Partie de blitzball en eaux troubles [Libre]

Il y avait en ce monde une petite île nommée l'île de Besaid. C'était une petit île tranquille où la principale activité était le blitzball. Bien loin des philosophies d'argent et de gloire qui régissaient le sport, les habitants le pratiquaient pour le plaisir, par passion, même si le rêve de devenir un jour champions caressait leurs esprits de gens simples. L'autre activité était sans doute la religion. Ceux qui ne jouaient pas, passaient leur temps à adorer les chimères, et parfois, des Invokeurs surgissaient d'une longue et difficile formation. Autour du temple, il y avait un village modeste, fait de tentes en peau d'animaux. Il n'y avait nul bâtiment en dur hormis ce temple.

Sasaki avait quitté Alois, soudainement prise de doutes quant à sa nature. Elle l'aimait de tout son coeur, et même après avoir vu la cruauté dont il pouvait faire preuve. Il avait fait beaucoup de mal à Yuki, d'une manière si effrayante qu'elle ne pouvait en parler, ni même y penser. Elle avait besoin de prendre du recul et de repenser à tout ceci.

En plus, depuis quelques temps, elle commençait à voir des choses, à se souvenir visiblement de choses de son passé. Et le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'elle aurait préféré ne jamais revoir ses souvenirs apparaître. Les catacombes de Shinrya, le nom de "monstre" donné par sa mère, la destruction de Shinrya par sa faute... Son passé n'avait pas été heureux.  Si seulement elle avait pu vivre une autre vie que celle-ci. Et au moins, elle savait également qu'elle n'était pas Emiri, mais bien Sasaki, sa demi-soeur. Mais pour une raison qui lui échappait, on voulait qu'elle s'appelle Emiri, alors soit.

-La vie m'a donné une seconde chance. Je n'ai rien à me reprocher et tous ces moments sombres sont finis. Souriait-elle, heureuse et surtout très optimiste. Elle ne se laissait jamais gagner par la tristesse. Presque jamais. Elle savait voir le bon côté des choses. Et aujourd'hui, le bon côté c'était que c'était une autre histoire qui commençait. Seule ce qu'elle devait faire vis à vis de son amour, Alois, devait la concerner. Le reste, c'était du passé.

-Bien. Une partie de blitz me fera du bien. Chaud devant !

Aurais-je oublié de mentionner que Sasaki était ici depuis une semaine et qu'elle avait donc déjà sympathisé avec les habitants et réussi à apprendre à jouer au blitzball auquel elle n'était pas sans talents ? Elle envoya une balle puissante. Et dire que normalement, ça se jouait sous l'eau. Totalement.

Elle avait mis son maillot de bain sur son corps à faire tourner les têtes, mais si maigre qu'on l'aurait cru pouvoir se briser comme une brindille au moindre coup de vent. Elle s'extirpa de l'eau et donna un coup au ballon.

Shen arriva dans un portail lumineux,dans les airs,sur une petite ile tranquille à l'allure paradisiaque.Il n'y avait vraiment pas grand chose sur cette ile,les maisons n'étaient que des tentes faites en peaux,le seul bâtiment faits de matières dures était un petit temple surement pour les adorateurs du culte principale de l'ile.Il se posa sur Terre et fit disparaitre ses patins et son armure.Il se balada dans le petit village en saluant les passants malgré que certains ne lui rendait qu'un visage plutôt méfiant.Il entendit alors des cris et se rapprocha de ceux-ci et vit des gens jouer à un sport assez spéciale,il vit une jeune fille assez jolie sortir de l'eau en tapant dans le ballon.Il s'approcha alors de celle-ci et prit la parole:

"Bonjour,qui êtes-vous ou sonnes ou?"

Sasaki perdait toute notion du temps et oubliait la quasi-totalité de ses soucis quand elle jouait. De toutes façons, même quand elle ne jouait pas, elle ne se souciait que peu de ses soucis. Ca ne l'empêchait pas d'être humaine et d'avoir besoin de laisser échapper la vapeur une fois de temps en temps. En effervescence dès le premier coup de pied dans le ballon, elle ne vit pas arriver le nouvel arrivant qui n'était clairement pas d'ici. Sa tenue vestimentaire était tout sauf de l'île de Besaid. Mais Spira était si grande, peut-être venait-il de par delà l'océan ? Mais comme elle-même venait de par-delà les étoiles, peut-être en était-il de même pour lui.

Elle s'arrêta pour observer le jeune homme quand soudain le ballon revint vers elle à toute vitesse, comme un boulet de canon. Prise par surprise, elle fit un saut sur le côté et retomba en éclaboussant autour d'elle. Elle avait raté le ballon. Tant mieux, un tel boulet lui aurait arraché le bras. Comment pouvait-elle faire un sport pareil fragile comme elle était ?

-Eh ! Temps mort ! C'est pas juste, j'étais distraite ! S'amusa t-elle à l'attention de ses camarades de jeu. -Un instant. Ajouta t-elle à l'attention du nouveau venu avec pétulance avant de se jeter dans l'eau et de nager pour aller récupérer le ballon qui s'en allait à la dérive sur les vagues. Elle ramena le ballon jusqu'à Shen où elle avait pied et se remit debout le ballon entre les mains. -Bonjour ! Clama t-elle avec entrain, un superbe sourire aux lèvres. Je m'appelle Emiri et nous sommes sur l'île de Besaid. Vous jouez ? Je préviens: je déteste perdre. Plaisanta t-elle.

-Kimidori-san ! Le grand prêtre voudrait te parler !

-J'arrive ! Une autre fois alors. Oh bon sang, je ne peux pas me présenter habillée comme ça au grand prêtre. Il faut que je me dépêche. Vous trouverez de quoi vous restaurer en vous adressant à grand-mère. Vous devriez la trouver devant la tente avec un crâne de cerf à l'entrée.

Elle s'inclina et se rua vers le village. Elle sauta sur son kimono rose et sécha ses cheveux le plus vite possible, puis, elle se rua vers le temple. Toute essoufflée, elle se présenta devant le grand prêtre devant lequel elle fit le signe de prière Yevon tout en reprenant son souffle avec difficulté.

-Kimidori-san. Fit le vieil homme. -J'ai reçu une lettre pour toi. Mais tu te doutes que je ne t'aurais pas fait venir pour si peu. La personne qui m'a envoyé cette lettre en a jointe une à mon attention et m'a fait savoir qu'elle allait bientôt nous rendre visite. Il s'agit d'une personne très importante que je connais également. Comme c'est bientôt le jour de la célébration de Valefore, je souhaiterais te demander de m'aider aux préparations de l'arrivée de ton amie et des festivités.

-C'est un grand honneur, grand prêtre. Je tâcherais de m'en montrer digne. Soyez sûre qu'il sera fait bon accueil à notre invitée.

Elle ne voulait même pas savoir d'où ils se connaissaient, de qui il s'agissait. Elle lirait la lettre et ce serait bien assez. En fait, elle était aux anges de savoir que le prêtre lui laissait le soin de préparer une cérémonie aussi prestigieuse alors qu'elle n'était qu'une étrangère, ici depuis seulement une semaine. Elle leur avait tapé dans l'oeil visiblement. Il fallait dire qu'elle était vraiment adorable avec tout le monde et puis que quand le prêtre disait qu'il laissait la préparation aux soins de Sasaki, ça voulait dire aussi que tout le village aussi s'y affairerait et que Sasaki était juste invitée à apporter son aide et qu'elle était donc peu à peu accepté dans la "famille". Ce n'était pas non plus une haute responsabilité pour elle seule, vous pensez bien.

Elle s'inclina et sortit en prenant la lettre. En traversant le village, elle voulut lire la lettre mais les enfants du village l'en empêchèrent en demandant à pouvoir jouer à cache cache. Sasaki ne refusant jamais une occasion de jouer, elle se prêta au jeu. Mais c'était elle qui comptait.

Elle alla jusqu'à la tente de grand-mère, au crâne de cerf et commença à compter mentalement sans regarder devant elle. Elle aurait pu rester dans ce village des années. Elle avait trouvé une famille. Déjà. C'était merveilleux puisque c'était son but.

(HRP:Shen à toi:HRP)

La jeune fille était partie pour voir son prêtre,visiblement pour une affaire importante.Elle avait conseillée Shen d'aller dans la tête avec le crâne de cerf pour se sustenter.Mais alors qu'il s'approchait de la tente de la grand-mère d'Emiri,il sentit comme une présence derrière lui.Il se retourna et vit un homme habillé en noir qui le fixait.Celui-ci se retourna,puis partit vers la forêt.Shen ne savait pas pourquoi,mais il devait suivre cette homme.Shen le suivit dans la forêt,jusqu’à arriver dans une forêt.L'homme se retourna et prit la parole:

"Alors Shen,on a peur de voir ce qui s'est passé à la Terre du départ?Tu ne veux pas affronter ton passé?"

Shen fut interloqué et son visage s'empourpra,Comment cet homme savait-il autant de chose?Shen répondit du tac au tac:

"Comment savez-vous tous ça?Et puis,je n'ai pas de compte a vous rendre!"

L'homme eu un rire sardonique comme si il savait plus de choses que Shen ne pouvait l'imaginer.Cet homme savait-il des choses sur Shen?



"Je sais plus de choses que tu ne le crois Shen.Tu ne peux te souvenir de moi mais sache que je sais beaucoup de choses sur ton sujet.Sache aussi que tu dois te rendre à la Terre du départ,c'est ton destin.Tu t'y rendras un jour,tu ne peux y échapper.

Shen n'en pouvait plus.Ce que disait cet homme était vrai,il avait peur de se rendre à la Terre du départ.Peur de voir sa partie détruite.C'était normal dans un sens.

"Je...Je...JE VAIS VOUS TUER!"

Shen fit apparaitre ses keyblade pour tuer cet homme.Une grande colère enflammait Shen,il ne voulait plus entendre parler de la Terre du départ.Il frappa avec ses keyblade mais une lance vint bloquer son coup.L'homme tira une boule d'énergie qui envoya Shen plus loin.

"L'heure n'est pas au combat."

L'homme disparut et Shen se releva,mal en point.Pour n'inquiéter personne,il se rendit vers la tente.Salua la vieille femme et prit un verre.Malgré cela,Shen restait dans ses pensées.Qui était cet homme?

Sasaki n'avait même pas remarqué en arrivant que Shen n'était pas encore arrivé à la tente. Ce n'était pas contre lui, elle était juste déjà plongée dans un savant calcul pour se préparer à l'arrivée d'invités et à la confection de la fête. Elle n'avait pas envie de décevoir, comprenez. Du coup, quand il arriva, elle le remarqua aussitôt et laissa ses calculs de côté pour décocher le plus beau sourire dont elle était capable. Et il fallait bien avouer qu'elle n'avait pas besoin de se forcer.

-Sali-salut. Grand-mère, je te présente euh... Comment tu t'appelles, j'ai pas eu le temps de te le demander tout à l'heure ?

Elle était infiniment gênée de se retrouver ainsi à chercher le prénom d'une personne qu'elle venait de croiser à l'instant. Surtout qu'elle-même s'était déjà présentée. Bon d'accord elle avait menti, mais en même temps, ce n'était pas elle qui voulait qu'elle mente, alors au fond, est-ce elle que l'on devait blâmer de mentir ?

-En tout cas, je te présente grand-mère. C'est pas la mienne, c'est celle de tout le village, tout le monde l'appelle comme ça. En tout cas, j'aimerais bien en avoir une comme elle.

-Et moi j'aimerais bien avoir une petite-fille comme toi, Emiri. Jeune homme, vous êtes blessé ? Je sens un mal vous ronger les côtes. Dit-elle sans regarder Shen. En relevant la tête, on put voir que la grand-mère était aveugle. Mais visiblement, elle y voyait mieux que n'importe qui. -Emiri, donne-moi l'onguent rouge sur l'étagère, celui qui sent l'origan.

-Euh, alors... Celui-là ?

-Oui, donne-le au jeune homme. Qu'il le fasse bouillir et inhale les vapeurs. Cela le purifiera et apaisera sa douleur. Le prêtre voulait te parler, Emiri ?

-Oui, je vais aider à préparer la fête de Valefore. Et un invité surprise viendra. Oh, j'en ai oublié de lire la lettre.

-Je suis fière de toi, mais quelle tête de linotte tu fais.

Emiri tira la langue, juste taquine, pas méchamment. Même ses grimaces étaient adorables de toute façon. C'était comme voir un chaton se hérisser pour se faire menaçant, c'était plus mignon que terrifiant. Elle déchira le papier de l'enveloppe pour en extraire la lettre proprement dite: un papier blanc aux écritures d'encre qui donnait l'impression d'être encore liquide. On passait son doigt, non c'était sec, ne laissait aucune trace d'encre, juste une sensation de relief.

"Emiri,
j'espère que tu continues de t'appeler ainsi. C'est la paix de ta soeur qui est en jeu, j'imagine que tes souvenirs ont commencé à te le faire comprendre. J'espère aussi que tu commences à t'habituer à ta nouvelle vie et que tu es heureuse, comme le voulait ta soeur. Je tenais à te dire de ne surtout pas t'inquiéter de ton passé ou de ce qui fut. Aujourd'hui, c'est une nouvelle vie, une nouvelle femme qui naît en toi et le reste ne doit surtout pas te troubler. Ce qui est fait est fait et tu as à présent toute une vie devant toi.

Ceci mis à part, je voulais tout de même te revoir pour m'assurer que tout va bien et te présenter quelqu'un. Elle m'a assurée qu'elle pouvait t'aider à vivre une vie paisible. Après en avoir longuement discuté avec elle, j'en suis venu à la conclusion qu'elle pourrait bien être d'un grand secours. Ca n'a pas été simple de te retrouver, mais à présent, ne quitte pas l'île, attends-nous.

PS: j'ai aussi cru comprendre que tu avais laissé Alois de côté. C'est très sage de ta part. Oublie-le, rien de bon ne ressortira de votre couple. J'espère qu'il ne te poursuivra pas, ne te tourmentera pas.

Shiki."

Alors voyons... Shiki... C'était la fille qui l'avait aidé à se sortir des enfers. Celle-la même qui était allé chercher son âme à la place de celle de la vraie Emiri. En d'autres termes, celle à qui elle devait la vie. Une femme très froide, aux intentions impossibles à déterminer. C'était bien le problème, c'était que Sasaki n'aurait jamais pu dire avec certitude si elle était de confiance ou pas. Mais visiblement, sa soeur Emiri avait toute confiance en elle (encore fallait-il y croire à cette histoire). Bah, ce n'était pas le genre de choses que Sasaki se souciait. Qu'elle vienne, ça lui ferait plaisir. Plus énigmatique était la venue de l'autre personne et de l'aide que Shiki espérait qu'elle fournirait. Sasaki ne pensait pas avoir besoin d'aide, alors qu'est ce que cela signifiait ?

-Ben on va avoir de la visite quoi. Shiki et quelqu'un d'autre. J'ignorais que le grand prêtre connaissait Shiki. Conclut-elle en un grand sourire. L'optimisme, le bon côté avant tout.

-Le grand prêtre ne connaît pas de Shiki. Sa connaissance doit être l'autre personne.

-Ah ? Je me demande de qui il s'agit. Et comment le prêtre la connaît. Et pourquoi.

-Et bien, on devient curieuse. Impossible de le savoir tant qu'elle ne sera pas là. Il connaît tant de gens qu'on ne peut le savoir comme ça. Et ne va pas déranger le prêtre pour ça. Nous le saurons bien assez tôt.

-D'acc. De toute façon, j'ai des préparations à faire. Les banderoles roses ça passe pour le Valefore ? Oh et puis des petits fours ! C'est que j'ai faim moi. Mon dieu, j'ai hâte d'être à ce soir.

Il semblerait que j’avais encore quelques problèmes avec ce vaisseau gummi… Nous pensions nous en sortir avec la théorie, mais manifestement nous manquions de pratique. En effet non seulement le déplacement rapide ne comprenait que la téléportation d’un individu et non du vaisseau, mais en plus cela me fit apparaître à Besaid, et non à Guadosalam comme je le souhaitais. Et pour couronner le tout il a fallu que ce soit à la place du village… à 500 mètres d’altitude. C’était donc une chute libre pour moi. Même si je l’avais déjà fait par le passé, mes précédentes rencontres m’avaient quand même quelque peu fatigué. Cette chute ne me tuerait certainement pas, mais m’affligerait de sérieux dommages internes. Je ne pouvais cependant rien faire pour ralentir la chute du fait que la téléportation épuisait encore plus que ce que j’avais pu imaginer.

Le sol se rapprochait de plus en plus, et mes mouvements restreints ne me permirent que de me mettre en une position accroupie. Puis vint l’impact : toutes les alarmes de mon corps s’enclenchèrent vivement car la douleur était omniprésente mais ne m’affectait pas plus ; le souffle de l’impact avait soufflé une bonne partie de ce qui semblait être des décorations et quelques tentes. Je me relevais péniblement : même si la douleur ne m’affectait pas, mon corps n’était plus en mesure de me répondre correctement. Mon esprit était d’ailleurs lui aussi assaillit d’informations ce qui me ferait perdre connaissance bientôt.

Je titubais en avançant lentement sur quelques mètres sous le regard effaré des habitants avant de m’écrouler dans les bras d’une jeune fille. Une douce fragrance l’enveloppait, c’est tout ce que je pu discerner. Je dis péniblement :





Ma conscience vacilla puis je perdis connaissance.



(HRP : l’armure absorbera le sang si tu m’en procures, et celle-ci ne peut être retirée naturellement)

Encore une fois perdue dans ses pensées, ce fut avec d'autant plus de surprise qu'elle vit et entendit ce fracas sur la place du village. Elle se demanda un court instant si leurs invités étaient arrivés. Oui et non. On pouvait plutôt parler d'invités inattendus. Quelqu'un ou quelque chose venait de se fracasser contre le sol de la grand'place et l'onde avait balayé les ustensiles qui traînaient ainsi que quelques tentes. Fort heureusement, seules les plus petites et les plus ouvertes sur la place eurent ce désagrément et il y eut plus de peur que de mal. Les villageois étaient habitués aux tempêtes et à reconstruire leurs tentes... Mais ça n'empêchait pas que c'était désagréable.

Inquiète, Sasaki se leva pour se mettre sur la pointe des pieds et essayer de voir au travers de la fumée en plissant les yeux. Quelque chose sortit de ce nuage de poussière, quelque chose que Sasaki ne reconnut pas. En théorie, ça ressemblait à un humain, mais sa peau ou ce qu'elle voyait comme une carapace lui donnait des allures de... Ben, de monstre. Sasaki fut un peu dégoûté en voyant soudainement la chose lui tomber dans les bras.

Peu stable, très faible, Sasaki fut emportée par le poids de la chose et se retrouva à nouveau assise, la carapace sur les jambes et dans ses bras.

-Du sang… Régénèrera… Forces…

Sasaki avait beau être dégoûtée, sa curiosité et son empathie naturelle lui firent aussitôt prendre en pitié cette chose dans ses bras. Cependant, elle n'était pas sûre d'avoir compris exactement ce qu'elle voulait. Elle se mordilla la lèvre.

-Mes enfants, aidez-moi à porter cet homme sur le lit. Ordonna la grand-mère. Sasaki s'exécuta aussitôt avec l'aide de deux hommes et déposa la créature sur le lit de grand-mère.

-C'est un homme ? Demanda Sasaki.

-Je suis aveugle, Sasaki. Je l'ignore. Mais tu ne dois pas t'arrêter aux apparences. Même si cela n'en est pas un, il a peut-être quelque chose d'humain.

Sasaki se pencha en faisant les gros yeux surpris au dessus du corps. Elle avait l'impression de se revoir quelques semaines plus tôt, dans les enfers. Un corps à moitié mort que l'on devait porter à bout de bras pour le faire tenir debout. Quoiqu'il en soit, sa pitié naturelle, ce sentiment d'empathie qu'elle avait pour toute chose prit bien vite le dessus, encore plus oppressant. Elle saisit un couteau sur la table et enserra la lame dans un de ses poings fermés. Elle fit glisser la lame en appuyant suffisamment fort. Elle hurla de douleur. Une piqûre d'abeille était déjà horriblement douloureuse pour elle. Une coupure même bénigne, n'en parlons pas. En relâchant le couteau, elle mit sa main ensanglantée sur la créature en tournant de l'oeil.

La grand-mère prit aussitôt Sasaki sur son coeur et lui fit avaler un breuvage amer qu'elle fut tentée de recracher tant c'était mauvais. Puis, elle passa un peu d'une autre mixture pâteuse et gluante sur sa plaie. Sasaki hurla encore, ça piquait. Puis, elle fit un bandage sur sa main.

-Petite inconsciente. Je savais que tu ne pourrais pas ne rien faire. Tu devrais te reposer.

-Ce n'est qu'une coupure. Et j'ai le Valefore à préparer.

-Pas de Valefore pour toi. Tu restes au lit jusqu'à ce que tu ailles mieux. Tu sais très bien qu'une coupure pour toi c'est comme un pieu dans le ventre.

Sasaki bouda un peu. Mais elle savait que grand-mère avait raison. Elle espérait juste que ça passerait vite, que l'occasion tant rêvée d'organiser le Valefore ne lui passerait pas sous le nez pour une bêtise comme celle-ci. Est-ce que cela en avait vraiment valu la peine au moins ?

[HRP: on passe le tour de Shen jusqu'à ce qu'il réponde]

HRP:Désolé,je n'arrive pas à soutenir le rp,le sujet ne me plait pas trop et j'ai du mal à finaliser.Vous pouvez me considérez comme parti.Vraiment désolé pour le retard Emiri mais tu n'aura plus à m'attendre.:HRP

Avez vous déjà donné votre sang ? Non, je veux dire participer à une campagne de don de son sang ? Il est assez rare que cela se fasse d'une personne à une autre, directement. Et bien pour Sasaki ce fut le cas, c'était le cas de le dire. La moitié d'un litre de sang, plus ou moins la quantité que l'on donne lors de ces campagnes. Rien de gravissime donc, mais de quoi sérieusement atteindre la fragile Sasaki. La voir aussi pâle était bien naturel, même si elle avait déjà un teint assez palot par nature.

Elle s'était allongée et elle avait déjà la sensation d'avoir très faim. Mais elle n'aurait pas su avaler quoi que ce soit tant le goût de la mixture de grand-mère laissait un horrible goût en bouche. Ajoutez à cela l'odeur de l'autre mixture qu'elle avait malaxé sur sa main qui embaumait la tente, et bien Sasaki avait bien trop la nausée pour manger.

"Vomir quand on a rien dans le ventre, tu parles d'une ironie." Pensa t-elle en boudant.

Elle reporta soudain son attention sur le côté parce qu'elle avait senti que son "petit protégé" (oui le terme sonnait mal) venait de se lever. Elle se mit assise sur le côté de son lit, elle s'en voulut parce que cela lui causa un léger vertige. Elle dut cligner des yeux à plusieurs reprises avant de voir correctement, d'être bien sûr d'être éveillée. Elle regarda cette créature s'agenouiller devant elle et prononcer un serment fort bien tournée. Sasaki rougit, c'était sa réaction habituelle dès qu'on faisait preuve de révérence devant elle, voir de gentillesse, tout simplement. Elle ne sut pas quoi répondre. Pas tout de suite. Elle n'avait pas l'habitude.

-Euh... Bah, de rien. Mais tu devrais pas rester à genoux comme ça, tu vas te salir. Grand-mère fait pas beaucoup le ménage. Plaisanta t-elle, comme une pique amicale à grand-mère. -J'suis pas non plus une princesse, hein. Faux. Sasaki était quasiment une princesse, puisque fille de Viviane Kimidori, reine de Shinrya. Son père étant en revanche quelqu'un d'autre que le roi, cela ne faisait pas d'elle une digne héritière, mais parler de princesse n'était pas erroné. C'est juste que Sasaki avait tiré un trait sur tout ça. De toute façon, Shinrya n'existait quasiment plus, alors bon. -Après pour ta dette, euh... Bah ça me gêne. Je sais pas trop.

Tout de suite, ça faisait vachement sérieux comme relation. Elle n'avait pas envie que ça prenne une tournure un peu trop dangereuse ou que savait-elle encore ? Et puis, en le sauvant, elle avait pensé à tout... Non, à rien, et surtout pas à un service en retour. Elle l'avait fait. Point. N'en parlons plus. Mais en même temps, elle était trop timide pour oser casser ce sincère élan chevaleresque. Il faudrait faire avec. Elle se leva et tendit sa main en se penchant en un magnifique sourire, pour l'encourager à se relever. A peine le temps de le faire, qu'elle se sentit un peu tanguant sur ses deux arpions.

-Ouh. Bah pour commencer, que dirais-tu de te présenter, mon chevalier servant ? Et euh... Ben... C'est gênant, mais... J'aurais besoin d'aller manger quelque chose et de prendre l'air, parce que c'est vraiment étouffant ici. Si tu pouvais me porter sur ton dos... Ben on pourrait aller faire un tour, je te présenterais. Je suis sûre qu'à part tomber sur les places de village, tu dois avoir des trucs qui te font envie. A manger, à boire, à faire, tu sembles voyager, tu dois avoir quelque chose à faire ? Oups. Ca va un peu vite. Euh... On va ptet déjà commencer par sortir hein ? Dit Sasaki. Ca elle était timide, mais quand elle partait, ben elle était lancée, quitte à dire beaucoup de bêtises, mais toujours avec le sourire et un entrain presque contagieux. Un rayon de soleil magnifiquement beau et chaud, voilà comment certains la voyaient.

Sasaki avait vraiment marre de ce vertige. Elle espérait que ça passerait vite, d'autant plus qu'elle avait encore l'espoir de pouvoir participer à l'organisation des festivités, retardées par l'arrivée fracassante de Zéro. Et si elle ne pouvait participer aux festivités du tout ? Ce serait pire que tout. Comme qui dirait, elle n'était pas rancunière, mais elle pourrait le devenir pour le coup. Bah, elle n'était pas non plus clouée au lit, si Zéro voulait tant que ça payer sa dette, il l'aiderait à assister aux festivités, d'une façon ou d'une autre. Il n'y avait vraiment pas à s'inquiéter et Sasaki ne s'inquiétait quasiment jamais. Elle était toujours optimiste.

Elle avait pensé à se mettre sur son dos, ce fut finalement d'une façon encore plus "chevaleresque" que Sasaki fut emporté dans les airs. En fait, elle ne s'attendait pas du tout à ça. Elle poussa un léger "wouh" de surprise, presque amusée. Elle pensait qu'ils iraient marcher jusqu'à la tente des provisions, simplement. Au lieu, Zéro sembla préparer un véritable havre de paix, de contemplation. Elle avoua que la rapidité de Zéro était aussi impressionnante que désagréable. En effet, déjà prise de vertige par son manque de sang, cela ne s'arrangea pas à cause de la vitesse et du fait qu'elle se sentait comme en apesanteur. Son coeur battait la chamade, prise d'excitation. Le danger, la douleur, au fond, ce n'était que de l'adrénaline envoûtante.

En attendant, vertiges mis à part, cette sensation de dominer le monde du haut des bras de Zéro la rendait heureuse. Elle en oubliait tout le reste, comme si ses soucis, aussi légers soient-ils, étaient restés cloués au sol.

Une fois arrivée à ce panorama, elle put s'asseoir et reprendre son souffle. Elle papillonna encore des yeux pour se réhabituer à ce moment plus calme et pour évacuer tout ce vertige qui lui brouillait la vue. Elle ne comprit pas tout de suite ce que Zéro faisait, mais elle resta à observer l'horizon en souriant. Elle s'approcha du bord et laissa ses jambes aller et venir au dessus du vide.

Puis, Zéro revint avec des fruits et s'épancha une fois encore en excuses et en politesses. Ce ne fut pas la gêne cette fois qui vint, mais le rire. Sasaki émit un petit rire jovial. Elle lui déposa un baiser sur la joue pour le remercier.

-C'est plus que je n'aurais pu en espérer, t'en fais pas. Tiens, on va les mettre là, sers-toi si tu en veux. Elle prit une cerise et croqua dedans. Elle adorait ces petits moments, ces petits riens. Pour un peu, elle aurait aimé que le soleil se couche pour rendre le moment plus beau encore. Mais en même temps, cela aurait signifié qu'elle n'aurait vraiment pas le temps de s'occuper du Valefore.

Zéro se présenta. Zéro, donc. Juste Zéro. Elle fut prise d'un peu de peine pour lui, car il n'avait pas l'air d'apprécier ce nom. Il le marmonnait. Il fallait avouer que ce n'était pas un nom rempli de promesses. Pourquoi ne pas s'appeler "Néant", "Rien", "Nul", "Vide", c'était pareil et cela n'était pas très joyeux. Il valait peut-être mieux ne pas lui demander pourquoi et vite éluder la question des prénoms. D'accord, mais elle d'abord...

-Bah moi, c'est Emiri. Disons juste Emiri. Mon nom de famille c'est Kimidori mais je préfère qu'on s'en tienne à Emiri. Hein ? Pas de mademoiselle Kimidori ou de mademoiselle Emiri, hein ? Emiri. Emi, si tu veux. Tu vois ? C'est que des noms tout ça, ça veut rien dire. Affirma t-elle joyeusement, sous-entendant ce qu'elle pensait de son nom, pas méchamment, au contraire, pour essayer de l'encourager à ne pas s'arrêter à ce que pouvait représenter ce nom. -Quant à cet endroit... Et bien, c'est très beau. J'aime bien. En tout cas, cet air frais, de la mer, ça me fait du bien. Et dire que je jouais au blitzball l'instant d'avant. Hmm... Alors Zéro... non décidément, ça passait mal ce nom dans sa bouche, ça la gênait, vu que ça avait l'air de ne pas lui plaire ce nom. Mais comment le nommer, sans le vexer. Elle n'avait pas non plus le droit de le priver de son identité. C'était à lui de choisir comment il voulait qu'on l'appelle. -Tu t'écrases souvent comme ça ? Tu nous a fait une peur bleue. C'est ici que tu voulais venir au moins ? Pourquoi ? Questionna t-elle en attrapant une banane.

Quand on a horriblement faim, à s'en rendre malade, on a soudainement et bizarrement moins d'appétit. Ou plutôt, on a du mal à avaler quelque chose bien que l'on sait que manger nous fera du bien, surtout quelque chose de consistant. Pour Sasaki, c'était un peu le cas, elle avait une faim de loup à s'en rendre malade, mais la nausée qu'elle en éprouvait ne lui permettait pas de manger comme elle l'aurait voulu. Mais soit, elle grignotait par petits morceaux les fruits que Zéro avait eu la délicatesse de lui apporter. De toute façon, ils avaient tout leur temps, non ? De toute façon, quand on vit isolée sur une île comme ça, le temps n'existe pas.

Elle fut heureuse que la discussion s'engage enfin. Elle avait senti qu'il était plutôt réservé, pour ne pas dire coincé. Elle avait très peur qu'un long silence gêné ne les enveloppe et finalement, la discussion se faisait toute seule. Toutefois, ça conservait une certaine réserve. Mais au fond, ce n'était pas un problème. Il ne voulait pas dire pourquoi il se rendait à Guadosalam, et bien soit, c'était son droit.

-Hmm, je ne connais pas cette ville. Je suis tombée directement sur cette île et ne l'ait plus jamais quittée. Je m'y sens bien. En fait, je crois que je n'en partirais plus jamais. C'est mon nouveau chez-moi.

Il la qualifia de différente. Sasaki émit un petit rire étouffé tout en avalant une autre cerise. Elle semblait l'envisager comme un compliment. Elle suça ses doigts tout en l'écoutant dire qu'il aurait pu lui vouloir du mal. Elle n'y croyait pas, elle l'avouait. Pourquoi lui voudrait-il du mal ? Elle l'avait sauvée. Il avait prêté serment comme un chevalier, dans sa bouche, ça ressemblait à quelque chose d'inbrisable, un serment immuable.

Elle fut en revanche surprise par la réaction de Zéro qui la plaqua au sol. Elle ne montra aucune signe de peur. Son rapide visage de surprise se changea doucement en un sourire agréable. Elle ferma les yeux, comme si elle allait sombrer dans un sommeil paisible, un sourire aux lèvres. Il se releva. Là, son visage sembla à nouveau surpris de ce soudain revirement. Elle se redressa sur son séant en penchant la tête sur le côté, comme pour l'examiner.

-Une particularité ? A propos de moi ? Qu'est ce que tu racontes ? Oh et puis, tutoie-moi s'il te plaît.

Sa dernière phrase la choqua. Un "être abject", ça sonnait faux. Elle repensa à ce que Grand-mère avait dit plus tôt, comme quoi l'apparence ne disait rien sur la vraie nature des gens. L'apparence de Zéro était bizarre, avait de quoi inquiéter, et peut-être en partant de là pouvait-on parler d'être abject. Mais Sasaki était convaincue qu'en dedans, il était quelqu'un de bien. Elle se trompait peut-être, mais Sasaki n'était pas du genre à voir le mal quelque part. Eh oui, ça lui jouerait sûrement des tours, mais elle ne changerait pas pour rien au monde.

-Pourquoi t'avoir sauvé ? Et ben... Je sais pas. C'est venu comme ça. Je pourrais te dire que c'est parce que je pense que toute vie est précieuse ou que je n'ai pas envie de priver qui que ce soit de sa vie... Mais ce serait pas tout à fait vrai. Je le pense, mais je n'y ai pas pensé quand je t'ai sauvé. Tu sais, on m'a privé de ma vie très longtemps... Et... Maintenant, on me redonne une chance. Je crois que je ne dois pas être la seule à avoir cette chance. Mais je ne peux pas t'en dire plus, c'est un secret.

Emiri, la vraie, la demi-soeur de Sasaki, morte, avait failli être ressuscité pour assouvir la vengeance incontrôlée et injustifiée de Fujino. Mais grâce à Shiki, Emiri avait pu tromper Fujino et en même temps permettre à sa demi-soeur Sasaki de ressusciter à sa place, car elle, n'avait véritablement jamais vécu. Son enfance, dans son ancienne vie, elle l'avait passé dans un cachot, dans le noir, jusqu'à sa mort, où on l'avait sorti de sa prison, juste pour servir d'arme de destruction. Au final, Sasaki n'avait pas vécu. Aujourd'hui, sa demi-soeur lui donnait cette chance, même si c'était à la condition de se faire passer pour Emiri pour éviter que Fujino ne découvre la vérité et n'aille encore une fois embêté la vraie Emiri dans l'au delà.

Au fond, Emiri devait avoir ce credo, car elle avait fait la même chose avec Haruhi: donner sa vie pour la laisser à Haruhi qui n'avait encore pas pu profiter de la vie. Sasaki c'était encore plus radical.

-Est-ce qu'un être abject m'aurait amené ici ? Est-ce qu'il serait sensible à ce genre de magnifique endroit ? Est-ce qu'il m'aurait apporté un repas aussi bon ? Il m'aurait donné un bout de pain rassis, m'aurait assis sur un caillou en plein soleil pour y cuire et puis basta. Toi, tu as eu la gentillesse et la sensibilité pour penser à ce que ça soit agréable, le plus possible. Ca, ce n'est pas être abject. Ma mère c'était un être abject. Là oui. Mais je peux te dire, que tu n'as rien à voir avec ma mère. Bien. Je me sens mieux. On va pouvoir s'occuper un peu du Valefore. Tu veux régler ta dette ? Et ben, promets-moi que ce soir tu me feras danser, d'acc ? Et on sera quitte. J'ai hâte de rencontrer celle dont Shiki m'a parlé dans sa lettre. Tu sais jouer au blitzball ? On pourra faire une partie si tu veux ? Bavarde, et encore bavarde, mais surtout enjouée comme pas possible. Est-ce qu'elle faisait seulement une pause. Elle devait avoir mal à la mâchoire à sourire autant, non ?

Sasaki observait l'horizon, satisfaite. Elle n'avait pas toujours vraiment idée de la portée de ce qu'elle disait. Pas qu'elle fut bête ou niaise par nature, mais elle était si optimiste que les mots dépassaient sa pensée. Ce qu'elle croyait, elle arrivait facilement à mettre des mots dessus et à l'énoncer avec une vibrante sincérité, mais ensuite, elle ne s'en glorifiait pas. C'était juste des paroles pour elle. Si cela lui faisait plaisir, à Zéro, tant mieux. Sinon, et bien, elle ferait tout pour se rattraper et ensoleiller cette discussion par tous les moyens.

Au final, il sembla que Sasaki avait choisi les mots justes. L'homme parla d'abord un peu, comme pensant à voix haute, réfléchissant. Elle ne sut que répondre. Mériter de vivre, pour elle, ça n'avait pas de sens. On ne mérite pas de vivre, se disait-elle, on vit et on fait avec. Le mérite n'avait rien à voir là dedans. Pour elle, toute vie était précieuse, et donc par extension, toute personne méritait de vivre. Elle n'essaya même pas de juger ce qu'il disait, comme quoi il avait pris des millions de vie. Déjà, parce qu'elle ne connaissait pas les détails. Un accident peut-être tout simplement, peut-être rien d'aussi grave qu'un meurtre. Et même encore, s'il en éprouvait du regret, avait des remords, alors c'est qu'il n'avait pas mauvais fond.

Elle tourna vivement la tête vers lui quand son armure disparut. Elle put enfin comprendre qu'il s'agissait bien d'un humain (en tout cas, en apparence), que seule son armure était un peu bizarre et lui donnait de faux airs de créature étrange. Et qu'il n'était pas moche, au contraire, Sasaki lui reconnaissait un certain charme. Difficile d'imaginer un être aussi meurtri qu'il le disait, avec ce visage.

Elle comprit également que jusqu'à maintenant ce jeune homme était pour ainsi dire aveugle. En effet, son armure devait masquer sa vue, car elle eut la sensation qu'il découvrait le paysage pour la première fois, tout comme il sembla la voir, elle, pour la première fois. Elle sourit, car il semblait apprécier ce qu'il voyait. Elle rougit un peu d'ailleurs, parce qu'elle se sentit soudainement dévisagée.

Il continua sa phrase par une longue tirade que Sasaki écouta attentivement, les yeux ronds comme des soucoupes, un air de plus en plus surpris sur le visage, la bouche légèrement béante en un "o" de stupéfaction. Il allait plus loin dans son serment de tout à l'heure. Cette fois, il souhaitait lier sa vie à la sienne, d'une certaine façon. Bye, bye, la dette "jusqu'à ce que Sasaki décide qu'elle était réglée", bonjour la dette éternelle.

Sasaki ne sut pas quoi répondre. Encore une fois. C'était horriblement gênant. Elle devait être rouge comme une tomate. En plus, il venait de parler de comment sceller ce contrat, d'une façon telle qu'elle avait bien sûr imaginée les autres endroits où prodiguer ce baiser. Elle repensa à Alois. Elle pensa à la proposition de ce garçon et son incroyable dévouement. Elle ne savait plus quoi penser. Son coeur était tiraillée de partout, ça lui picotait dans la poitrine.

-Je... C'est très gentil... J'ai l'impression que c'est très important pour toi, que tu tiens vraiment à me "remercier" ou à me protéger, et c'est très gentil, c'est pour ça que je ne voudrais pas te vexer, aller contre ton désir... Ca me ferait de la peine si je le faisais. Mais je ne voudrais pas que tu t'enchaînes à moi sur un coup de tête. Tu sais, tu risques de t'ennuyer avec moi. Je veux que tu sois libre, que tu ailles où tu veux, sans te soucier de ce qui me fait plaisir ou de ma protection. Je ne veux pas que tu éprouves de la peine pour moi si jamais tu manques à ce serment... Ce que j'essaye de te dire, c'est que... Si c'est important pour toi... Je ne veux pas t'en empêcher... Mais... Ecoute... Je... Je crois qu'il faut que j'y réfléchisse...

Elle avait perdu son sourire pour le remplacer par un air maussade. Elle voulait le meilleur pour lui. Peut-être cela lui ferait-il plaisir de la protéger. Elle aussi, au fond. Mais ne serait-il alors pas enchaîné ? Une question lui vint: l'amour, est-ce vivre enchaîné pour le plaisir et la douleur en même temps ? Etait-ce une prison dorée ? Oui, elle l'avouait. En elle, ce serment ressemblait plus à une liaison entre eux bien plus forte qu'un simple serment de garde du corps. Ca lui faisait peur.

Elle se leva en époussetant sa jupe. Elle ne savait même plus si elle avait envie de participer au Valefore, trop obnubilée par cette question. Pourquoi était-ce si difficile ? Cela pouvait être un merveilleux moment ? Mais elle pensait à l'avenir pour une fois. Parce qu'elle pensait à Zéro avant elle-même. Elle s'approcha de lui et mit sa main sur la joue de Zéro. D'une voix douce, elle lui murmura:

-Je te promets que j'y réfléchirais. Je te promets que je te donnerais une réponse ce soir, d'accord ? Là... Je ne peux vraiment pas, tu comprends ? C'est une décision importante remplie d'implications pour nous deux.

Elle pensa aussi que Shiki aurait peut-être un conseil à lui donner à ce sujet. Et en y repensant, elle se disait que Shiki avait sûrement des choses importantes à lui dire, ou elle n'aurait pas fait le voyage. Au regard de ce que Shiki dirait, elle saurait peut-être si elle avait besoin d'assistance de Zéro ou si elle resterait sur cette île pour toujours.

-On devrait rentrer. Grand-mère va s'inquiéter.

Sasaki n'aurait jamais cru que quelque chose aurait pu la tirailler à ce point. Elle savait que malgré son optimisme inébranlable, il était impossible qu'elle soit insensible et qu'elle ne connaisse jamais le doute, mais elle n'aurait pas cru que cela la marquerait à ce point. Elle sentait que c'était parce qu'elle doutait pour beaucoup de raisons et que cela se mélangeait à autre chose. Autre chose la préoccupait. Et c'est ce qui rendait ce choix si difficile. Parce qu'elle n'était pas sûre de ce qui la préoccupait, outre ce serment.

Il sembla profiter de l'endroit, de sa "liberté", sans armure. Sasaki eut un faible sourire et se joignit à lui. Elle se plaça à ses côtés et prit une grande inspiration. Une partie d'elle-même voulait rester sur cette île. Mais sans qu'elle en connaisse la raison, une autre partie d'elle-même se doutait que cela ne serait pas le seul choix qui s'offrirait à elle et qu'il était possible qu'elle doive quitter l'île un jour. Ce jour était peut-être plus proche qu'elle ne le pensait.

Il parla une langue qu'elle ne connaissait pas. Elle ne comprit pas, mais ce fut comme si cette parole était emplie de nostalgie ou de tristesse, car il pleura un long filet de sang. Elle ne paniqua pas. Il semblait humain, mais si différent malgré tout, que ces petites particularités devaient faire parti de lui, devaient être normales.

Elle se laissa emporter par Zéro qui eut l'idée d'épargner de trop nombreux sauts en s'arrêtant sur le chemin. Elle put se remettre à marcher. Dans le silence. Le visage baissé, pensif. Penser, y avait-il autre chose à faire ? Elle se devait de réfléchir. Il parla, mais elle ne sut pas quoi répondre. Elle acquiesça avec un léger sourire comme pour le remercier, plus ou moins certaine qu'elle pourrait prendre en compte ses dires dans son choix futur.

Soudain, il lui prit la main pour appliquer un baume sur sa main. Elle sentit son coeur battre plus fort. Le baume lui faisait beaucoup de bien, plus qu'elle ne le pensait puisque la coupure disparut. Mais elle fut encore une fois incapable d'articuler le moindre mot. Elle poussa un léger "merci" qui se changea en un soupir à peine audible. Une fois rentré au village, Zéro la quitta. Sasaki entra dans la tente et s'assit sur son lit en soupirant.

-Emiri c'est toi ? Tu vas mieux ? Qu'est ce qu'il y a ? Tu ne réponds pas ? Que t'a fait cet homme ?

-Rien grand-mère. Je pense.

-Tu te sens mieux ? Ta coupure ? Tu penses pouvoir t'occuper du Valefore ou il faut que j'envoie quelqu'un prévenir le grand prêtre ?

-Je... Je vais mieux... Mais je ne sais pas si je pourrais m'en occuper.

Ses pensées étaient bien trop obnubilées par la proposition de Zéro pour pouvoir s'occuper de ces préparatifs. Mais sur le coup, ce n'était pas agaçant comme ça avait pu l'être en se retrouvant faible après avoir soigné Zéro. Non, elle avait un souci bien plus important. Si seulement ça pouvait être plus simple. Elle ne savait plus à quoi se vouer. Qu'est ce qu'elle voulait ? Pour lui ? Pour elle ? Eux ? Pourquoi ne voulait-elle pas le laisser faire comme il le voulait ? Pourquoi cela lui faisait peur, si cela lui faisait plaisir ? Grand-mère rentra à nouveau dans la tente.

-Emiri. Je ne vois rien. Mais tu sais que je ressens bien les choses. Ca ne va pas, n'est-ce pas ? Où est passé mon rayon de lumière ? Je ne vois qu'un voile de doute sur ton visage.

Sasaki prit une profonde inspiration et se mit à pleurer. Grand-mère s'assit à côté de Sasaki et la prit dans ses bras. Elle l'encouragea à parler. Sasaki raconta ce qu'il s'était passé, ce que Zéro avait dit, elle essaya de mettre des mots sur ce qui la faisait hésiter. Et quand elle eut fini, il y eut un silence, mais Sasaki avait arrêté de pleurer et elle se sentait mieux.

-Je vois. Et bien écoute, je ne peux te dire quoi faire. Tu dois faire ton choix, mais sache Emiri, les choses changent. Un choix est une renonciation. Ce sont eux qui changent le monde. Tu en es seule maîtresse. Ta tête pense à tous ce que ce choix peut importer, mais ton coeur sait ce qui importe vraiment. Tu es généreuse ma chérie. Mais prends garde à qui tu donnes ton coeur, car on ne le donne qu'une fois.

Sasaki essuya ses yeux d'un revers de manche en reniflant. Elle n'avait pas pris de décisions, mais elle était à présent convaincue qu'elle saurait choisir et vivre avec.

Le soir tomba, les préparatifs étaient terminés, juste à temps. Un grand feu était allumé au centre du village. Sasaki s'était habillée de son kimono rose qu'elle avait porté à la terre des dragons. Elle avait ramené le côté droit de ses cheveux derrière son oreille pour accrocher une broche avec une fleur blanche et deux baguettes noires l'enserrant. Elle s'assit sur le sol, comme tout le monde. Elle guetta du regard Zéro.

https://www.youtube.com/watch?v=gpnkTFypXME

Puis soudain, le grand prêtre apparut à l'entrée du temple. Tout le monde se leva et tous ensemble firent le signe de prière. Un enfant entonna le chant du Valefor tandis qu'une effigie de tissu du Valefor grandeur nature passait, avec sous le tissu plusieurs personnes pour l'animer. Puis, ce Valefor de tissu s'éleva dans le ciel sous les prières des habitants. Le Valefor s'éleva et cela mit fin à la cérémonie. Commencèrent les festivités à grand coups de boissons, de fruits, de viande, de danse, de musiques et de chansons.

Peu à peu, les festivités parvinrent à enivrer Sasaki, lui faisant oublier pour un temps ses soucis. Elle put enfin lancer ceux-ci dans les airs et danser avec les habitants autour du feu avec grâce et volupté. Au moins réussissait-elle à profiter de cela. A un moment, elle décida tout de même de tenir une promesse qu'elle avait faite plus tôt dans la journée. Elle s'approcha de Zéro et lui dit:

-Il me semble que je t'avais demandé une danse. Me feras-tu plaisir ?

Elle joignit ses mains avec un petit sourire. Et soudain:

-Emiri ! Une chanson. Allez on va jouer ta préférée !

-Ha ? Oui, j'arrive. La prochaine, c'est promis ?

Elle se rua vers les musiciens sous les applaudissements des villageois. Elle se sentait un peu gênée. Mais ce n'était pas la première fois. En revanche, c'était la première fois qu'elle chantait devant un étranger... Non, pas un étranger... Quelqu'un qu'elle à qui elle s'était attachée.

https://www.youtube.com/watch?v=xlwSPMwAqbM

Sa voix s'éleva claire et pure dans la nuit. Si la danse avait ce pouvoir purificateur d'enlever ses soucis, il en était encore plus de même avec le chant. Lorsque la musique joua toute seule, fit un pont, Sasaki murmura quelque chose à l'un des musiciens et elle se rua vers Zéro. Elle lui tendit la main. Elle voulait danser cette chanson. Même si cela n'était pas le but réel, elle se dit ensuite que... Elle réussirait à entendre son coeur parler.

Sasaki fut aux anges de voir que Zéro accepta sa proposition. Elle fut encore plus heureuse, d'abord surprise, mais surtout heureuse, d'entendre enfin un doux tutoiement, accompagné de son diminutif, son petit surnom amical. Tout en lui tenant la main, ils se placèrent au centre de la place. Elle fit face à Zéro et elle se sentit rougir en levant la tête vers son visage.

https://www.youtube.com/watch?v=95izZbOfHjY

Quand commença la musique que Sasaki avait demandé, ils se rapprochèrent et commença ce slow. Le contact de ses mains sur ses hanches... Son regard... Elle avait déjà éprouvé une folle attirance pour Alois, sentit son coeur battre, mais ce n'était rien face à ce qu'elle sentait en elle tout en dansant avec Zéro. Elle comprit que ce qu'elle avait ressenti avec Alois n'était dû qu'à ses belles paroles. Il savait comment la gêner, la troubler mais ce n'était que cela. Ce n'était que de l'amour froid. Enfin, à cet instant, elle vivait un amour brûlant, une passion dévorante. Celui-là même source de bonheur et de douleur.

L'avait-elle déjà vu sourire ? Pas comme ça. Avait-elle déjà su se plonger dans ses yeux ? S'étaient-ils déjà regardé comme cela ? Il n'y avait qu'elle et lui et il était hors de question que cela s'arrête, même en sachant qu'il ne saurait en être autrement. Elle fermait les yeux mi-clos en souriant. Elle était heureuse. Et quand ce fut fini, elle souhaita que cela recommence, ne plus quitter ses bras, alors elle posa sa tête sur son torse. Leurs deux coeurs battaient la chamade, elle l'entendait.

Puis, doucement, il la repoussa pour mieux la regarder et finalement lui demander de fermer les yeux. Elle s'exécuta, une fois encore d'abord surprise mais finalement amusée. Quant elle rouvrit les yeux, il venait de lui offrir une améthyste en forme d'étoile. Un beau collier à porter en souvenir de lui. Pour elle, les richesses n'étaient que caillou brillant, elle s'attachait plus à ce que ce le présent représentait. Ce pourquoi elle fut heureuse. Elle le remercia et il s'éloigna. Elle n'eut pas le courage de parler davantage ou de le retenir, à regret.

-Emiri ?

Sasaki sursauta. Elle connaissait la voix qui l'interpellait. Elle se retourna vivement. Derrière elle, il y avait Shiki. Comme d'habitude, son visage ne laissait pas transparaître le moindre sentiment. Depuis combien de temps était-elle là ? Qu'avait-elle vu ? En tout cas, elle ne prenait vraiment pas part aux festivités et ne s'amusait pas. Elle faisait un peu tâche dans le décor.

-Shiki ! Vous êtes là ! Que me vaut le plaisir ?

-Beaucoup de choses, mais je souhaiterais avant tout te présenter quelqu'un. Voici Mei Misaki.

Elle s'écarta en tendant le bras vers quelqu'un derrière elle tapis dans l'ombre. Elle s'avança. C'était une jeune femme, sans doute 16 ans, les cheveux noirs, une veste noire, une jupeaux motfis écossais, une canne dans la main, une belle canne au pommeau de rubis, et surtout un bandage sur l'oeil gauche. Ce qui était aussi frappant, c'était qu'elle avait elle aussi un visage assez inexpressif, blasé.

-Elle t'expliquera. Je vais voir le prêtre. Tu m'excuseras.

Shiki s'éloigna, laissant Sasaki avec Mei. Celle-ci ne dit rien, ne bougea pas. Sasaki avait beau être du genre avenante, elle trouvait que cette fille dégageait quelque chose de bizarre. Elle lui faisait froid dans le dos. Et ce silence gêné n'arrangeait pas les choses. Puis, soudain, lentement, Mei leva sa canne et pointa une souche d'arbre, allongée, à l'écart du village. Sasaki crut comprendre qu'elle l'invitait à s'y asseoir. Un peu inquiète, elle alla là bas et s'installa. Mei en fit de même sans rien dire. Après un nouveau silence gêné, Sasaki décida de prendre les devants.

-Vous... Vous vouliez me parler ?

-A ta place, je refuserais. Interrompit presque Mei. Elle laissa planer ses mots cassant comme du verre et reprit un peu plus tard. Tu as le béguin ça se voit mais tu devrais faire attention. Les hommes n'ont pas qu'une seule parole.

-Mais comment savez-vous ? Je ne...

-Oh par pitié, ne va pas me dire que tu ne l'aimes pas. Elle laissa encore planer un silence avant de reprendre. -Trop de bruits. Trop de rires.. Ils n'ont pas idée... Ils sont détestables... Mourir.. Vivre... Joie... Peine... Même combat.. Elle avait terminé avec ces étranges réflexions qu'elle se faisait à elle-même en gromellant, presque sans que cela soit audible, bougeant la tête par à coup comme prise de convulsions.

-Qui êtes vous ? Que me voulez-vous ? Commença à s'inquiéter Sasaki.

-Je suis un homme. Je suis une femme. Je ne suis ni homme, ni femme. Qui suis-je ?

-Qu'est ce que cela signifie ?

-Ecoute. L'inaction ne sert à rien. Il y a tant de choses à faire. T'es-tu déjà demandé qui était ton père ? Du côté de Viviane, tu as une demi-soeur, bien. Mais du côté de ton père, sais-tu si tu as des demi-soeurs ou des demi-frères ?

-Pourquoi m'en parler ?

-Allons, pour te faire plaisir. Ca ne te fait pas plaisir de savoir que tu as de la famille encore vivante ? Tu as une demi-soeur encore vivante et elle s'appelle Haruhi Suzumiya. Et elle a besoin de toi. Même si elle ne le sait pas.

Elle avait dit tout cela avec une flegme pas possible. En attendant, Sasaki était troublée. Elle savait que rien ne l'obligeait à partir. Qu'il y ait d'autres gens autre part, même une demi-soeur... Mais qu'elle fut en danger ou pas, Sasaki était le genre de personnes à s'attacher facilement aux gens même sans les connaître. En rencontrer de nouveaux et s'en faire des amis était son plaisir... Alors sa demi-soeur... En danger ou pas, elle se devait de la rencontrer.

-Je n'ai pas grand chose à faire de ces histoires. Que le monde renaisse ou pas peu m'importe. Mais de ton voyage, beaucoup de choses peuvent changer. Tu as une dette envers Shinrya que tu as détruite. Et surtout... Le pouvoir que tu as libéré aux enfers... Sasaki, ce pouvoir peut te détruire, et ce qui t'est le plus cher avec. Surtout si tu ne le contrôles pas et si tu ne l'utilises pas de temps en temps. Il pourrait surgir comme aux enfers d'un trop plein d'émotions et emporter le monde entier avec toi...

Sasaki baissa la tête. Elle savait qu'elle était responsable de la destruction de Shinrya. Mais elle ne savait comment se racheter, ni même comment éviter un autre désastre. Elle était une arme ambulante, une bombe prête à exploser... Elle savait que la rencontre avec Shiki et son amie changerait sa façon de voir les choses et ce qu'elle déciderait par la suite. Mais du coup, concernant Zéro... Celui-ci pourrait-il la protéger d'elle-même ? Ne le mettait-elle pas en danger à le garder près d'elle ?

Sasaki observait ses pieds. Il n'y avait pas beaucoup plus à faire pour réfléchir et surtout éviter de regarder cette fille qui faisait froid dans le dos. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait, ce qu'elle pouvait dire... Mais au final, une seule chose avait une importance. Son optimisme reprit bien vite le dessus et elle ne considéra plus que l'immédiat, et le plus plaisant dans tout ce que Mei avait pu lui raconter.

Ce fut à ce moment que Zéro revint vers elles. Il s'excusa d'être parti, mais au final, Sasaki ne lui en voulait absolument pas. Elle avait encore son visage empreint de doutes quand il arrive mais quand il s'adressa à elle pour la seconde fois en s'excusant et en demandant ce qu'elle voulait faire, elle releva la tête vivement et afficha un grand sourire et une mine ravie en déclarant:

-Je veux retrouver ma demi-soeur !

Mei leva son unique oeil au ciel comme si elle trouvait ce soudain débordement de joie exagéré ou puéril. Il fallait bien admettre qu'elle n'aimait pas beaucoup les personnes comme Sasaki. Toutes deux étaient très différentes sur leur regard sur le monde.

Sasaki se leva et indiqua Mei, à nouveau remplie d'une joie bondissante et d'une bonne humeur rayonnante:

-Voici Mei Misaki. C'est une amie de Shiki, une autre amie à moi.

-Zéro... Une belle promesse d'avenir... Car on n'écrit bien que sur les pages blanches... Mais votre encre est à sec... Dit Mei, très cynique, voir moqueuse.

Elle se leva à son tour et fit tournoyer sa canne entre ses doigts. Elle leva la main jusqu'à son bandage. Et là, sa main fut comme stoppée dans son élan. Elle tremblait comme si elle était retenu alors qu'elle voulait atteindre son bandage, comme si Mei luttait pour ne pas le faire, bien que son visage ne laissait rien transparaître. Cela semblait presque normal pour elle. A un moment, elle attrapa même sa main tremblante pour essayer de la rabaisser. Mei continua sans que cela semble étrange ou inquiétant pour elle. Elle émit même un petit soubresaut amusé.

-Elle... Elle, ben, elle m'a dit que j'avais une demi-soeur dont j'ignorais l'existence. C'est inespéré. Je souhaiterais la rencontrer.

A cet instant, Shiki et le prêtre arrivèrent devant eux. Le prêtre s'avança et mit sa main sur la tête d'Emiri avant de déclarer:

-Emiri. Nous t'avons accueilli en amie, comme un membre de notre famille. Mais tu sais à présent que tu n'es plus seule dans ce vaste monde. Si tu le souhaites, tu peux partir, mais sache que Besaid sera toujours chez toi.

-Emiri. Tu hésites peut-être encore à partir. Mais crois-moi, il est de ton intérêt de partir et de trouver ta demi-soeur. Je ne souhaite, nous ne souhaitons pas te chasser, mais dans ce vaste univers, chacun a sa place. Il est important que chacun la trouve. Au fond de toi, tu sais que l'île de Besaid ne peut t'apporter ce que tu souhaites. Fit Shiki. Elle voulait en dire plus. Mais elle ne pouvait pas en parler devant le prêtre et Zéro. Cela concernait le secret de Sasaki.

-Ce que je souhaite ? Pour moi, je pense que c'est une famille, un endroit où vivre heureuse. Je suis bien ici... Mais j'ai une vraie famille, je veux dire, une ancrée dans mon sang. Je ne saurais vraiment quel est ma vraie famille que lorsque je l'aurais rencontrée. Je suis prête.

-Cette soirée devait être une fête. Pour le Valefor. Mais elle sera aussi ta cérémonie de départ. Les adieux sont difficiles Emiri. Mais je t'invite à les faire.

-Oui.

Le grand prêtre s'éloigna. Shiki s'installa sur la souche d'arbre et Mei l'y rejoignit en cessant son étrange manège avec sa main. Sasaki se tourna vers Zéro et lui sourit, car pour elle, ce voyage, elle ne le ferait pas seule. Elle savait aussi qu'elle avait une décision à prendre les concernant, et que c'était maintenant qu'elle devait décider. Et malgré les médisances de Mei, elle savait à présent ce que son coeur disait.

-Zéro. Avant de faire mes adieux, je voudrais... Que nous allions marcher sur la plage. Tous les deux. Seuls. Il faut que je te dise quelque chose.

-C'est ça. Sans nous quoi. Et tant que vous y êtes, ramenez des champignons, il paraît que c'est très bon pour les noeuds dans l'estomac.

Sasaki ignora cette remarque et prit la main de Zéro. La lune était déjà bien haut dans le ciel quand elle arriva devant la plage. Elle se mit devant l'océan, les pieds se faisant délicatement caresser par les vagues s'échouant sur le sable. Sa peau blanche au reflet de la lune.

-Je ne sais pas si Shiki et Mei viendront. Mais ce voyage, je ne veux pas le faire seule. Dit-elle simplement sans savoir encore comment continuer cette phrase. Elle avait pris sa décision, mais elle avait du mal à sortir, à assumer encore pleinement ce choix.

Sasaki avait une boule dans la gorge. Cependant, elle était heureuse de partager un moment d'intimité avec lui. Elle en oubliait presque qu'elle avait quelque chose à lui dire. Elle avait beaucoup réfléchi, même prise dans l'effervescence des festivités. Et elle avait su écouter son coeur qui avait trouvé la réponse à cette fichue question. Il voulait sincèrement la protéger, s'enchaîner à elle, et elle voulait le meilleur pour lui. Elle tenait à lui et elle ne voulait pas qu'il fasse quelque chose de dangereux pour elle. Et pourtant, c'était bien le souhait de Zéro. Et qu'était-elle pour l'en dissuader ? Même sans ce contrat, ne serait-il pas enclin à le faire de toute façon ? Il y avait un petit quelque chose qui l'ennuyait mais elle voulait justement en parler et prendre sa décision.

Zéro lui prit les mains. Sous les étoiles, ses cheveux gris brillaient, formant comme une auréole scintillante au dessus de sa tête. Elle ne pouvait plus détacher les yeux des siens et cela l'empêchait de penser. Qu'avait-il dit au juste ? Oui, à peu près la même chose que tout à l'heure, le plus important était là et la sincérité de ces mots ne faisaient aucun doute.

-Ecoute. Je suis prête à te laisser faire comme tu le souhaites. Si tu es sincère alors je te laisserais me protéger et faire de moi la plus heureuse des femmes. Mais je veux partager avec toi ce fardeau. Si tu me protèges, alors je te protégerais moi aussi. Je veux moi aussi te défendre, ne pas rester en retrait quand tu pars te battre. Si tu dis vouloir rester à mes côtés, ne jamais me laisser seule, alors tu me laisseras en faire de même. Laisse moi te protéger du malheur et de la douleur. Comme je l'ai fait à la première seconde où nous nous sommes rencontrés. Si je ne le puis plus, j'en mourrais.

Sasaki porta sa main sur son améthyste qu'elle serra fort dans son poing fermé. Elle avait fait son choix. Ce ne devrait pas être un contrat dans un seul sens, cela devait être "donnant-donnant". Elle regretta de ne rien avoir de comparable à cette améthyste à lui donner en symbole de cet échange.

-Ca se scelle par un baiser, c'est ça ? Demanda t-elle en rougissant et en détournant le regard en fermant les yeux mi-clos, l'oeil frétillant d'émotions.

Elle s'approcha et lâcha les mains de Zéro. Elle passa l'une des siennes dans la chevelure de Zéro, caressant légèrement ses boucles et descendit le long de sa joue.

https://youtu.be/xhYz4_-wp0I?t=2m57s

Puis, elle remonta dans sa nuque avant de s'approcher timidement, encore plus. Puis, prise soudainement d'une passion dévorante, d'undésir irrépressible, elle jeta ses lèvres sur les siennes. Elle enserra plus fort Zéro contre elle, l'invitant à en faire autant. Elle avait l'impression que les étoiles tournaient autour d'elle et que son coeur allait exploser.

Sasaki se sentait portée par le bonheur. Elle était accrochée aux lèvres de Zéro et refusait que ce merveilleux moment se termine. Il était brûlant de passion et elle pouvait sentir ses bras la serrer contre lui avec tant d'ardeur qu'elle en perdait la tête. Oui, ça c'était l'amour. Pas celui qu'elle avait vécu avec Alois. S'il y avait encore des doutes quant à ce garçon, ils étaient à présent rejetés. Elle n'avait jamais aimé en Alois que sa gentillesse feinte et ses paroles envoûtantes. Zéro, lui, était différent et son amour pour lui aussi.

Dans l'ombre, sous la chaleur de ses baisers, se dessinait un symbole sur sa poitrine, au dessus de ses seins. Un symbole qui semblait (ce n'était pas certain, presque comme ces taches d'encre chez le psychiatre) représenter une rose à peine éclose, à peine ouverte.

Il fallut bientôt redescendre sur terre, ce fut le cas de le dire, et ils se retrouvèrent d'abord l'un sur l'autre, sur le sable. Un dernier serment. Un dernier baiser que Sasaki encouragea. Elle le regardait dans les yeux parler, lui promettre sa fidélité. Elle était heureuse et elle voulait encore sentir ses lèvres sur les siennes. Plus encore, il l'embrassa et descendit dans son cou, cela lui faisait du bien, la chatouillait un peu, elle en lâcha un soupir de plaisir.

Encore quelques embrassades dans le sable, et à regarder les étoiles. Soudain, Sasaki se jeta sur Zéro et le chevaucha, elle l'embrassa et passa ensuite son doigt sur sa bouche en souriant et en déclarant avec son entrain habituel:

-Maintenant, il faut que j'aille dire au revoir à tout le monde. Nous partirons demain matin... Je voulais juste te dire... Je n'ai jamais été aussi heureuse.

Un dernier baiser et elle se leva pour rejoindre le village.

Mei et Shiki étaient au même endroit. Mais elles ne parlaient pas, et elles faisaient encore moins de choses, comme participer aux festivités. On aurait presque dit qu'elles s'étaient disputées tellement leur visage transpirait le désabusement et l'ennui. Mais Sasaki subodora qu'elles étaient toujours comme ça, que c'était une impression. Elle les ignora, surtout quand elle vit que Mei lui jetait ce qui semblait un regard noir.

Elle salua tout le monde. Le grand prêtre vint finalement l'inviter à se joindre à elle. Il appela tout le monde et déclara qu'Emiri devait partir. Sasaki avoua qu'elle aurait préféré quelque chose de plus intime avec chacun, et que cela la gênait de se retrouver devant tout le monde, mais au fond... Après cela, chacun s'approcha et prit Sasaki dans ses bras. Certains avaient la larme à l'oeil. La grand-mère surtout. Elle fut la dernière à la prendre dans ses bras et ce fut trop pour Sasaki qui joignit ses larmes aux siennes.

-Je te promets que je reviendrais grand-mère.

Il était à présent temps de fermer les yeux et d'attendre le lendemain. Mais Sasaki ne pouvait dormir. Elle rejoignit Shiki qui observait les étoiles.

-Tu sais. Un couple ne peut se former sur le mensonge.

-Je sais. Tu crois que je devrais lui dire la vérité sur moi ?

-Je ne sais pas si on peut lui faire confiance.

-Je me suis uni à lui. Il ne me trahira pas. J'en suis sûre.

-C'est l'amour qui parle. C'est une arme. Il peut s'en servir contre toi.

-Je suis sûre qu'il ne le fera pas.

-Fais comme tu veux, mais rappelle-toi que c'est ta demi-soeur que tu mets en danger. Bien. En voyage, nous parlerons de ce qui t'attend.

-Pourquoi pas maintenant ? Histoire que je sois sûre, que je regrette pas.

-De toute façon, peu importerait ce que c'est. Tu voudrais avant tout retrouver Haruhi ?

-Ouais ça c'est vrai ! S'exclama Sasaki, ragaillardie, un grand sourire aux lèvres. Shiki fut surprise. Elle trouvait cette fille incroyablement optimiste. Comment faisait-elle après tout ce qu'elle avait vécu ? Même le danger, même l'importance de ce qui pouvait motiver ce voyage, ne semblait l'effrayer. Pas tant qu'elle avait Zéro avec elle et Haruhi à retrouver.

-Alors, ça peut attendre.

Après avoir parlé à Shiki, Sasaki était restée avec elle, mais Shiki demeurait silencieuse, même lorsque Sasaki lui posait des questions, certes futile et vaine, n'ayant pour seul but que de faire la conversation et de passer le temps en brisant ce silence oppressant. Avec le temps, la fatigue gagna Sasaki qui quitta Shiki et qui se rendit dans son lit pour y dormir paisiblement. L'expression "tu es belle quand tu dors" peut être blessante si elle est mal prise, mais dans le cas de Sasaki c'était vrai. Au matin, le tableau fut embelli par un rayon de soleil traversant les rideaux et baignant le visage de la jeune fille de lumière.

Ce rayon coquin vint à réveiller Sasaki qui se leva en plissant les yeux. Elle avait l'impression de sortir d'un très beau rêve. En fait, elle se demanda même si cela s'était vraiment passé. Elle s'approcha de son miroir, en sous-vêtements, pour faire sa toilette. Son regard fut soudainement happé par la tâche au dessus de sa poitrine. Cette tâche, une rose à peine éclose. Elle ne l'avait pas vu hier, bien évidemment, sous ses vêtements. A présent, elle la voyait et se demandait de quoi il s'agissait.

Elle se souvint que Zéro avait eu une tâche sur le cou peu après leur fougueux baiser. Une tâche qui avait la même couleur, le même grain, pas la même forme, mais qui semblait proche de celle de Sasaki. Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour comprendre qu'il devait s'agir de ce dont Zéro avait parlé. Il avait mentionné le fait qu'une marque s'apposerait sur lui une fois le contrat scellé. Il n'avait pas mentionné pour elle. Elle comprit tout de même que cela devait avoir un rapport avec ce qu'elle avait dit. Elle avait créé sans le vouloir un pacte entre eux, dans les deux sens. Non, ce n'était pas volontaire, mais au final, ça ne changeait rien. Elle voulait lui prêter serment d'amour, mais elle n'avait pas pensé à ça. Et bien tant pis. Ca serait encore plus fort et imbrisable. Et en plus, c'était joli cette rose sur sa poitrine.

Elle termina de s'habiller et elle quitta la tente. Grand-mère n'était pas réveillée, et elle ne souhaitait pas éterniser les adieux. Pas par empressement ou indifférence, mais pour éviter de pleurer encore comme une madeleine. La revoir, lui reparler, ne rendrait pas son départ plus facile. Au contraire.

Au dehors, sur la place, il y avait Zéro. De dos. Elle eut un petit air sournois. Elle se fit toute petite et se jeta au cou de Zéro.

-Bon matin, toi ! Bien dormi ?

-Bon, qu'est ce qu'on attend ? Le bus ? Fit une voix bien connue.

Sasaki se tourna vers Mei qui venait de parler. Elle avait un ridicule petit chapeau de voyage sur la tête, genre explorateur, mais trop petit. Elle avait les même vêtements, mais en brun et vert foncé, ainsi que sa canne habituelle et son bandage sur l'oeil.

-Vous venez aussi, mademoiselle Misaki ?

-Un temps seulement. Une fois que mes yeux auront ouvert un autre chemin, je le prendrais. D'ici là, veuillez éviter toutes les niaiseries du genre "mon sucre d'orge" ou "mon colibri" et toutes manifestations buccales et charnelles déplacées.

Shiki approcha à son tour. Elle n'avait rien changé. Le même kimono, la même gueule d'enterrement. Très joyeux comme voyage. Mais Sasaki était heureuse de le faire.

-Bien. Il semble que tu sois notre chauffeur. Fit Shiki à Zéro. -Nous partons donc à la recherche de Haruhi Suzumiya. Aux dernières nouvelles, elle voyage avec Fujino Asagami. Plus vite on la trouve, mieux c'est.

Sasaki put apercevoir le vaisseau approcher, traverser la stratosphère pour atterrir sur la place du village. Sasaki, pour qui la technologie n'était pas encore chose très connue, crut qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur pilotant l'appareil. Si c'était le cas, il ne descendait pas saluer le groupe. Elle fut intriguée de rencontrer cette personne. En attendant, il y eut un petit et très court briefing par Shiki. Ce à quoi Zéro réagit en affirmant avoir déjà rencontré Haruhi. C'était une piste à suivre et une belle surprise, coincidence, pour Sasaki.

-C'est vrai ? C'est génial ! Tu pourras me parler d'elle pendant le voyage ? Me dire à quoi elle ressemble. Je me demande si les demi-soeur ressemblent à leur... Demi-soeur...

-Une jeune mère ? Alors, il s'agit sûrement de cette même Fujino.

-Hmm, mais minute ! Cette Asagami ! C'est pas elle qui voulait me torturer ? Et elle était avec Haruhi ? Il faut absolument les retrouver avant que Fujino ne lui fasse du mal !

Shiki hocha la tête. Elle fut surprise (mais agréablement, bien qu'elle n'en montra rien) que Zéro n'en demande pas plus sur les raisons qui motivaient ce voyage, ainsi que l'empressement dont elle faisait preuve. Il fallait les retrouver vite, Shiki l'avait dit, mais Zéro suivait les directives à la lettre sans poser de questions. Cela pourrait peut-être mieux se passer que prévu.

-Alors en avant. Radiant Garden semble l'endroit le plus adapté pour commencer.

Ils entrèrent dans le vaisseau. Non, personne en vérité à l'intérieur. Sasaki fut déçue. Rien que de la technologie, des boutons et autres bidules. Shiki s'installa dans un coin, assise à même le sol, quand Mei s'empara aussitôt d'un siège. Sasaki était toute excitée. Elle espérait bien retrouver sa demi-soeur, d'autant plus si Fujino était avec elle. Elle ne paniquait pas, mais pour elle, Fujino représentait un risque pour Haruhi, augmentant son empressement de retrouver celle-ci.