’y a personne dans les rues, il fait encore frais… " Il s’interrompit un instant, puis ajouta d’un ton plus bas " Vous aussi vous avez l’air d’aimer sortir tôt… en fait, vous passez même la nuit dehors. C’est d’ailleurs amusant qu’on ne se soit pas croisés avant " Il s’arrêta là. " Je parle trop, je vais la mettre mal à l’aise " songea Snowy.
" Et alors ? Qu'est ce que cela peut te faire ? Tu ne vas pas me faire croire que ça te gêne réellement ? " siffla la voix dans sa tête.
En même temps, Snowy parvenait à faire passer beaucoup de chose, il suffisait qu’il prenne son air candide de petit enfant innocent. De toutes façons, il avait vraiment besoin de parler à quelqu’un, et cette femme semblait être la personne qu’il attendait depuis longtemps. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait l’impression que tout allait mieux depuis quelques minutes.

La jeune fille considéra le jeune homme, elle ne l'avait pourtant jamais vu, mais il savait qu'elle passait beaucoup de temps dehors... quel drôle de personnage que voilà !
Quelle question ! C'est bien drôle car je ne t'es jamais vu, je suis pourtant là depuis un p'tit bout de temps... !
Umbra leva la tête, et d'un coup, remarqua qu'elle allait VRAIMENT être en retard ! Elle enchaîna donc une excuse un peu maladroite:
Argh ! Il est déjà si tard ! Excuse-moi, mais j'ai une journée de travail chargée... alors je vais devoir partir... Mais, au juste, quel est ton nom ? Si tu veux, je serais en haut de l'horloge, vu que tu sais que j'y vais, aux heures habituelles... Et aussi, je m'appelle Umbra !
Elle se leva rapidement, laissant seul le jeune homme, sur le banc, et couru sur les pavés du chemin, créant un "tac-tac" répétitif, faisant comme une petite mélodie. Cette rencontre l'avait mise de bonne humeur, elle qui était plutôt maussade, elle chantonna un air joyeux sur le rythme de ses pas.
Le jeune garçon l'intéressait, il était comme entourée d'une aura de tristesse, une figure froide, mais qui, au fond, ressentait des sentiments...

Snowy l'observa partir, un peu surpris. Elle lui avait demandé son nom, mais n'avait pas attendu la réponse !
La Tour de l'horloge ? songea-t-il, un léger sourire sur le visage.
Attend, là, tu souris ? À cause d'une fille ? T'as déjà oublié Hikari ?
La seule mention de ce nom rembrunit Snowy. Que s'imaginait-il ? Y serait-elle, à la Tour ? N'était-il pas en train de s'inventer qu'il était heureux ?
Rain ne t'a pas rejeté pour rien, Snowy. Et tu sais pourquoi...
Sowy se leva d'un bond. Il enfouit les mains dans ses poches et partit lentement vers la gare.
***
Le soir tomba rapidement. Le froid s'installa dans les rues de la Cité du Crépuscule.
Snowy marchait. La journée avait été longue, et ennuyeuse. Comme d'habitude, en fait.
Ses pas le conduisirent jusqu'à la Tour de l'horloge.
Ne te fais pas d'illusions. se répétait-il. Mais lorsqu'il vit la silhouette familière d'Umbra devant l'énorme cadran de l'horloge, son coeur accéléra. Il grimpa quatre à quatre les escaliers. C'est complètement essoufflé qu'il arriva en haut. Umbra l'attendait.
Je ne te l'avais pas dit, mais je m'appelle Snowy, fit le jeune homme. Cette soirée promettait d'être magnifique.

Elle avait finit un peu plus tôt de garder les jeunes enfants, elle était donc montée, comme elle l'avait dit, en haut de la tour. Bien sur, elle ne savait pas si le jeune homme, dont elle ne savait toujours pas le nom étant donné qu'elle était partie sans attendre la réponse, viendrait ou pas.
Qu'il vienne ou pas... ce n'est pas si grave au final, je suis là, comme tous les jours, a attendre je ne sais quoi...
Elle s'était encore perdue dans ses pensées, mais elle entendit un souffle court derrière elle ainsi que la voix d'un garçon:
-Je ne te l'avais pas dit, mais je m'appelle Snowy.
-Bin... ce n'est pas que tu ne me l'avais pas dit, c'est surtout que je suis partie sans attendre la réponse, répondit-elle avait son sourire habituel.
Ils entamèrent tout deux une longue discussion, qui les emmena loin dans la nuit. La lune éclairait joyeusement le ciel noir, et les astres lumineux l'accompagnait dans sa danse nocturne habituelle. C'était une soirée magnifique. Quand ils arrivèrent aux questions un peu plus personnelles, l'attente et le sujet d'Oskan tombèrent fatalement.
Et bien... ce que je fais ici, c'est très simple, je passe mes journées à attendre la venue d'une personne qui m'est très chère: Oskan. Nous nous sommes quittés et avons promis de nous retrouver ici, à la Cité du Crépuscule... mais cela va bien faire un an que je l'attends, je n'ai plus d'espoir, vois-tu. Cela fait trop longtemps que je suis ici, j'ai besoin de bouger, je ne peux plus rester passive, à attendre comme une idiote ce qui ne viendra jamais...

« Un an ? Répéta Snowy. Pourquoi n’es-tu pas partie le chercher ? » Mais au fond, il savait. Elle avait sûrement cru à un retard, elle s’était persuadée que ce n’était qu’un simple retard, et n’avait pas voulu partir à sa recherche, de peur qu’il n’arrive pendant qu’elle était absente. Il connaissait tellement ce phénomène…
« Et puis, partir à la recherche de quelqu’un n’apporte pas que des bonnes choses… susurra la voix dans la tête de Snowy. Tu as plus perdu que tu n’as trouvé, en te lançant à la poursuite de Tu-Sais-Qui… » Snowy balaya la voix d’en geste de la main (geste totalement inutile, allez donc essayer de chasser une pensée avec la main).
« Et maintenant, que vas-tu faire ? Murmura le jeune homme, tu vas attendre ? Ou bien tu vas… partir ? Il regarda Umbra, et soudain, il prononça ces mots, qu’il n’aurait jamais cru prononcer un jour :
« Si tu pars à sa recherche, je veux t’aider. Il hésita, puis ajouta : je ne connais que trop la souffrance de quelqu’un qui attend un être cher qui ne vient pas. » Snowy trouva cela un peu cavalier, mais il ne pouvait plus supporter ce sentiment de vide mêlé d’appréhension, de manque, d’angoisse et de dépendance. Comme si toute notre vie ne tournait plus qu’autour de cela, comme si il n’y avait plus rien d’autre qui puisse nous maintenir à la surface.
« Dans quoi tu t’embarques ? Quelle idiotie es-tu en train de commettre ? geignit la voix. Tu n’essayerais quand même pas de combler TON manque en aidant cette fille ? »

Pourquoi je ne suis pas partie ? En voilà, une question bien difficile... Je n'en sais trop rien... je n'y ai jamais pensé...
La jeune femme arrêta sa phrase là et s'allongea en laissant pendre ses jambes dans le vide. Elle laissa son regard visiter les étoiles unes à unes. Snowy posa, en murmurant: Et maintenant, que vas-tu faire ? Tu vas attendre ? Ou bien tu vas… partir ?
Partir... partir... partir où, pour faire quoi, à quoi bon... je ne suis rien sans Oskan, je ne suis rien sans personne... Toujours perdue dans ses pensées, toujours perdue parmis les étoiles, elle n'entendit que de loin les paroles murmurées de Snowy:
Si tu pars à sa recherche, je veux t'aider. Il ajouta lentement, avec les mots choisis, sur un ton qui en disait beaucoup sur sa souffrance: Je ne connais que trop la souffrance de quelqu'un qui attend un être cher qui ne vient pas.
Et bien... et bien... que vas-tu faire, pauvre fille désespérée, pauvre gamine toujours perdue dans ses pensées, pauvre enfant que voilà, pauvre enfant qui se tient devant toi... Que vas-tu faire, du haut de ta petite logique inutile qui consiste à rester passive. Regardes-toi, à attendre comme une idiote, ce qui ne viendra jamais. Il a les bonnes paroles, ce jeune homme... Il est bien plus vieux qu'il n'en à l'air, il a un raisonnement d'adulte... son passé à l'air lourd... peut-être l'est-il même plus lourd que le tien... Je n'en sais rien... Que suis-je censée faire ? Je n'en sais rien...
Je suis perdue, oui, perdue depuis que j'ai perdu Oskan... Je n'ai plus rien, je ne suis plus rien... Alors quoi... alors bon... voilà... je vais partir, oui, partir... je n'ai que ça à faire, partir...
La femme se ressaya, les jambes en indien, pris sa tête dans sa main et répondit d'un air vague, pas vraiment décidé:
Partir... oui... je vais partir... je vais partir... avec toi, pourquoi pas, je t'apprécies bien... je me sentirais moins seule...

« Partir... oui... je vais partir... je vais partir... avec toi, pourquoi pas, je t'apprécies bien... je me sentirais moins seule...» Fit Umbra, indécise, la tête dans la main.
« Je ne veux pas te forcer, répondit rapidement Snowy. Mettre cette femme mal à l’aise était bien la dernière chose qu’il voulait. C’est juste que c’est ce que j’aurais fait. »
« C’est même ce que j’AI FAIT… pensa le jeune homme. Il sentit sa gorge se serrer. Et si l’histoire se répétait ? Et si elle souffrait ? Par ma faute ? Si les retrouvailles se passaient comme… » Il secoua la tête. Il fallait sincèrement qu’il arrête de délirer. Ce n’était pas parce que LUI, il était fichu, qu’il en était de même pour tout le monde.
« La situation est différente. Cet… Oskan, elle le connaît, ils étaient très proches… Il n’y a aucune raison qu’il la… »
Snowy observa le ciel. Les étoiles scintillaient autour de la lune. La lune pâle. Les cratères lui faisaient comme un visage. Un visage triste. Une goutte d’eau tomba sur Snowy.
« Allons bon, même la lune va pleurer maintenant… » Murmura-t-il. Il sourit. C’est ce que lui avait dit mot pour mot Hikari, une nuit où il pleuvait. Ses yeux s’emplirent de larmes.
Les gouttes se mirent à tomber, espacées d’abord, puis plus serrées, plus drues. Le jeune homme adorait ce contact glacé sur sa peau. Il rejeta la tête en arrière. Il sentait ces larmes du ciel glisser sur lui, se mêler à ses propres larmes, geler sur lui, à cause de cet air froid qu’il dégageait en continu, le recouvrant d’une fine pellicule de glace.
L’automne, sa saison adorée.
« Tu sais où Il est, non ? Demanda soudainement Snowy, craquelant la glace qui lui faisait un masque. Tu m'as dit qu'il était resté avec le reste de ton clan... »

Les astres ralentirent leur danse nocturne pour aller se cacher derrière d'abondants nuages. La lune restait la seule source pure de lumière. La pluie tomba, battabt un rythme régulier contre tout ce qu'elle rencontrait. Umbra n'aimait pas vraiment la pluie... elle la désespérait, la rendait soudainement nostalgique pour une raison inconnue.
Tu sais où il est, non ? Tu m'as dit qu'il était resté avec le reste de ton clan... La phrase tomba comme ça, comme la pluie était arrivée. Umbra leva la tête, ses cheveux, mouillés, lui collaient aux joues, lui donnant soudainement l'air épuisé, malade...
Mon clan... oui, je crois savoir où il est, mais est-il seulement en vie ? En voilà une bonne, de question... Elle laissa quelques secondes en suspend avant de reprendre: en fait... non, je ne suis même pas sûre de savoir sa localisation... je ne sais pas, vraiment pas. Je me souviens que c'était un lieu très sombre, peuplé de monstres... nous n'avions pas la même forme... La ville d'Halloween...

Snowy s’en voulu d’avoir posé la question aussi brutalement. Umbra semblait décomposée. Sa réponse était décousue.
Cela dit, les mots « La ville d’Halloween » firent comme un écho dans la tête du jeune homme.
« La ville d’Halloween… cet endroit peuplé de monstres ? Avec une grande tour tordue ? » S’enquit-il. Il n’était jamais allé là bas. Mais il en avait eu un aperçu. Un aperçu suffisant.
Un éclair déchira le ciel, tandis que la pluie redoublait.
« Tu veux qu’on se mette à l’abri ? » Demanda doucement le jeune homme ; chaque mouvement de sa bouche était accompagné d’un crissement. La température ne cessait de baisser.
Snowy n’avait jamais compris pourquoi il dégageait plus de froid lorsqu’il pleuvait. En tout cas, il savait que ça indisposait généralement les gens. Il se leva donc et entraîna doucement Umbra vers un préau.

"Tordu... quelque chose comme ça, oui... " Plus la pluie s'intensifiait, plus l'aura froide autour de Snowy s'accentuait, cependant, toujours perdue dans ses pensées, Umbra le remarquait à peine. Trempée, un long frisson la parcouru, la température chutait, les gouttes devenaient de plus en plus grosses, de plus en plus lourdes. Leurs chocs contre le sol résonnait danssa tête comme un marteau frappant une paroi de métal.
Snowy demanda quelque chose qu'elle n'entendit pas vraiment, mais suite à ça, il la pris doucement par la main et l'emmena à l'abri, comme l'on tient la main d'une jeune enfant ou d'une malade, et c'est ce qu'elle était, une malade, ses souvenirs la rendaient malade. La pluie se mêlait au sel de ses larmes, elle ne se rendait compte de pas grand chose, elle ne se rendait pas même compte qu'elle répétait depuis le début, de façon inaudible, un petit gémissement qui lui sortait du fond du coeur.
Lorsqu'ils furent au sec, Umbra leva un regard désespéré au jeune garçon, un regard sombre, dont la pupille se noyait dans la douleur que reflétait son comportement. Toujours avec sa voix faible et lointaine, elle murmura un "au secours", ferma les yeux et s'endormit.

« Ah, bravo. Regarde ce que tu as fait… Toi et ta curiosité maladive ! » Grinça la voix. Snowy était perdu. Que faire dans ces cas là ? Il n’était pas assez costaud pour la transporter au chaud. Il pouvait toujours aller chercher un médecin, mais il n’osait la laisser seule…
« Et pendant ce temps, elle crève peut être… » Chantonna la voix. Le garçon s’élança alors sous la pluie. Il courut comme un fou vers l’infirmerie. Il s’efforça de chasser les images que son cerveau lui envoyait. Les dernières images d’Hikari…
Il n’aurait peut être jamais dû l’aborder, cette Umbra. Il aurait peut être dû continuer sa propre vie sans venir lui pourrir la sienne. Soudain il eut une illumination.
« Et si je lui ramenais son Oskan, tu crois que ça arrangerait les choses ? » Demanda-t-il, haletant.
« Tu te mêles de choses qui ne te regardent pas », dit la voix. « Enfin, fais ce que tu veux, c’est toi qui a le contrôle du corps… pour l’instant… Au fait, ce n’est pas à Halloween Town que Beak a fui ? » Le jeune homme resta sans réponse.
Après un dérapage contrôlé, Snowy bondit sur la porte de l’infirmerie et la cogna jusqu’à ce qu’on la lui ouvre.
Dix minutes plus tard, Umbra reposait dans un lit douillet d’une confortable chambre d’hôpital.
Et Snowy marchait sous la pluie. Seul avec sa schizophrénie. Il avait quitté l'hôpital sans un mot, sans que personne ne le remarque.
Sa rencontre avec Umbra le transformait. Il sentait quelque chose de nouveau, en lui : une nouvelle raison de vivre.
« Tsss, c’est dur de vivre avec quelqu’un comme toi… » Murmura la voix. « J’espère que tu ne nous emmène pas vers une mort certaine… »

Au bout du couloir rempli de porte se trouvait Oskan. Umbra commença à marcher. Elle dépassa la première porte. La deuxième s'ouvrit à son passage, sur un monde sombre et inquiétant, le monde d'Halloween. Bientôt plus que deux avant d'atteindre le bout du couloir. Son souffle est court et entrecoupé par quelques tressautements, ses doigts sont glacés et ses gestes de plus en plus lents... elle continue quelques pas, dépasse encore une porte qui s'ouvre sur du noir et s'écroule.
Le vide. Une main chaude lui caresse les cheveux, elle ouvre son oeil, aperçoit que c'est Oskan et referme son œil. La main devient soudainement froide, elle rouvre l'œil, et voit que c'est Snowy au dessus d'elle.

Son regard est froid et vide, fixé vers le plafond, il semble pourtant voir au-delà de cette simple paroi blanche. La pièce est d'une couleur blanche, épurée de toute décoration. Peu de meubles, juste un lit, une chaise en bois ornée d'un petit coussin et une table de chevet portant une lampe.
Umbra se leva du petit lit douillet, elle réalisa alors qu'elle était dans l'infirmerie de la Cité.
Je ne me rappelle de rien... je me suis endormie, ou évanouie à côté de Snowy...
Elle tituba quelques secondes, et retrouva son équilibre. Regardant autour d'elle, Umbra remarqua seulement que Snowy n'était pas sur la chaise à proximité, où pouvait-il bien être...
En haut de la grande horloge, Umbra attend de nouveau, mais cette fois-ci, c'est la venue d'un autre qu'Oskan. Celui qu'elle attend est Snowy. Pour qu'ils partent tous deux à la recherche de son frère d'âme, au monde d'Halloween.

Snowy était allongé sur le dos, les doigts croisés sous la nuque. Ses yeux étaient vides, éteints. Seuls les soulèvements réguliers de sa poitrine prouvaient qu’il était encore en vie. Il avait erré toute la nuit après avoir déposé Umbra à l’infirmerie, et toute la journée. Le soir commençait à tomber, et il se demandait encore ce qu’il allait bien pouvoir faire. C’est vrai qu’il ne s’était pas très comporté « en adulte », ces derniers temps. Le jeune homme se redressa, et observa l’horizon. Il s’était installé sur le toit d’une maison élevée, de façon à avoir toute la Cité sous les yeux. Il pouvait voir le fourmillement des gens en bas. Ceux qui menaient une vie.
Snowy enfonça ses poings dans ses poches et commença à marcher, passant de toit en toit, jusqu’à arriver à la grande horloge. Il plissa les yeux, et sursauta lorsqu’il vit que quelqu’un était assis en haut. Il arriva rapidement au sommet et fut ravi en reconnaissant Umbra.
« Coucou, fit-il d’une voix timide. Tu vas mieux ? » Il s’assit à un bon mètre d’elle. Pas besoin de la refroidir à nouveau. Il sentait quelque chose de nouveau en elle, comme une sorte de détermination.
« Si vous décidez d’aller à la Ville d’Halloween, tu pourras en profiter pour te renseigner sur Beak… » Dit alors la voix.
« Je pourrais aussi l’oublier et me consacrer à aider Umbra. » Répliqua mentalement Snowy.
« On n’échappe pas à certaines choses, Snowy. Et je te signale que pendant que tu monologues, elle te parle. Sale gosse. »
Snowy se redressa brutalement :
« Hein, oui, quoi, pardon, que disais tu ? »
« Ce que tu peux faire tâche, des fois… » Ricana la voix.

Snowy était arrivé, comme elle l'avait prévu. Il s'était assis et avait regardé devant, comme toujours. Rassemblant tout son courage, elle se lança pour demander au jeune homme de l'accompagner.
Faudra bien que je me lance de toutes façons, sans lui, je ne vois pas ce que je pourrais faire... surement rien.
Snowy, j'ai une requête à te faire... pourrais-tu...non, voudrais-tu m'accompagner à la ville d'Halloween ? Je pense que j'aurais besoin de toi là-bas, je ne pense pas réussir à me débrouiller seule dans un endroit aussi chargé de souvenirs...
Le garçon continuait à regarder devant lui, dans le vide, mais il n'en sorti aucune réponse. Quelques secondes plus tard, il l'apostropha:
Hein, oui, quoi, pardon, que disais-tu ?
Ha... heu, je te demandais si tu voulais bien m'accompagner à Halloween... un truc du style quoi...

Snowy se maudit intérieurement et maudit cette saleté de voix qui rendait ses relations sociales déprimantes.
« Je suis désolé, Umbra, j’étais dans mes pensées… » bredouilla-t-il. « Mais bien sûr, je serais ravi de t’accompagner et de t’aider ! Quand voudrais-tu partir ? »
Au final, ils décidèrent de partir le lendemain. Umbra expliqua un peu à Snowy ce qu’ils cherchaient, à savoir un « beau gosse aux cheveux bleu-vert coiffé de façon extravagante » .
Snowy faisait tout pour paraître détendu. Malheureusement, le fait de savoir qu’il était possible de croiser Beak à la ville d’Halloween lui nouait l’estomac. Durant 12 ans, le jeune homme avait considéré ce type aux traits d’oiseaux comme son père. Aujourd’hui, ils étaient ennemis ; le meurtre d’Hikari était comme marqué au fer rouge dans la chair de Snowy.
En même temps, ça ne servait à rien de se faire des films. Après tout, peut être que tout allait bien se passer…

[Fin de ce rp, suite à la VILLE D'HALLOWEEN]