La Princesse Endormie [PV : Dmitrii + Naminé + Camille Skyloft]

Prologue:

- C’est démentiel ici, Génie ! S’écria Senjougahara, le regard brillant. Devant eux s’étalait, immense, coloré et vivant, le souk. Des épices de toutes les couleurs embaumaient l’air chaud de l’après-midi. Des fruits magnifiques et gorgés de sucre achevaient de mûrir sur les étals de bois. Des bijoux scintillaient sous la caresse du soleil, et tintaient doucement sous celle du vent. Des étoffes chatoyantes et légères avaient été étendues sur des présentoirs. Cela bougeait de partout et parlait de tous les côtés, entre les appels joyeux des commerçants et les conversations des clients. L’adolescent aux cheveux miel se savait plus où donner de la tête, attiré par tous ces nouveaux éléments qui obnubilaient tous ses sens.
- Bienvenue à Agrabah, mes petits, fit le Génie d’un ton joyeux, à l’adresse des deux adolescents qu’il escortait, à savoir Dmitrii et Senjou. Bon, surtout, restez bien à côté de moi, on se perd très facilement au milieu de cette foule, et n’oubliez pas que nous avons une mission importante… N’est-ce pas, Senjou ?
Le Génie se retourna, et, comme dans une mauvaise blague, s’aperçut que, là où se tenait l’adolescent quelques secondes plus tôt, il n’y avait plus qu’un vide narquois.

Thème musical ♪  سوق:

Senjougahara avançait d’un bon pas, allant d’un stand à l’autre. C’était si riche, si brillant, si parfumé ! Le sol était de terre battue, comme chez lui, et maisons de pierre, comme dans son village ; pourtant, rien n’était similaire. L’adolescent passa quelques secondes devant un homme qui faisait danser un serpent en jouant de la flûte, et un homme qui – ô prodige – s’enfonçait des cimeterres à travers le corps sans souffrir des blessures.
Quel monde incroyable ! Songea Senjougahara, émerveillé. Il avait l’impression que chaque monde était encore plus merveilleux que le précédent.
- Salut, petit ! Veux-tu boire du thé ? Brûlant à souhait, sucré comme le miel ! Fit alors un marchant portant sur son dos une énorme outre.
Senjougahara acquiesça, et paya le marchand. Le thé était, en effet, aussi sucré que brûlant.
- Pour quelques munnies de plus, je peux lire ton avenir dans les feuilles ; le souhaites-tu ? Demanda le marchand. Senjougahara, ahuri, acquiesça, et paya à nouveau le marchand.
- Tu vas rencontrer une fille aux cheveux de la couleur du soleil qui t’aidera dans ta quête, prédit ce dernier. Senjougahara haussa les épaules, un sourire amusé aux lèvres. Tous disaient ça.

Thème musical ♪ Echoes of Darkness:

L'homme fronça alors les sourcils, et baissa la voix :
- Je vois aussi un jeune homme portant les séquelles d’un lourd passé… Il a beaucoup voyagé et il est très riche… Son bras est en or…
- Riche comment ? Demanda alors Senjougahara en dressant l’oreille.
- Jamais assez. Son cœur est froid et son regard mauvais. Tu devrais te méfier de lui, et de l’or.
Sur étranges paroles, l’homme s’éloigna en hélant les passants, louant les qualités de son thé, au demeurant excellant. Senjougahara se remit en route, intrigué. Qu'avait-il voulu dire ? Un bras en or ? Les séquelles d'un lourd passé ? S'agissait-il de Chiyoko ou de Nihal ? Mais leur bras n'était pas d'or... Était-ce donc une simple mise en garde contre l'avarie ?  Curieuse remarque de la part d'un marchand, fût-il un peu devin.
Finalement, la joie ambiante finit par lui faire oublier les dires de l’homme.

Pendant ce temps, le Génie et Dmitrii poursuivaient leur quête à la recherche de la tignasse blonde de Senjougahara...

Dmitrii n'avait jamais vu rien de tel. Les étals collés les uns aux autres s'étendaient à perte de vue dans les rues bondées de monde. Il y avait une telle variété de personnes, et d'êtres vivants, qu'il était difficile de tout discerner. Il suffisait qu'on cesse de plisser les yeux pour ne voir plus qu'une masse alliant les couleurs les plus vives dans un savant mélange d'énergie et de passion. Autrement dit, ça va être chaud de retrouver Senjou, quoi. L'adolescent aux cheveux blancs regarda le Génie. Décidément, c'était une bien drôle de créature. La masse bleue se mordillait les ongles en cherchant des yeux leur compagnon dans la foule.
"Ça risque d'être vraiment compliqué de le retrouver, je vais prendre de la hauteur !" dit Dmitrii, et, sans laisser au Génie le temps d'y redire quelque chose, le garçon se faufila à travers la foule jusqu'à un mur.
Il l'escalada agilement et arriva bientôt à une arche assez haute. Il dévisagea alors la foule du haut de son point de vue. Il était assez haut pour apercevoir le palais. Quel spectacle fantastique... Je n'ose même pas imaginer la vue qu'on pourrait avoir du haut des îles flottantes de Senjou...
"Agrabah est une superbe ville... murmura le garçon.
- Ouais, pas mal... acquiesça un diablotin sur l'épaule de Dmitrii.
- Monte encore, on aura une encore plus belle vue ! suggéra le second diablotin.
- Je suis là pour chercher Senjou, pas pour contempler la ville, en même temps...
- Allez !
- Eh, ce serait pas Naminé, là-bas ?
- Naminé ? Ici ? demanda l'adolescent. Il repéra soudain son amie.
- Vite, saute, avant de la perdre !
- Euh, je suis haut quand même...
- Fais pas le con, et fais ce qu'on te dit ! Saute ! dit un diable.
- C'est bizarre, je pense plutôt que c'est en vous ignorant que je ne "ferai pas le con" !
- Allez, ça recommence... Cite-nous une fois, une seule, où t'as regretté d'avoir appliqué nos conseils ?
- Manger le fruit du Paopou ? Rejoindre les gorilles dans la jungle ? Cracher dans la main de Jane ? Manger les boules rouges de la forêt ? Mettre un pain à ma fiancée ? Je suis sûr que j'en suis même pas à la moitié !
- Ouais, mais à chaque fois, tu t'en es bien tiré !
- Et, puis, eh, on a le droit de changer ! Donne-nous une seconde chance !"
Dmitrii soupira. Il regarda Naminé, au milieu de la foule. Et il sauta.
La chute fut douloureuse. Il réussit à se réceptionner sur les jambes, mais il avait décroché un ou deux fils à linge au passage et abîmé l'auvent d'un marchand de bijoux. Ce qui lui avait éraflé les épaules ainsi que le flanc gauche. Il n'était qu'à quelques mètres de Naminé qu'il s'apprêtait à rejoindre.

La veille au soir, j'étais arrivée à Agrabah. Cette belle citée qui était perdue dans le désert, près de la Caverne aux Merveilles renfermant mille et un trésors fabuleux qui pouvaient vite faire envier les avares et les avides d'argent. Mais seul un "diamant d'innocence" pouvait se permettre d'entrer dans cette grotte dont l'entrée était une montagne de grains de sable qui formaient la tête majestueuse et immense d'un tigre... Et une fois à l'intérieur, il ne fallait surtout pas céder à toutes ces richesses que l'on pouvait ramasser rien qu'en se baissant, sinon, cela déclencherait un piège qui condamnera l'unique entrée/sortie jusqu'à ce que la Caverne soit de nouveau ouverte...
Mais revenons à Agrabah, cette belle ville animée par les nombreux marchés disposés un peu partout dans les ruelles brûlant sous le soleil. De nombreuses personnes sortaient de leur habitation pour profiter de tous ces stands proposant de nombreux produits. Dans la citée se dressait aussi le grand et majestueux palais qui pouvait se voir à des dizaines de kilomètres. A l'intérieur de cet humble bâtiment, vivait le couple de Jasmine et Aladdin...

Je n'étais jamais venue avant ici, et pourtant je connaissais tout ceci... J'étais arrivée dans la nuit, après avoir prit un Portail. J'avais cherché pendant un bon moment un endroit où loger en vain... Dans une dernière tentative désespérée, j'avais ouvert un énième Passage mi-Lumière, mi-Ténèbres et débarquai à Agrabah. Je m'étais dit que j'allais peut-être pouvoir trouver une auberge pas très chère où je pourrais me nourrir au petit déjeuner. Oh bien sûr, je ne m'attendais pas à du grand luxe, mais j'y étais habituée à présent. Parfois, je songeais à acheter une véritable maison, où je serais sûre de ne pas avoir à dormir à la belle étoile sans rien avoir eu sous la dent. Peut-être irais-je à la Citée du Crépuscule ? Je ne voyais pas vraiment d'autres Mondes... De toute façon, tant que j'étais loin du Manoir Oblivion et que Marluxia n'était pas près de moi, je me portais bien...

La nuit fut bien agitée... Pourtant, il n'y avait pas de bruit dérangeant à l'extérieur de ma chambre d'auberge, mais je ne réussi pas bien à dormir... Ce lit n'était pas le plus moelleux mais pas le plus inconfortable -j'avais dormi sur bien pire !- Je ne comprenais pas la raison pour laquelle j'avais fait nuit blanche...

Le lendemain matin, je me réveillai assez tôt, enfin, je me levai assez tôt vu que je n'avais pas vraiment dormi... L'aube présentait à peine le bout de son nez. Le service du petit déjeuner n'était pas pour tout de suite. En attendant, je m'occupais en dessinant. Et sans le remarquer, je finis par dessiner la Princesse Jasmine malade, allongée sur son lit. J'observais ce croquis, la respiration coupée. Elle ne se sentait pas bien... Pendant mon dessein, j'étais entrée inconsciemment dans les souvenirs de quelqu'un mais de qui ?... Je n'en avais aucune idée...

Finalement, je pus prendre mon petit déjeuner plus rapide que je ne l'avais pensé -sans doute avais-je perdu du temps à regarder avec effroi mon dessein-, je payais ma nuit auprès de l'accueil et sortis dans les rues de la ville.

Je ne me sentis pas très à l'aise, près de cette foule de gens qui cherchaient ce qu'ils désiraient dans les marchés. Je me sentais même à l'étroite. Être enfermée entre des murs ou être serrée contre des personnes, je n'aimais vraiment pas ça.

Je réussis plus ou moins à me détacher des habitants d'Agrabah -même si il y avait encore quelques personnes près de moi- et marchais tranquillement, observant ce que les marchés proposaient...
Je me baladais, la tête faisant le vide pour oublier cette image de la Princesse Jasmine, quand j'entendis un étrange bruit. Je levais les yeux et crus reconnaître la chevelure blanche de quelqu'un que je connaissais... Mais comme je n'étais pas très grande, je n'arrivais pas vraiment à voir cette personne à cause de la foule.
Je poussai un peu les gens pour pouvoir me rapprocher, et je fus à la fois très surprise et heureuse de voir Dmitrii. Un grand sourire se dessina sur mon visage et je bondis dans ses bras, avant de me rendre compte de mon geste et de le lâcher, ma tête devenue toute rouge de honte.

"Désolée... Je suis tellement heureuse de te revoir, Dmitrii ! Cela fait depuis un moment qu'on ne s'est pas vu ! Au fait... J'ai tenu ma promesse... Je suis devenue plus forte que la dernière fois !"

Je calmais un peu mon enthousiasme, surtout qu'une question vint frapper mon esprit :

"Juste par curiosité, que viens-tu faire ici ?..."

Un frisson parcourut l'échine de Senjougahara, comme l'annonceur d'une catastrophe imminente. Et cela ne manqua pas : le ciel sembla s'effondrer sur la tête du jeune homme ; à ceci près qu'il ne s'agissait pas du ciel, mais d'une fillette toute vêtue de vert.
- S-Salut Senjou, bredouilla Camille Skyloft.
- Camille ! S'écria l'interpelé, tout en baissant le bras droit ‒ et le bracelet d'or ‒ qu'il avait braqué, par reflexe, sur la jeune femme. Ça alors, mais qu'est-ce que tu fais là ? Mais t'as changé de coupe, non ? Un sourire s'était étiré sous l'écharpe écarlate du jeune homme, franc et chaleureux ; mais ce sourire s'effaça très rapidement, comme balayé par un doute. Aussi, ce fut d'un ton plus calme et plus retenu qu'il continua : je vois que t'es toujours aussi douée pour les atterrissages. Comment tu vas depuis la dernière fois ?


- Il faut se rendre à l'évidence : ces ados sont intenables. Le génie s'envola à la suite de Camille, et fit apparaître une paire de jumelles bleues qu'il plaça devant ses yeux. Il comprenait que le souk soit si intéressant, mais tout de même, il y avait urgence !
Son regard tomba sur les cheveux blancs de Dmitrii, lequel semblait compter fleurette avec une demoiselle. Cette dernière, de par ses cheveux blonds et sa robe blanche, se démarquait de la population locale.
- Ah, je vous ai retrouvés ! Fit l'être bleu en se posant à côté du polymorphe et de sa nouvelle compagne. Dis-donc, je concède que cette personne a les cheveux blonds, mais ce n'est pas la tignasse de Senjou, ça ! Ajouta-t-t-il avec un coup de coude dans l'épaule de Dmitrii.

Dmitrii vit Naminé s'approcher de lui. Il ne put empêcher un sourire de s'étendre sur son visage. La jeune fille bondit dans les bras du garçon aux cheveux blancs puis se dégagea de lui en rougissant.
"Désolée... Je suis tellement heureuse de te revoir, Dmitrii ! Cela fait depuis un moment qu'on ne s'est pas vu ! Au fait... J'ai tenu ma promesse... Je suis devenue plus forte que la dernière fois !"
Dmitrii eut un sourire attendri. Il allait lui répondre quand la jeune fille lui demanda :
"Juste par curiosité, que viens-tu faire ici ?...
- Euh, et bien en fait, je suis avec des amis, mais Senjou est parti et du coup, j'ai pris de la hauteur pour le repérer et j'ai abandonné le Génie du coup, mais je t'ai vue et euh, je voulais te saluer, et savoir, enfin...
- Plus éloquent, tu meurs ! se moqua un des diablotins sur son épaule.
- Enfin, je suis content de te revoir. C'est super que tu sois devenue plus forte, je ne doutais pas de toi, je savais que tu y arriverais, s'exclama le garçon. Il inspira et reprit l'explication de sa présence : en fait, je voyage depuis peu avec un garçon, Senjougahara, et le Génie lui a demandé de l'aide pour soigner la prin... Une jeune femme. Comme j'étais avec Senjou, je l'ai accompagné jusqu'ici et je vais l'aider dans cette quête. Je suis un peu parti de chez moi pour ça, pour faire des quêtes, vivre des aventures, alors forcément, c'était une belle occ..." Dmitrii n'eut pas le temps de finir sa phrase que le Génie se posait aux côtés des deux adolescents.
"Ah, je vous ai retrouvés ! Dis-donc, je concède que cette personne a les cheveux blonds, mais ce n'est pas la tignasse de Senjou, ça !" s'exclama l'être bleu en donnant un coup de coude dans l'épaule du garçon aux cheveux blancs.
Dmitrii se gratta l'arrière de la tête, embarrassé et expliqua :
"C'est pas ce que tu crois ! Enfin... C'est Naminé, une amie ! Naminé, voici le Génie, dit l'adolescent à l'adresse de la jeune blonde. Il reprit à l'adresse du Génie : ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vue, alors, ben, je suis venu la saluer. Mais c'est vrai qu'il faut retrouver Senjou !"

Je ne m'attendais pas du tout à croiser Dmitrii à Agrabah ! A vrai dire... Je ne savais même pas où nous allions nous retrouver... Nous nous étions séparés au Manoir Oblivion, je lui avais juste dit que la prochaine fois, je serais plus forte qu'avant mais nous n'avions pas donné de date ou lieu pour se retrouver... J'étais tellement heureuse de le revoir que j'avais envie de pleurer, mais aucune larme ne vint...
Dmitrii m'expliqua qu'il était avec des amis. Il parla qu'un certain Senjou s'était séparé du groupe pour partir faire autre chose... Le jeune homme raconta ensuite qu'il avait tenté de retrouver le disparu, tout en laissant à son tour le Génie.
J'eus un sursaut à ce nom. Le Génie ? Celui qui provenait de la lampe de la Caverne aux Merveilles libéré par Aladdin ? Je ne l'avais jamais vue de mes propres yeux mais à travers les souvenirs des connaissances de cet être aux pouvoirs cosmiques; il m'avait paru comme étant un ami sincère sur qui on pouvait compter sur lui que ce soit dans des moments critiques ou dans des instants de tristesse. De plus, il faisait souvent des grandes prestations très amusantes. Il était exceptionnel ! Et non pas par sa puissance mais simplement par sa personne elle-même.

Je sortis de mes "rêveries" lorsque j'entendis Dmitrii dire qu'il avait voulu me saluer lorsqu'il m'avait vue... Je rougis un peu en baissant les yeux. C'était un peu maladroit, mais je comprenais ce qu'il voulait dire.
Quand il me dit qu'il ne doutait pas de moi, je lui souris, touchée.
Il finit par me raconter la raison de sa présence dans ce Monde. Il aidait Senjougahara qui avait été appelé par Génie pour venir en aide à une "jeune femme". Mais j'avais parfaitement conscience de quelle personne le jeune homme parlait -en particulier avec son début de mot : "la prin-" -. Quand il eut fini, je voulus lui répondre que j'étais au courant pour la Princesse Jasmine mais je fut interrompue par l'arrivée de Génie ! Dmitrii nous présenta et je dis timidement :

"Enchantée, Génie... Je suis heureuse de faire ta rencontre !"

Un sourire se dessina sur mes lèvres.
Dmitrii s'empressa de dire qu'il fallait retrouver l'autre membre du groupe : Senjougahara. Je réfléchis sur le coup... Ils tentaient de trouver une solution pour sortir la Princesse Jasmine de son sommeil qui semblait éternel -pour le moment sans doute-. Je savais qu'elle était dans un état critique, tout comme le Génie, je ne l'avais jamais rencontrée, mais je la connaissais un peu et croiser les bras en fermant les yeux sur cette affaire serait une grossière erreur de ma part.
Je pris mon courage à deux mains avant de demander aux deux :

"Je... Je veux venir avec vous, s'il-vous-plaît !... Aller Dmitrii, dis oui ! Ce sera une nouvelle occasion d'être ensemble !"

Je faisais un peu la gamine inconsciemment, faisant des petits bons sur place pour montrer ma détermination. Je n'étais pas prête de les laisser tranquille s'ils ne voulaient pas de ma présence, mais cela m'étonnerais que Dmitrii me fasse ce coup-la... C'était surtout le Génie et Senjougahara qu'il allait falloir convaincre de me laisser les accompagner...

Des gifles. Senjougahara observait Camille de derrière son écharpe, silencieux et ahuri. Possédée ? Possédée par cette garce aux cheveux bleus ?
Nihal ? Nihal Leporis ? Le garçon aux cheveux de jais ? L'adolescent aux cheveux miel pensait régulièrement à lui ; mais jamais personne ne lui en avait parlé. Même le génie taisait cette fameuse journée au Château de Disney.
Était-ce donc la raison pour laquelle il avait perdu son œil ? Était-ce la raison de sa soudaine trahison ? Était-ce la raison de toute sa haine ? Ce souvenir était comme une plaie mal cicatrisée sur le cœur.
Senjougahara avait perdu un ami. Il avait trouvé un ennemi qui ne désirait que sa mort. Une douloureuse mort.
- Mais j'ai eu un coup de bol. Quelqu'un m'a aidé à trouver le corps de Storm pour que je le possède ! Résultat, je me suis retrouvé en talons hauts pendant plusieurs jours. Le temps de faire un tournoi aux Enfers...
Mais Senjougahara n'écoutait plus vraiment. Tom, Maléfique, le Royaume Enchanté, tout ceci ne lui évoquait rien du tout, et percutait son cerveau sans pouvoir y entrer.
Finalement, nous ne sommes pas tellement amis, après tout... Alors Storm était derrière tout ça ? La souffrance se changea en colère. C'était tellement plus simple d'accuser autrui de la trahison d'un ami. C'était tellement plus simple de haïr quelqu'un et d'en faire le responsable de tous ses malheurs.

- Mais tu dois le savoir, non ? Toi aussi tu enquêtes là-dessus ?
Senjougahara s'arracha à ses lugubres pensées. Son cerveau analysa rapidement les derniers sons entendus, et entreprit une réponse :
- Euh, oui, la Reine Minnie nous a envoyé tous les trois, le Génie, moi et mon pote Dmitrii.
Le jeune homme fut soulagé que Camille change ainsi de sujet, car il ne savait pas quoi lui répondre. Elle avait visiblement traversé de dures épreuves, mais que pouvait-il lui dire ? « L'essentiel, c'est que ce soit résolu » ? Cela faisait un peu léger, compte tenu de tout ce qu'elle avait vécu. « Ma pauvre » ne résolvait absolument rien, et parler de ses propres problèmes en retour n'avait pas d'intérêt. Elle avait survécu, et semblait ne pas avoir trop changé, c'était le principal, non ? Alors pourquoi était-il si tendu ?
- Hey, on n'a qu'à enquêter ensemble ! Lâcha-t-il, tout en se remettant en route. Plus on sera nombreux, plus on trouvera vite, non ?
Il ne parla pas de ses propres déboires. Il ne parla ni de sa rencontre avec Chiyoko ou Luchia, il ne parla pas de l'épisode au Pays des Merveilles, il tut le combat contre Nihal, ou cette après-midi où il avait vu des enfants se faire arracher leur cœur par des Sans-cœurs. Il ne parla pas de cet éprouvante aventure à Space Paranoïds, de la façon dont il avait rencontré Dmitrii. C'était sa vie. Et il n'y avait rien à redire.

Il ne tardèrent pas à retrouver le génie, qui avait eu la brillante idée d'agiter une pancarte lumineuse au dessus de sa tête, ainsi qu'une ribambelle de ballons colorés.
- Ça y'est ? On est au complet ? Demanda l'être bleu en comptant le groupe. Alors : deux filles, deux garçons, la pancarte, moi... c'est bon, on est tous là. Très bien, direction le Palais ! Suivez le guide ! Et, là-dessus, il se mit en marche, sa pancarte brandie au-dessus de sa tête.
Senjougahara se tourna vers Dmitrii :
- C'est qui, la deuxième fille ?

"Je... Je veux venir avec vous, s'il-vous-plaît !... Aller Dmitrii, dis oui ! Ce sera une nouvelle occasion d'être ensemble !"
Dmitrii regarda Naminé sautiller sur place avec une moue déterminée. Il ne put empêcher un rire enroué de s'échapper de sa bouche. Il regarda le Génie, qui lui fit un clin d'œil. L'adolescent aux cheveux blancs se retourna vers son amie et lui dit :
"Bien sûr, ce serait cool !
- Ce serait même un plaisir, ajouta le Génie en avisant le joli minois de Naminé. Bon, cette foule est décidément bien trop dense pour qu'on y distingue qui que ce soit. Surtout un petit bonhomme comme Senjou !"
Le génie fit alors apparaître une grosse pancarte voyante pour indiquer leur présence à l'adolescent aux cheveux de miel. Les compagnons se retrouvèrent bientôt dans la foule. Le Génie s'exclama alors :
"Ça y'est ? On est au complet ? Alors : deux filles, deux garçons, la pancarte, moi... c'est bon, on est tous là. Très bien, direction le Palais ! Suivez le guide !"
L'être bleu entama alors la marche lorsque Dmitrii demanda - au même moment que Senjou - à ce dernier :
"C'est qui, la deuxième fille ?"

Repartir à l'aventure avec Dmitrii... Depuis le temps que j'attendais cela ! Nous avions passé des bons moments ensemble et ils restaient gravés dans ma mémoire et le resteraient pour toujours dans mes souvenirs. Après tout, il s'agissait de mon pouvoir, ce serait un immense comble pour moi si je pouvais pas lire mes propres souvenirs !

Évidemment, j'avais été idiote en pensant que Génie ne voudrait pas de ma présence ! Il était une personne très social et aimait la compagnie... Nous ne nous connaissions pas encore, mais cela allait être en quelque sorte pourvoir faire un peu plus connaissance bien que nous devions sauver la Princesse Jasmine du mal qui la rongeait...

Je souris de bonheur lorsque les deux acceptèrent ma présence avec eux. Il ne manquait plus qu'un convaincre un seul, bien que Génie semblait m'avoir incrustée à part entière dans le groupe, même si je ne ressentais pas encore cette émotion. J'avais plus l'impression d'être une petite clandestine qui s'incrustait ainsi...

J'eus le droit à une belle prestation de l'être bleu. Ce dernier se plaignait en disant qu'il y avait un monde fou présent dans les rues et que jamais nous n'allions trouver Senjougahara parmi toutes ces personnes, de plus, d'après ce que j'avais entendu, le garçon n'était pas vraiment ce genre de gens que l'on pouvait voir à des centaines de mètres de par sa taille immense. Non, lui ce serait plutôt l'inverse même ! Le total opposé. Bref, le Génie fit apparaître une pancarte à l'aide de ses pouvoirs magiques et la brandit en l'air pour que le perdu nous retrouve. De plus, tous ces ballons de baudruches apportaient "du soutient" à cette grande pancarte très peu discrète, et ils étaient colorés au mille et une couleurs ! Je souris face à tout cela. Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de scène. Enfin, je savais quelle était le genre de personnalité du Génie mais je ne m'étais pas préparée à le voir de mes propres yeux. Je me retins d'entrer dans un grand éclat de rires, et me contentais de garder ce grand sourire sur mon visage, avec mes joues qui étaient devenues quelque peu rouges par l'émotion...

Finalement, l'égaré n'eut aucun mal à nous retrouver... Mais il n'était pas seul... Il était en compagnie de Camille ! Nous avions eu l'occasion de nous rencontrer avant le sauvetage de Tom qui, je devais le dire, était éprouvant ! Sur le coup je fus très surprise de la voir à Agrabah avant de me rappeler d'un détail important : la jeune fille était la Gardienne du Vent et elle protégeait la Princesse Jasmine, alors il était normal de la croiser ici. Sa protégée avait un soucis et elle se devait d'agir !
Lorsque Senjougahara et Dmitrii lancèrent la même question entre eux et en chœur, je ris légèrement. Les deux jeunes hommes semblaient très proches... Un lien très puissant existait... Je poussais un soupir, les joues légèrement roses avant de me décider de prendre la parole pour me présenter à Senjou moi-même :

"Ravie de faire ta rencontre, Senjougahara. Je m'appelle Naminé !"

Tout en penchant un peu ma tête sur le côté, je souris gentiment au blondinet. Je n'étais pas très douée pour les présentations mais à force d'en faire, cela devenait une habitude.
Après cela, je me concentrais sur Camille et lui parlai à son attention :

"Je ne m'attendais pas à ce que nous allions nous voir si tôt ! Je suis heureuse de te revoir et donnerai le meilleur de moi-même pour aider la Princesse Jasmine !"

Cette fois-ci, j'allais faire en sorte de ne pas me sous-estimer, d'avoir enfin plus confiance en moi et me croire... Si je n'avais pas ces trois critères, jamais je n'arriverais à emporter encore longtemps des combats ou continuer de les perdre ! Je devais cesser de douter de moi et de compter plus sur les autres que moi... Quand je le voulais, je le pouvais !

La fillette aux cheveux blonds et aux joues d’un rose étonnement soutenu se présenta sous le nom de Naminé ; Senjougahara se demanda d’ailleurs s’il existait un quelconque lien entre elle et Dmitrii. Camille, quant à elle, déclina elle-même son identité. À ce moment-là, le jeune homme à l’écharpe écarlate se demanda si Dmitrii avait eu vent des « gardiens de la Lumière », et toutes les histoires qui les entouraient ; il lui semblait que le polymorphe ne faisait pas vraiment cas de ce genre de chose. Plus surprenant, cependant, fut l’échange entre les deux jeunes femmes :
- Je ne m'attendais pas à ce que nous allions nous voir si tôt ! Je suis heureuse de te revoir et donnerai le meilleur de moi-même pour aider la Princesse Jasmine !
Senjougahara fronça les sourcils ; certes, leur mission n’était pas secrète, mais était-ce une raison pour le crier sur tous les toits ? Et d’ailleurs, comment était-elle au courant ? Sans doute Dmitrii n’avait su tenir sa langue, à l’instar de la fillette. Et pourtant, le polymorphe aux cheveux décolorés était plutôt du genre réservé…
- C'est... Une bonne attitude à avoir, répondit une Camille très légèrement hésitante. Quant à moi, je ne te laisserais plus seule sans te demander ton avis. Je ferais une bien piètre gardienne si je continuais ainsi !
Senjougahara échangea un rapide coup d’œil avec Dmitrii ; les deux jeunes femmes se connaissaient, c’était un fait établi. Mais qu’avaient-elles vécu ensemble ? Camille devait être un genre de « protecteur » pour la blondinette. Il voulut poser de nouvelles questions, mais les événements s’enchaînèrent trop vite.

L’hétéroclite groupe arriva devant les grandes portes de l’incroyable palais. Senjougahara n’avait jamais rien vu de tel : le bâtiment, immense et blanc, était surplombé par des toits sphériques et cuivrés. Des liserés rouges bordaient ces impressionnantes boules de métal, et une gigantesque porte en arcade ornait le mur de devant. Sous le ciel bleu et ensoleillé, légèrement déformé par la chaleur montant du sol, le château semblait irréel.
- Bonjour, nous venons rendre visite à la Princesse… Commença joyeusement le Génie à l’adresse des gardes, qui barrèrent prestement le passage de leurs armes.
- Personne n’entre ! Gronda celui de gauche ; ses traits étaient tirés, et un tic nerveux lui agitait la paupière. Visiblement, les deux gardes étaient tendus par la nervosité et la fatigue. Agrabah avait été très agitée, ces derniers temps…
- Comment ça, « personne n’entre » ? Mais nous venons en ami, vous ne me reconnaissez pas ?
- Personne n’entre ! Répéta le garde, borné.
- Nous savons qui vous êtes, fit l’autre garde, lui aussi dans un état de fatigue avancé. Mais nous avons ordre de ne laisser passer personne. Absolument personne. Comprenez qu’avec l’enlèvement, les attaques dirigées contre le palais, on a eu pas mal à faire. Il ajouta, avec un regard courroucé vers Camille : il faut bien que quelqu’un essaye de protéger la princesse, c'est notre devoir, après tout…
Le Génie, quant à lui, paraissait désolé. N’était-il pas un ami de la famille ? Pourquoi diable les gardes se méfiaient-ils des amis de la famille ? Avaient-ils été trahis récemment ? Le Génie ne pouvait envisager une telle hypothèse.
… Mais Senjougahara, qui commençait à avoir l’habitude, songea que ce n’était pas impossible. Et, ayant des prédispositions à la délinquance, il était déjà en train de chercher une issue pour s’infiltrer dans le Palais…

Dmitrii resta un instant déconcerté par la question de Senjou. C'était ce qu'on appelle du timing. Rapidement, Naminé se présenta au garçon aux cheveux dorés. Puis, celle-ci se tourna vers la jeune femme brune habillée en vert. Et elle lui parla. Comme si elles se connaissaient.
"Aha, ça pour une coïncidence ! s'étonna un diable sur l'épaule de Dmitrii.
- Oui, c'est étrange" pensa Dmitrii pour répondre au diablotin.
L'adolescent aux cheveux blancs regarda Senjou qui paraissait également ignorer que les deux jeunes filles se connaissaient. Il essaya de comprendre quelle relation la jeune blonde entretenait avec leur nouvelle compagne, mais les paroles de Naminé ne lui en apprenaient pas beaucoup. Enfin, ça m'apprend quand même qu'elle ne fait pas la promesse de devenir plus forte qu'à moi. Cependant, la réponse de son interlocutrice lui enseignait une chose : c'était une gardienne. Mais euh, de quoi en fait ?
Soudain, la jeune brune se tourna vers le garçon aux cheveux blancs et s'exclama :
"Tandis que moi, je suis Camille Skyloft ! Gardienne de la lumière et du vent et, pas accessoirement, celle qui doit veiller sur la princesse Jasmine d'Agrabah. Tu dois être Dimitrii, non ? Eh bien, enchantée de te connaître !
- Euh, de même, dit Dmitrii un peu surpris.
- Eh, elle a écorché notre nom, celle-là ! cracha un diablotin à l'oreille de l'adolescent aux cheveux blancs.
- La sentence sera terrible..., renchérit le second.
- Ça va, les gars, on se calme !" pensa Dmitrii en balayant ses épaules - ce qui aux yeux des autres, paraissait assez soudain et incongru, vu qu'il n'y avait rien sur ses épaules -.

Ils arrivèrent rapidement au palais. Celui-ci était tout simplement incomparable à ce qu'il avait été déjà donné de voir à Dmitrii. Il n'avait jamais vu pareille architecture.
"Eh, toutes ces structures sphériques, ça fait pas un peu..." commença un diable, qui fut rapidement coupé par un rire étouffé de l'adolescent aux cheveux blancs.

Le Génie s'adressa alors aux gardes qui se tenaient devant l'entrée. Mais ces derniers n'avaient pas l'intention de les laisser entrer.
"En même temps, tu parles d'un groupe ! Moi non plus, à leur place, j'aurais pas confiance en un grand mec bleu qui a pas de jambes, une blondinette trop propre sur soi, une nana habillée en vert et un gamin décoiffé. Sans oublié un p'tit gars avec une calvitie précoce, grommela un diablotin sur la clavicule de Dmitrii.
- Mes cheveux sont tirés en arrière !! C'est quoi ton problème ? chuchota l'adolescent, agacé, à sa clavicule. Il s'adressa ensuite aux gardes : Honnêtement, vous pensez vraiment que deux gardes comme vous serons capables de nous arrêter ?
- C'est une menace ? demanda un garde en resserrant ses mains sur son arme.
- Allons, bien sûr que non !" s'empressa de dire le Génie en posant une lourde main sur l'épaule de Dmitrii.

Ce dernier regarda l'être bleu et la lueur agressive, qui s'était installée dans les yeux du garçon quand il avait parlé aux gardes, disparut. L'adolescent aux cheveux blancs avisa alors le palais et les différentes fenêtres. Certaines semblent accessibles... Pour une créature agile. Ça tombe vraiment bien, dis donc.

[Désolée pour l'attente de la réponse ^^''' Pas beaucoup de temps et d'inspi'...]

En entendant Camille me répondre, je me rendis compte que je n'avais pas fait une très belle prestation, il était vrai, dans le Domaine Enchantée... Je n'étais pas très puissante, je manquais quelque peu de courage à certains moments, je pouvais me montrer très maladroite en tenant ma Keyblade, je sursautais pour un oui pour un non... Oui, la liste de mes défauts au combat était très grande et sans doute que j'aurais pu continuer tout la journée à faire cela... Je n'étais pas aussi forte que Kairi, je ne détenais pas des pouvoirs puissants -à part ceux sur la mémoire- et je pouvais avoir deux mains gauches lorsque je portais des coups au corps à corps. Après tout, je n'avais jamais été habituée à combattre auparavant, restant toute la journée assise dans cette triste chambre... Néanmoins, je désirais être assez forte pour défendre ce qui semblait juste pour moi, autant dans le camp de la Lumière que dans celui des Ténèbres...

Je souris légèrement à la Gardienne... Cette dernière se présenta à Dmitrii... Bref, nous étions à présent au complet. Nous nous dirigions à présent vers le palais. C'était la première fois que je m'approchais de ce bâtiment de si près ! Il était vraiment imposant, veillant sur tout Agrabah... Sans doute y avait-il un balcon où la vue de la ville pouvait être observée... Voir tous les alentours tout en restant à sa place, regarder le monde qui s'ouvrait à nous, tout en sentant le vent coiffer nos cheveux... Et cela devait être magnifique d'admirer le soleil crépusculaire se couchant peu à peu avant de disparaître totalement pour laisser place à la lune... Et justement, j'avais la tête dedans ! Il fallait que je me concentre sur plus important qu'au paysage ! Je n'étais pas ici pour du tourisme ! Il y avait plus important...

Nous fûmes "chaleureusement" accueillit par les gardes de l'entrée qui placèrent leur arme devant à peine le Génie eut-il prononcé sa phrase... Je grimaçais... Même si leur réaction était tout à fait compréhensible, ils pouvaient au moins nous laisser nous expliquer ! A la place, ils expliquèrent les raisons pour lesquelles ils agissaient ainsi. Je poussais un soupire discret. Ils ne semblaient pas être prêts à nous apporter une quelconque aide pour nous...

Lorsque Dmitrii commença à s'adresser aux deux gardes, je sentis ma respiration se couper. Nous ne pouvions négocier, et il était préférable de ne pas ouvrir les hostilités... Ce n'était vraiment pas le moment de se battre ! Même si le combat ne pouvait durer que quelques minutes, cela serait de l'énergie épuisée pour rien mais aussi du temps perdu...
J'allais agir pour dire au jeune homme qu'il était préférable de ne pas chercher des poux dans les cheveux des protecteurs de l'entrée du palais. Mais le Génie fut plus rapide que moi en s'interposant entre les trois. Cela calma tout de suite le garçon à la chevelure blanche.

Si nous ne pouvions pas entrer par la porte principale, nous devions trouver une autre issu... Ce fut la raison pour laquelle nous nous retrouvions à regarder un peu plus le palais... Il y avait quelques fenêtres par-ci par-là, néanmoins... Elles étaient beaucoup trop hautes pour que je puisse les atteindre...
Je ne pouvais pas faire apparaître des ailes dans mon dos, comme Camille, et je ne pouvais pas non plus me transformer en créature avec de puissantes griffes pour m'agripper à n'importe quelle parois comme Dmitrii, je ne détenais pas de bons matériels, comme Senjougahara, et je ne pouvais pas flotter dans les airs, comme le Génie...
Ce fut à ce moment que je me sentis un peu inutile... Je baissais les yeux... A peine avions-nous commencé la mission que j'avais déjà l'impression d'être le fardeau de l'équipe... Un lourd poids qu'ils étaient obligés de porter... Quoique pas si "obligés" que cela...Après tout, je n'avais pas vraiment ma place dans cette histoire, alors, cela ne les dérangerait aucunement si je partais... Mais je demeurais à ma place, attendant tout de même, pour voir ce qu'allait faire les autres.

Sur les conseils de Camille, le groupe s’éloigna de l’entrée.
- C’est à n’y rien comprendre, lâcha le Génie, dépité. Si même la Gardienne, si même les amis ne peuvent plus rendre visite à Jasmine, alors où va ce monde ?
- Ils étaient claqués, répondit doucement Senjougahara, les doigts croisés derrière sa nuque. Tu n’as pas remarqué ? Je ne sais pas s’ils ont essuyé une tempête de sable ou une attaque de Sans-cœurs, récemment, mais ça les a vraiment claqués.
Senjougahara ne pouvait savoir à quel point il avait raison ; d’ailleurs, un minimum de suite dans les idées l’aurait peut-être poussé à établir une corrélation entre la méfiance soudaine des gardes à l’égard de tout le monde, et le fait qu’une chipie mégalomane et sadique avait récemment possédé le corps de la Gardienne de la princesse d’Agrabah…

- Ça ne va pas Naminé ? Tu es bien silencieuse ma grande... Questionna d’ailleurs l’intéressée en posant sa main sur l’épaule de Naminé. Le Génie, facilement ému, s’approcha lui aussi de la blondinette, pour la rassurer à son tour.
Senjougahara, pour sa part, préféra rester en retrait ; après tout, il ne connaissait absolument pas la jeune femme, et, quelque part, lui parler l’intimidait. Il préféra se tourner vers un visage plus connu, à savoir celui du bouillonnant Dmitrii.

- Moi, je trouve ça louche, toute cette histoire. La Princesse qui est malade et qu’on ne peut pas approcher, les gardes qui sont crevés et super-méfiants… Je dis : y’a aiguille sous roche.
L’expression, réemployée maladroitement car totalement méconnue dans son monde (les anguilles sont, et pour une raison évidente, aussi rares que l’eau à Etherrance), reflétait malgré tous les sentiments du jeune homme.
- Va falloir trouver un moyen d’y entrer, poursuivit-il à l’adresse du polymorphe. Peut-être en volant ? Mais on ne va pas passer inaperçu…

Le groupe s'était écarté de l'entrée principale. Dmitrii jeta un dernier regard aux gardes avant de les perdre de vue. Ils ont peur.
"Pas de nous, en tout cas ! dit un diablotin dans la tête de l'adolescent.
- Ça c'est sûr..." murmura Dmitrii très bas.
Le garçon inspira profondément. Et ça a certainement rapport avec ces traces de Ténèbres dans l'air. Ils avaient été présents. Récemment.
"C’est à n’y rien comprendre. Si même la Gardienne, si même les amis ne peuvent plus rendre visite à Jasmine, alors où va ce monde ?"
Dmitrii était bien trop dans ses pensées pour écouter le Génie. Le groupe ne s'était pas trop éloigné du palais, car il restait leur but ; ainsi, le garçon aux cheveux blancs scrutait le bâtiment. Là.
Le garçon ne s'aperçut pas de la détresse de Naminé à laquelle Camille et le Génie étaient en train de remédier. Il calculait déjà ses mouvements pour atteindre le balcon qu'il avait repéré. Soudain, il fut coupé dans ses pensées par Senjou. C'est pas comme si c'était une nouveauté.
"Moi, je trouve ça louche, toute cette histoire. La Princesse qui est malade et qu’on ne peut pas approcher, les gardes qui sont crevés et super-méfiants… Je dis : y’a aiguille sous roche."
Dmitrii observa son compagnon, perplexe.
"Euh, ils se serait pas planté, là ? pensa le garçon.
- Hum... Tu crois ?" se moqua un diable sur son épaule.
"Va falloir trouver un moyen d’y entrer. Peut-être en volant ? Mais on ne va pas passer inaperçu…
- On pourrait défoncer la tronche aux gardes et forcer ainsi l'entrée ! proposa un diable à Dmitrii.
- Ou on pourrait passer par une fenêtre, aussi... dit l'adolescent aux cheveux blancs en soupirant.
- Ouais, ben ça va, fais pas comme si c'était une évidence, hein ! Mon idée est mieux, d'abord !
- J'ai repéré un passage, commença Dmitrii à l'adresse de Senjou en ignorant les diablotins, par ici, si on arrive à escalader ce muret, ensuite, on peut se hisser facile jusqu'à... Jusqu'au truc, là, sphérique. 'Y aura pas beaucoup de prise, mais c'est juste pour prendre appui pour ensuite atteindre la balustrade et s'introduire par la fenêtre. Cette zone est pas visible par les gardes de l'entrée. Par contre, il y en là-bas, sous les arcades, enfin l'espèce de préau, là, alors quand on passera sur la... Boule, il faudra qu'on se serre côté Nord, pour ne pas se faire repérer. Pour ce qui des passants qui pourraient nous voir, on peut pas faire grand-chose, mais ils ont l'air bien occupés à rejoindre le marché. Je peux porter quelqu'un et partir d'abord pour assurer le terrain pour les autres et les aider au besoin. Je gère en escalade." finit-il avec un sourire malicieux - et que certain(e)s pourraient sans mal trouver craquant -.
Ça, pour grimper, il était fort. C'était plutôt la descente qui posait parfois problème...

J'hésitais beaucoup à les laisser... Ils réussiraient certainement mieux à gérer la situation sans moi, voire mieux que si j'étais présente ! Après tout qu'est-ce que je détenais comme force ? Mes pouvoirs sur les souvenirs et ensuite ? Une magie assez faible, des coups pas très puissants... Rha ! Mais arrête d'être si méchante avec toi-même ! Je devais être sans doute plus forte que cela ! Sinon, lorsque j'étais au Colisée de l'Olympe, Phil m'aurait laissée au lieu d'insister pour que je me surpasse ! Il avait mieux à faire qu'une jeune fille comme moi et portant il m'a prit sous son aile ! Cela signifiait donc que j'avais un certain potentiel mais que je ne l'avais pas encore découvert ! Tout ceci tenait la route ! Si on regardait mes origines, ce serait très surprenant si je ne détenais pas une puissance que je n'avais pas encore réussi à réveiller ! L'inverse serait même moins étonnant, bien au contraire ! Néanmoins, avec ce trop grand manque de confiance en moi, je n'arrivais pas atteindre mon potentiel. Cela signifiait-il que je devais encore m'entraîner ? Sans doute... Après tout, les entraînements forgent le caractère... Je ne devais pas me contenter d'une force en attaque et magie, je devais surtout avoir une force mentale ! Mais... C'était bien beau de penser à la théorie, mais la pratique semblait être bien difficile ! Plus facile à dire qu'à faire...

Nous nous éloignions quelque peu de la porte d'entrée et des oreilles discrètes des gardes sur les conseils de Camille... Il fallait que nous réfléchissions à une solution pour trouver une autre issue que la porte principale... On proposa des suppositions pour expliquer le refus des protecteurs de la porte sur le fait que nous voulions entrer...

Je sentais qu'on me regardait... C'était la Gardienne qui semblait inquiète pour moi, d'ailleurs, elle posa une main bienveillante sur mon épaule. Je redressais la tête pour la regarder dans les yeux, avec un visage légèrement triste. Elle me demanda si j'allais bien. Je hochais timidement de la tête. Devais-je me confier ? Devais-je lui dire que je me sentais inutile pour eux ? Ils allaient peut-être se moquer de moi... Enfin, je me sentais idiote de penser à ce genre de chose ! Le Génie semblait se soucier aussi de moi... Je les regardais tous les deux avant de sourire un peu, et une larme glissa sur ma joue, ce qui me surprit, je me pressais donc de l'essuyer avec ma main.
Je décidais de rompre mon silence :

"Oh... Désolée... J'ai juste l'impression de... Comment dire ?... D'être inutile... Enfin je veux dire que mon pouvoir ne va pas vraiment pouvoir apporter un quelconque soutien pour cette mission..."

A moins que... Une idée germa dans ma tête. Je tournais vivement la tête en direction des gardes. Et si... Et si au lieu de chercher une autre issue, nous passions par la porte principale ? Cela paraissait être une idée de dingue mais elle pouvait fonctionner ! Je fis apparaître mon carnet à desseins ainsi qu'une boîte de crayons. Je m'assis en tailleur par terre et commençais à dessiner sans rien dire. Si je modifiais les souvenirs des deux gardes, ils pourraient nous laisser passer sans aucun soucis ! Je n'aimais pas trop user mes pouvoirs pour faire ce genre de chose, mais c'était pour la bonne cause ! J'allais juste supprimer des évènements récent de leurs souvenirs pour les remplacer par d'autres... Comme quoi, il n'y avait rien d'important qui s'était passé...
Quand j'eus fini mon travail, je me relevais avant de dire au groupe :

"On peut retenter le coup de passer par la porte ! Faites-moi confiance ! On devrait passer à présent !"

Je fis disparaître tout mon matériel en regardant les personnes qui composaient le groupe avec un sourire. J'aurais dû y penser plus tôt mais sur le coup je n'y avais pas songé... Du coup nous avions perdu un peu de temps à chercher une autre entrée mais nous allions en gagner en passant par la porte...

Senjougahara regarda successivement Camille, puis Naminé, puis revint vers finalement Camille ; après tout, il ne connaissait pas la jeune femme blonde, et ignorait tout de ses pouvoirs. Peut-être cela avait-il rapport avec le dessin ? En tout cas, la Gardienne du vent semblait approuver son plan – enfin, sa suggestion, en fait.

Lorsque le groupe s’approcha, une nouvelle fois, des deux gardes, ceux-ci ne remuèrent guère ; l’un des deux salua même Camille d’un geste de tête somme toute assez discret mais respectueux. Un tel changement dans l’attitude des deux hommes laissa Senjougahara pantois.
- Comment t’as fait ça ? Demanda-t-il à Naminé, une fois les adolescents et le Génie entrés dans l’enceinte du Palais – laquelle était, d’ailleurs, à l’image du reste : splendide.

Les couloirs, dont les murs étaient percés d’immenses fenêtres arquées, étaient vastes, larges, et décorés de superbes tapisseries. Des colonnes blanches soutenaient la voûte ornée d’arabesques, et, si les alentours de la ville n’étaient que désert, les jardins du Palais, eux, n’étaient que végétation luxuriante.
Il était inutile de se demander où allait toute l’eau de ce monde, songea un Senjougahara pour le coup légèrement déçu. Son père, par exemple, était certes plein de défauts, mais, en tant que dirigeant, il n’avait jamais usé l’eau pour ses jardins personnels.

Le Génie se tourna vers la troupe, et, après avoir félicité Naminé, expliqua :
- Je pense qu’il faut aller directement à la chambre de Jasmine, trouver les médecins, et expliquer que nous sommes là pour enquêter sur la maladie de la princesse. Tout simplement, sans provocation. J’aurais bien aimé prévenir Al, mais il est introuvable en ce moment… Sa voix se brisa sur cette triste note. Senjougahara lui tapota l’avant-bras – son épaule était décidément bien trop haute – ce qui redonna le sourire au Génie. Il poursuivit : vous êtes tous d’accord avec ce plan ?
Senjougahara hocha la tête, tout en jetant un sourire narquois à Dmitrii. Il était prêt à parier que le polymorphe aurait préféré entrer par effraction et devoir affronter toute la garde plutôt que de tout simplement avancer le long des couloirs.

La jeune fille brune n'approuva qu'à moitié le plan de Dmitrii, car il était risqué, étant donné les derniers événements. Elle allait suggérer quelque chose quand Naminé demanda à ce que le groupe retente sa chance auprès des gardes. Dmitrii fut surpris de la proposition de Naminé, jusqu'à ce qu'elle range son carnet. Ah, d'accord. Il savait qu'elle pouvait manipuler les souvenirs et il devinait qu'elle l'avait fait par l'intermédiaire de ses dessins.

Les compagnons décidèrent de suivre l'idée de la jeune fille blonde et ils se rendirent jusqu'à l'entrée, que les gardes les laissèrent emprunter.

Une fois qu'ils eurent passé la porte, Dmitrii sourit à Naminé comme pour la féliciter, tandis que Senjougahara la questionnait sur sa méthode. L'adolescent aux cheveux blancs soupira en regardant la cour intérieur s'ouvrir à lui. C'était somptueux. Il jeta à nouveau un coup d'œil à Naminé. Quand même... J'aurai bien voulu grimper... En plus, cette histoire de garde renforcée... Ça m'aurait pas déplu. Un sourire s'esquissa sur le visage du garçon alors qu'il regardait la végétation. Le Génie proposa alors de se rendre directement à la chambre de Jasmine. "Sans provocation". Dmitrii prit une légère moue boudeuse. L'être bleu évoqua alors "Al", auquel il semblait tenir. L'adolescent aux cheveux blancs eut soudainement une mine compatissante et attristée. Il lui manquait.
"Vous êtes tous d’accord avec ce plan ?"
Dmitrii allait répondre quand il surprit le sourire narquois que Senjou lui adressait. Il se renfrogna sans vraiment savoir pourquoi et grommela :
"Ouais, ouais... Qu'est-c't'as ? demanda-t-il au garçon aux cheveux dorés.

Finalement, il semblait que je n'étais pas si inutile que cela pour le groupe... Dans le fond, j'étais soulagée, je ne serais pas un point mort pour eux !
Camille voulut bien suivre ma proposition de retourner vers la porte, tout en parlant d'un plan B au cas où. Dans le fond, je me disais que c'était une bonne idée d'avoir tout même quelque chose en tête au cas où. Car, bien que mes pouvoirs sur les souvenirs étaient les plus puissants, il se pouvait que j'aie fait une erreur en modifiant leur mémoire et donc que j'aurais échoué lamentablement, les gardes ne nous laissant pas passer, nous obligeant à faire de l'escalade ou voler jusqu'à une fenêtre.

Lorsque nous retournions sur nos pas, je tentais de me convaincre moi-même en me disant que je n'avais pas échoué, que c'était impossible que cela soit le cas. Nous arrivions à la porte et les gardes, cette fois-ci, ne nous barrèrent pas la route et nous laissèrent passer tranquillement. Je poussais un soupire intérieurement en pensant qu'au moins, je n'échouais pas dans le domaine des souvenirs ce qui était plutôt soulageant...

Nous pûmes donc entrer dans le palais sans problème. Une fois à l'intérieur, Senjougahara me demanda comment j'avais fait changer l'avis des gardes, tandis que Dmitrii me souriait, j'en fis de même. Je répondis ensuite au garçon aux cheveux blonds :

"Oh quelques coups de crayons sur un carnet et voilà le travail !"

J'hésitais à dire que j'étais capable de contrôler les souvenirs... Enfin, Dmitrii était déjà au courant mais après je ne connaissais pas Senjou, je ne savais pas comment il allait réagir si je le lui avouais. Finalement je décidais de lui dire la vérité, et de ne pas jouer la mystérieuse :

"Plus sérieusement, je suis capable de contrôler et lire les souvenirs de tout le monde... C'est un don que j'ai depuis toujours... Je ne sais pas d'où il vient mais il est en moi... Et plus je l'utilise, plus il devient puissant..."

Je souris ensuite légèrement, comme pour me soulager moi-même.
Je reçu les félicitations de Génie, ce qui fit agrandir mon sourire. Je me sentais un peu plus intégrer dans le groupe à présent. Si je continuais sur cette voie, je ne serais pas un maillon faible et je pourrais leur apporter de l'aide !
L'être bleu proposa de se rendre dans la chambre de la Princesse Jasmine et expliquer que nous étions là pour aider aux médecins, plus précisément pour enquêter sur l'origine de la maladie de la demoiselle. Il évoqua ensuite qu'il aurait souhaité en parler à Aladdin, ce qui était plutôt ironique... Je souris tristement. Je lisais dans les souvenirs du Génie que lui et le jeune homme étaient très proches et qu'ils tenaient beaucoup à l'un et l'autre. Ils étaient meilleurs amis, ils avaient vécu des moments forts... Senjou consola le Génie qui retrouva le sourire avant de demander si tout le monde était d'accord pour son plan. Je l'approuvai en hochant de la tête tout en ajoutant :

"De toute façon, nous n'avons pas trop d'autre choix si nous ne voulons pas nous attirer des ennuis..."

[Sorry ; panne d’inspi’ et emploi du temps chargé]

Quelques gribouillis dans un carnet à dessin et les gens se trouvaient privés de leurs souvenirs… Senjougahara n’arrivait pas à savoir si cela était terrifiant ou excitant. C’était idiot, mais l’adolescent n’aimait pas vraiment l’idée que l’on puisse manipuler ce qu’il y avait dans sa tête – si tant était qu’il y avait effectivement quelque chose dans ladite tête.

- J'suis d'accord, fit Camille, à l’adresse du génie. Mais vaut mieux préparer quelque chose au cas tout tourne mal. Si tu pouvais refaire la même chose pour éviter un conflit Naminé, ce serait génial. Sinon, je pense qu'on risque de devoir se battre contre la garde. Et ça, c'est pas cool du tout.
Senjougahara oublia instantanément ses craintes, rappelé à l’ordre par son instinct bagarreur. Il ne se posa même pas la question de savoir si manipuler les souvenirs des personnes sensées garder la Princesse était une bonne idée.
- Tu as raison, Miss ; nous pourrons toujours dire que les gardes de l’entrée nous ont laissé passer grâce à toi, Camille… Proposa le Génie. Tu es la Gardienne de Jasmine, après tout ! N’en déplaise aux gardes, tu as été choisie, et rien ne peut changer cela !

Le petit groupe s’en alla donc au travers des couloirs, à la recherche de la chambre de Jasmine. Ces derniers étaient continuellement arpentés par des gardes plus ou moins en forme, et, pour la plupart, nerveux. Mais personne ne s’arrêta pour barrer la route du petit groupe, même si des regards méfiants lui furent adressés.

Lorsqu’ils atteignirent enfin la chambre, les adolescents et l’être bleu eurent la surprise de constater que celle-ci était emplie de médecins, visiblement venus de différentes contrées. Les hommes sursautèrent à l’arrivée des nouveaux venus.
- Mais qui êtes-vous ? Demanda le plus petit et le plus maigre d’entre eux, plus surpris qu’agressif.

Nous nous étions tous mis d'accord sur le plan du Génie. Cependant, pour la seconde fois, Camille proposa un plan de secours au cas où, en me demandant d'utiliser de nouveau mes pouvoirs sur les médecins, s'ils ne désiraient pas de notre aide ou qu'ils la refusaient même, en nous demandant de quitter le palais, en ajoutant sans doute que nous n'avions rien à faire ici... Je ne savais pas vraiment quoi en penser... Je n'appréciais pas l'idée d'user trop de mes pouvoirs n'importe quand... A vrai dire, je ne faisais appel à eux qu'en cas d'urgence, car, cela me désolait toujours d'inventer une fausse histoire, un passé n'ayant jamais eu lieu, ou vider totalement la mémoire... Vraiment, j'avais l'impression de faire plus de mal aux gens que de leur faire du bien, même si je leur offrais de joyeux souvenirs, meilleurs que ceux qu'ils avaient... Alors modifier les souvenirs des docteurs juste pour qu'ils nous laissent faire ce que nous avions à faire ne plaisait guère... Mais bon, s'il fallait réellement que je modifie leur mémoire, je le ferais à contrecœur...

Nous marchâmes dans le palais pour nous diriger jusque la chambre de la Princesse Jasmine. Nous ne passâmes aucunement discret parmi tous ces gardes qui veillait sur la demeure royale d'Agrabah. La tension était la même que celle d'avec les deux autres surveillants de la porte, bien qu'à présent, ce soit du passé pour eux, car, ils ne savaient plus rien de ce qu'il s'était passé ces derniers temps... J'avais retiré tout ce qu'ils savaient sur la maladie de la Princesse et que rien d'extraordinaire ne s'était produit... D'ailleurs, ils ne connaissaient pas vraiment les raisons pour laquelle cette dernière était dans cet état-là, ce qui m'avait quelque peu déçu car j'aurais bien aimé en apprendre plus en modifiant dans leurs souvenirs... Je savais bien que je pouvais utiliser ma capacité de lire dans les mémoires, mais je me perdais souvent, car des milliers de souvenirs appartenant à des centaines de personnes me venaient alors que je ne désirais voir que ceux d'une cible en particulier... Enfin, si je me concentrais comme il le fallait, j'y arrivais correctement !

Nous arrivâmes finalement dans la fameuse pièce, et je fus légèrement surprise de voir autant de médecins au chevet de la Princesse ! Dans le fond, il n'y avait rien d'étonnant car ils ne comprenaient pas ce qu'il arrivait à la demoiselle et avaient donc besoin de l'aide d'autres personnes qui elles-même ne savaient pas quoi faire pour la soigner. Néanmoins, c'était toujours impressionnant de voir un véritable troupeau pour une seule jeune femme !
Nous ne fûmes pas accueillis à bras ouverts, mais pas non plus rejetés. Ce qui était déjà un bon point et plutôt rassurant pour moi car ils ne nous avaient pas renvoyés de là où nous venions ! L'un de docteur demanda qui nous étions, et obtint une réponse de Dmitrii qui semblait irrité... A la façon dont il parlait, je jugeais qu'il ressentait cela à ce moment-là. Lorsqu'il fit une tentative pour s'approcher de l'endormie, tous les soigneurs le retinrent et l'un prit la parole, l'air très offensé par le geste du jeune homme. Pour ma part, je regardais la scène sans bouger d'un pouce et sans oser prendre la parole... Le Génie détendit l'atmosphère en expliquant la situation. Nous obtînmes finalement des réponses venant d'une femme qui s'exprima ouvertement sans se préoccuper des regards qui lui lançaient ses collègues professionnels.

Je plaçais une main sur mon menton pour réfléchir. En effet, les symptômes que présentaient la Princesse étaient vraiment hors du commun ! Sans doute je pourrais utiliser mes pouvoirs pour comprendre ce qui lui arrivait ?... Et il était certain que sur ce coup-là, ce ne serait pas la médecine qui pourrait la soigner ! Était-ce une malédiction ou quelque chose de similaire lancée par quelqu'un ? C'était plausible, mais je me faisais peut-être des idées... Si la science ne pouvait expliquer cela, sans doute la magie était responsable ? Je me mis à exprimer mes pensées à voix haute inconsciemment :

"Serait-ce possible qu'il s'agisse d'un mauvais sort venant de quelqu'un qui s'était pris à la Princesse ?... Oups, pardonnez-moi, j'ai parlé tout haut..."

Je fus extrêmement gênée lorsque je remarquais quelques regards tournés vers moi suite à mes paroles. Ce fut aussi à ce moment-là que je compris ce que je venais de faire. Je baissais la tête, ne pouvant supporter ces regards, bien qu'ils n'étaient en aucun cas méprisant. C'était juste que j'étais... Timide ?... Oui, timide devait être le mot le mieux accorder à ce que je ressentais. Enfin, était-ce vraiment ce sentiment ?...
Il fallait sérieusement que j'arrête de me poser des millions de questions auxquelles je ne pouvais répondre ! Ma tête finirait bien par lâcher si je continuais sur cette lancée !

[Puisque la dernière réponse a été postée il y a plus d’un mois et que nous sommes sans nouvelles de Camille, je me permets de répondre.]


- Elle « fume de la bouche » ? Répéta le Génie, interloqué.
- Elle fait de la musique ? S’enquit Senjougahara en haussant un sourcil amusé, juste avant que le regard de l’être bleu ne le rappelle à l’ordre.
- Serait-ce possible qu'il s'agisse d'un mauvais sort venant de quelqu'un qui s'était pris à la Princesse ? Fit alors Namine, avant d’ajouter prestement : oups, pardonnez-moi, j'ai parlé tout haut…
- Non, au contraire, exprime-toi, répondit le Génie.
- Face à pareil phénomène, toute l’aide est la bienvenue, ajouta sagement la femme-médecin.

Ce n’était guère le moment de jouer les timides, en effet ; Senjougahara n’y connaissait certes pas grand-chose à la médecine, mais il était convaincu qu’aucun être humain normalement constitué ne pouvait émettre de la musique, des odeurs de plantes ou même de la fumée par la bouche.
Son regard se posa sur la princesse endormie sur son lit de soieries ; cette dernière était indéniablement belle, avec ses cheveux noirs de jais, ses longs cils naturellement recourbés et son teint de caramel. Il était vraiment dommage qu’un visage aussi beau soit dénué de toute vie.

L’adolescent était tellement absorbé par la contemplation de la jeune femme qu’il sursauta lorsqu’une volute de fumée parfumée s’échappa de sa bouche.
- Waw, regardez-ça ! S’écria-t-il, s’attirant les regards noirs des médecins.
En effet, sous les yeux ébahis des visiteurs, la princesse Jasmine fumait, au sens propre. De ses lèvres rouges s’échappait une petite colonne de fumée dont l’odeur n’était pas sans rappeler quelque thé chinois.
- … Waw… c’est hallucinant, poursuivit Senjougahara lorsque la fumée s’estompa. Mais qu’est-ce qu’elle a avalé pour... faire un truc pareil ?

Ça pour être spécial, c'était spécial...
Dmitrii fixait la fumée s'échapper de la bouche de la jeune femme.
"Ça doit pas être bon pour sa tuyauterie, à la cocotte !" dit un diable.
Le garçon aux cheveux blancs laissa échapper un bref rire rauque tandis que Senjou s'étonnait du phénomène.
Le Génie était effaré par ce qui était en train de se produire.
"Il y a de la magie là-dessous, c'est indéniable. Il faudrait aller voir cela de plus près..., dit-il.
- Hein ? demanda Dmitrii dans la plus grande des élégances. Comment ça "aller voir de plus près" ? On va pas rentrer dedans non plus !"
Le Génie fixa le jeune homme et s'exclama :
"Mais bien sûr ! Quelle riche idée ! Je peux aisément nous rapetisser afin que nous nous introduisions dans la princesse de sorte que nous puissions atteindre l'origine de son mal !
- On peut dire que c'est une idée de génie ! s'esclaffa un diable.
- Il se fout de nous, là ? demanda le second diablotin à l'oreille du garçon aux cheveux blancs.
- Euuuuuh..." se contenta de répondre Dmitrii.

Bien que je m'étais excusée par rapport au fait que j'avais exprimé mes pensées tout haut, on m'encouragea à continuer, et de ne pas à avoir à demander pardon, car ce que je pouvais dire pouvait toujours servir pour avancer dans cette histoire des plus étranges. Cependant, je n'avais plus rien d'autre à ajouter. Il me semblait évidant que ce n'était pas une maladie. Et plus je me disais cela, plus je me rendais compte que ma théorie par rapport au mauvais sort semblait être proche de la réalité, de la clé du mystère. Enfin, pas de conclusion hâtive ! Nous étions à peine arrivés et avions à peine eu le temps de constater la situation à laquelle nous faisions face.

Je fus alors tentée d'aller lire dans les souvenirs de la Princesse Jasmine pour comprendre quel malheur l'avait touchée. Je fermai les yeux tout en prenant une inspiration afin de me concentrer sur la jeune femme afin de ne voir que les souvenirs de sa mémoire, et non pas ceux d'autres personnes qui ne m'intéressaient pas.
Je me détendais le plus possible pour ne pas me déconcentrer, ce qui pourrait m'amener à un échec total.
Alors que je sentais que j'accédais aux souvenirs de la princesse, quelque chose me bloqua la route et cela me donna une grosse migraine. Je fus donc forcée d'arrêter ce que je désirais faire, à mon grand désaroi et frustration. Il était certain que nous avions à faire à un sort. Ma tête me faisait quelque peu souffrir, comme si la personne qui voulait du mal à la jeune femme avait fait en sorte qu'elle ne s'en sorte jamais, et que si quelqu'un désirait l'aider, il y passerait...

Je fus sortie de mes réflexions lorsque Senjougahara s'exclama. Je redressais la tête pour observer ce qui l'avait mis dans cet état-là, et je pus voir à mon tour l'étrange fumée qui sortait des lèvres de la malade. Je cillai, tellement j'étais impressionnée par cette scène. C'était quelque chose de tout à fait incroyable ! Du jamais vu ! Bien sûr, j'avais cru les médecins lorsqu'ils avaient annoncé les symptômes que présentaient la princesse, cependant, je ne pus m'empêcher d'être si surprise. C'était vraiment très étrange...

Le Génie proposa alors d'observer de plus près cette affaire, concluant à son tour que ce n'était pas une maladie mais bel et bien un sort lancé par quelqu'un. Dmitrii prit ses mots au sérieux, et ce qu'il dit donna une idée à l'être bleu. Lorsqu'il exposa son plan, j'ouvris de grands yeux... Entrer dans un corps humain ?... Je trouvais cela... Comment dire ?...
Enfin, bref, je grimaçai légèrement en imaginant ce qui pourrait se passer si nous faisions comme le Génie le proposait. Cependant, si nous n'avions aucun indice sur le responsable de la santé de la princesse, que les médecins ne savaient pas quoi faire et que je n'arrivais pas à atteindre sa mémoire, il ne restait plus vraiment de choix qui s'offraient à nous. Alors, nous devions faire des efforts pour trouver des idées... Donc, celle-ci était plus ou bien bien venue. Je répondis pour ma part :

"Je pense que nous n'avons pas trop le choix... Surtout que j'ai tenté d'accéder à la mémoire de la princesse mais il y a comme une barrière qui m'en empêche..."

Tout en disant ce que je pensais du plan du Génie, je décidais finalement de raconter ma tentative ainsi que mon échec. De toute façon, qu pouvais-je faire d'autre ?

[Même remarque. Camille pourra poster dès qu'elle le souhaitera, même si ce n'est pas son tour. Elle établira par là-même un nouvel ordre de tour. N'hésitez pas à vous manifester si vous avez des objections]


- Je pense que nous n'avons pas trop le choix... Surtout que j'ai tenté d'accéder à la mémoire de la princesse mais il y a comme une barrière qui m'en empêche...
Senjougahara tiqua ; décidément, il n’aimait vraiment pas ce pouvoir. C’était une intrusion, une effraction dans l’intimité d’autrui et, bien que manquant légèrement de plomb dans la cervelle, l’adolescent avait la tête dure et refusait catégoriquement que l’on y touche.
Toutefois, l’idée du génie constituait également une intrusion tout aussi bizarre, sinon plus.
- Euh… Fit Dmitrii, visiblement peu convaincu.
- Ce n’est pas très scientifique, comme méthode, commenta un médecin.
- Un mauvais sort non-plus, c’est pas très scientifique comme méthode, rétorqua Senjougahara, toujours prompt à contredire les grandes personnes sur tous les plans.

- De toute façon, comme l’a dit Naminé, c’est le seul plan que nous ayons pour l’instant, fit le génie en invoquant ce qui ressemblait à un petit vaisseau pas plus gros qu’une orange ; son visage s’empreint d’une étrange tristesse. Vous n’êtes pas obligés de venir avec moi, je ne vous en voudrai pas. Mais si c’est, en effet, le seul moyen de sauver Jasmine, et bien… Sa voix se brisa.
Senjougahara s’approcha silencieusement de l’esprit bleu, et lui tapota le biceps.
- Mais si, on vient, fit-il. Le Génie lui répondit par un grand sourire attendri.
- Bon, et bien, en voiture !

La portière du minuscule vaisseau s’ouvrit ; Senjougahara s’approcha, perplexe, glissa son doigt dans l’entrebâillement… Et fut aussitôt aspiré à l’intérieur du modèle réduit !
- Trop cool ! Résonna la voix du jeune homme depuis le cockpit miniature.

"Vous n’êtes pas obligés de venir avec moi, je ne vous en voudrai pas. Mais si c’est, en effet, le seul moyen de sauver Jasmine, et bien…"
Le garçon aux cheveux blancs fixa l'être bleu. Tandis que Senjou s'approchait du Génie pour rassurer ce dernier, Dmitrii ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Ce n'était pas forcément très flatteur pour lui, mais le Génie le lui rappelait. Comme lui, c'était quelqu'un de grand, bien que plus menu, et pourtant, il faisait parfois preuve d'une immense tristesse, mêlée à de la faiblesse.
"Je pense pas que le Génie soit comme ça, je pense juste qu'il te manque et que du coup, tu rattaches tout ce que tu peux à lui, fit remarquer un diable.
- Tu veux retourner à la maisooon ? se moqua le second.
- Nan, je vis très bien cette escapade, lâchez-moi ! pensa l'adolescent.
- Mouais..."
Dmitrii se balaya les épaules d'un coup sec quand il vit Senjou disparaître dans un tout petit vaisseau. L'adolescent resta bouche bée quelques secondes. Puis, il regarda Naminé:
"Ah, ben euh... On y va aussi ?" proposa-t-il avec un sourire qui ne parvenait pas à cacher le fait qu'il était déstabilisé.

Tout ceci se confirmait : nous n’avions aucune autre issue que d’entrer dans le corps de la Princesse. En m’imaginant comment cela était, je ne pus m’empêcher de frissonner. Entrer dans les souvenirs des autres, je pouvais le faire sans problème, mais rentrer dans un corps… Je n’avais jamais eu cette folle idée en tête ! Et j’avouais que j’avais quelque peu peur de ce que nous trouverions, de ce que nous pourrions croiser, et surtout voir. Enfin, je ne devais pas me mettre soudainement à douter des choix que nous faisions, et me décider au dernier instant de faire demi-tour et fermer les yeux sur cette affaire, tout simplement parce que je ne voulais pas aller dedans.

A présent, la question était : comment allions-nous aller à destination ? Pour toute réponse que j’eus, le Génie fit apparaître un vaisseau d’une petite taille. J’avais eu rarement l’occasion de pouvoir en voir, et ils étaient tous géants, mais alors un qui devait faire la taille de mon poing fermé… C’était du jamais vu pour moi, et sans doute pour nous tous, en réalité.

Le grand être bleu se mit à afficher une mine triste qui n’allait pas du tout avec son esprit blagueur et souriant. J’affichais un triste sourire. Je comprenais ce qu’il ressentait… J’avais déjà eu l’impression d’exprimer ces sentiments… On se sentait seul, nos amis n’étant pas avec nous, on voulait aider, mais on ne savait pas quoi faire pour, et on désirait la compagnie de d’autres personnes, en pensant qu’elles pourraient nous soutenir. La solitude… C’était un mot que je connaissais que trop bien pour m’être sentie abandonnée de tous, prisonnière dans le Manoir Oblivion… Je secouais ma tête pour sortir toutes ces images de ma tête. Ce n’était sûrement pas le moment de songer à cela !

En tout cas, le Génie semblait de meilleure humeur, en apprenant que nous allions l’accompagner, ce qui me fit arracher un sourire radieux.

Senjougahara s’approcha par la suite du vaisseau et se retrouva réduit à une taille proportionnelle au véhicule et put y rentrer. Sur le coup, j’ouvris de grands yeux, ne m’attendant pas à cela. Enfin, il ne fallait pas être autant étonné, car il était normal que nous allions rétrécir afin d’accéder au vaisseau, cependant, cela m’était venu soudainement.

Je me remis rapidement de mes "émotions" - si j’avais le droit d’employer ce mot – et tournais la tête vers Dmitrii lorsque celui-ci s’adressa à moi, tout en semblant bouleversé par ce qu’il venait de se produire. Je lâchais un petit rire, amusée par la tête qu’il affichait. Je pris sa main, tout en souriant, et répondis :

"Oui, allons-y !"

Et je le tirais avec moi pour entrer à notre tour dans le petit véhicule.

Paradoxalement, le vaisseau était à la fois minuscule et très spacieux. L’air y était frais, comparé aux ruelles chaudes de la ville. Les sièges de tissu rembourré étaient confortables et la vue dégagée grâce à un immense pare-brise de verre. Le tableau de bord était recouvert de divers boutons, leviers et cadrans en tout genre.
- C’est… cool… Souffla Senjougahara, à défaut d’un autre adjectif ; le ton, quant à lui, ne laissait aucun doute quant à la nature de ses sentiments : l’adolescent était subjugué. C’est moi qui pilote !
- Eu-eu-euh, on va dire que je prends le volant au début, hein ? Répondit précipitamment le génie, redoutant à juste titre une catastrophe.
- Alors je copilote !
- Bon, d’accord… Capitula le génie. Naminé, Dmitrii, vous voulez bien occuper des senseurs et de la tourelle ? Dans un cas, il faut surveiller les écrans de contrôle et prévenir si vous voyez un danger, dans l’autre, il faut tirer sur le danger. Je ne dis pas qu’il y en aura mais on n’est jamais trop prudent…

Dmitrii contemplait le vaisseau. Incroyable... Il fixa longuement l'espace qui s'offrait à eux. Décidément, cette escapade lui ouvrait bien des portes. Jamais il n'aurait pu imaginer une magie aussi... Créatrice ! Il n'avait jamais connu que sa magie dans ses montagnes, ce qu'il vivait là était délirant ! Il s'approcha du pare-brise, perturbé par ce qui se trouvait derrière. C'était rose-rouge, plutôt luisant et... Dérangeant ?
L'adolescent aux cheveux blancs tressaillit quand Senjou voulut prendre les commandes. Mauvais plan, mauvais plan ! Le Génie rassura Dmitrii lorsqu'il prit le volant. Quand l'être bleu évoqua les senseurs, le garçon eut une mine perplexe. C'était quoi, ça ? Il l'effaça rapidement :
"Je m'occupe de tirer ! s'exclama-t-il, tout en espérant que personne ne comprendrait qu'il ne savait absolument pas ce qu'étaient des senseurs. C'est quels boutons ?"

J’étais totalement nerveuse. Je n’étais jamais entrée dans un vaisseau Gummi. A quoi cela ressemblait ? Comment cela fonctionnait-il ? Je ne m’y connaissais en rien dans tous ces systèmes mécaniques, avec des moteurs, avec tel ou tel engrenage qui servait à faire que telle ou telle chose fonctionnait ainsi. Rien qu’en pensant à cela, je m’embrouillais quelque peu. Et je ne possédais pas un grand vocabulaire sur tout ceci. J’allais sans doute être complètement perdue.

Ce fut pour moi une étrange sensation de rétrécir à une vitesse hallucinante, pour me retrouver à une toute petite taille. Je posais alors mon premier pas dans le vaisseau et cela m’impressionna. Je tournais la tête d’un peu partout pour voir tout ce qui composait le véhicule. Cela accentua ma nervosité. J’essayais de comprendre la fonction de chaque manivelle que je voyais ainsi que tous ces boutons sur le tableau de bord. Pourtant, cela ne semblait pas tant compliqué que cela, mais pour moi, j’avais à faire à un véritable challenge ! Et pourquoi tous ces cadrans ? Il devait y en avoir un pour la vitesse, un pour le réservoir, et les autres ?... Je n’avais jamais eu l’occasion de monter dans un vaisseau auparavant, et c’était tout à fait normal avec tout ce qu’il m’était arrivé… Passer les premiers instants de son existence de Simili enfermé dans son propre Monde natal, prisonnière de l’Organisation XIII, forcée à faire des choses que je ne désirais pas. Je lâchais un petit soupire intérieur. Je devais me concentrer sur la mission, et non plus sur le passé.

Senjougahara se proposa de piloter le vaisseau mais cela gêna quelque peu le Génie, et finalement le garçon insista un peu en demandant d’être le copilote, ce qui fut plus accepté par l’être bleu. Pour ma part, je ne désirais aucunement prendre le contrôle du véhicule, je ne ferais rien d’autre que de la catastrophe avant de tous les mettre en danger. Pour la sécurité de chacun, je devais me tenir loin du tableau de bord. Enfin, dans le fond, le blond ne semblait pas être plus doué que moi, au vu de la réaction de Dmitrii. Le Génie demanda ensuite à ce dernier et à moi-même de nous occuper des senseurs et de la tourelle. En entendant ces mots, je commençais à me poser des questions. Euh… Qu’est-ce que c’était ? Je me sentais légèrement gênée. Et Dmitrii qui ne semblait pas en savoir plus que moi… Heureusement, le Génie nous sortit d’un mauvais pas en nous indiquant les fonctions des deux machines. Je fus alors chargée de m’occuper des senseurs, car le jeune homme avait décidé de s’occuper de la tourelle. Je m’installais alors devant les panneaux de contrôle. En voyant tous ces écrans, je me sentis mal-à-l’aise ; allais-je réussir à comprendre ce qui se dressait devant moi ? Comprendrais-je le signal lorsqu’il y avait un danger ? C’était ce que nous allions voir !

[Yo,
je vous rassure, nous somme nous sommes dans Kingdom Hearts, donc nous ne verrons pas de trucs immondes ou trop réalistes 
Imaginez ce monde comme l’intérieur de Monstro ou le ventre de Jabu-Jabu (de Zelda Ocarina of Time)]




- C’est facile : le levier de gauche sert à faire pivoter la tourelle sur elle-même ; tu peux l’incliner vers la gauche ou vers la droite. Le levier de droite, quant à lui, sert à orienter le canon. Et pour tirer, c’est le bouton rouge situé juste sous ton pouce ! Pour recharger, c’est la pédale sous ton pied droit, expliqua joyeusement le Génie à Dmitrii.

Senjougahara, pendant ce temps, s’était approché de Naminé, laquelle semblait impressionnée par les écrans des senseurs.
- T’inquiète, c’est pas compliqué, lâcha-t-il en se glissant dans son dos. Là, t’as le radar : là, c’est nous. Ça, c’est dans notre dos. Tout en parlant, il désignait, du doigt, les différentes parties de l’écran. Quand tu vois un point lumineux, ça veut dire qu’on s’approche d’un truc. Ou qu’un truc approche. T’as juste à dire où il est sur l’écran. Là, par exemple, c’est en B-12. Là, en C-8. C’est comme une bataille navale. Si le point est super-gros ou qu’il s’amène trop vite, alors faut que tu réagisses vite. Et là, ça sert à avoir un visuel, pour voir précisément ce qui nous attaque. Tu vas voir, c’est tout con.
Il lui adressa un sourire maladroit, avant de filer au poste de commande.

Thème musical ♪ Inside the Princess:

Le vaisseau vrombit, vibra, puis s’élança à l’assaut de la princesse, plongeant les adolescents et le Génie dans un impressionnant couloir rose. Les parois, lisses et luisantes, avaient quelque chose d’aussi impressionnant qu’inquiétant. Senjougahara écarquilla les yeux, stupéfait. Et plus ils avançaient, plus l’adolescent se demandait ce qu’ils allaient bien pouvoir croiser dans cet endroit pour le moins étrange.

La réponse lui vint quelques minutes plus tard, lorsque les senseurs se tâchèrent  d’une myriade de petits points lumineux, lesquels filaient rapidement vers le vaisseau. Ces derniers semblaient venir tout droit de l’estomac. Aussi incroyable que cela pouvait paraître, le vaisseau était sur le point de se faire attaquer par des Sans-Cœurs.
Il n’était pas étonnant que la princesse fût malade, si son corps était infesté de créatures de Ténèbres.

Dmitrii prit le levier en main. Il remercia le Génie d'un signe de tête et se concentra sur son devoir.
"Comment tu t'la joues ! ricana un diable.
- Ça va, t'es pas trop dépaysé de devoir manier un truc de cette forme ? Hinhin... demanda le second en indiquant le levier d'un mouvement de menton.
- Haha, t'es con ! répondit Dmitrii, c'est cool quand même, comme technologie...
- Vas-y, bouge un peu les bidu..."
Le vaisseau fusa soudain à travers les couloirs rosés et luisants, empêchant le diablotin de finir sa phrase. Bientôt, le vaisseau approcha de l'estomac.
"Ça te dirait pas de tirer sur les parois, pour voir ce que ça fait ? proposa un diable.
- Hum... En même temps, ça risque de lui faire mal, à la princesse... Non ?"

Je ne pouvais détacher mon regard de ces nombreux écrans qui faisaient face à moi, me rendant encore on ne peut plus nerveuse que le moment où j'avais posé mon pied pour la première fois dans un vaisseau, ce qui datait d'il y a à peine quelques courtes minutes. J'avais placé mes mains sur chaque côté du siège sur lequel j'étais assise, et ne pouvais m'empêcher de serrer le plus fort possible, comme pour tenter de dégager cette nervosité.
J'eus un léger sursaut lorsque j'entendis la voix de Senjougahara, ce qui me fit tourner la tête en sa direction, ayant enfin réussi à détacher mon regard des écrans. Au moins, je me sentais moins oppressée à présent que je n'avais plus sous les yeux tout ceci. Enfin, cela ne dura qu'un court temps, car je devais de nouveau les observer, puisque le jeune homme me donnait des indications. A chaque fois qu'il bougeait son doigt en désignant ce qu'il y avait sur les écrans, je suivais son mouvement de la tête. Je faisais en sorte d'enregistrer tout ce qu'il me disait. Je hochais sans arrêt, cependant, je ne compris pas sa comparaison avec la "bataille navale". Qu'était-ce ? Je n'avais pas vraiment envie de lire dans les souvenirs de quelqu'un pour découvrir ce qu'était cette "bataille navale", donc, j'allais devoir me contenter de ce que je connaissais par moi-même !

Finalement, le vaisseau entra dans le corps de la Princesse, et je fus à la fois intriguée mais aussi effrayée par ce que je voyais. Tout en jetant quelques coups d’œil vers les senseurs, je regardais le paysage qui s'offrait à nous à travers les vitres du vaisseau. Alors, ça ressemblait à cela un corps humain ? Est-ce que le mien était semblable à cela malgré le fait que je ne détienne pas de cœur ?... Cela, je ne le saurais jamais...

Je centrais de nouveau mon attention sur les écrans et eus un grand sursaut lorsque je vis tous ces points s'afficher ! Je dis alors :

"Il y a une vague de choses qui approche dangereusement ! Vous les avez en vision ?"

Qu'était-ce donc tous ces points qui s'étaient mis à briller d'un coup et tous en même temps ?

- Il y a une vague de choses qui approche dangereusement ! Vous les avez en vision ? S’exclama Naminé.
- On dit « en visuel », Naminé, corrigea obligeamment le Génie. Mais oui, on les voit ! Escadron de Sans-Cœurs volants à midi !
- Trop cool !
- Euh, oui, c’est une façon de voir les choses, ma foi… répondit le Génie, indécis quant à la réaction à adopter. Dmitrii, feu à volonté quand tu le peux ! Et accrochez-vous… Le Génie serra sa ceinture, sous le regard extatique d’un Senjougahara surexcité. … J’amorce un virage.
Le vaisseau ne vira pas. Il se renversa complètement, secouant ses passagers, esquivant de justesse les Sans-Cœurs.
- Surtout, ne tire pas dans les parois, Dmitrii ! Fit alors le Génie. Chers passagers, je vous annonce que nous allons subir quelques à-coups…

Dmitrii jeta un coup d'œil rapide vers Naminé tandis qu'elle fixait les points lumineux sur l'écran. Le Génie donna l'autorisation au garçon de tirer sur ces nombreuses cibles mobiles. L'adolescent empoigna le levier de droite quand soudainement le vaisseau se renversa. Dmitrii, emporté, tira sur le levier, faisant se braquer le canon sur la paroi au-dessus de leurs têtes.
"Alors, tu le testes ? demanda un diable.
- Surtout, ne tire pas dans les parois, Dmitrii !"
Dmitrii jeta un regard au diablotin et haussa les épaules comme signe de résignation. Pas sur les parois en tout cas.
"Chers passagers, je vous annonce que nous allons subir quelques à-coups…"
Quelques à-coups, c'était peu dire. Le vaisseau dut zigzaguer entre des colonnes élastiques roses. Mais le Génie réussit rapidement à reprendre une conduite plus fluide une fois la zone passée.
Les Sans-Cœurs étaient à présent dans leur dos. Dmitrii saisit le levier de gauche, fit pivoter la tourelle et braqua ensuite le canon sur les créatures. Hinhin... Il commença à tirer sur leurs ennemis.
"J'suis plutôt doué, dis donc !" rit-il en dégommant les Sans-Cœurs les uns après les autres.
Le vaisseau arriva bientôt à un "carrefour". Le Génie prit à droite. Dmitrii, surpris par le virage laissa partir un tir sur une paroi.
"Merde, désolé !"
La paroi vibra et résonna quelques secondes. Le Génie jeta un regard de désapprobation au garçon aux cheveux blancs.
"On dirait qu'on approche du pancréas..."

"Oh ?... Pa-Pardon, je ne savais pas..."

Mais bon, au moins, maintenant, je ne pourrais plus faire l'erreur... Il y avait donc un vocabulaire aussi dans les vaisseaux ?... Décidément, tout ceci était bien trop compliqué pour moi ! Je ne serais jamais une bonne pilote de vaisseau ! Il valait mieux que je cède tout le temps ma place de conductrice aux autres pour éviter les accidents et autres genres !

Enfin, ce n'était pas le moment de penser à cela, surtout que tous ces points s'avéraient être une horde de Sans-Cœur. En entendant le Génie avertir qu'il allait faire un virage, je plaçais mes mains sur les deux côtés de mon siège pour m'y tenir très fort, en me calant bien au fond pour être certaine que je ne me ferais pas bêtement emporter avant de me cogner à une parois du vaisseau, malgré le fait que j'avais mis ma ceinture.

Lorsque le véhicule se retourna, je ne pus m'empêcher de lâcher un petit cri de surprise, serrant encore plus le siège ; on se faisait beaucoup secouer, tellement que cela me donna quelques tournis. Je jetais au passage un coup d’œil vers les écrans et vis que les points qui étaient apparus quelques instants plus tôt se faisaient de moins en moins présents. Je tournais alors la tête vers Dmitrii qui manipulait les tourelles. Il savait bien viser ! A sa place, j'aurais touché tout raté et la pauvre Princesse Jasmine serait dans un état plus grave par ma faute.
A présent, il n'y avait plus aucun point sur les senseurs. Et le vaisseau avait repris une trajectoire normale, ce qui fit que je me détendis et lâchais le siège que j'avais tenu de toutes mes forces depuis quelques bonnes minutes à présent.

D'après le Génie, nous arrivions au pancréas...
Je regardais silencieusement les senseurs en me demandant d'où provenait tous ces Sans-Cœur... Car c'était vraiment étrange ce genre de créatures se développer dans un corps humain ! Je n'avais jamais entendu une pareille chose et encore moins le voir, bien que maintenant, ce ne soit plus du tout le cas...

- J’aurais jamais cru que des Sans-Cœurs pouvaient apparaître dans un corps humain… fit alors Senjougahara, à voix haute.
- Ça n’est absolument pas normal, en fait. Mais ça pourrait expliquer en partie l’état de Jasmine, répondit le Génie.
- Et tu crois que c’est contagieux ? Je veux dire : si elle éternue et qu’elle crache des Sans-Cœurs sur la personne en face, elle peut être contaminée ?
- … Euh…
Ils ne purent poursuivre leur discussion, interrompus qu’ils furent par les senseurs, lesquels indiquaient que le vaisseau s’approchait d’un obstacle important. Ils tournèrent la tête et observèrent, médusés, le spectacle qui s’offrait à eux.

Thème musical ♪ Inner Palace:

Devant aux se dressait, aussi insolite que fier, un palais. Ce dernier ressemblait quelque peu au palais d’Agrabah, à quelques nuances près : les murs, de pastel rose, avaient été couverts de motifs complexes dorés et rouges. Les toits en forme de bulbes étaient émeraude et or. Le tout évoquait une immense sucrerie sophistiquée.
Senjougahara ne s’en remettait pas. Un palais, dans une princesse, dans un palais ! Peut-être y’avait-il même une princesse dans ce même palais, laquelle avait, en elle, un palais…
- Bon, je pense qu’il est temps pour nous de descendre, fit alors le Génie. Je crois savoir ce qu’il se passe. Ce palais n’a rien à faire là.
- On va s’y rendre ?
- Oui. Enfilez ces combinaisons : là où nous sommes, c’est-à-dire le foie, nous pourrons difficilement respirer. Et nous risquons d’avoir très chaud. N’oubliez pas que le corps humain est à 37°, et que la princesse a de la fièvre !

Les combinaisons en questions, légères et légèrement moulantes, étaient au nombre de cinq, chacune d’une couleur différente : il en avait une rouge, une violette, une bleue, une verte et une jaune.

Combinaisons:

Crées par la magie du génie, elles étaient faites pour s’adapter parfaitement à la taille de chacun, et étaient munies d’un casque de scaphandre et de bonbonnes d’oxygènes.
Senjougahara prit la rouge. Cette dernière s’avéra confortable et rafraîchissante. Il referma le scaphandre.
- ... Stylé.
Alors que les garçons se préparaient, le Génie se tourna vers Naminé :
- Ça ira, Naminé ? Je ne sais pas ce que nous allons rencontrer dans ce palais mais si tu ne veux pas venir, tu peux. Si, en revanche, tu souhaites venir, sache que tu peux te reposer sur nous. Senjou et Dmitrii sont… un peu turbulents mais loyaux.
Le Génie ne cherchait nullement à vexer Naminé, bien entendu ; mais il pressentait que la jeune femme n’était pas aussi bagarreuse que ces camarades.
- Dès que vous êtes prêts, faites le moi savoir, fit-il, cette fois à l'adresse du groupe entier.

Quand Senjou évoqua à haute voix le fait que des Sans-Cœurs vivaient ainsi dans le corps de la Princesse, Dmitrii se rendit compte de la situation. En fait, il avait du mal à réaliser qu'il était dans le corps de quelqu'un d'autre, c'est pourquoi la remarque de son compagnon aux cheveux miel le mit à l'aise. Il resta silencieux un moment, jusqu'à ce le Génie fit apparaître les combinaisons. Les pouvoirs du Génie ne cessaient de l'étonner. Le garçon tourna autour des combinaisons quelques secondes en se demandant laquelle choisir. Pas la rouge, en tous cas. On ne pouvait pas dire que Senjou... Pensait aux autres, tout simplement.
L'adolescent aux cheveux blancs se rendit soudainement compte de ce que venait de dire le Génie. 37°C... Et elle est fiévreuse... Dmitrii avait décidément du mal avec les températures élevées. Il appréhendait déjà la sortie du vaisseau. Il savait pourtant mieux que quiconque combien le froid pouvait être dévastateur, mais il préférait un froid sec à une chaleur humide. Il soupira, empoigna la combinaison bleue et l'enfila en s'étonnant de la fraîcheur qui l'envahit. C'est pas mal... Ça manque un peu de fourrure sur les épaules, par contre.
Il regarda Senjou qui avait déjà refermé son scaphandre. Tandis que le Génie s'entretenait seul avec Naminé, Dmitrii s'approcha de la combinaison rouge qui recouvrait complètement Senjou et tapota sa visière.
"T'as de l'air, là-d'dans ?" demanda-t-il.

En plus des Sans-Cœur dans le corps de la Princesse, chose déjà incroyable, il y avait un palais ! J'en demeurais bouche-bée, tellement j'étais impressionnée par ce que je voyais. Je n'étais pas en train d'imaginer ? Ce n'était pas un mirage venant de mon imagination délirante ? Non, cela ne semblait pas provenir de moi puisque mon entourage paraissait aussi voir ce bâtiment. C'était tout simplement incroyable, de la folie ! Enfin, quelque chose dans le genre quoi ! Je n'arrivais vraiment pas m'en remettre. Et dire que tous les médecins avaient cherché quelque chose de rationnel, en rapport avec la science, mais ce n'était pas du tout cela ! Ils étaient totalement à côté de la plaque ! C'était purement une histoire de magie, et en aucun cas scientifique !

Finalement, après un gros effort, je réussis finalement à recoller mes deux lèvres.
Ce fut alors que le Génie proposa de descendre... Aller... Aller hors du vaisseau ?... Directement dans le corps de la Princesse ?... Et il nous indiqua des combinaisons à mettre avant de sortir du véhicule.
L'être bleu s'adressa ensuite uniquement à moi. Il me proposa de rester ici si je ne souhaitais pas les accompagner. Mais dans le cas contraire, je pouvais toujours compter sur les trois... Je jetais un rapide regard vers les deux garçons qui avaient déjà pris leur combinaison. Je n'avais pas vraiment envie de demeurer ici, sagement, à attendre patiemment leur retour et puis... Ce n'était pas en restant en sécurité, isolée d'un quelconque combat que j'arriverai à m'améliorer et devenir plus forte ! Non, vraiment, rester dans le véhicule était la dernière des solutions. Je répondis alors d'une voix déterminée :

"Je viens avec vous. Je ne suis peut-être pas très forte en combat, mais je peux toujours aider avec ma magie !"

Enfin, j'espère... Finis-je dans ma tête. Je pris au hasard la première combinaison qui tomba sous ma main et se fut celle violette. Je pris du temps à l'observer un peu, à la tourner dans tous les sens avant de décider de l'enfiler, ce qui fut un grand combat pour moi. Je n'arrivais pas à comprendre où se trouvait le bout de la jambe. Mais finalement, après quelques petits efforts, je réussi enfin à être complètement dedans. J'étais finalement préparée. Je levais ensuite le casque au dessus de ma tête avant de la recouvrir avec, faisant bien attention à ce que mes cheveux ne soient pas pris. Au début, j'avais l'impression d'étouffée, mais cela n'était que de la panique venant de moi, puisque je réussis finalement à respirer correctement.

- Je viens avec vous. Je ne suis peut-être pas très forte en combat, mais je peux toujours aider avec ma magie !
Le Génie lui répondit par un grand sourire. Il ne connaissait Naminé que depuis une heure mais il éprouvait déjà beaucoup de sympathie pour la combattive et fragile jeune femme.
Pendant ce temps, Dmitrii semblait perplexe.
- T’as de l'air, là-d’dans ? S’enquit le polymrophe en tapotant, du doigt, la visière de Senjougahara. Pour toute réponse, le blondin referma le scaphandre de son interlocuteur sur sa figure.
- Mais bien sûr, qu’il y a de l’air ! Tu crois qu’elles servent à quoi, les bonbonnes dans notre dos ? Y’a plein d’air dedans ! Arrête de flipper, ricana-t-il.
- Les jeunes, il est temps d’y aller, fit le génie, ayant enfilé la combinaison jaune.

Si l’air était en effet chaud et humide dans le corps, le petit groupe n’en sut rien : les combinaisons aérées et rafraîchissantes leur évitait tout déboire. Le sol, élastique, rebondissait légèrement sous leurs pas.

En s’approchant du château, Senjougahara pu observer que les parois semblaient de la même matière que le sol. S’agissait-il là d’un château de chair ? L’adolescent préféra ne pas y penser.

Thème musical ♪ Inner Palace 2:

L’intérieur du palais était, à l’image du reste, richement décoré : les piliers étaient ornés d’arabesques travaillées, la voûte, de muqarnas élégants. Des mosaïques recouvraient le sol et les murs, colorées et soignées.
Et une présence puissante, oppressante, semblait avoir envahi les lieux.
Des Sans-Cœurs Ombres traînaient çà et là, désœuvrés.
- Soyez prudents, fit le Génie.
Senjougahara arma la Clé Ailée d’Or, qu’il avait passée par-dessus sa combinaison.

Mais les quelques Ombres croisées, bien que petites et chétives, s’avérèrent bien plus résistantes que celles que Senjougahara avait pu vaincre à la Cité du Crépuscule.
- Les ténèbres ambiantes renforcent les créatures de ténèbres, on dirait. Vous avez remarqué comme le palais ressemble à celui d’Agrabah ? La configuration est pratiquement la même. Je suis sûr que c’est la salle du trône, là-bas.
Le petit groupe s’approcha de la « salle du trône ». Les Ténèbres y semblaient plus puissantes que n’importe où ailleurs. Peut-être allaient-ils enfin connaître la cause de la maladie de la princesse…

Si les couloirs étaient absolument splendides, ce n’était rien en comparaison de la salle du trône. L’intérieur ployait sous le poids du luxe et de la richesse. Outre les ornements, les mosaïques et les décors en filigrane sur les murs, la salle regorgeait également d’objets insolites : paravents ornés de fleurs et de guerriers armés de sabres fins, vêtus de tuniques longues et coiffés de chignons, vases dont la beauté n’avait d’égal que leur fragilité, sculptures d’ambres diverses et variées, miroirs finement ciselés, coquillages et coraux aux couleurs chatoyantes.
Et, au milieu de toute cette abondance, vautré sur un matelas de coussins de soie colorée, les attendait un homme. La peau cuivrée, les cheveux bleus comme une nuit étoilée, vêtu à la manière d’un sultan, paré de bijoux, il savourait avec un mépris digne des plus beaux clichés de méchants une grappe de raisins.
- Bonjour, leur dit-il d’une voix suave, en tournant vers eux ses yeux entièrement noirs.
- Saphir ? Hoqueta le Génie, surpris.
- Ça doit bien faire dix millénaires qu’on ne s’est pas vus, Génie. Et tu n’as pas changé, à ce que je vois.
- Toi, par contre, tu n’avais pas ce drôle de regard...
- Tu nous présentes ? Coupa alors Saphir, en dardant son regard noir et avide sur les adolescents.
- Euh… Saphir, voici Senjougahara, Dmitrii et Namine. Les enfants, voici Saphir. Un Éfrit.

"Mais bien sûr, qu’il y a de l’air ! Tu crois qu’elles servent à quoi, les bonbonnes dans notre dos ? Y’a plein d’air dedans ! Arrête de flipper !"
Dmitrii ouvrit la bouche pour sortir un truc du genre "Mais euh !" mais il fut coupé par le Génie. Ce qui n'était pas une si mauvaise chose, après réflexion, vu l'éloquence de la réplique.
"Les jeunes, il est temps d’y aller."
L'adolescent aux cheveux blancs fut surpris que l'être bleu parvînt à entrer dans la combinaison... Qui lui donnait une dégaine particulièrement... Comment dire ? Retiens-toi de rire, retiens-toi de rire, bon sang ! pensait le garçon.
Le groupe entra dans le palais, à l'affût. Dmitrii resta sans voix face à la richesse qui s'étalait devant eux.
"C'est un peu trop, tu trouves pas ? dit un diablotin d'un ton sarcastique.
- Trop de fric tue le fric... renchérit le second.
- Et dire qu'on est dans un corps humain... murmura Dmitrii en effleurant un ornement sur un mur.
- Je me sens mal à l'aise, tout brille trop, ici !
- Dis-toi que tout est factice...
- On est pas seul..."
L'adolescent jeta un regard derrière lui. Ça pue les Ténèbres à plein nez, là-d'dans. Et certains en profitent, pensa Dmitrii en apercevant les Sans-Cœurs qui emplissaient le lieu richement décoré. Le Génie confirma vite ses pensées.
Puis, le groupe se rendit dans la salle du trône qu'avait indiquée l'être bleu. La richesse y était encore plus arborée, sous diverses formes. Dmitrii était dégoûté. Il avait beau savoir que tout cela était superficiel, créé par magie, il ne pouvait s'empêcher de penser à tous ceux qui vivaient dans la misère pendant que certains se roulaient sur des tonnes d'or qu'ils gagnaient au prix de la souffrance des autres. Certes, il venait d'une famille noble, mais ça ne l'empêchait pas de compatir. D'autant plus que sa famille restait sobre malgré cette noblesse. De plus, son père lui avait toujours donné un exemple froid mais juste dans son comportement avec ses domestiques et plus largement les paysans qui travaillaient pour lui. Alors voir ce gars bouffer du raisin avec la plus grande des nonchalances dans une salle bourrée de pierreries, d'or, de soie, etc., ça me file envie de gerber.
Le Génie s'adressa à l'homme en question comme s'il le connaissait.
"Ça doit bien faire dix millénaires qu’on ne s’est pas vus, Génie. Et tu n’as pas changé, à ce que je vois."
Dmitrii écarquilla les yeux sur ces mots. Le Génie a... plus de dix millénaires ?
"Toi, par contre, tu n’avais pas ce drôle de regard..."
C'est vrai que les yeux de l'homme étaient totalement noirs. Ce qui était somme toute assez dérangeant...
"Euh… Saphir, voici Senjougahara, Dmitrii et Namine. Les enfants, voici Saphir. Un Éfrit."
Dmitrii regarda plus attentivement Saphir.
"Heum... C'est quoi un Éfrit ? demanda un diable sur l'épaule de Dmitrii.
- C'est pas une façon de cuisiner la pomme de terre ?
- Ça m'étonnerait ! ricana le second diablotin.
- Ah ouais ? Combien tu paries ? pensa Dmitrii, agacé par son double miniature.
- Tout ce que tu veux !
- Tu vas voir ! pensa le garçon. Il dit soudain à haute voix : c'est quoi un Éfrit ?"

En posant le premier pas hors du vaisseau, je me sentis mal-à-l'aise. Enfin, il fallait tout de même avouer, que ce n'était pas quelque chose de commun de marcher dans le corps d'un être vivant ! C'était même rare ! Je ne connaissais personne qui avait déjà fait ce genre "d'exploration", on va appeler cela comme ça... Et puis savoir que je mettais mes pieds sur de la chair humaine... Rien que d'y penser, j'avais des frissons de partout. Mais en me concentrant plus sur ma mission, je réussis me détendre légèrement, malgré le fait que tout ceci était vraiment malsain pour moi. Je suivis donc les trois autres en regardant de tous les côtés, me méfiant de ce qui pouvait nous tomber dessus. Après tout, il y a quelques instants plus tôt, nous avions été attaqués par des Sans-Cœur, je ne voyais pas la raison pour laquelle il n'y en aurait plus tout simplement parce que nous étions hors du vaisseau à présent.

Nous entrâmes dans un palais qui semblait être fait de la même matière que l'intérieur du corps de la malade... Je me retins de faire une grimace en y entrant. Enfin, l'intérieur était tout de même très impressionnant. D'ailleurs, le Génie fit remarquer que cette demeure était une exacte copie de la demeure royale d'Agrabah. En y regardant de plus près, je remarquais, effectivement, les similitudes entre les deux, ce qui était vraiment impressionnant.

Tout en marchant dans les couloirs richement décorés, je demeurais sur la posture défensive. Je ne voulais vraiment pas me faire avoir. Je ne désirais pas être le maillon faible de l'équipe et devenir une demoiselle en détresse, stéréotype des jeunes filles. Dans ce cas-là, autant restée avec les médecins.

Et il semblerait que j'avais bien fait d'agir ainsi car des créatures de Ténèbres se dressèrent sur notre route. Et le proverbe disant que l'habit ne faisait pas le moins pouvait parfaitement convenir à la situation actuelle car malgré le physique de nos adversaires, ils étaient beaucoup plus puissants qu'ils ne laissaient paraître, et cela devait sans doute être dû au fait que la Princesse avait des Ténèbres présentes en elle, et cela ne nous aidait pas vraiment.

Une fois débarrassés de tous, nous débouchâmes dans la salle du trône du palais et je fus surprise d'y voir quelqu'un, tranquillement installé, dans une posture arrogante qui ne me plaisait guère. Il devait avoir un égo surdimensionné... Même si j'avais l'impression que j'étais quelque peu impressionnée par le physique de la personne qui se tenait en face de nous, je n'y montrais rien, gardant un visage neutre, seuls mes sourcils fronçaient légèrement. Si je ne faisais pas paraître mes émotions, cela ne dévoilerait pas mes faiblesses, car je pouvais être facilement impressionnée...

Le Génie et l'inconnu se connaissaient en tout cas... Le premier nous présenta le second tout en indiquant qui nous étions. Saphir... Un... Éfrit... Je réfléchis quelque peu à ce que cela pouvait être... D'ailleurs, Dmitrii posa la question à voix haute. Pour ma part, je continuais de me ménager. Cela devait sans doute être une créature surnaturelle et invincible comme le Génie. De plus, il paraissait vraiment puissant... Il dégageait quelque chose que je n'aimais pas. Malgré le fait que j'étais quelque peu intimidée, je ne baissais pas les yeux et fixais intensément ce Saphir.

"Ce... Ce ne serait pas un genre de... Créature puissante et plutôt de caractéristique... Mauvaise ?..."

J'avais dit cela d'une si petite voix que sans doute que personne ne m'avait entendue. De toute façon, cela était préférable car j'avais parlé à voix haute alors que j'étais encore plongée dans mes réflexions.

- C’est quoi un Éfrit ? Questionna Dmitrii.
- Ce… Ce ne serait pas un genre de… Créature puissante et plutôt de caractéristique… Mauvaise ? Murmura Naminé de façon si inaudible que personne ne fit attention à elle. Senjougahara lui coupa carrément la parole :
- Aah, c’est un démon du feu, non ?
- Pas exactement, répondit l’intéressé en se redressant sur son sofa. Disons que vous avez un peu raison tous les deux. Il adressa un regard appuyé à Senjougahara et Naminé. Il les avait très bien entendus tous les deux. Nous autres Éfrits sommes des Djinns, des esprits dotés de pouvoirs cosmiques phénoménaux ; nous sommes généralement affiliés au feu, en effet… Alors qu’il prononçait ses paroles, une aura puissante et destructrice se répandit dans la pièce telle une ombre menaçante et oppressante. La pierre noire qui ornait son front émit un éclat froid. Saphir poursuivit : … et nous avons la réputation d’être « de caractéristique mauvaise », comme tu le dis si joliment ; mais, personnellement, je préfère dire que nous n’avons pas la même vision du bien et du mal que vous-autres mortels. C’est plus correct et moins insultant.
- Hm, et du coup, commença le Génie sur le ton de la conversation, en parlant de « Sultan », c’est un superbe palais, ce que tu as là ; tu as emménagé il y a longtemps ?
- Oui, n’est-il pas splendide ? Et si confortable. J’y vis depuis une petite semaine et je crois bien que je vais y rester pour toujours…
- Ah, oui, mais en fait, il y a un problème, vois-tu ; en fait, ta présence est néfaste pour la princesse Jasmine d’Agrabah.
- Dommage pour elle.
- Tu ne vivais pas dans un anneau, avant ?
- Si, si, fit Saphir en montrant son index gauche : ce dernier était orné d’un bel anneau d’or ciselé. Mais je suis mieux installé ici : il fait bon, il fait chaud… Et puis, une princesse, c’est tellement luxueux...
- Tu ne peux rester ici, Saphir. La princesse en souffre. Je sais que tu n’as jamais été très intéressé par le sort des humains mais là, il me semble que tu en fais un peu trop.
- Oui mais je n’ai aucunement l’intention de partir, fit alors Saphir en se levant. L’onyx sur son front et ses yeux entièrement noirs renvoyèrent un reflet glacial. Ne gaspille pas ta salive, Génie, si ce n’est pour me raconter tes aventures au cours de ces derniers millénaires. Ayant prononcé ces paroles, l'Éfrit se servit une coupe de vin. Voulez-vous boire quelque chose ? Sa voix était toujours aussi suave et pourtant, elle avait la teinte froide et tranchante d'une lame délicatement passée sur la gorge.

Dmitrii laissa échapper un "Merde !" tandis que Saphir lui expliquait ce qu'il était.
"T'as perdu ton pari ! rit un diable sur son épaule.
- Et t'avais bien parié "tout ce que JE veux", nyark nyark...
- Ouais, ben, pas n'importe quoi quand même, hein...
- On va faire ça sous forme de gage, ce sera plus drôle ! Alors, qu'est-ce que tu vas bien pouvoir faire ?"
Dmitrii balaya sa clavicule et écouta plus attentivement l'Éfrit qui louait sa nouvelle demeure.
"Rah, arrête de me balayer comme ça d'un revers de main ! C'est même pas intéressant, ce qu'il dit, l'autre, là, c'est un vieux monologue moisi de méchant !
- Rah, arrête de râler, c'est imp..." Dmitrii se figea soudainement. La pierre sur le front de Saphir avait eu l'espace d'un instant un reflet particulièrement troublant et effrayant. L'adolescent aux cheveux blancs frissonna. Il suinte les Ténèbres ce caillou... Il observa le Djinn tandis que ce dernier versait du vin dans une coupe.
"Tu crois que le vin est fait à partir du sang de la Princesse ? demanda Dmitrii à l'un des diablotins.
-Naon, ça doit être de la pisse de la Princesse !
- Pfrrt, t'es con ! ricana l'adolescent.
- Demande-lui !
- Hum... Il sort d'où ce... cette boisson ? demanda Dmitrii à haute voix.