La valse du Marionnettiste [PV: Kairi et Emiri]

Décidément, ça faisait le second voyage durant lequel Sasaki était emplie d'appréhension. Pas à cause de la peur de voler, la peur de l'espace, le manque d'habitude des voyages interstellaires mais bien la peur de ce qui l'attendait au bout du voyage. La dernière fois, c'était l'appréhension de la réaction de sa demi-soeur Haruhi quand elles se rencontreraient. Là, c'était l'appréhension de savoir ce qu'il advenait de Zéro. Il s'était enfui presque sans rien dire, laissant Sasaki avec ses amies, alors qu'ils voyageaient ensemble depuis le tout début et qu'ils avaient juré de ne jamais se quitter. Qu'est ce qui avait bien pu se passer pour qu'il réagisse de la sorte ?

Rajoutez à cela que Sasaki était un peu triste d'avoir laissé Haruhi en arrière. Sa chère demi-soeur lui manquait déjà. Pour la première fois de sa vie, elle ressentait ce que c'était vraiment qu'être seule, même entourée d'amies. Shiki aux commandes, il ne restait qu'Emiko et Fujimi pour essayer de la faire sourire un peu. Enfin, c'était surtout Emiko qui se dévouait avec toute sa sur-vitalité habituelle. Fujimi, c'était plutôt celle qui devait subir toutes les bêtises d'Emiko.

Le GPS du vaisseau, Gladys, descendit du toit et déclara:

-Mademoiselle Shiki, le château n'est plus très loin. Je recommande la plus grande prudence. La densité nano-machiavelienne est particulièrement importante selon mes capteurs.

-Qu'est ce qu'elle dit ? Demanda Emiko.

Le vaisseau entama sa descente et Emiko jeta un regard dehors. Elle blêmit.

-Pas vraiment là où je voudrais passer mes vacances.

Spoiler:

Le château semblait plongée dans une nuit bleutée profonde. C'était à la fois effrayant et magnifique à la fois. Sans ce château aux gargouilles grimaçantes, on aurait presque vu une nuit romantique parfaite. Mais le château emplissait la cour de son ombre menaçante. Toutes les filles descendirent non sans une certaine appréhension d'Emiko et Sasaki. L'envol d'un corbeau les fit sursauter.

-Ne me dites pas que Zéro est entré dans ce ch-ch-château ? Après tout, y a rien qui le dit, hein ?

-Une invitation à un bal, au château de la bête, y a pas de doute possible, Emiko.

Emiko déglutit difficilement et n'accepta d'avancer que derrière le dos de Fujimi. Sasaki et Shiki ouvrirent la marche. Une fois arrivée à la porte, Shiki frappa à la porte à l'aide d'un des gros anneaux. Pas de réponses.

-V-v-ous voyez ? On s'est trompé. C'est pas là. On s'en va ?

Shiki jeta un regard à Emiko, pour lui faire comprendre qu'elle l'énervait à faire preuve d'autant de couardise. Ce fut à cet instant que la porte s'ouvrit d'elle-même. La main sur le katana, Shiki entra la première en observant autour d'elle, suivie de Sasaki, rejointe par Fujimi, Emiko collée dans son dos. Le silence complet, lorsque soudain, des cliquetis se firent entendre, comme si on frappait le carrelage avec un morceau de fer à plusieurs reprises. Et puis de petite voix:

-Lumière ! Attends-moi, par pitié ! Veux-tu bien m'écouter pour une fois ? La liste d'invités ne prévoit aucun autre invité. Donc ces gens n'ont rien à faire ici, il faut qu'ils partent avant que le maître ne les voie.

-Oh diable, tu n'es vraiment pas aimable. D'accord, ils ne sont pas invités, mais cela n'empêche pas de bien recevoir les visiteurs lorsqu'ils frappent à la porte et de les accueillir gentiment avec classe.

-Lumière ! Non ! Noooooon ! Clama Big Ben en ratant la marche et en se retournant comme une crêpe sur chaque marche de l'escalier. Lumière sautilla jusqu'aux filles et s'inclina d'une de ses bougies.

-Mesdemoiselles, c'est un plaisir de recevoir tant de grâce dans ce château. Bienvenue, je suis Lumière, chambellan, que puis-je pour vous être agréable ?

Emiko était du genre à passer de la peur à la joie la plus extrême en moins de dix secondes. Ce ne fut pas étonnant de la voir oublier sa peur et d'éclater de surprise devant ces objets parlants. Elle attrapa Lumière et l'examina sous toutes les coutures. Comment ça pouvait parler ce truc ? Sasaki aussi était surprise, agréablement bien sûr, mais en était bouche bée. Et comme Fujimi ne parlait jamais... Il ne restait qu'à Shiki de faire les présentations

-Excusez de faire irruption comme ça en plein bal, mais l'un de nos amis s'est rendu chez vous avec cette invitation à un bal. Dit-elle en tendant le papier chiffonné qu'avait laissé Zéro.

Lumière tendit ses bougies pour attraper le papier sans le faire brûler, tandis que Big Ben approchait péniblement en grognant. Lumière plissa les sourcils mais garda pour elles un superbe sourire chaleureux.

-Ah, je suis navré mesdemoiselles, mais nous ne connaissons nul Zes. De plus, je me charge d'écrire des invitations et cela n'est pas mon écriture. Celui qui vous a écrit ça devait être un farceur.

Shiki se montra inquiète au vu de cette information.

-Bien, bien, bien, maintenant que cette méprise a été corrigée, je vous demanderais de bien vouloir nous quitter, car un bal a lieu et vous n'y êtes pas invité.

-Mais, Zéro est peut-être ici. Je dois le retrouver, s'il vous plaît. Supplia Sasaki en se mettant à quatre pattes pour être à la hauteur du cadran de Big Ben et lui asséner son visage le plus mouillant et le plus doux, le plus mignon possible. Big Ben sentit ses aiguilles s'emballer et sa face rougir.

-Allons, nous sommes en pleine fête, c'est que notre maître est d'humeur à recevoir. Et je suis sûr que ces charmantes jeunes filles ne causeront pas de problèmes. Et en tant qu'hôte, les laisser repartir sans un bon repas chaud ne serait pas digne de nous.

-Bon, bon, bon, d'accord, mais vite fait alors. Vous trouvez votre Zéro, un petit verre, un petit quelque chose et vous vous en allez avant que le maître n'ait à vous le demander.

-Bien sûr, bien sûr. Mais qui dit repas, dit aussi... Musique !

-M-m-musique ?!?! Ah non non non non !

Sasaki jeta un regard complice à Emiko. De la musique ? Elles ne pouvaient pas y résister. Elles suivirent Lumière en courant et en riant pour voir toutes les merveilles que Lumière leur réservait.

Spoiler:

Sasaki était aux anges. Rien n'était plus beau que la musique et un peu de féerie. Shiki et Fujimi furent les seules à ne pas goûter la fête. Shiki semblait méfiante et quant à Fujimi, elle restait fidèle à elle-même: raide comme une planche, les bras le long du corps, au garde à vous, attendant qu'on lui dise quoi faire sans la moindre émotion sur le visage.

Sasaki et Emiko profitaient de la fête, oubliant un peu la raison qui les avait menées jusqu'ici. Il fallait dire qu'après la bataille morbide de la nécropole des Keyblades, un peu de bonne humeur, de lumière, de chaleur humaine, cela faisait quand même plaisir. Après l'effort, le réconfort, même si Sasaki aurait aimé passer ce moment avec Zéro en plus de toutes ses amies. Haruhi y compris. Mais l'important était sûrement de ne pas y penser pour le moment. Même s'il faudrait très vite se remettre à la recherche de Zéro. On pouvait faire confiance à Shiki pour le rappeler... Ou à Big Ben.

Soudain, lorsque la chanson s'arrêta, on entendit quelqu'un frapper dans ses mains, applaudir. Tous les regards se tournèrent vers la porte d'entrée et à cet instant, ce fut Shiki qui fut sûrement la plus tétanisée. Autant Sasaki et ses amis, Lumière et Big Ben compris, Fujimi en moins, mais elle c'est particulier, autant ils semblaient donc heureux de la voir, autant Shiki sembla soudainement effrayée. La raison était que Shiki savait que cette fille était Kairi et donc qu'elle avait été une amie proche d'Emiri, la vraie.

Ce que Kairi dit ensuite termina d'effrayer Shiki et là, même Sasaki et Emiko furent soudainement prise d'anxiété. Certes, Sasaki appréciait d'entendre dire qu'elle ressemblait à ses demi-soeur, encore plus quand cela semblait être un compliment, mais Kairi avait mis le doigt sur un problème très épineux. Toutefois, Shiki resta calme. Il y avait une explication à donner qui était celle que l'on donnait à tout le monde, surtout ceux qui comme Kairi avait connu la vraie Emiri. Shiki fut tentée de dire la vérité à Kairi, mais elle ne savait si elle pouvait le faire. Pas ici, du moins. Pas dans ce château où il semblait y avoir des oreilles partout, là où une fausse invitation les avait mené ici. Nul doute que si on en parlait ici sans précautions, alors ce Zes risquait d'être au courant. Il fallait espérer que Sasaki saurait tenir son rôle et que Kairi ne se rendrait compte de rien...

-Permettez, princesse Kairi. Mais il faut que je vous dise qu'il s'agit là d'Emiri Kimidori elle-même. Laissez-moi vous expliquer. Intervint poliment Shiki avec une révérence. -Une mauvaise entité a souhaité faire payer Emiri pour des crimes qu'elle n'a pas commis et a donc enfermé son âme dans le corps de cette fille pour la punir. Nous avons réussi à la sauver de cette entité mais elle ne se souvient de rien. Je vous prie de m'excuser. Shiki avait trouvé une excuse classique et bateau pour éviter que Kairi ne s'étonne de quelque chose au cas où les deux filles ne décident de parler du "bon vieux temps". Sasaki trouvait juste que Shiki aurait pu éviter de traiter Fujino de "mauvaise entité".

Franchement, Sasaki était désolée de voir que l'on était obligée de mentir à cette fille qui avait connu Emiri. Elle aurait aimé que Kairi lui parle d'Emiri, elle aussi avait des questions à la pelle pour Kairi. Si seulement elle pouvait lui dire la vérité et pouvoir parler avec elle comme elle le souhaitait. Peut-être plus tard lorsqu'il lui serait permis de dire la vérité.

-Fujimi, essaye de trouver Zéro. Les choses se compliquent. Chuchota Shiki à Fujimi, qui acquiesça silencieusement avant de sortir.

-Mais il est vrai que nous ne nous sommes pas présentés. A présent que dame Kairi est ici, voilà un bon moment. Clama Lumière.

-Oui, pardon. Je m'appelle Emiri, voici mon amie Emiko, Shiki et Fujimi... Qui n'est plus là.

-Partie aux toilettes. Emiri, je te présente Kairi, princesse de coeur, une des vieilles amies de... Pardon, une de tes vieilles amies qui t'a aidé à retrouver Zarxnos et vaincre le Mal. Mentit Shiki.

-Je suis ravie de te revoir, Kairi. Sourit Sasaki d'un sourire des plus beaux qu'elle avait en réserve.

Lorsqu'elle entendit le nom "Emiri" Kairi se figea. Emiri, son Emiri était vivante ?! C'était trop beau pour y croire, il devait y avoir un problème, elle ne devait pas être dans une bonne dimension... Non ce n'était pas le cas, tout était bien réel, Emiri était véritablement présente. Elle était bien là, en face d'elle.. Bon elle avait changé, mais qu'importe ? L'importance était qu'elle était là, bien vivante et en pleine santé. Kairi en avait rien a carré de ce qu'on lui racontait, toutes ces pensées étaient tournées vers son amie qui avait ressusciter d'entre les morts. Un large sourire se dessina sur le visage de Kairi, qui n'attendit pas la fin des présentations pour se diriger d'un pas pressé vers Emiri pour la prendre dans ses bras tandis qu'elle était en train de dire qu'elle était ravie de la revoir. Pour Kairi, c'était réciproque, mais le mot était faible, très faible oh oui beaucoup trop faible, surtout qu'elle la croyait morte et enterrée. Lorsqu'elle eût terminé de l'enlacer, la jeune princesse de cœur prit les mains de son amie et la regarda en ayant l'air encore plus émue qu'avant de la voir présente et souriante.

"Tu ne peux pas savoir comme tu m'as manqué ! L'histoire que m'a racontée ton amie me semble invraisemblable, mais je m'en fou, parce que, malgré ce qui a pu t'arriver pour que tu reviennes ce n'est pas l'important, ce qui est important, c'est que tu sois là et bien vivante. Oh pauvre Zarxnos, il doit tant s'ennuyer sans toi, pourquoi ne l'as-tu pas pris avec toi ? Oh et pis, on s'en fou, l'heure n'est pas aux regrets, mais aux retrouvailles et à la fête !"

Kairi était tellement contente qu'elle fit tourner Emiri avec elle avant de la lâcher en faisant quelques pas de danse qui faillit la faire tomber à cause de sa robe qui n'était pas très synchronisée avec la folie de la princesse de cœur. Rien ne semblait pouvoir affecter sa bonne humeur, rien du tout ! Enfin c'est ce qu'elle pensait quand un des serviteurs encore sain d'esprit et salement amoché, fit irruption dans la salle pour l'avertir de la nouvelle, ce qui ne plu pas du tout à la princesse de cœur qui eût l'air tout d'un coup très sombre.

"COMMENT ? Mais... ce n'est pas possible ! C'est impensable ! Il s'agit sûrement d'une farce ! C'est affreux ! Toutes les invitées ? Oh pauvre Bête, il doit être tellement triste, il y tient à sa Belle comme au plus précieux des trésor ! A quoi ressemblait le kidnappeur ?"

- Impossible à dire, il était trop rapide et organisé pour que l'on puisse voir à quoi il ressemblait et l'arrêter était trop dur, nous n'avons rien pu faire pour l'empêcher de commettre son méfait. Où allez-vous dame Kairi ?

"Sauver mes amies ! Cela tombe sous le sens !"

- Mais vous ne savez même pas par quel côté il est parti

"Oh... vous avez peut-être raison... tant pis, si ce n'est pas moi qui trouve le kidnappeur, lui me trouvera et je lui ferais sa fête !"

- Ce n'est peut-être pas très prudent de votre part

"Je m'en contrefiche, ces filles sont comme des grandes sœurs, les voir se faire enlever me fait sortir de mes gonds, je dois les retrouver !"

Il était très rare de la voir autant agitée et directe, mais quand on touchait à sa famille, elle partait au quart de tour. Lorsque le serviteur lui demanda où elle allait, la jeune femme s'était stoppée net, puis elle s'était grattée l'arrière de sa tête en ayant l'air embarrassée quand il lui avait gentiment fait remarqué que sans informations elle ne risquait pas de le retrouver, mais elle s'était vite reprise et était de nouveau en ayant l'air très énervée par ce perturbateur qu'elle ne connaissait pas. En se baladant dans les couloirs, Kairi se perdit de nouveau, mais cette fois-ci, elle se fichait bien de savoir où elle allait, car à présent, son but était de retrouver la personne qui avait enlevé ses sœurs de cœurs.

Sasaki était tiraillée. D'un côté, elle était heureuse de trouver quelqu'un d'aussi amicale et d'aussi chaleureux. Mais en même temps, lui mentir était d'autant plus pénible. Parfois, elle se demandait si on l'accepterait avec une autre identité, sa véritable identité. Mais Sasaki restait Sasaki. Aussi, quand Kairi l'enlaça avec effusion, elle se laissa faire, apprécia et oublia tous ses soucis. Ce n'était pas important, seul importait le bonheur de leurs "retrouvailles". En plus, optimiste comme elle était, elle ne voyait que le positif: Kairi était heureuse de revoir Emiri. Et si Kairi était à ce point heureuse, c'est que sa demi-soeur devait être quelqu'un de vraiment bien, et ça faisait plaisir. Elle espérait juste au fond d'elle pouvoir un jour lui dire la vérité.

Mais comment réagirait-elle ? Un mensonge, surtout sur une personne morte, c'était gravissime. Haruhi l'avait prouvé. Quel scandale quand Haruhi avait appris qu'elle se faisait passer pour Emiri ! En même temps, était-ce la faute à Sasaki ? Non pas du tout. Sasaki aurait préféré rester elle-même que mentir. Mais pour le bien de la vraie Emiri et pour respecter le souhait de Shiki et Mei, elle devait jouer le jeu.

Une histoire invraisemblable ? Pourtant elle n'était pas fausse, seulement sur un point: sur qui était revenu. Pourquoi elle n'avait pas pris Zarxnos ? Bah parce que même si elle avait été la vraie Emiri, elle n'avait pas eu le choix de revenir. Tiens, d'ailleurs, elle se demanda, puisqu'Emiri était morte, sa place n'était-elle pas la mort une fois encore ? Puisqu'elle avait été ramenée par une entité ténébreuse pour de mauvaises raisons et qu'en plus elle avait un amant au ciel... N'aurait-ce pas été clémence que la renvoyer au pays des morts ?... Oh quelle sombre pensée. Surtout que Sasaki était elle aussi une âme ranimée, donc mieux valait ne pas penser à des choses pareilles. Surtout si Emiri avait fait ranimée sa demi-soeur pour lui permettre de vivre la vie qu'elle n'avait jamais eu...

Soudain, Kairi fit tourner Sasaki. D'abord surprise, Sasaki éclata de rire. Elle était vraiment aux anges de "retrouver" des amis aussi chaleureux. Toutefois, quand elle eut fini, il fallut bien retourner à la réalité et aux sombres nouvelles. Des invités avaient été enlevées et Kairi était décidé à les retrouver malgré tous les avertissements. Elle sortit et partit dans les méandres du château.

Aussitôt, Sasaki s'approcha de Shiki et lui chuchota:

-Je suis vraiment obligée de lui mentir ? Ca me rend si mal à l'aise. En tant qu'amie d'Emiri, elle devrait avoir le droit de savoir, elle comprendrait et ne dirait rien à personne.

-Ne t'en fais pas. Là on ne peut rien dire car le château est habitée par une mauvaise présence. Mais si tu veux, nous pourrions lui proposer de se rencontrer dans notre vaisseau pour tout lui expliquer à l'abri des oreilles indiscrètes. Mais attention... Moins de gens le sauront, moins il y aura de chances que cela se sache. Même des amis peuvent laisser échapper des indices par erreur ou sous la torture.

Elles avaient conversé bien bas, de sorte que personne n'aurait pu les entendre. Cela rassurait Sasaki, elle en avait même zappé le passage sur les risques. Bref, optimiste jusqu'au bout. Mais en même temps, elle pensait à Zéro. Pourquoi Kairi aurait droit de le savoir et pas son amour de Zéro ? Shiki et Mei semblaient vraiment contre, mais... Peut-être qu'avec Zéro, ce n'était pas important parce qu'il n'avait pas connu Emiri et qu'il l'aimait quoi qu'il en fut. Mais Kairi... Elle était en droit de connaître la vérité... C'était blessant de se dire qu'elle lui avait fait une fausse joie en lui disant que son amie Emiri était vivante.

En attendant, les amies de Kairi avait un problème et en tant qu'"ancienne amie" de Kairi, Sasaki refusait de rester les bras croisés. Elle se rua à son tour dans le château pour essayer de rattraper Kairi. Malheur, Shiki tentait d'arrêter Emiko qui avait réussi à mettre en équilibre un couteau sur son nez. Du coup, elle vit Sasaki disparaître trop tard dans le labyrinthe des couloirs du château. Quant à Sasaki, même constat, elle ne retrouvait pas Kairi dans ce dédale. Il y avait donc un Zéro de perdu, une Kairi égarée, une Sasaki paumée, chacun dans un coin du château et Shiki devait retrouver Sasaki... Si ça ne sentait pas les ennuis, Shiki voulait bien être damnée.

-Emiko, tu restes ici au cas où Zéro ou Sasaki passait par là. Dit-elle en regrettant que Fujimi ne soit pas là pour surveiller la puérile et surexcitée Emiko.

Pendant ce temps, Fujimi finit par tomber sur Zéro. De loin, elle le fixa sans mot dire, sans une émotion sur le visage. En fait, elle se tint même à distance raisonnable, si bien que sans faire attention, on pouvait ne pas la voir.

Ce château était un vrai labyrinthe. Des pièces et encore des pièces, des chambres et des chambres. Et pas un chat. Sasaki était à présent convaincue qu'elle s'était complètement paumée. Comme elle savait que ce château était habitée par quelques uns de ses amis, elle ne désespérait pas. Bien au contraire, elle goûtait la visite. Oubliant qu'hormis cette présence amicale, il y avait sûrement une présence hostile qui ne s'était pas encore manifestée et qui peut-être les guettait dans l'ombre, invisible, prête à frapper.

Sasaki passa devant une armure et elle s'y regarda. Depuis quand elle n'avait pas reçu un coup de peigne ? C'était vraiment pitoyable. Une vraie souillon. Une douche ou deux n'aurait pas été de trop avec toute cette poussière ramenée de la nécropole des Keyblades. Elle quitta son reflet non sans lui tirer la langue avant de partir, en pouffant de rire.

Au détour d'un couloir, elle sursauta en croyant voir quelqu'un. Ce qui la surprit davantage, c'était d'avoir eu l'impression de la reconnaître:

-Mei ?

Elle s'engouffra dans le couloir qu'avait pris la personne qu'elle avait prise pour Mei mais il n'y avait personne. Juste une porte qui claque au bout du couloir. Elle se rendit devant celle-ci et l'ouvrit, un peu hésitante. A l'intérieur, c'était juste la grande bibliothèque remplie de milliers et de milliers de livres tous plus vieux les uns que les autres. Bien que tant de lecture l'enchantait, elle n'appréciait pas l'odeur de renfermé.

Elle s'approcha des étagères et saisit un livre et l'ouvrit à une page au hasard. L'ennui, c'était qu'elle ne savait pas lire. Elle n'avait jamais appris. En fait, en y réfléchissant, elle n'avait pas le souvenir d'avoir déjà eu un livre entre les mains. Qu'est ce que ça pouvait bien raconter tous ces dessins ? En parlant de dessins, certains en étaient dénudés, mais d'autres avaient de belles illustrations. Sasaki apprécia particulièrement celle où il y avait un chevalier sur son cheval, dans un champ de pâquerettes, un château au loin.
Oh, et celle-ci avec une sirène sur son rocher. Quelles merveilles ces mots pouvaient-ils renfermer ? Facilement distraite, Sasaki se laissa prendre au jeu.

Elle prit quelques livres et s'allongea sur le ventre pour les examiner. Les jambes se balançant à moitié dans les airs, comme une fille apprenant à nager. Elle passa son doigt sur l'une des gravures et se mit à murmurer ce qu'elle imaginait soudain comme histoire.

-Un valeureux chevalier voyait ce beau château au loin, là bas l'attendait ce qu'il désirait le plus. Une sirène lui avait dit que ce serait ce qu'il voudrait, qu'il n'aurait qu'à choisir. Et là bas, il y avait or, diamant, nourriture, vin et une femme, belle comme le jour. Il passa sept jours et septs nuits à peser le pour et le contre, parfois, il appréciait la compagnie de la belle dame, admirait les trésors et mangeait et buvait...

Sasaki se disait que ça n'était sûrement pas ça, mais que ces images parlaient elles aussi. Et que peut-être valait-il mieux ne pas savoir ce que cela disait pour en garder la magie et toutes les possibilités.

Fujimi avait été repérée. Elle s'avança, raide comme une saillie, lentement mais à un rythme régulier, aussi régulier que le tic tac d'une horloge. Elle fixa Kairi avant de fixer Zéro avec insistance. Elle ne pipa mot et se contenta de suivre le duo tranquillement sans rien montrer de ce qu'elle pensait.

Kairi continuait de chercher, rien, elle ne trouvait rien, pas le moindre indices, comment étais-ce possible ? Le type qui les avait enlevé était sûrement un magicien, un magicien très doué et insaisissable. Tout en continuant à chercher, la Bête fit irruption dans la pièce et accusa Zéro d'avoir kidnapper les invités, ce dernier lui affirma avec maladresse que ce n'était pas lui le coupable, mais son interlocuteur ne le comprit pas et fonça sur le jeune homme pour ce battre à nouveau avec lui.

"Arrêtez, vous, vous donnez en spectacle ! Comment allons-nous retrouver Belle si vous, vous blessez gravement tout les deux ? Hey vous m'écoutez ?"

*Je n'ai pas la force de les arrêter et ne peux pas rester là à les regarder s'affronter, c'est trop horrible ! Si seulement Karah pouvait répondre à mon appel... Cela fait plus d'un mois que je ne l'ai plus revue, j'espère qu'elle est rétablie et en pleine forme...*

Se mit à penser la demoiselle en soupirant et en se sentant bien seule en ce moment délicat auquel il fallait très vite trouver une solution avant que le sang ne coule. Tout d'un coup, au moment où elle s'y attendait le moins, une jeune fille aux cheveux bruns foncés mi longs, portant une tunique et un simple short apparaître comme par magie et foncer sur la Bête pour lui assener un puissant coup de poing, qui le fit à peine bouger, mais qui eût tout de même le dont de le surprendre. Ne sachant pas qui était ce moucheron qui l'avait attaqué par derrière, il se reprit et fonça sur cette demoiselle qui réussi à le bloquer, avec beaucoup de mal. Le tenant à bout de bras, on aurait pu penser qu'ils étaient en train de danser.

- Tu m'as appelée princesse, me voici !

"Oh mais... je ne pensais pas que mon invocation préférée viendrait si vite à mes côtés ! Retient la Bête encore un moment s'il te plait, il faut qu'on découvre quelque chose d'important !"

La demoiselle avait vu du coin de l'œil Zéro tenir quelque chose entre ses mains, mais il n'avait pas insisté. La jeune fille se mit alors à penser qu'il s'agissait d'une trappe, voilà la raison pour laquelle elle couru et sauta en attrapant le fil de toutes ces forces. Au début, rien ne se passa, puis tout d'un coup, une trappe s'ouvrit et pleins d'objets lui tombèrent dessus, ce qui la fit émettre un petit cri de surprise, car elle ne s'attendait pas à ce que des objets tentent de l'assommer.

"Je ne sais pas ce qu'il y a là-bas, mais la trappe à l'air d'être à ta hauteur, passe le premier, je te rejoins plus tard !"

Ces mots passant plus pour un ordre que pour un conseil, il était préférable qu'il obéisse, surtout pour sa survie, car Karah ne tiendrait sûrement pas longtemps face aux agissements de la Bête qui était vraiment en colère et qui était déchaîné. Sachant bien qu'il ne lui ferrait rien, Kairi avait bien fait exprès de lui dire de monter le premier. Après avoir ôté, tout ce qui lui était tombé dessus, la demoiselle s'écarta, puis encouragea Zéro du regard pour l'inciter à monter dans cet endroit obscure qui ne semblait pas être très rassurant.

Sasaki était absorbée dans sa "lecture". Elle savait qu'elle devait repartir à la recherche de Kairi. Mais vous savez comme ça marche. On se dit "un petit dernier et on y va" et ce n'est jamais le dernier. Alors, elle se disait ça et puis elle prenait un autre livre avec des illustrations et puis, elle les admirait en se disant que ce serait la dernière et du coup, elle prenait davantage le temps de l'apprécier. Et plus elle l'appréciait, plus elle voulait en voir plus. Bientôt, elle se retrouva cernée d'immeubles de livres à l'équilibre précaire. Le pire était qu'elle n'en avait à peine lu que la moitié de ce qu'il y avait dedans.

Soudain, elle entendit une mélodie, comme une comptine jouée par une boîte à musique. C'était intriguant dans ce lieu d'entendre une telle musique. Cela semblait comme sorti de nulle part et emplissait la pièce comme si elle l'entourait et l'encerclait. Cette musique l'hypnotisait, elle se laissait bercer par la mélodie et elle avait l'impression que cette mélodie l'appelait.

Un homme intriguant s'approcha d'elle et se présenta comme étant Drocell Keinz. Sasaki se releva machinalement. Elle ne comprenait pas pourquoi elle n'arrivait plus à penser correctement. Elle oubliait même qu'elle devait mentir sur son identité. Mais elle ne pouvait pas se permettre de dire quoi que ce soit. Cette musique l'imbibait et lui faisait perdre ses moyens. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle devait suivre cet homme.

-Bon-bon-soir. Que voulez-vous ? Moi, c'est... C'est... Sa volonté se battait afin que ne sorte de sa bouche que ce qu'elle voulait bien dire. Mais la lutte était si forte entre ses pensées et cette musique, qu'elle en demeurait muette. Elle se mit à marcher vers Drocell, le regard vide, les pupilles éteintes, faisant un pas après l'autre en tremblant, comme si chaque pas devenait lourd et fastidieux, perdant son équilibre à chaque mouvement, les bras ballants.

Pendant ce temps, Fujimi n'avait pas réagi de suite en voyant la Bête foncer sur Zéro. Mais comme Karah prit les choses en main, elle riposta encore moins. Quand Kairi ouvrit la trappe, elle fixa le trou béant dans le plafond. Elle s'agenouilla et comme un ressort, sauta au travers du trou. Puis, elle se tourna vers eux, restés en bas. D'abord, elle les fixa, neutre, puis, elle s'agenouilla et avança la main grande ouverte aussi loin qu'elle le pouvait pour leur proposer son aide pour monter. Ceci, sans aucun mot toujours.

Emiko s'ennuyait sans Fujimi. Ces deux-là ne se séparaient jamais. Si bien que passer cinq minutes sans Fujimi, c'était une pénitence pour elle. Même le faste de la réception lui passait au dessus de la tête et ne l'amusait plus. Et pourtant, on lui avait bien dit de ne pas quitter la salle au cas où Emiri ou qui que ce soit reviendrait. Ce fut si long... Qu'elle s'endormit comme une masse sur la table.

Spoiler:

Shiki arpentait les couloirs, incapable de retrouver qui que ce soit. Pourtant, des bruits de bagarre lui indiquèrent la route à suivre. Elle se précipita dans le couloir quand soudain, elle trébucha. Quelque chose, une main visiblement, sorti d'un portail noir dans le sol, venait de lui saisir la cheville et la tirait lentement vers elle. Shiki attrapa sa dague et la planta au sol pour essayer de se retenir à quelque chose. La dague déchira le tapis mais n'empêcha pas Shiki d'être emporté. Même ses coups de pied sur la main ne semblait pas déranger cette dernière. Elle disparut dans le portail. Ne restait d'elle que sa dague plantée dans le sol.

Sasaki ne parvenait plus à penser. La musique de cet homme l'hypnotisait, lui faisait perdre ses moyens. Sa volonté ne lui appartenait plus et, comme plongée dans un long sommeil, elle ne pouvait plus qu'accepter sans rechigner tout ce que cet homme pourrait lui proposer. Elle devait le suivre. Jusqu'au moment où un étranger apparut et chassa l'étrange personnage. Presque aussitôt, son emprise sur elle s'affaiblit. Sasaki sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle sentait sa force l'abandonner. Son esprit était embrumé.

Le jeune homme lui proposa un peu de thé et Sasaki put tranquillement retrouver ses esprits, même si elle était encore dans les vapes. Peu à peu, elle retrouva le sourire, ce sourire craquant, amical, chaleureux qui lui allait si bien. Elle reprenait des couleurs, mais elle revenait de loin. Elle était à présent revenue à elle, heureuse de vivre et rayonnante de joie.

-Votre travail ? Quel est-il ?

Je dois prendre soin de vous lorsque Zéro ne peut le faire

Là, Sasaki eut un déclic. Zéro ! C'est pour lui qu'elle était là, pas pour lire des livres qu'elle ne savait même pas lire, ni pour prendre le thé avec un inconnu aussi serviable soit-il. Elle devait retrouver Zéro et l'aider. Elle se leva aussitôt et se rua vers la porte

-Vous n'avez pas encore totalement récupérer !

-Zéro a besoin de moi ! Je lui ai juré que je prendrais soin de lui.

-Il doit affronter seul cette épreuve

-C'est ce qu'il croit. Mais il a besoin de moi, comme j'ai besoin de lui.

Soudain, Sasaki se sentit prise d'un violent vertige. Sakuya se leva aussitôt et accourut à ses côtés pour la soutenir et la raccompagner à son fauteuil. Sasaki se laissa faire. Elle savait bien qu'elle ne pouvait rien faire dans cet état, mais savoir que Zéro était ici, affrontant quelque chose dont elle ignorait tout, en danger, cela lui était insupportable.

-Pourquoi me mettre de côté ? Demanda t-elle en soupirant. Au fond d'elle, elle connaissait la réponse, mais elle se sentait comme un poids mort accroché aux chevilles de Zéro que ce dernier était obligé de jeter dès que la situation devenait risquée.

-Il s'agit de son passé, il s'impose de devoir y faire face sans aide, c'est pourquoi il est venu seul en ces lieux

Sasaki soupira. Elle trouvait cette réaction idiote. Ensemble, ils trouveraient une solution. Cela n'excusait pas tout ça. Pas alors qu'ils s'étaient jurés de se protéger. Pourquoi ne pas lui en avoir parlé avant de partir ? Pour la rassurer, qu'elle comprenne... Elle s'était sentie abandonnée, presque trahie par l'être qu'elle aimait. C'était cruel... Mais elle sentait au fond d'elle que Sakuya avait raison. C'était peut-être triste, mais elle était bonne à rien, ou au moins incapable d'être du moindre secours à son aimé. Elle l'embêterait plus qu'autre chose. Il devait s'en sortir seul. Même vaincre Sylvanas n'était qu'un exploit dû à Haruhi, et celle-ci n'était plus là pour aider Sasaki à combattre.

-Promettez-moi qu'il ne lui arrivera rien

-Je ne peux vous faire une telle promesse, mais je puis vous assurer que Zéro surmontera ce qu'il affrontera

-Alors vous promettez de rester avec moi ?

-Oui, aussi longtemps qu'il le faudra, damoiselle Kimidori

-Merci, vous êtes gentil Sourit-elle. Elle n'était pas complètement rassurée, mais son optimisme naturel la rattrapait et du coup, elle refusait de prendre peur, pas avec un charmant garçon à ses côtés pour lui tenir compagnie. Un peu comme une princesse se devait d'être aimable et rayonnante pour ses invités, elle se devait de se montrer agréable pour celui qui avait promis de prendre soin d'elle. Elle lui décocha encore un beau sourire.

Pendant ce temps, Fujimi suivait les deux acolytes sans dire le moindre mot ou réagir à ce qui se trouvait autour d'elle. Toutefois, quand elle vit les poupées dans la pièce, elle en fixa une sans mot dire. Ce n'était peut-être pas le moment de philosopher, mais peut-être le vide de ces pantins reflétaient assez bien la sensation de vide qui se dégageait de Fujimi. Elle se serait mis dans un coin, personne n'aurait vu la différence entre ces pantins et elle. Elle en fixait une, sans prêter attention aux autres.

C'était une poupée grandeur nature, allongée dans un cercueil mis debout. (un clic pour voir en grand)



Toujours dans le même temps, Emiko dormait à poings fermés dans la salle où Lumière avait lancé sa petite fête improvisée. Soudain, elle se réveilla, un peu en sursaut. Elle frotta ses yeux avant de voir une femme qu'elle ne connaissait pas.

-Ouhlà, ouhlà, ouhlà ! Hurla t-elle, prise de panique. Si bien qu'elle s'était penchée en arrière, et qu'en équilibre sur les deux pieds de la chaise, elle faisait des moulinets avec ses bras pour éviter de tomber. Trop tard, la chaise bascula en arrière et Emiko chuta.

Elle se releva presque aussitôt rouge de confusion, un chouchou en moins. Il ne lui restait plus qu'une seule couette. Elle attrapa son chouchou et déclara:

-Salut ! Vous venez vous ennuyer avec moi ? Super ! Moi c'est Emiko ! On m'a dit de monter la garde, au cas où je verrais quelqu'un arriver. Bon, ce quelqu'un ça devait pas être vous, donc je vais devoir monter la garde encore, mais bon... C'est pas grave, ça me fait de la compagnie, et puis, bon, c'est pas comme si c'était à moi de dire où vous avez le droit d'aller. Fin voilà quoi, moi c'est Emiko et j'suis super contente. Oh, vous savez quoi ? On va pas s'ennuyer plus. Vous restez ici pour surveiller et moi je vais chercher de quoi nous occuper ! Je vais chercher mes coloriages dans le vaisseau !

La bavarde et pétulante Emiko ne laissa pas Karah en placer une. D'un coup, elle partit en trombe dans le hall pour aller vers la porte d'entrée, tout ceci en chantonnant sur un petit air entraînant: "coloriage, coloriage". Dehors, elle pénétra dans le vaisseau et récupéra ses coloriages, ainsi bien sûr que ses crayons de couleur. Il y en avait de toutes les couleurs. Une bonne centaine à n'en point douter. Mais comme Emiko était un peu daltonienne, elle ne savait même pas reconnaître toutes les couleurs présentes. Les différentes sortes de bleu, c'était le même bleu, les différents jaunes, le même jaune. Bref, inutile.

Une fois dehors, elle referma le vaisseau, les bras chargés de livre de coloriage. Une pile qui passait jusqu'au dessus de sa tête, l'empêchant de bien voir devant elle. Quant aux crayons... Elle n'avait pas de bol, ni même de main pour les porter. Ca débordait de ses poches, de ses chaussettes, de ses chaussures... Elle en avait même accroché dans ses cheveux, et refait sa couette avec du coup.

Alors qu'elle entrait dans le château, elle entendit un bruit derrière elle. Mais avec tous ses livres, elle ne voyait rien. Même en se retournant. Et puis, en marchant, en regardant ses pieds, elle vit soudain, deux pieds, deux chaussures noires sous les livres. C'est tout ce qu'elle pouvait voir avec les livres devant la figure. D'où conclusion: il y avait quelqu'un devant elle.

-Ah ! Super ! Vous pouvez m'aider à porter ça là bas s'il vous plaît ?

La chose devant elle se contenta d'un léger son, comme une plainte aiguë, froide et perçante.

-Oups ! Pas bon. Emiko passa sa tête comme elle put sur le côté. Ce qu'elle vit la fit blêmir et déclarer: -Et même pas bon du tout ! Elle poussa un cri avant qu'un portail ne s'ouvrit sous ses pieds et ne la tire dedans. Tout son ensemble de coloriages et de crayons s'écroula et bientôt, c'est tout ce qu'il resta d'elle dans le hall.

La jeune fille qui se réveilla se trouva être un sacré phénomène, insouciante et survoltée, mais drôlement sympathique. Une fois sortie de la pièce, Karah éclata de rire, ce qui était très rare, Emiko sans le vouloir venait d'accomplir un exploit, même Kairi qui était pourtant très gentille et drôle n'arrivait pas à la faire rire autant. Voulant passer plus de temps avec la jeune fille, Karah s'assit et attendit comme un chien fidèle le retour de sa maîtresse. Au bout d'un quart d'heures, l'invocation intriguée par la lenteur de la demoiselle, se leva et sorti de la pièce pour voir si tout allait bien, surtout qu'elle se faisait du soucis, car elle avait entendu quelques minutes plus tôt un cri d'effrois. En marchant vers la sortie, elle trouva une pile de livre de coloriage éparpillé par terre. Karah regarda dans tous les sens et ne vit aucunes traces d'Emiko, elle soupira en ayant l'air agacée et pas du tout contente, car elle en avait marre que toutes les personnes qu'elle surveillait se faisaient tout le temps enlever, à croire qu'elle avait la poisse ou qu'elle n'était pas faite pour le rôle de gardienne.

*Kairi à chercher, a présent Emiko... la prochaine fois que j'ouvre mon cœur à une jeune fille, je l'attache à un boomerang*

Karah soupira encore une fois, puis elle empila correctement les livres de coloriages sur une chaise de la salle précédente où la demoiselle se trouvait avant de disparaître mystérieusement. L'invocation avait donc mit la chaise dans le hall et s'était assurée que les livres et les crayons n'étaient pas abîmés ni salis, son inspection étant terminée, elle parti à la recherche de sa deuxième amie en espérant la retrouver le plus vite possible. Pendant ce temps, Kairi fit la rencontre de Drocell, sûrement le créateur de ces poupées, car vu la façon dont il la regardait et lui adressait la parole, il était fort à parié qu'il était capable de la mettre au même niveau que ses amies.

"Faites de moi tout ce que vous voulez, mais ne me transformez pas en poupée, cela serait ignoble de votre part !"

Déclara la demoiselle alors qu'ils étaient si prêt l'un de l'autre. Heureusement que Zéro était présent pour la défendre et chasser l'homme qui s'en alla avec ses connaissances. La jeune fille était bien trop paralysée par la peur pour lui faire barrage et lui demander de rendre la vie à ses amies, mais elle ne le pu pas, il lui avait coupé l'envie de le faire avec son air mystérieux et ses paroles qui donnaient l'impression qu'il s'était enfuit d'un asile psychiatrique. Cependant, la demoiselle n'étant pas encore transformée en poupée dû se ressaisir pour être présente pour prêter main forte à son allié dès qu'il aurait besoin de ses capacités. Malheureusement pour lui, elle se voyait mal donner des coups à ses jeunes filles qui avaient été autrefois des demoiselles avec une merveilleuse personnalité, enfin c'était ce que pensait Kairi, va savoir si c'était véridique ou non, mais là n'était pas la question, en tout cas pas en ce moment où elle ne pouvait leur porter des coups et ça, Zéro eût l'air de le remarquer, car il lui dit de frapper dans le tas sans retenues, enfin c'est ce qu'elle comprit.

"Mette-vous un instant à leur place avant de frapper comme un barbare ! Ces jeunes filles agissent comme des pantins agressifs, mais je suis persuadée qu'il y a un autre moyen pour éviter de les abîmer !"

Spoiler:

Grosse protestation d'une non-violente qui avait beaucoup de difficulté à concevoir l'utilité d'un combat dont l'issue pouvait être remportée autrement que par les coups. Pour commencer et aussi pour lui permettre de réfléchir, Kairi concentra sa lumière pour former devant eux une barrière lumineuse à laquelle les poupées vinrent violemment se cogner, car elles n'avaient pas vu ce petit détail qui était d'une importance capitale.

"Cet endroit est très lugubre, j'ai du mal à utiliser correctement ma lumière, je ne peux donc pas faire deux choses en même temps, je vous conseil à tout les deux de partir. Oh j'ai oublié Fujimi !"

Kairi refusait de blesser les poupées, mais en même temps, elle ne pouvait pas laisser Fujimi se faire tuer par ces marionnettes, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Elle abaissa sa barrière, puis elle tourna ses paumes de ses mains qu'elle porta à sa bouche pour souffler dessus tel un enfant voulant faire des bulles de savons. Sa lumière se transforma en bulle pour exploser sur les ennemis et les repousser par la même occasion. Un passage s'étant donc fait, Kairi parti chercher Fujimi, puis revint avec elle en la tirant par le poignet. Une fois retournée vers Zéro. elle avait l'air essoufflée et avait lâché la main de Fujimi. Lorsqu'elle eût retrouvé son souffle, elle créa une nouvelel barrière protectrice et regarda ses deux amis avec un regard très séreiux.

"Elle ne tiendra pas longtemps, vous devriez en profiter pour sortir d'ici, la Bête doit être calmée, vous n'aurez rien à craindre, en tout cas, moins que cette armée de poupée. Dès que vous serez sorti, tenter de retrouver cet homme, enfin si vous voulez bien m'aider à le retrouver, cela va de soi ! Moi je reste ici quelques minutes le temps que vous descendiez, car si je ne suis plus là, la barrière disparaîtra et nous seront submergé par ces nombreux ennemis"

Kairi soupira en ayant l'air toujours dépitée par les diverses scènes qui se déroulaient sous ses yeux, elle avait hâte que tout redevienne dans l'ordre, mais en attendant que cela puisse se faire, elle espérait que ses deux amis l'écouteraient et repartiraient d'où ils étaient venus, enfin si la trappe n'avait pas déjà été refermée après le passage de Drocell.

Sasaki sirotait son thé en essayant de reprendre tranquillement ses esprits. Une fois encore, son esprit vagabondait sereinement. Elle gardait une certaine inquiétude pour Zéro, mais elle se disait qu'elle ne lui serait peut-être pas utile et donc qu'il fallait attendre. Cela lui paraissait égoïste, mais peut-être lucide. Il fallait rester optimiste, garder confiance en Zéro et profiter de la compagnie de Sakuya. Celui-ci lui posa une question très vague. Sasaki ne savait pas quoi lui répondre. Après tout, quand on a pas vécu, qu'on a passé 13 années à vivre enfermée dans le noir, quelques années de plus morte, et puis quand on venait d'être ramenée à la vie... Bah on a pas tant d'histoires à raconter. Rajoutez à cela qu'elle devait jouer le rôle d'Emiri... Et bien, du coup, elle n'avait pas grand chose à raconter.

-Que voulez-vous que je vous dise ? Je suis l'ancienne reine de Shinrya. Je voyage ici et là. Et comme c'est vous qui sortez de nulle part, je crois que ce serait à vous de m'en dire plus à votre sujet. Demanda t-elle gentiment, presque taquine.

Lorsque les poupées se mirent à les encercler, Fujimi jeta un bref coup d'oeil inexpressif à Drocell avant de reporter son attention sur la poupée devant elle. Elle, elle n'avait pas bougé de son cercueil comme si son piédestal laissait bien augurer que cette poupée était bien morte et incapable de bouger. Fait étonnant, les poupées ne prirent pas la moindre attention à Fujimi, lui passant à côté, tandis qu'elle ne s'intéressait pas à elles et gardait un oeil sur la poupée de Mei.

Peut-être simplement le marionnettiste n'avait-il pas jugé bon de l'attaquer. Peut-être seul Zéro l'intéressait... Ou c'était autre chose... Quoiqu'il en soit, Kairi dut tirer Fujimi derrière sa barrière. Fujimi ne s'en émut pas et se laissa faire en gardant ses yeux toujours et encore sur la même poupée. Une fois que Kairi eut fini de parler, il semblait évident que si les poupées devant étaient retenus, celle qui les avait encerclé précédemment derrière étaient encore embêtantes. La fuite semblait la meilleure des options, mais encore fallait-il passer par la trappe sans qu'une poupée ne les attrape ou les tue.

Fujimi comprit rapidement la situation. Sans un mot, elle se rua sur les poupées et leur asséna un coup de poing. La force légendaire de Fujimi fit son oeuvre. Elle attrapa une poupée et la porta au dessus de sa tête avant de l'envoyer sur les autres afin de les repousser. Fujimi put alors attraper la trappe et l'ouvrir. Fujimi attrapa ensuite une autre poupée et fit de même qu'avec la première. Il y avait à présent un joli tas de poupées l'une sur l'autre, s'emmêlant les pinceaux. Car les poupées ont bien du mal à se retrouver quand elles sont l'unes sur l'autre. Un bout de bois, de plastique, un moignon de cire pour leurs bras... Ce n'est qu'un moignon de cire et s'il y en a d'autres, allez savoir si c'est le leur, ou celui d'un autre. Bref, les poupées en venaient à perdre leur repère. Bref, plus grand chose à craindre de ce côté là. La plupart avaient leurs membres fragiles et ne tenaient plus debout correctement.

Kairi eût l'air choquée en voyant comment Fujimi s'occupait des poupées, mais elle ne pu pas la blâmer, car ce qu'elle venait de faire leur avait sauvé la vie et puis, elle ne les avait pas vraiment tuées, ni frappées, elle les avait juste balancées par-dessus bord, ce qui fait que les demoiselles pourraient toujours être réparées avant qu'on leur rende leur forme initiale. Par la suite, elle eût l'air offusquée en entendant les paroles de Zéro. Il ne comprenait rien à rien et voulait tout détruire, c'était bien une attitude de mec ça ! Pourquoi ne pouvait-il pas comprendre que la jeune fille ne voulait pas les abimer pour qu'elles ne soient pas handicapées quand elles redeviendraient elles-mêmes ? Kairi préféra ne pas discuter avec lui et le laissa partir. Elle soupira, puis se tourna vers les poupées restantes qui n'avaient pas réussi à franchir la barrière.

"Je sais que vous ne m'écouterez pas, mais sachez que je vais tout faire pour vous faire retrouver votre forme initiale !"

Suite à ces mots, elle abaissa la barrière, puis avec sa magie liée à sa lumière, elle créa des lianes de lumières qui vinrent s'abattre contre les poupées et qui les attachèrent toutes en même temps, ce qui créa une discorde entre les poupées qui ne savaient pas comment s'en sortir pour continuer à ce battre. Kairi referma la trappe après s'être assurée que Fujimi n'était plus dans la pièce, puis elle se retourna vers les poupées et constata que le travail en équipe n'était pas leur point fort, donc elles mettraient du temps à se décoincer et par la même occasion à attaquer. Etant satisfaite de constater que sa petite ruse permettrait de les réparer plus tard, Kairi créa, avec beaucoup de peines, un portail de lumière qu'elle emprunta et qui la mena dans le hall du château. Une fois sortie du portail ce dernier se referma.

*Il faut que je retrouve cet homme, mais il ne faut pas que je me laisse surprendre sinon je vais subir le même sort qu'elles. Il faut que je songe à un plan pour l'oblige à leur rendre leur apparence normale sans pour autant que je me fasse piéger et pour ça, je ne peux compter sur l'aide de personne, pas même de Karah*

Kairi avança en tremblant en ayant sa Keyblade à la main qu'elle avait dû utiliser pour ouvrir son portail. Cette folle avait dans l'esprit de retrouver Drocell, mais ne sachant pas où le trouver, il fallait qu'elle explore toutes les parcelles du château de la Bête. Même si elle savait que c'était dangereux, elle y allait tout de même, car ses amies et les autres poupées comptaient sur elle, la jeune fille ne pouvait donc pas les décevoir en renonçant. Pendnat ce temps, Karah entra dans la salle de bal et pu voir avec déception que Zéro n'était pas avec Kairi. Elle le regarda avec un regard sévère en s'approchant de lui.

- Pourquoi Kairi n'est pas avec toi ? Rassure-moi, elle n'a pas encore voulu jouer les héroïnes en fonçant tête baissée dans une aventure trop dangereuse pour elle ? Pff elle a toujours l'art de ce mettre dans des situations périlleuses et moi, je dois tout le temps l'en sortir, c'est pénible, mais je devais m'y attendre en devenant son invocation et son garde du corps par la même occasion.

Karah soupira en se demandant pourquoi elle avait tout de suite accepté de la protéger et d'être liée à elle pour l'éternité lorsqu'elle avait trouvé sa pierre d'invocation et qu'elle l'avait invoquée pour la toute première fois sans le faire exprès. Karah soupira, car elle se rappela pourquoi elle avait accepté, c'était parce qu'elle l'avait tout de suite appréciée. Oui malgré les apparences Karah aimait beaucoup Kairi et c'était la raison pour laquelle elle était tout le temps inquiète pour elle et qu'elle n'hésitait pas à l'engueuler lorsqu'elle la sauvait pour la xième fois d'un danger qui aurait pû lui coûter la vie. Karah attendit donc la réponse de Zéro tout en croisant ses bras.

- Ah sinon y a aussi Emiko qui a disparut, désolée Fujimi, mais ne t'en fais pas, je la cherche aussi

Déclara Karah pour que Fujimi soit au courant de la disparition de son amie, comme ça, elle pourra aussi l'aider à chercher, d'ailleurs, la connaissant bien, elle serait plus apte à la retrouver qu'elle. Dommage qu'elle ait disparût aussi vite, elle aurait beaucoup aimé plus la connaître... Toutefois, ce n'était pas parce que Fujimi chercherait qu'elle arrêterait de tenter de la retrouver, au contraire, elle continuerait ses recherches tout en espérant qu'il ne serait rien arrivé à Emiko et kairi.

Sasaki écouta Sakuya en souriant. Il était si aisé de penser à autre chose pour elle. Si facile d'oublier ses soucis simplement en profitant de la compagnie agréable d'un étranger. Et jamais elle n'imaginerait que Sakuya puisse avoir de mauvaises intentions. Ce n'était pas le cas de toute façon, mais on aurait pu le penser, si on ne s'appelait pas Sasaki. Celle-ci avait dès à présent une confiance aveugle en ce jeune homme. Le fait qu'il soit un ami de Zéro, qu'il la protège pour Zéro, c'était suffisant pour faire de lui quelqu'un de très cher.

La conversation tourna d'ailleurs soudain autour de Zéro. Une autre question difficile. Le plus simple était de dire où elle l'avait connu. Après, expliquer comment ces deux-là pouvaient être amoureux, être ensemble, ça c'était une question difficile. Comment expliquer cette chose qui nous tombe dessus naturellement ? Peut-être que les autres filles attendaient d'avoir de meilleures raisons que "tu me plais" avant de se mettre avec un garçon, mais pas Sasaki. Ca c'était fait comme ça.

-Je l'ai rencontré à Besaid. Il est tombé littéralement du ciel, blessé. J'ai tout de suite tenu à le sauver, je ne sais pourquoi. J'ai pris soin de lui et c'est comme si je m'y étais attaché. Il a été si gentil. Il voulait absolument devenir mon gardien, me protéger, en remboursement peut-être de mon aide. C'était charmant tout en étant gênant, je ne voulais pas qu'il s'enchaîne à moi pour une broutille. Et puis... Voilà... J'ai accepté et... Nous avons dansé... Comment expliquer ? Je suis tombée amoureuse comme tout un chacun.

Sasaki rougissait. Et puis, se rappeler tout ces beaux souvenirs... Est-ce qu'un jour elle pourrait vivre des moments comme ceux de Besaid ? Un tranquille repas festif avec musique et danse pour finir sur une promenade romantique sur la plage. Leur premier baiser... Qui les avait littéralement fait planer de bonheur. Elle aurait voulu sceller des milliers d'autres pactes avec lui pour revivre ce moment de pure magie. Sasaki sentit le regard de Sakuya sur elle. Elle sursauta un peu en rougissant davantage. Puis, elle se tourna vers les livres et dit:

-Sakuya ? Savez-vous lire ? J'aimerais tant savoir ce que peuvent contenir tous ces livres. Cela vous ennuierait-il de me lire... Celui-ci ? Elle attrapa le livre qui lui avait le plus plu quand elle les feuilletait. Au vu du nombre de pages, ils n'auraient pas le temps de tout lire, mais... En même temps, sans le savoir, Sasaki avait bien choisi. Ce livre était un recueil de plusieurs histoires courtes, si bien qu'ils auraient bien le temps de finir ne serait-ce qu'une histoire.

Une fois sortie de la pièce poussiéreuse, Zéro et Fujimi se rendirent dans la salle de bal. Ce fut à cet instant qu'ils furent rejoint par Karah qui semblait de mauvaise humeur. A proprement parler, ils n'avaient pas vraiment grand chose à faire des problèmes de l'invocation, même si la disparition de Kairi n'était pas une bonne nouvelle. Mais visiblement, Zéro était plutôt du genre à rester braqué sur un problème à la fois, même lorsqu'une jeune princesse de coeur se retrouvait aussi impliquée là-dedans.

Karah annonça aussi la disparition d'Emiko. Fujimi baissa la tête mais ne semblait pas triste ou désemparée. Sans doute l'était-elle intérieurement car elles étaient inséparables, mais elle n'en laissait rien transparaître. La question était: est-ce que ce Drocell y était pour quelque chose ? Probable puisqu'enlever les jeunes filles semblait son passe-temps actuel dans ce château.

Mais du coup, où était Shiki ? Qu'Emiko se fasse enlever... C'était triste mais pas inattendu. Que Shiki ait des problèmes... Voilà qui était déjà plus inhabituel. Toutefois, impossible de savoir si elle allait bien, si elle continuait sa ronde dans le château ou si elle était elle aussi en danger. Mais il fallait que quelqu'un en ait le coeur net. Zéro était bien trop occupé à régler le compte de Drocell. Mais Fujimi avait reçu l'ordre de trouver Zéro... Bah en même temps, c'était fait, et on ne lui avait pas dit de le suivre... Ce léger doute transparut par les regards inexpressifs que Fujimi jetait à Zéro et Karah, l'un après l'autre.

Non, on ne lui avait pas dit de le suivre. Elle l'avait trouvé: mission accompli, rien ne l'obligeait à rester. Elle sut qu'elle devait s'assurer que Shiki allait bien aussi. Peut-être même que Shiki saurait retrouver Emiko... Bref, Fujimi sortit de la salle de bal sans rien dire en courant. Après avoir couru dans les couloirs, elle tomba enfin sur un indice potentiel. Là, au beau milieu du couloir, la dague de Shiki était plantée dans le sol. Et elle avait arraché le tapis comme si elle s'était cramponnée au sol. Nul doute à présent que Shiki avait eu des ennuis.

En entendant les paroles de Zéro Karah soupira, pourquoi s'attachait-elle toujours sur des bêtes principes qui ne lui apportait rien de plus ? Son invocatrice était désespérante, une véritable gamine qu'il fallait tout le temps surveiller. En parlant de gamine, Fujimi parti précipitamment de la pièce pour tenter de retrouver Emiko, c'était une bonne idée de sa part, au moins, si elle partait à sa recherche elle était sûre qu'elle la retrouverait très vite.

- Je te remercie pour ces précieuses informations

Karah lui fit un petit sourire, puis elle se téléporta dans la pièce qui se trouvait en-dessus de la salle de bal, mais elle ne trouva rien à part des poupées attachées par un lien de lumière... Un cordage fait de lumière pur ? Tient, tient Kairi était passée par là, mais ne semblait plus être dans la pièce. Karah s'inquiétant encore plus pour la jeune fille, se téléporta ailleurs pour continuer de chercher. Pendant ce temps, Kairi continuait d'avancer dans les couloirs, qu'est-ce que ce château était lugubre ! Très lugubre, elle avait un peu peur, mais moins que de se trouver face à face avec Drocell. A force de marcher, la jeune femme se rendit compte qu'elle avait tourné en rond.

*Kuso je me suis encore perdue !*

Pensa la demoiselle en étant plus qu'agacée de n'avoir pas un sens de l'orientation très performant. Ne sachant vraiment pas où elle était, la jeune fille dû s'arrêter quelques minutes pour réfléchir et respirer un bon coup tout en se demandant ce que ferait Riku si un jour ça lui arriverait de se perdre, en y pensant, des idées farfelues lui vinrent en tête, ce qui la fit sourire et lui fit oublier son désarrois. Une fois sa peur envolée, elle se remit à marcher en se disant que cette marche lui permettrait d'explorer plus en détail les pièces du château et qu'elle finirait bien par retrouver Drocell ou quelqu'un d'autre présent dans ce vieux bâtiment.

Sasaki écoutait attentivement Sakuya lire. C'était fascinant de voir quelqu'un raconter ces histoires. C'était à la fois différent de ce qu'elle avait imaginé en regardant les images et en même temps c'était la même chose. Ce n'était que des mots qui résonnaient à ses oreilles. Et bien qu'à présent, elle savait précisément ce qu'il y avait dans le livre, il lui était laissé la possibilité d'imaginer plus encore: la couleur de la chevelure de la sirène, la splendeur du château du prince... C'était un voyage dont Sakuya et elle étaient les maîtres, capables de tout et créateurs d'un monde qui n'appartenaient qu'à eux. Rêveuse, elle écoutait l'histoire charmante de cette sirène aussi amoureuse que rêveuse d'immortalité. Cette sirène, poussée par cette envie de vivre éternellement par l'amour d'un humain, abandonnait son existence de sirène. A la surface, elle devait souffrir, ses pieds lâchant des gouttes de sang à chaque pas, incapable de parler et de dire qu'elle l'aimait. Jusqu'au jour où le prince se maria avec une autre et qu'elle dut se résoudre à devenir écume de mer...

Le plus beau, trouva t-elle, c'était ce dernier instant d'espoir. Les soeurs de la sirène avaient sacrifié leurs beaux cheveux pour que la sorcière fasse une potion qui annulerait le sort de leur cadette. Tout ce que cette dernière avait à faire, c'était poignarder son prince. Mais poussée par l'amour, elle accepta d'épargner le prince et de le laisser à l'amour qu'il portait à cette autre femme. Elle devint écume de mer mais acquit l'immortalité dans les empreins de l'océan.

A la fin de l'histoire, Sasaki savait qu'il y en avait d'autres, mais cette histoire lui rappelait Zéro et elle ne pouvait plus se concentrer sur autre chose. Ca y est, Zéro lui manquait. Ce n'était plus que de l'inquiétude, mais aussi un manque horrible d'affection, un manque de Zéro tout simplement.

-Je sais que Zéro doit encore s'occuper de ses problèmes, mais... Je voudrais m'assurer qu'il va bien ou au moins, le voir... Ou au moins aller retrouver mes amies pour leur dire de ne plus chercher... Ou qu'elles me tiennent au courant, je ne sais pas... Je veux au moins voir mes amies, m'assurer qu'elles aussi vont bien. J'ai comme un... Mauvais pressentiment.

Sasaki sentait que quelque chose ne tournait pas rond. Elle ne saurait dire pourquoi mais elle sentait qu'Emiko avait des soucis. Elle se leva et en se levant, elle trébucha. En poussant un léger "ouh", elle pencha en avant et Sakuya la rattrapa à temps dans ses bras. La tête contre son buste, elle releva la tête et rougit en regardant son visage. Elle s'éloigna en laissant échapper un rire gêné.

Puis, elle se rendit dans le couloir et là, au tournant, elle vit Fujimi, une dague à la main, marcher silencieusement.

-Fujimi ! Tu vas bien ? Qu'est ce qui se passe ? Tu as trouvé Zéro ?

Fujimi acquiesça, en hochant la tête. Elle tendit la dague à Sasaki et elle pointa du doigt à sa gauche en posant l'autre main sur la dague. Sasaki ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire, mais elle suivit Fujimi dans la direction qu'elle indiquait. Quelques pas plus loin, il y avait le tapis déchiré. Fujimi prit la dague et la planta là où elle l'avait trouvé.

-La dague de Shiki ? Tu l'as trouvé là ? Fujimi hocha la tête. -Qu'est ce qui a pu se passer ? Pourquoi Shiki aurait laissé sa dague ici ? Tu penses qu'il lui est arrivé quelque chose ? Nouveau hochement de tête de Fujimi.

-Emi...ko Articula Fujimi. C'était la première fois que Sasaki entendait la voix de Fujimi. Une voix grave, enrouée.

-Quoi ? Emiko ? Quoi, Emiko ? Ce n'était pas simple de dialoguer avec Fujimi. Celle-ci baissa la tête, sans faire de visage triste, mais ce baissement de tête le laissait penser. Puis, elle bougea la tête négativement. Elle regarda à droite, à gauche, puis fit encore "non" de la tête. -Emiko aussi ? Il est arrivé quelque chose à Emiko ? Fujimi hocha la tête positivement.

Sasaki réprima un son choqué en portant la main à sa bouche.

-Il faut absolument qu'on les retrouve et qu'on sorte d'ici. Fujimi, ça va aller, on va se serrer les coudes, et on va retrouver Emiko et Shiki, d'accord ? Dit-elle en s'accroupissant devant Fujimi. Elle prit la main de Fujimi et se mit à courir dans les couloirs en emportant la dague de Shiki. Sasaki ne savait pas pourquoi... Mais elle avait un pressentiment, elle pensait savoir où elle aurait le plus de chance de retrouver ses amies.

Sasaki tâchait de ne pas traîner en tirant Fujimi. Elle essayait de ne pas courir trop vite pour ne pas tirer trop fort sur le petit bras de son amie, mais en même temps, elle voulait faire aussi vite que possible. La moindre seconde sans savoir si ses amies allaient bien était une torture. Petit à petit, elle se laissait gagner par l'angoisse. En plus, elle sentait au travers de la peau de Fujimi, que celle-ci était elle aussi vidée de ne plus avoir sa partenaire, Emiko.

Soudain, au détour d'un couloir (et dieu que ce château en avait, un vrai labyrinthe où leur course-poursuite se transformait en jeu de piste à rendre fou), elle tomba sur Karah. Une fille qu'elle ne connaissait pas, toutefois, elle sentit immédiatement qu'elle tombait sur quelqu'un qui pourrait l'aider. Bien que ne l'ayant jamais croisé auparavant, elle était contente de voir que peu à peu elle reformait un petit groupe autour d'elle.

Elle lâcha la main de Fujimi en s'arrêtant. La femme se présenta: une invocation, celle de Kairi. Alors elle était sûrement quelqu'un de bien. Sasaki repensa à Kairi... Cette fille, il fallait aussi qu'elle la retrouve, qu'elle se porte bien, car elle voulait tout lui dire, lui révéler la vérité... La pensée que Kairi puisse mourir sans que Sasaki ait eu le temps de lui dire sa véritable identité... C'était une autre pensée insupportable.

-C'est un vrai plaisir de faire ta connaissance. Je n'ai pas vu Kairi. Nous cherchons Emiko et Shiki. Sasaki se demanda si elle devait continuer à suivre son instinct ou suivre les conseils de l'invocation. Les cachots, les cuisines, les tours... Sasaki avait un pressentiment et pensait pouvoir retrouver ses amies en se laissant guider par lui, mais elle n'avait aucune idée si cela la menait à un de ces trois endroits, puisqu'elle ne connaissait rien de ce château. En attendant, hors de question de se séparer encore une fois. Visiblement, cela ne leur réussissait pas. Il fallait rester ensemble. -Je pense savoir où elles sont. Je ne saurais pas dire comment, mais je le sens. Mais je n'ai aucune idée où cela nous mènera. Ni si nous trouverons Kairi aussi.

Sasaki baissa la tête. Si seulement Mei était là. Elle était douée, semblait-il, pour retrouver les gens disparus, et encore plus quand il s'agissait de se débrouiller dans des endroits pareils. Elle avait l'expérience qui faisait défaut à Sasaki en quelque sorte.

-Je ne peux pas vous demander de me suivre alors que je ne sais même pas où je vais. Surtout si vous devez retrouver votre invo... catrice ? C'est comme ça qu'on dit ? Je serais tentée de dire... Qui m'aime me suive ! Tonna t-elle, pétulante de bonne humeur, optimiste jusqu'au bout. Elle se rua en prenant la main de Fujimi, jusque dans les hautes tours du château.

Si Sasaki avait été plus attentive à son instinct, elle aurait sûrement eu du mal à se décider. En effet, dans les cachots, une personne marchait en boitant, se tenant la hanche d'une main, tenant un katana de l'autre. Elle serrait les dents pour retenir la douleur. Puis, soudain, elle se retourna d'un coup sec, elle avait entendu quelque chose dans l'ombre.

-Non, pas encore.

Elle se mit à courir le long du couloir longeant les cellules. Elle glissa et se retrouva à terre. Elle lança son katana dans l'obscurité. Par bonheur, ce qui la suivait, sembla abandonner la poursuite. La femme s'allongea complètement sur le dos en soufflant. Il fallait qu'elle reprenne son souffle. Y avait plus de peur que de mal, et elle n'était pas blessée physiquement. Un point de côté et des crampes partout. Juste des douleurs quoi. La femme à terre, c'était Shiki.

Sasaki arriva dans les hautes tours du château. Aussitôt, Fujimi lâcha la main de son amie et s'avança vers une porte au fond... Elle aussi avait visiblement senti la présence de sa partenaire de choc. Elle enfonça la porte d'un violent coup de pied. A l'intérieur, un grand lit, immense, aux draps de soie, un lit à baldaquins. Sur le lit, dans les draps, il y avait Emiko qui dormait.

-C'est pas vrai ? Tu nous as fait une peur bleue alors que tu dormais tranquillement dans un coin ?

Sasaki avait parlé un peu vite. Emiko dormait, certes, mais pas si tranquillement. Elle était en sueur, et son visage était parcourue de spasmes, comme si elle avait un cauchemar particulièrement agité. Fujimi se mit à cheval sur Emiko et se mit à la gifler pour la réveiller. Rien à faire.

-Arrête, tu vas lui faire mal !

Dans le couloir, des bruits étranges commencèrent à se faire entendre. Nul doute à présent qu'elles ne devaient pas rester ici. Fujimi souleva Emiko au dessus de sa tête, comme si elle avait été aussi légère qu'une plume. Ca, elle le faisait plutôt quand Emiko était éveillée, pour la forcer à se bouger, et Emiko n'aimait pas ça. D'habitude, c'était plutôt comique... Là, c'était plutôt urgent. Fujimi sortit la première mais rentra presque aussitôt. Elle déposa Emiko et ferma la porte. Elle souleva une armoire et la posa contre la porte. Puis, elle se mit contre l'armoire, avec l'intention visible de ne laisser personne entrer. Sauf que ça poussait derrière.

-Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi tu ne sors pas ?

C'était en effet assez rare que Fujimi ne fonce pas dans le tas. Qu'est ce qui pouvait y avoir dehors que même Fujimi semblait craindre au point de préférer bloquer la porte ? Et si elle voulait surtout, plutôt que personne n'entre, que personne ne sorte...

Sasaki sentait que quelque chose d'extrêmement maléfique se tenait derrière la porte. Quelque chose qu'elle pouvait percevoir de là où elle se tenait. Elle se rendit d'ailleurs compte que ce n'était pas vraiment la présence d'Emiko ou de Shiki qu'elle avait senti jusque là et qui lui avait permis de retrouver cette première. Non, la présence qu'elle avait senti au loin et qu'elle avait suivi, c'était cette présence maléfique. Elle avait juste pressenti qu'en trouvant cette entité démoniaque, elle trouverait aussi ses amies. Mais pourquoi se sentait-elle attirée par elle ?

Elle était morte de peur. La "chose" derrière la porte poussait des cris étranges, comme des lamentations perçantes et déchirantes. Des grincements et des stridulations qui agressaient les tympans, à rendre fou. Soudain, Sasaki vit que quelque chose passait sous la porte. Une fumée noire s'infiltrait et passait sous la porte, sous l'armoire, puis sous les pieds de Fujimi.

-Fujimi, attention !

Fujimi réagit, prompte comme l'éclair. Elle sauta en avant et vint se placer devant Sasaki, en faisant face à l'armoire, toujours contre la porte. La fumée se scinda pour former ce qu'il semblait être deux mains griffues qui s'élevèrent et agrippèrent les poignées de l'armoire. Elles l'ouvrirent. A l'intérieur, de la brume noire se déversait aussi. Par un biais qui échappait à Sasaki, cette chose avait réussi à passer en utilisant l'armoire... La chose était dans l'armoire à présent.

Aussitôt, la brume se jeta depuis l'armoire sur Fujimi et Sasaki. Elle voulait les attirer dans l'armoire, sans nul doute. Fujimi réagit une fois encore avec force. Elle s'interposa pour que la brume ne s'empare que d'elle aux poignées et aux chevilles.

-Non ! Ne te sacrifie pas ! Hurla Sasaki en agrippant Fujimi par une de ses mains. Elle essaya d'attirer Fujimi vers elle, mais cette dernière la repoussa d'elle-même.

Fujimi se mit à tirer de toutes ses forces. Fort heureusement, cette brume ne l'avait pas soulevé dans les airs et elle pouvait donc s'aider d'un appui au sol pour tirer vers l'avant et retenir autant que possible son corps loin de l'armoire. Toutefois, la lutte était serrée et Fujimi n'avançait pas, la brume ne la faisait pas reculer... Jusqu'à ce que Fujimi rassemble ses forces et tira d'un violent coup sec.

Aussitôt, la chose dans l'armoire fut propulsée vers l'avant et les liens autour des membres de Fujimi se brisèrent. La chose fit un court vol plané vers l'avant et s'étala de tout son long sur le sol. Fujimi retourna auprès de Sasaki, prête à répliquer, en garde. La chose se remit sur ses pieds péniblement. Sasaki blêmit... Cette chose... Cette vision d'horreur... C'était...

-Toi ? Mais comment...

Pendant ce temps, Shiki reprenait son souffle. Elle leva la tête pour dévisager Zéro. Elle n'était pas particulièrement de bonne humeur... Nul doute qu'elle se disait que tous ces malheurs elle le devait un peu aussi à cause de Zéro qui avait pris la tangente sans prévenir. Qu'est ce qu'il ne fallait pas faire, tout de même ?

-Nous nous sommes séparés... Pour te retrouver... Emiri m'a devancée. Perdue de vue. Il y a quelque chose... Dans le château... Une entité maléfique comme je n'en avais jamais ressenti alors... Elle est... Je crois qu'elle est arrivée avec nous... Si c'est vraiment que je crois... Alors le château et tous ses habitants courent un grave danger...

Shiki regarda Zéro. Elle se disait que s'il y avait bien une personne à qui il devait s'excuser, c'était Sasaki, pas elle. Quoique bien sûr, elle ne serait peut-être pas là à se traîner dans le couloir sombre et humide des cachots si Zéro ne s'était pas enfui pour agir en solo. Elle aurait pu lui dire "tu ne pouvais pas savoir". C'est vrai, après tout, cette menace n'était même pas là visiblement avant qu'elles n'arrivent.

Zéro lui proposa son aide pour marcher. A cela, elle voulut protester. Hors de question que Zéro l'aide à marcher. Non seulement, ça n'était pas si grave, mais en plus c'était une question de fierté. Mais il insistait et il fallait faire aussi vite que possible. Elle accepta donc de passer au moins son bras par dessus son épaule. Rapidement, ils furent à la tour. En espérant qu'il n'était pas trop tard...

Sasaki était tétanisée. La chose qu'elle avait devant elle et qui la regardait à présent. Elle semblait faite de ténèbres uniquement. Comme une gigantesque brume à forme humaine. Mais cette forme... Elle lui rappelait...

-Toi ? Mais comment... Comment se peut-il... ?

Comme pour que Sasaki puisse s'assurer de ce qu'elle voyait, la brume sembla changer de couleur, et prendre peu à peu des traits. Ce qui n'était qu'un amas noir de fumée commença à changer pour avoir davantage apparence humaine. La dominante restait simplement le noir.

-Comment se peut-il que tu sois... Moi ?

La chose devant elle avait déjà la forme de Sasaki, mais à présent, elle en avait les traits. Si Fujimi avait voulu empêcher Sasaki de sortir c'était sans doute pour lui éviter ce choc. Devant elle, se tenait sa copie conforme à peu de choses près. Ses cheveux étaient plus sombres, sa peau plus pâle et ses vêtements plus noirs.

Spoiler:

-Quoi ? Surprise ? Si nous sommes là, c'est pourtant grâce à toi. Bon pas tout à fait, mais quand même. Mais pourquoi perdre notre temps à expliquer ? Fit la chose. Sa voix était étrange. Celle de Sasaki, mais en même temps elle semblait émettre des cris plaintifs en même temps, et avoir une voix sortie de l'outre-tombe.

-Qu'est ce que vous voulez ? Que voulez-vous faire à mes amies, à moi ?

-A toi ? Juste que tu nous laisses ce qui reste de nous en toi. On ne peut pas dire que beaucoup de nous ait eu le temps de sortir tout à l'heure. A tes amies ? N'avons nous pas le droit d'avoir des amies aussi ? Les même que toi plus que nous sommes toi.

A ce moment, la porte explosa. La néo-Sasaki se retourna précipitamment et vit Zéro. Elle siffla entre ses dents comme un serpent et comprit que la fête était finie. Elle sauta au plafond et s'y accrocha. Comme un lézard, elle rampa au plafond, reprit sa forme de brume pour se faire aussi fine que possible et ainsi passer à toute vitesse au dessus de leurs têtes.

Sasaki avait le souffle coupé. Elle n'arrivait pas à en croire ses yeux. Est-ce qu'elle aussi rêvait ? Comme Emiko ? Le pire c'est qu'Emiko n'allait pas mieux et que cette chose continuait de se balader dans le château.

-Z-zéro ! Articula t-elle difficilement. -Dieu merci te voilà. J'était si inquiète. Dit-elle en se jetant dans ses bras. -Pitié, ne me quitte plus. Pas avec cette chose dans le château.

Sasaki était heureuse de retrouver le seul être qui manquait à son bonheur, celui qu'elle considérait comme le mur sur lequel s'appuyer et sur lequel compter pour tenir debout, haute, droite et forte. A vrai dire, elle avait pensé à le taquiner un peu, paraître un tantinet en colère pour le dissuader de recommencer, l'empêcher de disparaître à nouveau sans rien dire. Mais l'instant ne s'y prêtait pas. Elle avait besoin de ses bras, de sa chaleur. Seul importait le soulagement de l'avoir auprès de soi.

Elle l'embrassa avec passion. Comme quoi, la moindre seconde de séparation était une éternité, mais lorsqu'ils se retrouvaient, plus ça faisait longtemps, plus c'était agréable. Hors de question en attendant qu'il la laisse de côté plus longtemps pour l'instant.

Pourtant, le tumulte en contrebas vint briser le rêve. Il était temps de confronter leur ennemi. Pas la Néo-Sasaki visiblement... Espérons que celle-ci ne reviendrait plus et ne viendrait pas causer d'autres problèmes, surtout tant que ce Drocell n'était pas éliminé. Zéro porta Sasaki dans ses bras. Quel merveilleux moyen de ne pas le voir trop loin d'elle.

Toute la compagnie suivit. Shiki et Fujimi étaient capables de marcher. Seule Emiko était encore dans cet étrange coma, dans lequel elle devait faire d'horribles cauchemars. Sans aucun doute était-il dû à cette Néo-Sasaki. Quant à savoir comment la sortir de là ? Chaque chose en son temps, même si Emiko pourrait être un poids mort... Mais Fujimi ne voulait plus laisser sa partenaire seule... Un point commun avec Zéro et Sasaki. Les inséparables n'avaient donc pas d'autres choix que de tous se rendre à la salle de bal.

Là, Drocell avait lancé les festivités. Des princesses changées en poupée qui dansaient en l'honneur de Zéro. Shiki doutait que cela soit véritablement en son honneur. Cela sentait le cynisme plus que la sincérité. Elle n'aurait pas parié comme Kairi que Drocell pensait ce qu'il disait. Fujimi déposa Emiko et posa sa main sur son front... Elle n'allait pas bien... A force, Shiki se demandait même si Emiko n'était pas malade, et si cela ne pouvait pas être pire. Une fois encore, le temps semblait jouer contre eux. Comme si on ne pouvait pas simplement se foutre sur la tronche en ayant tout le temps qu'on voulait...

Sasaki fut heureuse de voir Kairi de son côté. Même si là, l'instant n'était pas aux retrouvailles. Elle descendit des bras de Zéro et reconnut Drocell. Difficile d'oublier celui qui l'avait hypnotisé, celui qui avait failli lui faire ce qu'il avait fait à ces princesses.

Karah perdit son sourire lorsqu'elle remarqua qu'Emiko n'allait pas bien et ne semblait pas se réveiller, comme si elle était retenue par un cauchemar incessant. L'invocation sorti de sa poche une petite gourde ronde qu'elle donna à Fujimi.

- Il est déjà arrivé que Kairi tombe malade et ne puisse plus se réveiller, mais c'est rare, je lui donne ça et ça l'aide à se battre, normalement dans la fin de la soirée elle se réveillera ou demain.

Karah n'était pas médecin, mais vu qu'elle était comme une sorte de baby-sitter pour cette grande enfant qu'était Kairi, il fallait bien qu'elle prévoie tout à l'avance au cas où un problème surviendrait au cours de la journée. Par la suite, Drocell leur expliqua ce qu'elles voulaient savoir, ce qui arracha une grimace de dégoût à la jeune princesse de cœur.

"Et Zéro il pouvait pas servir de model ? Il serait certainement très beau en poupée nan ?"

- Belle t'aurais sûrement déjà engueulée en entendant tes paroles...

"Oui je sais, faut pas penser à soit et toujours être présent pour aider les autres quoi qu'il arrive, elles sont toutes mes mentor, c'est normal que je sois autant sur les nerfs..."

Karah posa une main sur l'épaule de la jeune fille aux cheveux rouges pour lui faire comprendre qu'elle était là pour la soutenir et lui apporter tout le réconfort nécessaire. Quelques minutes plus tard, après la discussion entre Zéro et Drocell qui fût très courte, les poupées se mirent à attaquer, ce qui faillit faire, faire une crise cardiaque à la demoiselle de cœur. Ne pouvant fuir comme l'avait fait Zéro avec Emiri, l'invocation se plaça devant Kairi et la poussa de côté, puis créa un bouclier de terre dont elle se servit pour éviter de se faire embrocher par les ronces. Elle vit par la suite Zéro tenter de vaincre l'artiste, mais les poupées se mirent en travers de son chemin, une plus particulièrement se mit à s'occuper de son cas, en voyant cette scène, Kairi était plus que choquée, elle était en train de délirer et de trembler, elle pleurait même tellement cette scène l'attristait, pour la calmer, Karah l'assomma avec son bouclier de terre, puis la prit dans ses bras, disparût quelques instants pour réapparut aux côtés d'Emiri qui se trouvait derrière la colonne.

- Vous pouvez me la garder un instant s'il vous plait ? J'ai été contrainte de lui donner un sédatif improvisé, en attendant, si vous pouvez veiller sur elle, ça m'arrangerait beaucoup. Merci c'est vraiment sympathique de votre part !

Karah confia sa princesse de cœur à l'ancienne reine sans même avoir prit le temps d'écouter sa réponse. Elle disparût, puis réapparut plus loin dans la salle pour se retrouver en face d'Aurore. Bon comment elle allait faire pour la battre sans l'abîmer ? Aie Kairi lui imposait un défi qu'elle n'était pas certaine de réussir. Pendant ce temps, la Bête arriva dans la pièce, il n'eût pas le temps de chercher longtemps l'élue de son cœur, car elle vint très rapidement à sa rencontre, mais pas pour lui faire un câlin, ça c'était certain ! Au début, la Bête était heureux de la revoir vivante, enfin ce qu'il croyait, mais il déchanta bien assez vite lorsqu'il la vit tenter de l'attaquer avec une hallebarde. Belle n'était plus elle-même, car jamais elle n'aurait tenté de l'assassiner. Tout d'abord, il tenta de lui parler, de la raisonner, mais rien n'y fit, puis il la laissa lui porter un coup, peut-être que ça l'aiderait à retrouver ses esprits et bien non il avait encore raté son coup ! La diplomatie et les regrets n'étant pas le fort de cette poupée, la Bête dû malheureusement en venir aux mains. Il tenta de lui porter des coups, mais chaque fois elle l'esquivait, ce qui était assez rageant.

- Bon et bien je m'excuse d'avance pour ce que je vais te faire et blablabla, voilà ça c'est fait, maintenant faut que je te mettes KO sans te démembrer ni t'abîmer, tss qu'est-ce que vous êtes énervantes, vous, les princesses de cœurs !

Pesta Karah devant Aurore qui semblait vouloir la tuer avec ses ronces, décidément les princesses de cœur n'étaient plus ce qu'elles étaient, dans un temps ancien, même une mouche elles semblaient être incapable de tuer et à présent elles n'hésitaient pas à sortir les armes, qui l'auraient cru ? Sûrement aucuns êtres humains ! Quoi qu'il en soit, Karah devait se battre, mais comment faire ? D'habitude, elle agissait toujours comme une bourrin, donc quand il s'agissait de se servir de sa tête, là il n'y avait plus personne... Karah tenta tout de même de réfléchir, tout en dansant sur place pour éviter les ronces, ce qui fait qu'on avait des fois l'impression qu'elle était en train de danser le french cancan. Voyant voir les fleurs c'étaient sensibles à quoi ? Tout ce qui était tranchant, donc sa dague lui serait utile, le feu, elle ne possédait pas cet élément, la foudre, elle ne la possédait pas non plus, le vent, une grosse tornade et tout foutait le camp... Ah mais oui elle avait cet élément ! Karah changea d'apparence pour prendre celle d'une petit créature blanche toute mignonne avec des grands yeux et des petites ailes qui lui permirent d'éviter plus facilement les ronces d'Aurore.

- Maintenant tu vas en baver !

Même si elle devait faire attention, ce n'était pas pour autant qu'elle n'allait pas lui mener la vie dure. Karah utilisa donc des sorts de vents sur la princesse de cœur Aurore, mais cette dernière esquivait toutes ces attaques, c'était impossible comment faisait-elle pour tout esquiver ? Ce n'était pas normal, Drocell avait dopé ses poupées avant de les envoyer faire les sales besognes ? Karah ne comprenait pas et c'est pour cela qu'elle se fit blesser stupidement par les ronces de la poupée. Karah émit un petit cri plaintif avant de s'éloigner et de soigner sa plaie avec un petit sort de soin lié à l'élément de l'air. Comment faire si même avec cet élément elle ne bronchait pas ? Elle était mal partie pour gagner le combat qui serait sûrement très long avant qu'une des deux ne puisse plus se battre.

Sasaki se demandait pourquoi la chanson de Drocell n'avait pas le même effet sur elle que la dernière fois. Peut-être parce qu'il n'avait pas sa boîte à musique, ou bien parce qu'il ne la regardait pas. L'hypnose après tout c'était un tout, dont une totale absence de barrières. Sasaki s'était fait avoir une fois, Drocell aurait du mal à l'avoir une seconde fois, surtout dans des conditions pareilles. Voir Zéro partir au combat en la laissant cachée lui brisait le coeur. Mais que pouvait-elle faire ? Elle ne savait pas se battre. La seule chose qu'elle avait été capable de faire, elle l'avait dû à sa demi-soeur Haruhi. Enfin... Haruhi avait réussi grâce à Sasaki, mais finalement, séparées l'une de l'autre, Sasaki n'était pas capable de se défendre. C'était plutôt rageant.

Que faire ? Zéro avait dit que si elle voyait le moindre truc qui pouvait aider... Elle se disait pour se réconforter qu'elle n'aurait pas été capable de frapper ces princesses. Même si elle ne les connaissait pas, elle avait compris qu'elles avaient été des personnes charmantes. Déjà affronter un homme avec de mauvaises intentions, ça lui faisait mal de se dire qu'elle devait lui faire du mal. Alors une personne innocente... Qu'est ce qu'elle pouvait faire ? Elle ne voyait rien de particulier.

Sasaki sursauta. Karah venait d'apparaître en portant Kairi et en lui demandant de s'en occuper... Ah, enfin une tâche utile. Bon, elle s'inquiéta et imagina le pire en se demandant si Kairi n'avait pas été gravement blessée. Mais les mots de Karah laissaient entendre... Autre chose. Visiblement, elle avait juste eu besoin de la calmer. Sasaki se baissa au niveau de Kairi. Bon... Elle ne sentait pas beaucoup plus utile, car elle ne savait pas ce qu'elle devait faire pour que Kairi se sente bien... Mais au moins, elle veillait sur elle.

Elle prit la tête de Kairi délicatement et en se mettant sur ses genoux, elle posa la tête de Kairi sur ses genoux et caressa tendrement les cheveux roux de la princesse. Elle ne savait pas tout ce qu'il se passait ou quelles implications Kairi avait dans ce combat, mais elle sentait que cette journée devait être éprouvante pour elle. Ah... La voyant ainsi, les yeux fermés, Sasaki pria pour qu'il lui soit donné de lui dire toute la vérité. Que Kairi survive à cette épreuve et qu'elle puisse tout lui dire. Elle ne voulait pas que Kairi parte, meure ou autre chose, sans qu'elle ait eu le temps d'être honnête avec elle.

Elle avait connu la vraie Emiri. Elle avait été son amie. Pour Sasaki, cela faisait de Kairi quelqu'un de bien et très précieux. A cet instant, Fujimi déposa Emiko. Décidément, ici c'était devenu un hôpital improvisé. Si Kairi semblait assez paisible, Emiko, elle, semblait malade. Fujimi lui avait versé la mixture de Karah dans la bouche. (bien sûr la Fujimi n'avait pas dit merci, n'avait pas souri... Bref, elle était restée fidèle à elle-même). Mais pour l'instant, cela ne semblait pas aller mieux. Il fallait peut-être le temps que ça fasse effet.

Elle prit la main d'Emiko et la caressa avec son pouce. Elle ne savait pas non plus comment les aider... Mais... Elle avait soigné Sylvanas et Fujino à Shinrya. Elle pouvait peut-être réessayer sur Emiko. Elle se concentra et fit passer un peu de son énergie en Emiko. Elle regarda son amie... C'était comme la voir soudainement mourir. Son visage n'était plus troublé par la douleur et la maladie, il était redevenu apaisé, mais pas serein... Mais elle respirait... Sasaki en déduisit qu'elle venait simplement de retrouver un sommeil paisible, un sommeil normal. Elle se réveillerait peut-être bientôt.

Spoiler:

-Vous savez toutes les deux ? J'aimerais qu'un jour, vous, moi, Zéro... Tout le monde. Aube aussi qui me manque... Haruhi... Même Fujino à qui je ne pourrais jamais en vouloir d'avoir voulu me faire du mal... J'aimerais qu'on se retrouve à Besaid. Grand-mère nous fera les plus belles couronnes de fleur et les plus délicieux biscuits. On ira jouer au blitzball. On n'aura plus de secrets, plus d'ennuis. On regarderait les étoiles le soir. Je souhaite aussi qu'un jour on retrouve Shinrya... Mais la belle Shinrya que je n'ai vu qu'une fois. On s'y retrouvera un jour et on ira courir dans ses champs, ses forêts et ses belles rivières. Je sais qu'un jour tous nos combats s'achèveront. L'aube finit toujours par poindre. Je vous le promets.

Elle était heureuse de dire ça, mais c'était aussi triste que joyeux qu'elle en avait des larmes qu'elle n'aurait su dire si c'était de la joie ou de la peine. Mais une chose était sûre: elle y croyait. Un jour, elle réaliserait ce rêve, elle tiendrait sa promesse.

Fujimi aidait la Bête à se débarrasser de Belle. La force de Fujimi était incomparable. Mais puisque ses coups ne portaient pas... Chaque fois elles évitaient... Mais qu'est ce qu'elles cherchaient à la fin ? Les épuiser ? On ne pouvait pas dire qu'elle ripostait tant que ça.

Shiki elle, préféra parer au plus pressé et se rua sur Drocell.

-Je vais te couper la chique !

Pour Shiki, Drocell était la clé de cette bataille insensée. Sans ses chansons, elle était certaine que les poupées s'arrêteraient. Mais Drocell n'avait que quelques mouvements à faire pour éviter ses coups. Incroyable. Un petit mouvement de rien du tout, économie d'énergie, mais il évitait tout et semblait solidement ancré au sol malgré son corps rachétique.

-Bien, tu veux jouer à ça ? Elle sauta sur les épaules de Drocell pour prendre de l'altitude en un seul saut. Elle atterrit au dessus du lustre surplombant la piste. -Monsieur veut être au centre de l'attention ? Tant pis pour lui. Elle cassa la poulie qui maintenait le lustre pour le faire chuter droit sur Drocell.

Sasaki continuait de veiller sur ses amies, Emiko et Kairi. La première avait retrouvé un sommeil paisible en apparence. Quant à savoir si elle se réveillerait un jour, si la malédiction dont elle était victime avait été balayé par les efforts conjoints de Karah et Sasaki... Ca c'était une autre histoire. Disons-le, c'était rassurant de la voir ainsi. C'était un bon début.

Mais si Emiko ne parvenait pas à se réveiller, Kairi, elle, finit par se réveiller. Sasaki fut soulagée de la voir éveillée, et souriante. Une sensation qui s'effaça. En effet, Kairi sembla prise d'un doute. Mon dieu, l'avait-elle entendu parler ? Les mensonges... Difficile à oublier, ils entachent l'amitié si facilement. En y pensant, Sasaki ne put s'empêcher de se dire qu'elle avait tout gâché et qu'elle ne pourrait pas vivre l'amitié de Kairi telle qu'elle aurait pu le vivre si elle n'avait pas menti.

Kairi parla d'un certain Zarxnos. Ce nom lui était inconnu, ou presque. Elle avait cru comprendre que c'était le petit ami de sa demi-soeur Emiri, mais elle avait tendance à oublier ce détail... Son amour actuel avec Zéro venait déranger la supercherie, ce que Kairi fit remarquer. Quant à Haruhi... Non, elle ne l'avait pas abandonnée. Sasaki aurait voulu qu'elles soient l'ombre l'une de l'autre, comme Emiri l'avait été. Mais elles s'étaient séparées pour retrouver Aube. Sinon, Sasaki aurait été ravie que Haruhi soit là avec elle, comme son ombre comme disait si bien Kairi.

Kairi parla de ses déceptions et fit un rêve comparable, si ce n'est identique au sien. Sasaki en eut un pincement au coeur. Elle se mordilla la lèvre. Elle était heureuse que Kairi partage un rêve comme le sien, mais quel horreur de l'entendre décrire le quotidien d'une princesse. Pour commencer, Sasaki voulut assurer Kairi d'une chose:

-J'en suis sûre. Un jour on rentra chez nous et nous vivrons en paix. On se verra aussi souvent que possible, tu me feras visiter ton île.

En attendant, elle devait s'expliquer sur son mensonge... Oh, si seulement. Ce n'était pas sa faute. On lui avait dit de mentir. Mais on lui avait dit aussi qu'elle pourrait révéler la vérité à Kairi une fois qu'ils seraient en sûreté... Ce n'était pas le cas. Alors, pouvait-elle parler maintenant ? Elle n'aurait peut-être plus l'occasion de le faire. Peut-être cette histoire se terminerait-elle mal et elle n'aurait plus le temps de lui parler ? Non, elle n'avait pas le droit de penser ainsi. Tout se terminerait bien. Mais dans le doute... Et puis, maintenant que Kairi le savait et en avait parlé... Elle devait répondre quelque chose... Soit elle lui demandait un peu de patience, ce qui risquait d'envenimer les choses si cela prenait trop de temps, soit elle parlait tout de suite et elle avait une chance de regagner la confiance de Kairi. Cruel dilemme.

Sasaki sourit à Kairi, car elle lui avait quand même dit que leur amitié ne pouvait pas se briser pour une bêtise. Oui, une bêtise dont Sasaki n'était même pas responsable. Elle se pencha à son oreille et lui chuchota:

-Je suis désolée, vraiment, tellement navrée. Je te jure que je voulais te le dire dès que l'on s'est vu. Ce n'est pas moi qui ai décidé de mentir. Haruhi est déjà au courant de la vérité, alors en tant qu'amie d'Emiri, tu as droit de savoir. Seulement, il me faut ta promesse que tu ne diras rien et que tu continueras à faire comme si j'étais Emiri, il en va de sa vie. Je te promets que je te dirais tout sitôt que nous serons loin des oreilles indiscrètes. Il y a trop de personnes malveillantes ici. Je t'en supplie, pardonne-moi.

Sasaki en avait la larme à l'oeil. Elle refusait qu'on puisse la détester à cause d'un mensonge dont elle n'était même pas responsable. Au fond, Emiri elle-même était responsable de ce mensonge. Alors, elle n'avait rien à se reprocher... Mais Sasaki se doutait de ce que Kairi vivait. Un mensonge pareil, c'était comme voir Emiri mourir deux fois. Et on ne plaisante pas avec les morts, les morts des amis surtout.

Shiki était atterrie au niveau supérieur. Le marionnettiste se félicitait déjà de sa petite mise en scène. La shinigami fit tourner sa dague pour la tenir à l'envers prête à une autre attaque:

-Pas grave, si j'ai coupé ton bras je peux bien terminer le travail tout de suite.

Mais malheureusement, Shiki fut soudain enserrée par des fils coupants comme des rasoirs. Elle dut serrer des dents pour ne pas laisser son visage se tordre de douleur.

-Kuso...

Impossible pour elle de bouger un muscle, hormis ceux de son visage. Jusqu'à ce que Karah vienne la délivrer. Celle-ci semblait prête à mettre une raclée à Drocell. Toutefois, Shiki était diablement têtue. Hors de question de laisser sa proie tant qu'elle n'avait pas éliminé celle-ci. C'était un réflexe de shinigami sans doute. Toutefois, il y avait un Zéro qui serait bientôt réduit à néant si on ne l'aidait pas.

-Fujimi ! Tu te charges de ça !

Fujimi hocha la tête. Elle courut vers le dos de la bête et s'en servit comme d'un tremplin pour sauter par dessus la tête des poupées en tournant sur elle-même. Une fois à terre, une réception digne d'une ninja atterrissant sur un toit, elle se rua vers la poupée qui s'en prenait à Zéro. Elle saisit les mains de la poupée et tira de toutes ses forces pour les séparer. La poupée se tourna vers elle et Fujimi en profita pour lui asséner un coup de tête. Déstabilisée, la poupée bascula en arrière avant que Fujimi ne la fasse passer au dessus de sa tête en arc de cercle pour la faire écraser derrière elle.

Sasaki était ravie, positivement ravie que Kairi ne lui en veuille pas. Elle prit une grande inspiration de bonheur lorsqu'elle insista sur le terme d'"amies". Elle hocha la tête pour approuver avec force la proposition de Kairi. Elle en pleurait de joie. Elle tendit son petit doigt et serra avec celui de Kairi en signe de promesse. Elle lui dirait tout dès que cela serait possible. Un poids tombait de ses épaules. Ne rien révéler à Zéro était déjà difficile, ne rien dire à une ancienne amie d'Emiri était un fardeau bien trop lourd.

Mais l'instant n'était pas merveilleux, pas plus pour les révélations que pour les réjouissances. Aurore avait déjà décidé de s'attaquer aux personnes les plus vulnérables du groupe. Sasaki paniqua d'autant plus en voyant que Kairi n'avait pas l'air d'aller bien. Elle porta ses mains sur ses épaules pour l'entourer d'une présence rassurante, prête à la réceptionner si Kairi venait à s'effondrer une fois encore.

Karah intervint mais ce ne fut pas pour le plus grand bonheur de la princesse de coeur. En effet, elle était convaincue que ces poupées étaient les vraies princesses. Les blesser, voir les tuer, les détruire, c'était mettre en péril les vraies princesses. N'importe qui aurait été inquiet. Kairi en vint aux mains avec sa propre invocation sous les yeux horrifiés de Sasaki. Ce fut pire encore quand Karah fit valdinguer Kairi dans un coin de la salle. Il allait falloir encore jouer les infirmières... Mais il y avait Emiko d'un côté et Kairi de l'autre. Elle ne pouvait pas en laisser une de côté. Que faire ?

Fujimi eut une fois encore la réponse. Celle-ci venait de se faire attaquer par la poupée de Cendrillon lorsqu'elle avait aidé Zéro à s'envoler. Fujimi n'eut aucun mal à asséner un revers de poing sur le visage de Cendrillon, par dessus son épaule. Pour des poupées de verre, elles étaient solides. Comme si le coup de Fujimi lui avait donné un indice sur la façon de l'abattre, elle ferma les yeux et se concentra. Elle hurla un cri perçant, aigu, une seule note haute perchée.

Le verre de la princesse Cendrillon entra en résonance. Elle trembla, résonna, et explosa comme un verre de cristal. Fujimi avait isolé la note que Cendrillon faisait lorsqu'on la tapait, lorsque le verre émettait un son. Elle avait pu ainsi la reproduire suffisamment puissamment.

-Impossible ! La voix humaine n'est pas capable d'un tel exploit. Il y a trop de fréquences, trop fluctuant. S'étonna Shiki, qui distraite par le son venait de jeter un oeil en contrebas. Mais la voix de Fujimi ne fluctuait pas comme une voix normale. Elle pouvait épouser une seule fréquence, une seule note pure et donc briser le verre avec du son.

Une fois ce problème réglé, Fujimi se rua vers Emiko et la porta en direction de Kairi. Elle avait apparemment compris le problème de Sasaki. Cette dernière suivit Fujimi et alla s'assurer que Kairi allait bien. Quant à Fujimi, elle alla donner quelques coups à Belle, histoire d'isoler la note qu'elle émettait peut-être.

Après s'être remis de sa surprise, Shiki observa Drocell. Elle se doutait qu'il serait aussi insaisissable qu'une anguille tout comme son double. Toutefois, c'était bien pour cela qu'elle avait décidé de rester. A deux, en attaquant à deux, il aurait bien plus de mal à éviter tous les coups. Elle sortit une dague à corde, elle avait sa petite idée.