L I O N E I H & L O N G I N U XLa naissance d'un Simili, la disparition d'un autre
P R O L O G U E
[ Musique ]
Les flammes, les cris, les pleurs, le sang, le chaos, la mort. Tous ces éléments funestes étaient réunis en un lieu, un monde qui venait d'être ravagé par une colère inhumaine, une colère profonde et vengeresse, celle d'un homme qui voulait effacer la trace de ses origines et tout ce qui s'y rapprochait. Y compris des hommes, des femmes, des enfants, innocents et impuissants, mais qui n'étaient que des restes d'un passé et d'une histoire dont aucuns ne se devaient d'être fiers.
"Qui êtes-vous ? Qu'avez-vous fait à mon peuple ?!", demandait une petite fille aux belles bouclettes blondes et aux grands yeux oranges qui contrastaient avec le tin mat de sa peau. Une enfant, faible et apeurée, dont les yeux étaient gorgés de larmes, des larmes qui coulaient le long de ses joues et venaient s'unir au sang dont elle était recouverte. Le sien, celui de ses amis, de sa famille, le sang de ses congénères morts face à l'homme qu'elle implorait de lui donner une réponse.
"... ton peuple ... ? Sache qu'il a été le mien bien avant le tien", lâcha froidement l'individu en s'approchant de la dernière personne encore vie, cette fillette, qui allait également subir la folie meurtrière et pourtant si calme du grand homme aux yeux rouges et aux cheveux mauves, portant une lourde armure d'un métal sombre, drapé d'un grand manteau lui donnant des airs de corvidés annonciateurs de mort. D'un geste brusque, l'imposant homme taciturne brandit une longue arme, bien plus grande que lui malgré sa taille déjà colossale, en direction de la gorge de l'enfant apeurée et déjà blessée. L'arme en question était une "lance" d'après son porteur, même si elle n'avait de lance que le nom, et à la limite la longueur, car sa forme était beaucoup plus large et incertaine, l'outil de destruction était presque informe, sa conception et son efficacité en combat paraissait archaïque. Et pourtant l'individu avait réussi à décimer tout un monde avec l'engin, un peuple non-préparé au combat, certes, mais cela montre tout de même la capacité meurtrière de cette arme dans les mains d'un homme rongé par la soif de vengeance, c'était devenue comme une religion pour ce guerrier parti en croisade, la croisade d'un homme sans coeur, et qui ironiquement, haïssait les religions.
"Tu as des traits communs avec une amie que je n'ai pas vu depuis un moment...", qu'il fit savoir à l'enfant en passant le bout de son arme dans les cheveux d'or de la petite. "Tu... lui ressembles vraiment beaucoup...", qu'il bredouilla en songeant à son "amie" comme s'il avait presque du mal à se souvenir d'elle, alors qu'il l'avait côtoyé peu de temps auparavant, peut-être quelques semaines. La notion du temps n'existait plus pour ce guerrier voguant à travers les mondes à la recherche de ses proies, toutes listées précisément dans une zone de son cerveau liée à l'obsession.
"Alors... vous n'allez pas me tuer ? V-v-vous n'allez pas me tuer si je ressemble à votre amie ! Je suis peut-être de sa famille !!!", s'exclama l'enfant terrorisée en cherchant à apitoyer son agresseur, même si elle ne survivrait sans doute pas longtemps dans l'état où elle et son monde se trouvait, rongés par la destruction et la mort. Elle ignorait que l'homme à qui elle s'adressait n'avait pas de coeur, au sens propre comme au figuré, et que sa remarque n'allait rien arranger dans son cas.
"Si j'avais un coeur, cette annonce aurait pu... me faire rire. Evidemment que tu fais partie de sa famille, ne faisons nous pas tous partie de la même et grande famille ? Nous décédons tous d'un ancêtre commun, le premier bourgadian, celui qui a probablement tout foiré dès le début. Rien ne doit rester de la Bourgade de l'Aube, pas même ceux qui lui sont liés sans même y avoir poser les pieds", expliqua l'individu de sa voix grave et caverneuse, d'un calme et d'une tessiture effrayante, en faisant référence à son propre monde, celui dont il était originaire, et dont la petite fille et tout son peuple descendaient sans qu'elle ne le sache.
"Tu es un reste de la Bourgade de l'Aube, et rien ne doit rester de cette abomination et ce qu'elle a engendré. Pas même moi", qu'il ajouta avant de rétracter son arme et de se retourner,
peut-être pour s'en aller et me laisser en vie !, pensa l'enfant qui se voyait déjà avoir été récompensée et sauvée par les dieux.
"Tu ressembles certes à mon amie, mais cela ne va pas me détourner de ma tâche... ", affirma froidement le grand homme qui avait rétracté son arme pour mieux la faire valser en direction de la petite fille. Après son propre sang, c'est à ses sucs digestifs que se mélangea les larmes de l'enfant qui n'avait à présent que ses entrailles en mains pour éponger ses pleurs.
"... puisqu'elle aussi devra mourir de ma lance".C'est en quête de nouvelles têtes à faire tomber et de ventres à transpercer de son arme que Le Lancier, comme on l'appelait dans l'Organisation, disparu à travers un portail des Ténèbres. Il était Longinux, l'ancien bras-droit de Phoenix la Sucrerie des Ténèbres, source même de la révolte des Simili face à Xyz, le Simili du père de Lunigon, l'être humain qu'il avait été. La fin du Simili Xyz a changé Longinux et lui a fait comprendre la voie qu'il se devait de prendre, une voie qui le conduisit à tuer le Sans-coeur de son père après avoir détruit le Simili de celui-ci. La voie prise par Longinux, la croisade qu'il avait entamé pour faire oublier la Bourgade de l'Aube et ses croyances avait fait du Lancier un Simili nouveau, non pas animé par une âme, mais par une colère qui ne devrait pas exister chez un être sans coeur.
Et si la haine et la vengeance ne font pas bon mélange chez l'être humain, cela est encore pire chez un Simili.