Un refuge en vaut un autre [Libre]

Fujino et Azaka venaient de quitter l'île du destin, laissant Yuki, Mélodie et cie à leur lutte chaotique contre les dieux. Azaka avait des choses à dire à Fujino et celle-ci était soulagée de trouver ce qui semblait un visage amical parmi tous ces gens qui ne semblaient pas amicaux, ou en tout cas, qui ne l'aidait pas. Elle espérait juste que son pouvoir ne se réveillerait pas sur Azaka. Elle ne voulait pas, une fois une amie trouvée, la réduire en charpie malgré elle. Le pire c'est qu'elle serait capable d'y trouver du plaisir, comme d'habitude.

Azaka et elle apparurent dans la nécropole. Et là, Azaka devint livide. Elle avait dit avant de partir "allons parler dans un endroit moins chaotique". Et bien l'ironie était qu'elles étaient à présent dans un monde pas beaucoup plus réjouissant. Et pas du tout le genre d'endroit où on s'arrête pour discuter un peu. Fujino crut alors à un complot, qu'Azaka l'avait piégé, mais sa face aussi atterrée que la sienne lui dit le contraire. Elle lui demanda tout de même:

-Mais on est où là ?

-Désolée Fujino. Je sais que quand je t'ai dit un endroit plus tranquille, on s'attendait à un restau, un banc dans un parc ou une forêt, mais on dirait que le pilote automatique de mon vaisseau a comme qui dirait... Planté.

Azaka remonta dans le vaisseau, suivie de Fujino. Elle essaya de le faire redémarrer, direction un monde plus chaleureux, mais tout ce qu'elle tira du vaisseau ce fut un petit panache de fumée, un faible son d'explosion et puis plus rien...

-On dirait qu'on va être coincé ici un moment. Et pas la moindre trace de vie dans ce foutu pays.

Fujino s'asseya à la porte du vaisseau, entre le dehors et l'intérieur. Décidément, la chance n'était jamais de son côté.

-Oh ça va, te laisse pas abattre. Au moins, tu m'as trouvé.

Fujino sourit faiblement à son amie, nouvellement retrouvée.

-On pourrait en profiter pour parler. Tu as beaucoup de choses à me dire, non ? Demanda t-elle en espérant qu'effectivement elle avait beaucoup de choses à lui révéler sur elles deux.

-Et comment ! Des potins jusque dans mes tiroirs. Mais d'abord, on va se préparer un petit frich'ti.

Azaka sortit une poele et un réchaud, puis de la viande, en petits morceaux. Elle alluma le réchaud. Et Fujino s'étonna:

-Tu pourrais utiliser tes pouvoirs pour allumer.

-Pas un réchaud, ça s'allume tout seul. Y a une technologie on s'en sert, c'est moins fatiguant que lancer un sort et puis la magie faut pas en abuser. C'est pas un jouet. Toko m'a même dit qu'on enseignait la magie pour contrôler les énergies de notre corps. Uniquement pour vivre en harmonie avec soi-même. En d'autres termes, manier le feu, la glace ou tout ça, c'est accessoire, pour faire joli, une preuve que t'as atteint l'harmonie intérieure. Et Azaka se replongea dans sa viande.

Fujino avouait qu'elle commençait déjà à en avoir marre qu'Azaka élude les questions et ne réponde pas de suite. Pourquoi manger ? Pourquoi quand on avait un vaisseau en panne ? Pourquoi quand on était venus pour des réponses ? D'accord ce n'était pas l'endroit désiré pour les révélations, mais qui savait ce qui allait leur tomber dessus, quand ils auraient l'occasion de parler ?

Eh bien, ce qui allait lui tomber dessus, c'était une fille avec un petit bonhomme de neige qui passèrent d'un coup avant de saisir une montre accrochée à une des Keyblades.

-Non mais je rêve là ! Y a du monde dans ce désert ? S'exclama Azaka. Et du monde qui a perdu son temps on dirait... Quoi ? C'était naze comme jeu de mot ? Termina t-elle en regardant Fujino qui ne riait pas.

Fujino se leva et laissa Azaka à ses jeux de mots.

-Dis-lui qu'on a plus de Mr Freeze ! Acheva Azaka sûrement en écho au petit bonhomme de neige. Là, pour le coup, c'était presque insultant.

Fujino s'approcha timidement, non sans une certaine inquiétude quant à son ventre. Allait-il encore la forcer à faire du mal à de pauvres inconnus ? A y réfléchir, cela faisait un certain temps qu'elle allait un peu mieux. Tout en passant un bras sur son ventre, elle demanda:

-Excusez-nous. Nous nous sommes échoués ici, et notre vaisseau refuse de démarrer. Vous sauriez nous aider ?

Fujino remarqua que la jeune fille ne s'avérait pas vraiment amicale. Entendez par là que son ton était plutôt glacial. Entre la fille aux pouvoirs de feu et la glace dans les yeux de l'autre, il y avait de quoi faire. Fujino commença déjà à se demander si elle avait bien fait de s'adresser à elle. Il fallait dire que ses dernière rencontres l'avaient quelque peu rendu parano. Difficile de lui en vouloir. En dehors d'Azaka, personne ne lui avait jamais vraiment tendu la main. On pouvait inclure Mélodie, mais c'était plus compliqué. Et encore Azaka ne lui avait encore rien raconté et elles ne se cotoyaient que depuis peu de temps et seule la parole d'Azaka, selon laquelle elles se connaissaient de longue date, les liaient. Fallait-il encore que ça soit vrai.

Bref, Fujino répondit, la voix légèrement chevrotante:

-Enchantée. Désolée si je ne me suis pas présentée. Fujino Asagami et voici Azaka. En quoi est fait ton vaisseau, Azaka ?

La jeune fille haussa les sourcils en engouffrant un morceau de viande dans la bouche.

-Il est en carton. Nan, j'rigole. C'est du titane essentiellement. Et la blondasse, le sens du service ça te dit quelque chose ? La générosité, non plus ?

-Azaka ! Excusez-la, elle est un peu à cran. Je suis désolée, mais nous n'avons pas grand chose. Pour ma part, cela fait longtemps qu'il n'y a plus rien qui m'appartienne.

-Apparemment c'est le tube de refroidissement qui a pété. Alors laisse tomber, à moins qu'elle soit vendeuse de tôle...

Fujino sourit timidement, comme pour remercier Kavitchie de sa "générosité". Elle l'accompagna jusqu'au vaisseau. Là, le diagnostic fut clair. Changer le tube. Et après, elle lancerait... Un sort ? C'était une sorcière aussi, comme Azaka ? Alors, ces deux filles, se connaissaient t-elles ? C'est qu'imaginait Fujino parce qu'elle imaginait qu'Azaka avait eu droit à une école de magie, puisqu'elle parlait tout le temps de son mentor. Elle s'imaginait donc que Kavitchie avait peut-être été dans la même école. Mais ce n'était que ce qu'elle croyait, parce que l'idée lui "plaisait" et qu'elle ne s'imaginait pas que le monde était vaste, et que les pouvoirs magiques, ça allait et venait.

Enfin bref, Fujino se tourna vers Azaka, elle ne fut pas surprise de l'entendre dire sur un ton désinvolte.

-Ben tiens. Et c'est pour ça qu'elle voulait qu'on la paye ? Pour un diagnostic et un tube qu'elle n'a pas ?

-Elle n'a pas dit qu'elle ne l'avait pas. Qu'il fallait qu'elle en trouve un...

-C'est le même. S'il faut qu'elle le trouve, c'est qu'elle l'a pas sous la main.

-Mais au moins, il y a quelqu'un qui essaye de faire quelque chose, contrairement à toi. Continua Fujino en sentant la moutarde lui monter au nez. Comment est-ce que ces deux filles pouvaient avoir été amies ? Elle se demanda si Azaka ne lui avait pas raconté des bobards. D'accord, elle ne se souvenait de rien, mais ça paraissait un peu gros.

Soudain, il y eut un gros boum dans le ciel. Il y eut comme un trou noir qui s'ouvre dans le ciel et un homme en tomba à toute vitesse, comme un météore et s'écrasa tête la première sur le sable de la nécropole.

Alors que Fujino croyait l'homme blessé, elle se rendit compte qu'il n'avait rien et que le seul résultat de sa chute était d'avoir la tête enfoncé dans son haut de forme. Un haut de forme rouge que Fujino reconnut aussitôt en frémissant. Même Azaka le reconnut, ce qui la fit se lever en fronçant les sourcils.

L'homme tâchait d'enlever sa tête de son chapeau. Comme il n'y parvenait pas, sa voix résonna comme dans une caverne de l'intérieur de son chapeau:

-Tiens, Fujinette ! Tu excuseras mon état, mais il semble que tout ne se soit pas passé comme je l'avais prévu. Mais je vois que je tombe bien. Enfin, façon de parler. Besoin d'un tube ? J'ai justement un tube dans mon barda. Il faut juste que je sorte ma tête de ce... Gnnnn !

-Pas question qu'on accepte quoi que ce soit qui vienne de toi. Ca va être de la camelote ou bien un piège explosif.

-Quelle méchante accusation ! Tu sais très bien que je ne risquerais pas la vie de ma chérie Fujinounette ! Et puis, avez-vous le choix ? Votre nouvelle amie, là, a t-elle un tube ou pas ?

A se demander comment il faisait pour avoir la tête dans son chapeau et voir ce qui se trouvait autour de lui.

Fujino grinçait des dents. Allait-elle pouvoir profiter du soi disant aveuglement de Cornelius ou voyait-il comme en plein jour ? Quoi qu'il en fut, elle était plus que jamais pressée de partir et désireuse qu'Azaka lui explique tout sur elle et lui. La présence de Cornelius lui rappela tout ce qu'elle avait pu apprendre sur lui et elle, et lui rappelait qu'il y avait encore des parts d'ombre qu'Azaka avait promis d'éclaircir.

Kavitchie semblait avoir trouvé un tube adéquat. Fujino sembla soulagée. Elle afficha un petit sourire comme pour remercier Kavitchie. Il n'y avait plus qu'à s'envoler. Enfin, tout du moins, c'était ce qu'elle espérait. Pouvoir s'éloigner de Cornelius... Mais était-ce seulement possible ? Elle réfléchit. Depuis le début de son voyage, Cornelius finissait toujours par apparaître. Pays des merveilles: Cornelius. Ile du destin: Cornelius. Ici: Cornelius. Comment il faisait pour la retrouver ? Impossible à dire, mais il était partout où elle allait. Alors, y avait-il un endroit où il ne la trouverait pas ?

C'était assez désespérant quand on y pensait.

Cornelius ne fut pas vraiment content que Kavitchie eut un tube. Il se mit sur ses deux pieds et fit de sa voix résonnant dans le fond du chapeau.

-C'est une honte ! Cela ne devait pas se passer comme ça ! Je ne suis pas d'accord ! Il claqua des doigts et une violente tornade souleva le vaisseau qui disparut. -Hi hi ! J'aurais un cadeau pour toi, Fujinette. Tu l'acceptes, je te rends le vaisseau. A plus. Cornelius disparut tandis qu'Azaka fulminait, mécontente d'avoir perdu son vaisseau. Elle jura contre cet homme en des termes qu'il faut mieux censurer.

-Un cadeau ? Qu'est ce qu'il me veut à la fin ?

-Dans tous les cas, faut pas lui faire confiance !

-Pourquoi ? J'ai besoin qu'on m'explique. J'en ai marre de tous ces mystères !

-Ecoute, c'est pas facile et assez long.

-Cornelius était mon mari ou pas ?

-Oui, mais...

-Alors pourquoi je devrais me méfier de lui ? Et pas de toi ?

Là, Azaka ne répondit pas. Pas parce qu'elle ne savait pas quoi dire, mais parce qu'elle avait du mal à encaisser que son amie puisse mettre en doute son amitié et sa confiance.

On ne peut pas dire que seule Azaka traita Cornelius de tous les noms. Kavitchie s'y mit aussi avec une étonnante motivation à retrouver le vaisseau et surtout, surtout le voleur. Mais toute la question était là: où était-il passé, lui et le vaisseau ? Fujino était plus préoccupée par les intentions d'Azaka que par le vaisseau. Et Azaka... Et bien le vaisseau, elle en avait déjà moins à carrer à cause de la méfiance que Fujino avait exprimé à son égard.

Mais comme elle ne savait pas quoi répondre, elle profita de la fureur de Kavitchie pour revenir au vaisseau.

-J'en sais rien où il est, mais il va me le payer.

-Je n'en ai pas fini avec toi Azaka.

Mauvaise tactique, Azaka. Le changement de sujet avait apparemment aigri Fujino qui avait été vexée. En changeant de sujet, elle n'avait pas réussi à faire disparaître les soupçons de Fujino. Au contraire, elle les avait accentué comme si ce changement de sujet arrangeait Azaka pour ne pas à avoir à répondre.

-Ecoute. Il y a des tas de choses... A dire... Ca prendrait du temps et je ne sais même pas par quoi commencer, mais je t'assure que je suis ton amie et que je peux t'aider.

-Mes rêves, pour commencer, ils sont vrais ou pas ? Ce que Cornelius me montre ? Que nous étions mariés ? Que nous sommes morts ? Que Cornelius a été tué par cette Shiki ? Que j'ai poursuivi Shiki qui parlait à une fille blonde ?

-De ce que tu me dis... Oui, tout est vrai. Tu es revenu à la vie. Et c'est pour ça qu'il faut que je te protège. Des autres et de toi-même.

-Tu ne me dis rien. De qui faut-il me protéger et pourquoi ?

-C'est... Compliqué.

-Hmph, je le savais. Ecoute, j'ai un enfant dans mon ventre et je ne compte pas rester les bras croisés. Je le protégerais et je ne laisserais pas n'importe qui me protéger. Il ne faudrait pas que je mette ma confiance en nimporte qui et que mon enfant en pâtisse.

-Hein ? Qu'est ce que tu racontes ?

-Que je ne me souviens pas de toi et que tu vas devoir me prouver que tu étais mon amie. Je suis désolée. Parce que si on était amis, alors je comprends que tu doives avoir de la peine d'entendre ça. Mais ce n'est pas... Ma faute. Bon, arrêtons-là. Dit Fujino en se tenant le ventre qui lui avait fait de plus en plus mal au fur et à mesure que la conversation s'échauffait.

-Cornelius ne nous attend nulle part. Je le connais. Il joue avec nous. Avançons et on tombera forcément sur lui.

Un monde étrange, des sensations froides... Cet endroit n'était que désert. Il n'y avait ni trace de vie, ni quoi que ce soit d'autres pouvant orienter le plus grand des aventuriers. Cependant, ce qui se trouvait ici pouvait en surprendre plus d'un. Des Keyblades au nombre infini étaient plantées dans ce paysage aride ou rien ne semblait bouger. L'atmosphère ne pouvait être décrite précisément. Un lieu sinistre et lugubre, un bien bel endroit pour une personne qui aux intentions mauvaises.

Soudain, une boule noir, avec une aura puissante lévita dans les airs au dessus de cet endroit sans vie. Elle finit par grossir petit à petit laissant place à une personne qui tomba aussi rapidement qu'elle apparut. La gravité, c'est chiant. Mais pas de mal, c'est ce qui comptait. Cette personne se faisait remarquer du fait de son long manteau blanc, orné de flammes noires sur le bas de l'habit. Son visage était recouvert d'une capuche mais il était facile de voir le bas de celui-ci étant donné que la capuche ne recouvrait qu'une partie. Caché dans l'obscurité de sa capuche, on pouvait voir l'un de ses yeux briller, un bleu aussi pure que l'océan parfait. On pouvait le voir sérieux étant donné qu'il ne souriait pas, il ne faisait que venir dans un endroit qu'il découvrait. Son apparition ne fut pas remarquer, par quiconque puisqu'il ne semblait y avoir personne. Après un long soupir, il mis ses mains sans ses poches et continua sa route là ou elle le mènera.

Après plusieurs minutes, et après une longue marche, il entendit des voix. Ces personnes ne se ménageaient pas puisqu'elles avaient l'air d'hausser le ton. Et sans aucun doute, au moins deux personnes étaient ici. Un endroit pas si désert finalement. Il continua de marcher et les voix devenaient plus fortes. Au final, il finit par voir, levant la tête, des personnes ne bougeant pas d'un poil comme s'ils attendaient qu'un miracle s'accomplisse. Une expression se dessina sur le visage de Naxyld, comme si ces personnes le lassait. Il faut dire que ceux présent ici n'hésitaient pas à se croire seul au monde.

- Hé ! Un peu moins fort... Vous me faites mal au oreilles.

Après quoi il continua de marcher dans leur direction sans pour autant être prêt d'eux. S'arrêtant à une dizaine de mètre loin d'eux, il continua ses paroles sans se préoccuper de ce qu'ils faisaient. Tête baissé, les mains toujours dans les poches, il reprit là ou il avait terminer.

- On vous a déjà apprit le respect ?... Enfin bon, je suis pas votre mère. Vous connaissez le chemin ? J'aurais besoin d'une indication, après je vous laisse tranquille.

Ayant terminer son discours, il lâcha un sourire mesquin. Il faut dire qu'il ne s'était même pas présenter devant mais à quoi bon parler à des inconnus et faire les présentations puisqu'il est fort possible de ne plus jamais les revoir. Ce ne sont que de simples passants. Cependant, après réflexion, de simples passants ne prendraient pas la route menant ici. Qui donc pouvaient-ils être ?

Fujino rendit l'acquiescement de Kavitchie et prit les devants. Elle commença à marcher en souhaitant que Cornelius ne tarderait pas à se montrer. D'accord, chaque fois qu'elle le voyait, elle frissonnait, elle le trouvait dégoûtant, mais elle était résignée. Elle savait que, malheureusement, quoiqu'elle fasse, elle devrait jouer le jeu de Cornelius pour pouvoir continuer. C'était comme ça que ça marchait avec lui, point. Comme un gamin qui veut qu'on joue avec lui, cent fois au même jeu. Plus qu'à espérer que son enfant ne serait pas aussi capricieux.

Mais, même si Fujino était convaincue que Cornelius se montrerait quand il en aurait envie, pour peu qu'on le cherchait, elle était quand même dubitative. Se montrerait-il vraiment ? Avait-il une cachette particulière ? Mais où ? Une chose était sûre: Cornelius voulait être trouvé, donc, il fallait que Fujino pense comme lui, qu'elle cherche ce qu'il aurait pris comme cachette en sachant très bien que c'était là que Fujino chercherait. Mais dans ce monde désertique, sans endroits où se cacher, plat, sans rien du tout que des Keyblades... Cornelius n'aurait pu se cacher que sous terre. Absurde...

Elle n'avait pas fait trois pas qu'une voix l'arrêta aussitôt. Elle se tourna en croyant que Cornelius s'était déjà montré. Mais ce n'était pas le cas.

-Tiens, c'est le coin des paumés ici ou quoi ? cingla Azaka

-Azaka ! Vociféra Fujino

-Ben quoi ? Et puis d'abord c'est quoi cette question ? Il manque quelque chose. Vous connaissez le chemin ? A moins que ce soit une question philosophique, ça n'a aucun sens. Le chemin vers quoi ? Si tu veux mon avis, il est paumé et pas que sur sa route, dans sa caboche aussi ça tourne pas rond.

-AZAKA ! Hurla Fujino. En respirant profondément, elle reprit: -Désolée. Une indication à propos de quoi, monsieur ?

-Ah tu vois ? Toi aussi, tu sais pas quoi répondre. Il manque quelque chose. Par contre, fais vite le capuchonné, parce que y a l'autre Kavitchie qui nous a dit qu'elle voulait bien nous aider mais que c'était déjà beaucoup. Mon avis, elle risque de nous faire payer les heures supplémentaires si tu nous retardes. Ou carrément de nous laisser tomber ici.

Un endroit décrit comme désertique laissait en plan un groupe de personnes. Paumés ou non, ce lieu n'était pas abandonné. Arrivant vers tout ce monde, il posa une question direct, rapide et simple. Naxyld avait besoin d'une indication particulière mais aucune de ses personnes n'avaient l'air de connaitre l'endroit et de connaitre ce " fameux chemin " que recherchait le guerrier posté devant eux. De plus, une fille n'avait pas hésité à lui répondre franchement. Aucune crainte, ni aucune peur. Elle devait connaitre le danger ou bien alors, c'est son caractère. Quoi qu'il en soit, elle était devait être venue ici par hasard pour ne pas connaitre les lieux.

Toujours encapuchonné, il leva la tête en direction de cette fille qui lui avait adressé la parole. Ne connaissant pas son prénom, puisqu'il n'avait pas été donné, il grimaça devant cette insulte le rabaissant et, d'une main enlevée de sa poche, tira son capuchon vers l'arrière. Son visage était à présent découvert avec ses cheveux mi-long noirs et sa particularité d'avoir un oeil aussi bleu que l'océan et un oeil gris. Il reprit un sourire mesquin tout en regardant cette même personne. Il vit par la même occasion deux deux autres personnes s'éloigner un peu plus loin. Inutile de se mêler de leurs affaires.

Après quoi, il profita de la situation pour discuter avec celle qui se présentait devant lui.

- La question n'a pas de sens philosophique. rétorqua-t-il.Seul ceux qui connaissent véritablement cet endroit peuvent comprendre le sens de cette question et je n'ai pas l'envie de dévoiler ce que je veux faire, cela ne regarde que moi.

Après un petit silence, il finit par reprendre son discours tout en fixant la personne immobile devant lui.

- Cependant, j'ai envie d'en connaitre un peu plus sur vous. dit-il en se rapprochant d'elle. Que recherchez-vous en particulier dans cet endroit au point d'avoir demandé de l'aide à cette personne que vous avez nommé Kavitchie ? Cela semble important, non ? dit-il en se stoppant, d'un air arrogant.

Positionné comme il l'était un peu plus près de cette personne, il cherchait à en savoir plus sur leur objectif de leur venue ici. Pourquoi venir en ces lieux si perdu et sans le connaitre ? Ou alors, y'avait-il une raison plus déterminante, peut-être une arrivée ici imprévue. Dans tous les cas, le visage de cette fille envisageait une réponse qu'elle allait apporter dans l'instant même... Ou encore des fanfarons.

Fujino se laissa entraîner un peu plus loin. Après tout, elle avait des inquiétudes plein la besace et n'avait plus vraiment de temps à perdre avec un homme énigmatique. Alors tant pis, cet homme serait sans doute outré par l'impolitesse d'Azaka, mais elle avait assez de devoir sans arrêt la corriger ou au moins s'excuser pour elle. Au moins Kavitchie l'éloignait et donc elle n'avait plus à entendre les bêtises d'Azaka et d'en être gênée. Parce que même si ce n'était pas elle qui parlait, d'être avec Azaka, elle avait l'impression de paraître comme une malpolie, comme Azaka. Elle avait honte.

Bref, une fois éloignée, Kavitchie semblait vouloir parler. La jeune fille qui avait un temps été énervée et n'avait que la vengeance en tête, s'était déjà calmée et était plus patiente. C'est à peine si elle n'encensait pas Fujino de multiples qualités avant de lui demander ce qu'elles faisaient.

-Plus calme peut-être, mais plus sage, j'en doute. J'ai l'impression de ne rien savoir ou du moins, de ne plus pouvoir croire ce que je croyais connaître. On est venu ici, par accident. Azaka cherchait un endroit plus tranquille où parler et m'en dire plus sur ces parts d'ombre de ma mémoire. Nous étions sur une île avec d'étranges personnes avant qu'Azaka me retrouve... Ce que j'ai fait sur cette île, je crois que je ne me le pardonnerais jamais... Mais depuis longtemps, je fuis. Mais pas seulement cet homme. Il y a lui en particulier mais il y a aussi une fille qui me pourchasse, couteau à la main. J'ai l'impression que tout le monde m'en veut, sans que je sache pourquoi.

De son côté, Azaka avait à peu près droit à la même question: la raison de leur présence.

-Pourquoi faudrait absolument qu'on cherche quelq... Ah je vois. Tu penses qu'on ne vient pas ici par hasard ? Et bah tu t'es trompé Mister Capuche. On est tombé en panne ici quand on voulait être ailleurs. Donc non, rien d'important. Et surtout, rien qui te concerne, l'encapuchonné. Franchement et puis c'est quoi ce style ? Tu te la joues Mystère-man à porter une capuche ? Ringard. Les capuches, hormis quand il pleut, c'est out of mode complet.

Cette fille avait donc bel et bien un caractère de haut niveau. Elle remettrait à sa place n'importe qui, mais à quoi bon lutter contre ce qui se trouvait devant soi. La parole ne ferrait qu'engendrer une réplique de cette fille qui décidément est bavarde. La question avait été posée par Naxyld, mais elle a su profiter de cette question pour remettre le guerrier dans ces bottes. Inutile alors de poursuivre sur cette voie, les questions n'avaient pas l'air de la déranger. Elles étaient seulement tombées en panne ici, une arrivée donc imprévue pour elles. Mais difficile de savoir si elles étaient arrivées à trois ou à deux. Ce qui montre encore une fois que cet endroit décrit comme perdu ne l'est finalement pas. Et puis, toutes ces personnes ne sont pas vraiment dans un décor vide. Les Keyblades sont en nombres ici, et qui sait, leur Maître se trouve peut-être à côté.

Après avoir longuement regarder devant lui, Naxyld sortit les mains de ses poches, rigola légèrement lorsque cette fille l’appelait par des noms où le mot capuche n'arrêtait pas d’apparaître. Les mains retirées, il n'a pas attendu quelques secondes de plus avant de faire apparaître une Keyblade et s'adressa en observant sérieusement la fille devant lui.

- C'est pour ça que je suis làdit-il en montrant son arme des yeux.Mais je ne vais pas me contenter de l'une d'entre elles qui se trouve devant moi. On dit qu'une Keyblade capable de faire trembler la terre, de créer de gigantesques vagues et de fendre l'air existe et repose dans cet endroit dont seul quelques personnes connaissent le chemin pour se la procurer. C'est pour cela que je suis ici affirma le jeune homme en regardant sa Keyblade disparaître dans les Ténèbres.

Le fait de donner la raison de sa présence ici pourrait faire de Naxyld une personne ne cherchant pas la combativité ou quoi que ce soit. Il ne voulait qu'une chose et voulait cesser ce qui semblait être des hostilités entre cette fille et lui dans ces paroles. Il se moquait qu'elle dise du mal de son style vestimentaire, ce n'est pas la priorité de défendre son habit. Mais elle ignorait que le style n'était pas la principale caractéristique de cet accoutrement mais qu'il permet avant tout de se déplacer rapidement lorsque l'on est en mauvaise posture ou dans un combat par exemple.

Puis, il observa le ciel et continua de parler sans même croiser le regard de celle qui se trouvait devant lui.

- Comme je n'ai aucune idée d'où me rendre et que je comptais sur vous pour me rendre là où je veux, je ne suis pas plus avancé. Cela vous dérangerait-il que je vous accompagne quelques temps ? Et... évite de m’appeler en prononçant le mot " capuche ", appelle moi Naxyld... lâcha le guerrier en soupirant.

Fujino savait qu'elle avait à faire un choix. Mais, en fait, elle avait la sensation qu'on ne lui en laissait pas le temps. Que dès qu'elle voulait décider, les choses se bousculaient et parfois, une nouvelle révélation se profilait et changeait sa vision des choses. Elle était incapable de décider son futur. Retrouver son passé était donc probablement le choix qu'elle allait devoir faire. Même si Azaka ne tenait pas sa promesse, elle découvrirait son passé. Mais, le passé faisait peur. La vérité allait-elle plaisante ? N'allait-elle pas la détruire ? Mais en même temps, elle ne se voyait pas élever un enfant sans savoir qui elle était.

Donc, que Kavitchie parle de son enfant, ça l'encourageait à faire un choix, car elle voulait absolument qu'il puisse grandir normalement et vivre heureux. Ce choix, elle devait le faire en fonction de cet enfant, pas en fonction d'elle. Elle, elle s'en fichait. S'il n'y avait pas d'enfant, elle se serait sûrement déjà tiré une balle dans la tête ou utilisé son pouvoir contre elle pour s'auto détruire.

Le passé ou le futur ? Là, comme ça, ce n'était pas évident. Elle décida qu'elle aviserait quand elle serait fixée quant à Azaka. Une fois qu'elle saurait si elle lui révélerait tout ou non, et en fonction de ce qu'elle révélerait si elle le faisait, elle choisirait son futur. Au final, ça revenait à choisir le passé d'abord, le futur ensuite, mais comment faire autrement ? Comment se choisir un futur sans savoir qui on est ? Facile à dire qu'il suffit de se reconstruire, de choisir et de suivre la voie qu'on choisit. Quand on est seule et sans passé, la voie devant soi n'existe pas.

-Tu as aussi failli tuer des gens ? Mieux vaut que nous n'en parlions pas. Les choses semblent déjà assez compliqués comme ça. Et je ne tiens pas à me remémorer ce... Passé-là.

Azaka haussa un sourcil aux dires de l'homme. Elle se contenta de hausser les épaules en cinglant:

-Ok, Naxyld à capuche. Mais tu nous suis à 2 mètres de distance en arrière, et tu te la boucles. Et si jamais on tombe sur ce cinglé de Cornelius, tu te la reboucles à double tour, tu ne poses pas de questions idiotes, ok ? Elle détourna le regard d'un geste hautain et marcha vers Fujino, tête haute, comme fière d'elle-même (comme s'il y avait de quoi...) -Fujino, y a Naxyld la Capuche qui veut nous suivre. Je lui ai dit de se tenir à carreau. On peut y aller. J'en ai plus qu'assez de ce monde... Et des capuches.

Fujino porta son regard tour à tour sur les trois personnes autour d'elle. Elle acquiesça, sans savoir ce que "tenir à carreau" signifiait, et à quel point, Azaka avait été méchante avec Naxyld (car sinon autant dire qu'elle aurait expressément annuler tous les ordres d'Azaka) Puis elle avança lentement vers l'avant en prenant son ventre entre son bras. Son corps frêle semblait aller de droite à gauche, sa robe allant et venant, lui donnant un air de fantôme errant.

Elle jeta des regards autour d'elle, guettant l'infernal Cornelius. Quand soudain, un rire aigu résonna autour d'elle.

-Ouh, ouh, ouh ! Tic, tac, tic, tac. En retard, en retard. L'heure du thé est déjà passé. Mange-moi et tu grandiras. Bois-moi et tu mourras. Allez, allez, une petite énigme ma chère. Je marche à quatre pattes à l'aube, à deux à midi, et à trois au crépuscule. Qui suis-je ? Tic, tac, tic, tac. Connais-tu tes classiques-ic-ic-ic ?

[HRP: plus d'une semaine qu'on attend, je continue]

Fujino jeta un regard discret derrière elle, comme pour voir si quelqu'un avait une idée. Mais la réponse semblait évidente. Trop évidente. Qu'est ce qu'il essayait de prouver ? Ou peut-être qu'elle le prenait trop au sérieux, pour plus intelligent qu'il n'était ? Et si il cherchait seulement à s'amuser ? Mais pour Fujino, il devait y avoir autre chose derrière cette étrange manie de jouer.

Azaka ne put s'empêcher de remarquer:

-Eh mais c'est l'énigme du sphinx ça. Tu parles d'une énigme, tout le monde la connaît.

-C'est bien pour ça que je m'interroge, répliqua Fujino.

Fujino réfléchit encore. La solution, elle la connaissait mais elle ne pouvait s'empêcher de chercher aussi tout ce que Cornelius voulait cacher derrière tout ça. Est-ce qu'il aimait les énigmes par le passé ? Peut-etre était-ce un jeu entre eux quand ils étaient ensembles ?

-Tu sais si nous aimions les énigmes, lui et moi je veux dire, avant ?

-Vous les adoriez. Un petit plaisir à vous c'était d'en inventer une bien dure pour vous occuper la journée. T'y pensais toute la journée et ne trouvait qu'à la nuit tombée. Mais comme je te disais, cette époque est révolue. Méfie-toi de lui.

-Bon, j'imagine qu'on a pas trop le choix. La réponse doit être l'homme: marchant à quatre pattes étant bébé, deux en grandissant, et s'aidant d'une canne en vieillissant.

Il y eut un long silence. Fujino se demanda si Cornelius ruminait sa défaite ou si elle s'était trompée. Elle regarda autour d'elle au cas où Cornelius s'approcherait avec le tuyau, le trophée. Mais la voix de Cornelius résonna encore.

-Décidément, tu me déçois beaucoup. C'était pourtant notre énigme préférée. Elle nous faisait exploser de rire à chaque fois. La réponse, la seule, la vraie est un bébé: A quatre pattes le matin, arrache lui les bras, il marche à deux et greffe lui une barre de métal dans le bras gauche, le voilà qui marche à trois.

-Mais c'est affreux ! Comment on peut rire de ça ?

-Parce que ce n'est pas MON bébé.

Cornelius apparut avec son chapeau tenu sur sa poitrine comme triste.

-Où est ma Fujino ? Qu'ont-ils fait de toi ? Pourquoi te pourchassent-ils ? S'ils savaient ce que tu es devenu, ils ne se donneraient pas tout ce mal. S'ils savaient que tu ne représentes plus rien, plus ce monstre... Ils ne te pourchasseraient plus. C'est décevant. Faut-il que je te montre le dernier des souvenirs ? Ne peux-tu rien comprendre par toi-même ?

Cornelius saisit Fujino par le bras. Celle-ci se débattit mais déjà ses yeux commençaient à se troubler. Déjà sa vue commençait à faiblir. Comme un fondu, le décor de la nécropole fit place à autre chose. Comme une forteresse dans les ténèbres. Elle était allongée sur un brancard. Comme lors du dernier souvenir où elle s'était vue morte, elle et Cornelius, puis brûlés. Mais alors, pourquoi n'était-elle pas en cendres ? Etait-ce un souvenir se déroulant avant ?

-Même après s'y être pris par trois fois, rien à faire, son corps ne brûle pas, monsieur.

Bon, au moins elle avait la réponse, ce souvenir datait d'après le dernier souvenir qu'elle avait eu.

-Alors enterrez-la. Vous n'allez tout de même pas l'empailler. Les morts on trouve toujours une place pour eux.

-Monsieur, nous l'avons enterré. Mais c'est le fossoyeur qui me l'a ramené en me disant qu'il l'avait retrouvé hors de sa tombe, cette dernière rebouchée et la pierre tombale brisée.

-Des profanateurs de tombes ?

-Après cette histoire de corps qui ne brûle pas, je ne suis pas sûr. J'ai plutôt l'impression que ce corps ne veut pas qu'on l'inhume, qu'on se débarrasse de lui.

-Hmm. Nous allons l'examiner de plus près.

Il y eut comme un flou, comme si du temps venait de passer d'un coup.

-C'est son coeur qui continue de vivre. Et euh... Qu'est ce que... ? Activités cérébrales ? Elles... reprennent.

-Les résultats du cardiogramme. Cette fille n'a pas de coeur physique monsieur. Elle a un coeur de ténèbres pure. Comme une masse informe de ténèbres qui traverse tout son coeur monsieur. Qu'est ce que...

Les appareils explosèrent les uns après les autres. Du corps de Fujino s'éleva une ombre menaçant qui se dessina et grandit sur le mur à côté. Puis, des tentacules sortirent sans faire de trou dans la chair, comme des vapeurs, et les scientifiques se tordirent de douleur. Quand Fujino se leva du brancard, elle constata l'horrible spectacle d'un grand regard effrayé avant de disparaître dans un nuage noir. Et ce pendant près de cinq ans.

-Et ce n'est que le plus récent. Tu aurais dû voir qui tu étais à l'époque. Que nous nous aimions. Je t'aimais parce que tu étais ma princesse des ténèbres. Comme Zarxnos, exilée de Shinrya pour tes penchants noirs mais cent fois plus détestés et crainte que lui.

-Fujino ? L'écoute pas. Maîtrise toi.

Mais Fujino avait horriblement mal à la tête. Dans son esprit lui revint ses visions, et si cet enfant qu'elle croyait porter était ses horribles choses qui étaient sortis de son ventre à l'époque ? Qu'était-elle ? Un monstre ? Fujino se tourna vers Azaka, Kavitchie et Naxyld et murmura:

-J'ai... Si mal... Et quand j'ai mal... J'ai envie... De torturer... Je n'y peux rien... Pour me faire du bien... Pour calmer... Désolée...

Dit-elle en sentant son pouvoir se libérer

https://www.youtube.com/watch?v=KbdCeWoEH1U

Fujino sentit la main de Kavitchie sur ses yeux. Cela l'empêcha de torturer qui que ce soit. Cela ne calma pas sa douleur, pas plus que sa soif de sang mais cependant, comme ces animaux qui s'endort quand on recouvre leur cage d'un voile pour les mettre dans le noir, cela sembla la calmer un peu. Elle respirait plus doucement et ne cherchait pas à enlever la main. Elle avait ses coudes contre son ventre, les avant bras écartés sur les côtés, paume ouverte vers le ciel, les doigts crispés. A la voir, on aurait dit qu'elle s'apaisait tout en redoutant toujours quelque chose, sans doute de faire du mal à quelqu'un.

Cornelius bouda en déclarant:

-Bien, bien joué. Son pouvoir part des yeux. Mais tu crois vraiment pouvoir passer ta vie la main sur ses yeux ? Même là, je doute que tu garderas ta main plus de cinq secondes si je te chatouille les aisselles, hihihihi !

-Essaye seulement, cinglé. Et c'est moi qui te chatouillerait le dos... A grands coups de boule de feu.

Fujino, dans sa tête, imagina le pire. Parce qu'elle avait compris d'où venait son pouvoir. Du coup, elle s'imaginait un moyen bien simple pour en finir (non pas la mort pour une fois), mais se crever les yeux. Si c'était un sacrifice à faire pour enfin vivre tranquillement, elle était prête à le faire. Cependant, soit parce qu'elle n'en avait pas le courage, ou parce qu'elle n'avait pas envie d'offrir ce spectacle à ses amies, ou parce qu'elle se disait que ce serait peut-être une bêtise de ne pas y penser un peu plus (son pouvoir pouvait peut-être servir pour se défendre contre de méchants hommes, ou bien autre... Et puis, sans rien voir, comment ferait-elle pour vivre et même élever son enfant ?) Tiens, d'ailleurs, était-ce un enfant ?

-Oui, c'en est un, oui c'en est un. Murmure t-elle pour se rassurer, mieux valait ne pas imaginer que c'était un monstre.

Donc plutôt que de faire quelque chose d’irréparable qu'elle regretterait plus tard, elle passa lentement sa main dans la poche de sa robe, en tremblant. Elle en sortit un ruban bleu et lentement, elle agrippa la main de Kavitchie. Elle garda sa main dessus un instant, elle déglutit, respira un grand coup, craignant que le seul fait d'enlever la main de Kavitchie lui ferait tuer celle-ci. Elle se prépara et d'un coup sec enleva la main de Kavitchie et se dépêcha de se bander les yeux. Une fois cela fait, elle avoua qu'elle avait un peur dans le noir, sans savoir où elle était, où était Cornelius. peut-être était-elle déjà ailleurs ? Emmenée par Cornelius ?

En tout cas, malheureusement, cela ne calmait pas ses horribles maux de ventre et cette envie de torturer. Même cela commençait à lui laisser un drôle de goût dans la bouche. Pas sûr que se voiler la face était une si bonne idée. Mais elle ne pouvait quand même pas tuer Kavitchie ou Azaka. Même Cornelius, elle n'oserait pas.

-C'est pas juste, c'est de la triche. Vous trichez ! De toute façon, Fujino ne pourra pas rester comme ça éternellement. Fujinette, tu ne sens pas comme tu as envie d'enlever ce ruban et de faire mal aux gens ? Pas besoin de les tuer, démembre juste les un peu ça te fera du bien, tu le sais. Vous verrez qu'elle finira par l'enlever, elle peut pas s'empêcher éternellement de le faire.

Quand Kavitchie lui murmura de résister, Fujino déglutit en hochant la tête s'inquiétant de ce qu'elle allait pouvoir tenter. Elle parla à Cornelius, le mettant en face de ses responsabilités. Si en effet, Cornelius était son mari, alors ne voulait-il pas son bonheur, sa protection et celle de son enfant. Kavitchie laissa même entendre que cet enfant était celui de Cornelius. Fujino ne se souvint pas que cela avait été dit. Mais en même temps, même si Fujino ignorait de qui était cet enfant (dont elle ne savait même plus si c'était un véritable enfant), elle ne pouvait ignorer que tout semblait indiquer que Cornelius était le père.

Elle invoqua finalement la possibilité que Cornelius mente de bout en bout. Mieux valait peut-être cela au final. Mais Azaka avait avoué que Cornelius était bien son mari. Il n'y avait pas de doutes. Mais en même temps, pouvait-on croire Azaka ? Fujino n'avait rien d'autre que la parole de chacun qu'elle ne pouvait que suivre aveuglément, bandeau sur les yeux, comme là, puisque qu'elle n'avait aucun souvenir, rien, un gros blanc à la place des souvenirs qui l'empêchaient de penser par elle-même et d'avoir un avis clair et précis sur ce qui l'entourait.

Dans le noir, sans rien pouvoir voir, elle essayait de deviner ce que Cornelius pouvait bien être en train de faire. Quelle réaction avait-il en ce moment quand on l'accusait de ne pas être son mari ? D'essayer de la tuer, elle et son enfant ? Sur son visage, se lisait-il le mensonge ou la sincérité ? La détresse ou l'indifférence ?

Cornelius sourit sans se débiner et en prenant une pose ridicule, les bras écartés, coude sur le ventre, paume vers le ciel et en plissant les yeux:

-Allons, ai-je dit que c'était mon enfant ? Peu importe à vrai dire. Plus important: ai-je dit que je lui voulais du mal ? Lui ai-je seulement fait du mal ? Je ne l'ai même pas touché. Je la protège. Un concentré de pouvoir comme ça, ça doit bien éclater de temps en temps ou ça explose. Voyez ces gens qui contiennent leur colère des annèes durant, parce qu'ils veulent rester polis, quand vient le moment de laisser échapper la vapeur, ils explosent littéralement. Pire: ma Fujinette a des tas d'ennemis qui la pourchassent. Et eux, eux, ils veulent la tuer. Moi je veux juste qu'elle exploite ses talents. Eux, veulent vraiment la tuer, lui veulent du mal, vraiment. Et c'est moi qu'on accuse ?

Fujino baissa la tête. Il n'avait pas tout à fait tort, difficile à admettre, mais vrai. Lui, la harcelait moralement mais au final, la laissait en vie. Il y avait juste les autres qui se tordaient de douleur devant elle à cause de lui, mais elle, elle vivait. Mais les autres voulaient la tuer, propre et net. Dès qu'ils tombaient sur elle, pas de finesse, de coup de semonce: la mort tout de suite.

Alors qu'y avait-il de mieux ? Celui qui ne la tuait pas mais qui l'exhortait à en tuer plus d'un, ou ceux qui la tueraient elle ? Sa vie ou celle des autres ? Sa vie valait-elle mieux que celle des autres ? Une seule vie misérable et sans souvenirs valaient-elles mieux que des gens heureux, avec une vraie situation, pas comme elle ?

-Shiki... Il parle de Shiki. Elle me pourchasse, dague à la main et tente de me tuer. Mais... Je ne veux pas mourir... C'est tellement lâche quand on sait combien de vies auraient été épargnées si je l'avais laissé faire.

-Dis pas de bêtises, Fujino. Shiki est cinglée. Après toi, ce sera quelqu'un d'autre, c'est une tueuse. Des vies de perdues y en aura toujours.

-Mais je ne veux pas que ce soit moi qui les prenne, même si chaque fois je sens le plaisir me submerger.

-Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle te pourchasse. Celle qui avait exigé ta mort n'est plus de ce monde. Le contrat n'a plus lieu d'être.

-Quoi ? Qui veut ma peau ? C'est une chasseuse de primes ? Quel contrat ?

-Du calme. Elle est morte maintenant. La reine de Shinrya a exigé ta mort. Emiri Kimidori. Parce qu'elle te disait dangereuse. Je suis désolée. C'est la vérité. Haruhi devait intercéder en ta faveur, mais elle a été prise d'une maladie grave avant d'avoir pu intervenir.

-Aujourd'hui encore Shiki me pourchasse... Pourquoi ? Quelqu'un lui aura peut-être demandé de me tuer. Quelqu'un d'autre ?

-Bien. Bien, ça commence à prendre forme. Tu vois tout ce qu'il faut pour obliger ton amie à dire la vérité ? Voici votre petit tubounet, avec un extra. Allez, à bientôt.

Cornelius disparut laissant Fujino seule avec Kavitchie et Azaka. Fujino, qui essayait de recoller tous ces nouveaux morceaux, tandis qu'à terre, se trouvait le futur tube de refroidissement, avec en plus un ruban enroulé autour.

Fujino était reconnaissante envers Kavitchie de se montrer aussi aimable et attentionnée. Azaka, elle, fulminait. A croire qu'elle allait se changer en torche vivante, et en tant que mage de feu, elle en était peut-être bien capable. Fujino ne la voyait pas, mais elle pouvait sentir que son "amie" était sur le point d'exploser. Elle grommelait des choses inaudibles mais qui devaient être des jurons.

Fujino répondit calmement:

-Non, ça va aller. Merci. Je suis un peu fatiguée mais ça ira. De toute façon , j'ai trop mal au ventre pour pouvoir me reposer. Comment un petit être à peine formé peut-il me faire aussi mal ? Se demanda t-elle pour au moins la dixième fois.

Azaka jeta un oeil par terre pour observer ce que Cornelius avait laissé derrière lui. Un tube enroulée dans un ruban noir.

-C'est quoi ça ? Il nous donne un tube alors qu'il ne nous a pas encore rendu le vaisseau... J'espère qu'il va pas nous le rendre pièce par pièce cet enfoiré. Et ce ruban...

Fujino sentit le ruban sans même le voir. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait le ruban, savait où il était, quelle couleur il était, à quoi il ressemblait, sans le voir derrière le ruban qu'elle avait devant les yeux. Sans même savoir pourquoi, elle s'approcha du ruban et posa la main dessus. Elle le déroula du tube et le garda en main en le fixant de derrière son bandage sur les yeux. Puis, elle se dit:

-Il faudrait vraiment que l'on m'apprenne à agir et à me battre sans voir. Car ce que j'ai devant les yeux me permet vraiment de ne faire de mal à personne. Il est juste dommage que ça n'apaise pas mon ventre. L'envie de faire du mal reste forte, ce pouvoir veut quand même se libérer.

Quand elle eut dit ça, elle retourna dans une espèce de transe où elle voyait distinctement le ruban de Cornelius. Machinalement, sans s'en rendre compte, elle enleva le bandage autour de ses yeux et mit le ruban noir à la place. Aussitôt, elle fut prise de stupeur. Elle voyait, au travers. Elle pouvait voir Kavitchie et Azaka au travers de la soie. Elle tâta le ruban, il ne semblait pas pour autant si fin. Au contraire, il était aussi épais que le premier bandage qu'elle avait mis. Ce ruban était visiblement ensorcelé. Elle craignit que ce fut un ruban qui lui permettrait de torturer même les yeux bandés, mais elle en était incapable. Même son pouvoir se taisait et son mal de ventre diminuait.

-Ca va... Mieux. Je vois très bien. Et je n'ai pas envie de torturer, ce ruban marche aussi.

-Mais c'est un cadeau de Cornelius, à ta place je me méfierais. Enlève ce truc.

-J'ai définitivement du mal à comprendre ce qu'il veut. Il m'encourage à utiliser mon pouvoir et ensuite, il me donne le moyen d'y voir tout en coupant l'essence de mon pouvoir. Je crois que ce qu'il veut ce n'est pas que j'utilise mon pouvoir mais que je le maîtrise pour devenir autre chose. Laisser réveiller quelque chose d'autre en moi.

-C'est ce que je dis, enlève ça.

Fujino regarda autour d'elle. Elle avait presque l'impression de voir les choses autrement. Les corps d'Azaka et de Kavitchie semblaient parfois parsemés de coupures, comme des lacérations, des endroits où les membres se détachaient. Et même elle voyait au travers des choses et plus loin. C'est ainsi qu'elle trouva au loin le vaisseau. Azaka ne le voyait pas, mais Fujino, sous son ruban magique, le voyait.

-Je vois notre vaisseau. Venez.

-Enlève ça Fujino. J'aime vraiment pas ça.

Fujino se retourna et sourit à Azaka. Peu à peu, sans le savoir, sa nature de princesse de coeur des ténèbres se réveillait. Elle retrouvait peu à peu tout son pouvoir et sa nature. Et bien que cela paraissait néfaste, Fujino sentait que plus cette transformation avait lieu, et mieux elle se sentait.

Fujino entama la marche non sans un acquiescement pour ses amies. Elle ne craignait pas ce ruban mais si cela leur faisait plaisir qu'elle l'enlève de temps en temps, pourquoi pas ? Il valait juste mieux qu'elle le garde pour garder le vaisseau en vue et au cas où son mal de ventre revenait et menaçait de faire du mal aux gens. Mais si c'était Cornelius qui le lui avait donné et si elle le rencontrait à nouveau, ne fallait-il pas l'enlever en sa présence ? Car oui, sûrement que ce ruban était un piège que Cornelius pourrait utiliser. Mais malheureusement, c'était Cornelius en particulier qui excitait son envie de faire du mal. Donc ce ruban lui serait utile... Dur de choisir quand ce ruban serait nécessaire ou pas, préjudiciable ou pas.

Fujino garda donc le ruban sur les yeux, comme des jumelles à rayons X qui lui permettaient de garder le vaisseau en vue. Là bas, par-delà un canyon étroit. Fujino sentait que son ventre allait mieux. Mais en même temps, cela avait l'effet inverse. Plus cela allait et plus le mal partait, et plus elle se sentait ivre de bien-être. Sans qu'elle puisse le maîtriser ou le comprendre, son visage s'éclaircit d'un sourire. Plus elle marchait, et plus son pas se faisait léger et jovial, comme un enfant de dix ans heureux d'aller faire une promenade en pleine nature.

Dans le canyon, elle s'arrêta en fixant le vaisseau, derrière un pan du canyon derrière un virage. Elle chercha si Cornelius était à côté, mais non. Soit elle ne pouvait pas voir les humains avec au travers des murs, soit pas Cornelius, soit ce dernier n'était pas là. Mais il y avait peu de chance qu'il ne se manifeste pas.

Ce fut donc prudemment qu'elle s'approcha. Ce canyon lui donnait une drôle d'impression. C'était un lieu trop propice à l'embuscade. Quand elles furent proches du vaisseau, Fujino regarda encore autour d'elle en cherchant Cornelius. Toujours pas là.

-Cool, mon vaisseau ! Pas même une égratignure. Heureusement. Avec Cornelius, je m'attendais à ce qu'il me le rende en pièces détachées.

-C'est bizarre qu'il ne soit pas là.

-Ben profitons-en. Alors voyons ce moteur...

Fujino n'était pas à l'aise. Il y avait une minute, ce ruban l'avait détendu, mais à présent, il avait aussi aiguisé ses sens. Elle pouvait sentir que quelque chose clochait. Elles n'étaient pas seules, c'était certain. Elle regardait tout autour d'elle en reniflant l'air que lui apportait les courants d'air dans les profondeurs du canyon.

-Tu fais le chien Fujino ?

-Chut.

-Comment ça "chut" ?

-Silence.

Fujino releva le menton et elle put enfin voir ce qu'elle avait senti. Une jeune fille en kimono se tenait agenouillé au dessus du canyon, prête à s'élancer. Et elle sut tout de suite de qui il s'agissait. Shiki venait de la retrouver. Fujino sentit la haine monter en elle. Ce ruban lui donnait un avantage sur Shiki et elle se sentait maîtresse de ses pouvoirs, prête à mettre fin à cette chasse absurde, prête à tuer sa prédatrice. Visiblement ayant vu qu'elle était repérée, Shiki recula hors de la vision de Fujino. Sa soif de sang baissa légèrement et elle put dire:

-Dépêchons-nous de partir. Nous ne sommes pas en sécurité ici.

Fujino fixait le haut du canyon tandis qu'Azaka oscultait son vaisseau de part en part. Kavitchie insista pour que Fujino et Azaka fuient ce monde. Oui, mais il y avait un souci.

-D'accord, mais le vaisseau est toujours HS. Puisque le moteur a refroidi, je pense qu'on pourrait toujours déplacer le vaisseau dans un endroit plus sûr, mais on arrivera pas à quitter ce monde tant qu'on aura pas de quoi remplacer le tube de refroidissement.

Plus préoccupée par la présence en haut du canyon, Fujino réfléchissait. Elle savait que ce n'était pas un hasard si Shiki était là, à l'endroit même de leur vaisseau. C'était sûrement encore un coup de Cornelius. C'était ce qu'il voulait: que Shiki les retrouve et le vaisseau était un moyen de retarder leur départ et d'attirer l'attention de Shiki. Mais dans quel but encore ? Fujino était certaine que sa mort n'était pas ce que voulait Cornelius. Pas tant par amour que pour servir un dessein plus obscur. Elle se dit que cette histoire de princesse, de libération de ses pouvoirs et de ruban magique n'y était pas étranger.

-Pas question que je te laisse seule avec elle, Kavitchie. Tu ne sais pas à qui tu as à faire. C'est une chasseuse de primes très douée.

-Tu veux dire que c'est Shiki là haut ? Ah ouais, alors là, il faut vraiment qu'on se grouille. Bon dans ce cas, Kavitchie, passe-moi le tube que t'as créé tout à l'heure, je vais éloigner le vaisseau. Mais vous devriez venir tous les deux.

-Va changer le tube de refroidissement. Moi j'ai un compte à régler avec Shiki.

-Franchement, je voudrais bien qu'elle n'existe plus celle-là. Mais j'suis pas sûre que ça soit une bonne idée tout ça.

-Va ! Ordonna Fujino.

Azaka obtempéra et fit s'envoler le vaisseau, qui tout de suite attesta de ses problèmes techniques. Il devint très vite chaud et son moteur commençait déjà à faire des siennes. Elle n'irait pas loin avec. Une chance, car au fond, elle serait plus vite revenu, à moins que les réparations ne soient pas aussi rapides que prévu.

Au sommet du canyon, rien. Fujino scrutait les rebords de l'endroit, cherchant Shiki. Elle n'avait sûrement pas abandonné la chasse, pas déjà. Elle savait que Fujino pouvait la voir et elle cherchait le meilleur endroit où attaquer. Peut-être même n'attaquerait-elle jamais tant qu'elles resteraient ici, là où Fujino pouvait la voir arriver de n'importe où. Quelque part c'était bien, mais Fujino voulait vraiment s'occuper de Shiki. Une rage indiscible grandissait dans son coeur. Elle voulait voir Shiki payer pour ce qu'elle lui avait fait et ce qu'elle continuait de lui faire. Elle voulait voir Shiki baigner dans son sang et la forcer à lui dire pourquoi elle continuait à la martyriser. Pourquoi cette chasse absurde ?

https://www.youtube.com/watch?v=2DTirth0pbs

Elle se déconcentrait peu à peu des rebords du canyon et Shiki en profita comme si elle connaissait les moindres pensées de Fujino et savait quand elle n'était plus à ce qu'elle faisait. Shiki se jeta du haut du canyon, sans crainte de la hauteur qui aurait pu lui rompre le cou. Elle se jeta directement sur Fujino pour la plaquer au sol. Fujino la fit rouler sur le côté et ainsi de suite. Puis, Fujino repoussa Shiki d'un coup d'aura de ténèbres. Shiki s'écrasa contre une paroi du canyon.

-Tords-toi ! Tords-toi ! TORDS-TOI ! Hurla Fujino en déchaînant son pouvoir, brûlant littéralement d'un pouvoir noir, embrasée par les ténèbres.

Shiki se redressa et courut le long des parois du canyon.

Shiki:

Spoiler:

Azaka, la tête dans le moteur, tâchait d'installer le nouveau tube de refroidissement. Ce n'était pas une mince affaire car Azaka n'était pas mécano. A l'aide des outils contenus dans le vaisseau, elle assembla le tube avec l'aide de Flocon. Elle n'était pas vraiment inquiète, ni pour Fujino, ni pour Kavitchie, ce qui était assez étrange, mais peut-être n'était elle absorbée que par son travail ? Azaka attrapa le papier que lui tendait Flocon, non sans s'étonner du fait qu'il sache écrire.

Ses lettres, des petites pattes de mouche, lui indiquait que le vaisseau devrait bientôt redémarrer et qu'il fallait essayer de le relancer.

-Ben, d'abord faut qu'il refroidisse plus. Je viens de l'utiliser, il risque de pas trop apprécier. Mais si tu dis que t'as refroidi toi-même...

Azaka grimpa dans le vaisseau. Le moteur tournait bien. Mais impossible, même au son d'être certaine à 100% que le tube de refroidissement marchait. Elle laissa le moteur un instant, et arrêta avant de descendre, rouvrit le capot et passa sa main au dessus du tube. Visiblement, le moteur n'était pas trop chaud. Il l'était. Normal. Mais pas brûlant, preuve que le tube de refroidissement devait faire correctement son travail. Mais elle remarqua aussi que le tube avait déjà commencé à s'abîmer. Rien de grave, juste quelques micro-fissures à peine visibles, mais il allait vraiment falloir ne pas tarder à trouver un monde habité où faire remplacer le tube.

Pendant ce temps, Fujino regardait Shiki courir un peu partout. Celle-ci s'arrêta net sur un rocher, son visage impassible la dévisageant, la dague à la main. Fujino allait tenter une autre attaque quand Kavitchie intervint. Celle-ci chanta. Alors Fujino se calma un peu, plus étonnée que réellement apaisée. Cependant, son visage se détendit et elle put dire:

-Mais... Elle... Ne me laissera jamais... Je dois... Tu dois avoir raison...

-Arrête de jouer la comédie, Fujino. Toi ? Avoir des remords ? Les familles que tu as assassiné n'ont sûrement pas connu cette soi disante grandeur d'âme. On n'a jamais vu un monstre comme toi avoir des sentiments, c'est l'hopîtal qui se moque de la charité.

Fujino, qui jusqu'alors était resté calme, ne supporta d'être traité de monstre. Elle reprit cette aura fumante de ténèbres et chargea Shiki. Celle-ci fit de même, dague vers l'avant. Bientôt, les corps des deux femmes se rencontrèrent, la dague disparut dans les étoffes de Fujino. Mais celle qui cria de douleur... Ce fut Shiki. Elle baissa la tête et vit que son bras était tordu, replié vers elle-même et que sa dague s'était du coup planté dans son buste.

Elle tomba à terre. Fujino n'en resta pas là, elle enjamba Shiki, s'assit sur elle et enleva la dague du ventre de Shiki. Elle en goûta le sang avant de replanter l'arme dans le ventre de Shiki.

https://www.youtube.com/watch?v=8tOKgT-BEjU

-Vois. Vois la douleur que j'ai dans le ventre.

-Je... Je... J'aurais voulu que ça soit différent.

-Vas-y confesse-toi, sale traînée. Fais-moi plaisir. Qu'est ce que tu aurais voulu de différent, toi qui m'as trahi. Nous n'étions pas amies, avant, dans ce Shinrya ou je ne sais quoi ?

-J'aurais... Voulu... Que nous restions amis... Mais c'est toi... Qui nous a tous trahis... J'aurais voulu pouvoir faire autrement... Mais tu étais un danger... Tu l'es toujours... Je ne regrette rien... Haruhi croyait qu'on... Pouvait... T'aider... Mais j'ai vu... A travers tes yeux... Que c'était impossible...

-M'aider ? M'aider à quoi ? Je ne suis pas différente des autres, je suis une femme normale... Qu'est ce qui te permettait de me juger ?

La tête de Shiki tomba lourdement sur le côté et elle rendit son dernier soupir. Fujino se pencha pour s'assurer qu'elle était morte.

-Non ! NON ! Je t'interdis de mourir tout de suite ! Pas tant que tu n'auras autant souffrir que moi !

Fujino secoua Shiki tout en déversant toutes les larmes de son coeur et en sentant son ventre lui faire mal. Elle tomba sur le corps de Shiki, le corps tremblant, cassé en deux par la peur et le chagrin. Pourquoi cette mort ne lui avait pas fait de bien ? Pourquoi ne se sentait-elle pas plus soulagée de savoir qu'elle était à présent en sécurité ?

Fujino se releva tout doucement et se tourna vers Kavitchie. Elle fit de gros yeux, comme apeurée. Elle trembla avant de reculer tout doucement.

-Ne me regarde pas. Oublie-moi. Tu dois, tu ne dois surtout pas t'approcher de moi. Ne me regarde pas, je ne veux pas qu'on me regarde. Dit-elle de plus en plus fort en reculant jusqu'au précipice dans lequel elle bascula. Lorsqu'elle atteignit enfin le sol et qu'elle s'écrasa, un sourire éclaircit son visage tandis qu'une larme glissait sur sa joue. Elle enleva son ruban et scruta le ciel qui s'éclaircissait.

Tout autour d'elle, le sol se fit ténèbres, comme une mare de pétrole gluante qui l'absorba peu à peu tandis qu'elle continuait d'observer le ciel en souriant, paisiblement. Quand elle eut totalement disparu, dans le ciel vrombit le bruit d'un moteur. Le vaisseau d'Azaka se posa et celle-ci en sortit:

-Où est Fujino ?

Azaka regarda Kavitchie, ou plutôt le doigt de Kavitchie. Lentement, elle s'approcha vers le précipice et ne vit personne au fond. Toutefois, elle avait compris ce qui s'était passé. Elle regarda le visage de Kavitchie, désabusé. Mais celui d'Azaka semblait neutre, plutôt résigné. Kavitchie semblait s'en vouloir de ne pas avoir sauvé Fujino. Azaka sentit que la jeune fille avait sûrement voulu sauver Fujino à cause d'évènements déjà vécus, qu'elle ne voulait sûrement pas revoir, même dans les yeux d'une autre. Kavitchie disparut, visiblement bouleversée.

Azaka rejeta un dernier coup d'oeil dans le ravin. Elle ne semblait pas triste, pas du tout, elle ne versa même pas une larme.

-Alors, c'est comme ça. J'aurais pensé qu'on aurait pu faire quelque chose, mais là c'est encore une fois trop tard. Et bien, je sais ce qu'il me reste à faire. Désormais Shiki a raison, Fujino ne peut plus être sauvée. Mais qu'importe. Si elle est revenue à la vie une fois, elle reviendra à la vie encore et encore. Plus vite on l'achèvera, plus vite Fujino se sentira mieux, plus vite elle aura une nouvelle chance de voir la lumière.

Azaka retourna à son vaisseau, tranquillement, le dos courbé, résignée, un air décidé dans les yeux. Elle devait à présent retrouver Fujino. Elle croisa la route de Shiki, de son cadavre. Elle s'agenouilla et ferma les paupières de Shiki du bout des doigts avant de remonter dans son vaisseau.

Quand elle fut parti, le corps de Shiki s'éleva. Il se dévêtit de lui-même tandis qu'il s'élevait vers le ciel.

-Ta dextérité est incroyable. Sers nous et tu vivras.

Shiki disparut.

[HRP: Merci à toi, c'était vraiment bien.]