Présentation de Ventus

Ventus Higeki

Un sourire radieux qui fait pétiller des yeux bleus ciel, des joues légèrement rosies par la joie, Ventus a beaucoup de traits d’un enfant. Pourtant, ce n’en est plus un. Depuis longtemps. Sous ces airs niais, il fait petit garçon de moins de dix ans, mais lorsqu’il prend des airs sérieux, il sait avoir le regard grave et lui donne tout de suite des âges plus proches du jeune majeur que du gamin insouciant. Ven est ainsi fait. On ne peut rien y changer. Il laisse souvent ses cheveux se faire pousser par le vent sans agir. D’après une légende urbaine, sa coupe improbable proviendrait d’un quotidien que le blondin qu’il est a rapidement adapté : tous les matins, il se lève et va voir ses amis qui lui ébouriffent les cheveux en signe de salut ainsi que son maître et tuteur. C’est ainsi qu’il se retrouve avec des mèches qui partent dans tous les sens. Mais encore une fois, ce n’est qu’une rumeur. Ventus porte beaucoup de vert sur lui. Ce serait même la couleur qu’on lui associerait. Allez savoir pourquoi il porte cet amour pour cette couleur ! Peut-être qu’il est un peu trop superstitieux et qu’il souhaite que la chance lui sourit ? Auparavant, Ventus portait une tenue digne d’un guerrier redoutable, enfin… difficile de considérer le blondin de si terrifiant avec ses expressions faciales reflétant une joie d’enfant innocent. A présent, de simples sweat vert, jean et baskets lui conviennent parfaitement. Certes, des vêtements stéréotypes d’un adolescent lambda, mais le jeune homme souhaite simplement être le plus à l’aise dans ses baskets – sans mauvais jeu de mots –. S’il porte une capuche sur la tête à en couvrir ses yeux, cela signifie souvent qu’il est plongé dans ses pensées et dans ces moments-là, il vaut mieux le laisser cogiter dans son coin seul. Lorsqu’il se balade dehors sans réel but à cette sortie au grand air, il a ses mains dans la poche de son sweat. Un détail qui semble quelque peu banal mais souvent, Ven fait cela pour cacher son embarras ou son intimidation. En effet, dans cette grande poche, le garçon entrelace sans cesse ses doigts afin de se détendre le plus possible. Ou alors, s’il fait cela dans un monde qu’il connaît, c’est simplement parce qu’il n’aime pas laisser ses bras pendre le long de son corps. Il trouve que c’est un poids insupportable en plus d’un autre. On peut aussi noter qu’il porte toujours son bracelet à carreaux noirs et blancs.

Lorsqu’on voit un blond aux yeux bleus avec un petit sourire, on se dit que ce garçon est niais et naïf, qu’il est chétif et trop innocent pour vivre dans un monde si cruel. Cela pourrait bien être le cas de Ventus. Seulement, ce sourire que vous critiquez tant est tout au contraire sa force. Ven sourit. Il sourit pour les autres. Il reste optimiste pour ceux qui désespèrent. Il souhaite rendre tout le monde heureux. Personne ne mérite d’être triste. Personne très gentille et de nature curieuse, il aime passer du temps avec autrui. Décrit comme courageux, le jeune homme fait preuve d’un grand sens du sacrifice, n’ayant pas peur de mettre sa vie en jeu pour celle de ses proches, s’énervant rapidement lorsqu’on leur fait du mal. Mes amis sont ma force, et moi la leur ! Un digne héros de Manga Shônen, n’est-ce pas ? Pourtant, le blondin est bien plus qu’un cliché. Il lui arrive souvent de douter de lui, de se poser mille et une questions, de remettre ses choix en cause. Il est effrayé à l’idée de faire des erreurs qui peuvent mener ses amis dans des mauvaises impasses. Très impulsif, il regrette souvent ses gestes et ses paroles. Mais tout cela, il le garde derrière un doux sourire et des paroles rassurantes auprès des personnes qu’il aime. Il souffre. Mais il se tait. Il écoute les autres. De quoi a-t-il si mal ? De son propre cœur. Il lui déchire la poitrine, lui fait cracher du sang, lui provoque des larmes, l’étouffe. Il ne peut combattre ces douleurs. Alors il sourit et rit. Tout va bien. Ce n’est que mensonge. Et tout le monde n’y voit que du feu car jamais Ventus n’a montré un visage déformé par ses blessures. Il se relève. Il marche. Seul. Il est entouré. Mais c’est surtout la solitude qui pèse sur ses épaules. Il s’isole. Il s’est toujours isolé. Personne ne le connaît vraiment. Pitié, ne faîtes pas ça Maître ! Je ne suis pas assez fort ! Ven se considère faible. Il pense qu’il n’est pas digne de porter cette Keyblade qui l’accompagne depuis tant d’années. Le moindre mouvement raté peut condamner ses amis à un sort qu’il voulait à tout prix évité. Jamais il ne s’est confié, et jamais il ne se confiera. Il ne veut pas s’attirer la pitié des autres sur lui. Il désire simplement que ses amis restent auprès de lui afin de lui donner cette force que, seul, il ne détient pas. Parfois, il se demande s’il ne devrait pas vivre dans la plus profonde des solitudes afin de devenir plus puissant et mieux protéger ces personnes qui lui ont donné autrefois le pouvoir de tout affronter. Sans eux, Ven n’a plus aucune raison à vivre. C’est pour cela qu’il souhaite les garder autour de lui, malgré le fait qu’il ne se confie jamais à eux, afin de continuer d’exister, espérant que personne ne l’oublierait.

Choisir l’isolement ou l’accompagnement ? C’est encore un choix que Ventus a du mal à faire.

‘Le noir. Le noir total. Ce ne sont pas des Ténèbres. Non. C’est bien pire. C’est la fin. Elle est venue trop vite. Tout s’achève. Là. Dans cet aveuglement. Je ne pourrais plus rien voir. Je n’ai pas pu leur dire adieu. Je les ai laissés… Je l’ai affronté… pour la dernière fois… J’ai lu dans son visage toute la détresse et le désespoir. Il n’avait rien demandé. Il faisait simplement ce qu’on lui demandait de faire. Il n’avait pas d’autre choix. C’était sa destiné d’après l’autre. J’ai regretté ce combat. Je voulais le retenir, mais, je me suis souvenu pour quelle raison nous nous sommes affrontés. Je ne peux pas forger cette arme. Ce pauvre garçon. Il est moi. Je suis lui. Et nous nous sommes détruits tous les deux. Qui a gagné au final ? Personne. Nous avons tous les deux perdu. Nous n’avons pas cherché à nous comprendre, nous nous sommes simplement bagarrés… à cause de lui.

J’ai vu la lueur dorée de son regard s’éteindre à petit feu tandis que ses bras gesticulaient devant cette arme qu’il tentait de reprendre, dans le maigre espoir de réaliser cet unique but dans la vie. Je l’ai regardé. Je n’ai rien fait. Je ne pouvais pas agir. Et il a disparu. J’ai souri faiblement. Ça allait être mon tour. J’allais le rejoindre. J’ai peur. Je ferme lentement les yeux. Si seulement le sentiment de liberté pouvait m’accompagner à ce moment-là. Malheureusement, c’était le sentiment contraire. Ma prison. Je deviens ma propre prison. Ma propre fin. Je me suis arraché les entrailles pour mes amis. J’ai ressenti des vagues de désespoir émanant de deux cœurs. Le premier était ma moitié, et le second celui d’une amie qui ne ressentait que rancœur envers nous. A ces deux-là… ces deux proches que je chérie. Je voudrais leur dire :
Je suis désolé.’




Terra, Aqua… Deux prénoms. Ce fut la première chose que le jeune Ventus retint. Mais pas l’unique. Totalement vide de toute vie, ses yeux bleus fixaient un point que personne n’était capable de deviner. S’il paraissait totalement impassible devant ces deux personnes qu’il venait de rencontrer, au fond de lui, c’était de la souffrance.

‘Pourquoi ai-je tant mal ? J’ai l’impression d’être déchiré. On m’a enlevé la moitié de moi-même. Où est-elle ? Je veux la retrouver.’

- Je m’appelle Terra. Et toi ?

Le gamin avait la tête baissée. Il ne prit pas la peine de la redresser pour regarder son grand interlocuteur aux longs cheveux châtains, presque bruns. Il abordait un doux sourire. Le petit, inexpressif, répondit après un court moment de silence la seule chose qu’il savait de lui :

- Ventus.

Son propre prénom. Ce qui lui donnait une identité propre. Le reste à propos de lui n’était que poussière qui s’envolait dans le vent. Ironie du sort.

- Aqua ! Viens !

Une douce femme dont le bleu dominait son allure jusqu’aux cheveux débarqua, heureuse à l’idée de se faire un nouvel ami. Elle et ce Terra paraissaient proches. Bien trop proches au goût de Ventus qui se tut.

- Salut ! Je m’appelle Aqua !

Le début d’une amitié. Le début de la vie de Ventus qui se fit rapidement surnommé Ven. Il prit connaissance d’un homme au visage défiguré par deux cicatrices. Eraqus. Une bonne connaissance de l’homme que le blond avait suivi aveuglement. Le garçon eut le droit à une visite des lieux et découvrit sa chambre. Une petite salle intime où il irait se réfugier pour tenir un tête-à-tête avec lui-même.

Le temps s’écoula doucement. Ven se découvrit peu à peu une personnalité enjouée, dynamique, enfantine, curieuse et joueuse. Il grandissait lentement mais sûrement entouré de ses deux amis. Et ce petit trio finit par s’agrandir à l’arrivée d’une demoiselle aussi blonde que le garçon avec des yeux d’été. Yûki. Rapidement, les deux jeunes enfants devinrent proches. Trop proches sans doute pour les autres résidents du château de la Contrée du Départ. Réalisant bêtise sur bêtise, ces deux éléments perturbateurs créaient bien du souci pour leur entourage, mais dans le fond, c’était amusant. Sauf quand le tuteur débarquait, séparant alors les deux têtes blondes pour un petit moment avant qu’ils ne se retrouvent pour recommencer.

C’était là des instants d’innocence, de bonheur et de partage.

Toute chose a une fin.

Une nuit comblée d’étoiles. Ventus allongé dans son lit, la tête ailleurs. Il faisait une mine triste. Il avait mal au cœur. Encore. Il sentait quelque chose qui n’allait pas chez lui… Sans doute cette partie qui lui manquait depuis tant d’années à présent. Il se redressa difficilement avant de jeter un furtif coup d’œil sur sa grande fenêtre, dans le vain espoir de se changer les idées. Son regard bleu se posa soudainement sur une étoile filante. Un fin sourire se dessina sur son visage d’enfant. Etait-ce synonyme d’un futur radieux ? Il y croyait fort.  Il s’écria avant de sauter de son lit et se précipiter dehors. Il courait à toute allure dans le château et une fois dehors, il prit le temps d’admirer le ciel. L’éclat des étoiles se reflétèrent dans ses yeux. Il eut un triste sourire sur le visage avant de reprendre sa course folle. Une fois arrivé à un point stratégique, en hauteur, il s’exclama devant la beauté du paysage. Il finit par s’allonger par terre, près du rebord de la plaine.

- Pourquoi ça me paraît familier ?

Les paupières lourdes finirent par endormir le blondin.

Le réveil fut quelque peu difficile. D’autant plus qu’il se demandait comment il avait trouvé le sommeil si facilement. Il se redressa, bâilla un bon coup en s’étirant avant de reposer sa tête sur le sol. Soudain, surprise ! Aqua se tenait juste au dessus de lui. Pris au dépourvu, Ven ne put que lâcher un cri dans un bond avant de se tourner vers son amie.

- Tu m’as fait peur, Aqua !
- Ven ! Tu dormais encore ?

La douce ambiance calmait Ventus qui souriait. Alors que les deux observaient les étoiles, le blondin posa une question qu’un certain châtain répondit en débarquant. Terra venait d’arriver. La discussion accentua lorsque les deux garçons échangèrent. Aqua ne put s’empêcher de les comparer à des frères ce qui amusa tout le monde. Ven se mit alors à penser à celle qu’il considérait comme sa Jumelle. Cette dernière finit par montrer le bout de son nez à son tour. Le blondin songea à toutes les histoires qu’ils avaient créées à cause de leurs bêtises et également cette crainte de Yûki envers Eraqus. Il secoua la tête. Il ne devait pas songer à cela. D’autant plus, que le lendemain serait le grand jour. En effet, Aqua et Terra étaient en âge de passer l’examen de symbole de maîtrise pour devenir des Maîtres de la Keyblade, un rôle honorifique pour lequel tous s’entraînaient depuis qu’ils étaient sous la tutelle d’Eraqus qui était presque un père pour eux. Enfin… c’était plus le cas pour Aqua et Terra. Yûki et l’intéressé semblaient avoir pas mal de différent et Ven ne pouvait s’empêcher de ressentir une terrible inquiétude lorsque le regard acier de son Maître se posait sur lui. Il ignorait pour quelle raison il ressentait une telle crainte mais c’était ainsi.

Des Eclaireuses. Une promesse d’amitié éternelle. Une pluie d’étoiles. Quatre amis. Une dernière nuit sous un même ciel.

Le Jour J. Ventus ne se sentait pas vraiment bien. En effet, il avait entendu dire qu’un ami d’Eraqus allait venir. Maître Xehanort qu’il s’appelait. Un nom qui provoquait une étrange et terrible douleur pour le blond. Assis sur son lit sur ses genoux, il observait dehors. Il remarqua soudainement la présence de l’invité. Pendant une fraction de seconde, Ven avait cru voir quelqu’un d’autre avec lui mais ce n’avait été qu’une silhouette qui avait rapidement disparu. Le garçonnet se sentait mal-à-l’aise. Son cœur s’agitait trop dans sa frêle poitrine. C’en fut trop lorsque le regard doré du vieillard se posa dans les yeux bleus de Ventus qui crut que son organe vital allait s’arrêter. Il s’affala sur son lit, ses mains réunis sur son torse, serrant les paupières. Pendant quelques instants, il demeura ainsi jusqu’à ce que la cloche raisona dans le château. L’heure de l’examen avait sonné. Après quelques secondes de dernières agonies, le garçon réussit à se redresser et se précipita dans la salle principale où Aqua et Terra allaient obtenir tous deux leur symbole de maîtrise.

Ventus sentait un étrange regard sur lui, tandis qu’il se tenait sur le côté de la grande salle, ses deux amis faisant face aux trônes. Yûki manquait à l’appel. Le blondin osa tourner ses yeux vers les sièges et il put y voir Xehanort. Un immense frisson parcourut tout son corps, tandis que son visage se baissa à nouveau. Son cœur battait fort dans sa poitrine. D’autant plus qu’il avait l’impression de ressentir quelque chose… Non pas quelque chose de désagréable… A vrai dire, c’était plutôt rassurant. Une présence… Une présence qui lui manquait tant.

Cependant, cette douce sensation agréable s’arrêta lorsque Yûki arriva enfin. Ven lui afficha un sourire, malgré cette douleur incessante qui grandissait toujours plus à force que le regard doré de Xehanort pesait sur lui. Il décida de ne plus y prêter attention lorsqu’Eraqus arriva, bien qu’il ne pouvait ignorer l’agonie. Sa presque Jumelle finit par partir tandis que l’examen commençait à peine. Le garçon s’inquiétait beaucoup pour la blondinette qui s’enfuit. Et l’examen ne se déroulait pas comme prévu. En effet, les boules de Lumière invoqués par Eraqus s’affolèrent comme possédées par les Ténèbres. Cela fit paniquer tout le monde. Ven décida de prêter main forte à Aqua et Terra, bien que ce n’était pas son combat. Suite à ce petit incident, les deux élèves s’affrontèrent dans un combat à la Keyblade. Ventus observait grandement ses amis, pensant également à Yûki mais aussi, en sentant que Xehanort paraissait obsédé par les agissements de Terra. Au final, le rideau tomba : Aqua devenait Maître, mais Terra, ayant laissé les Ténèbres prendre le dessus sur lui, n’en avait pas le droit. Blessé, il décida de fuir, malgré les tentatives désespérées des deux autres pour le consoler.

Ventus alla à son tour se réfugier dans sa chambre, pris d’une certaine envie de vomir tous ces sentiments étranges qu’il n’arrivait pas à canaliser. Une fois au calme dans la pièce la plus intime de tout le château, il s’installa sur son lit, observant le plafond. Il tenait une arme de bois. Il s’agissait de la Keyblade d’entraînement de Terra qu’il lui avait offerte quand le blond ne pouvait pas encore invoquer son arme. C’était un cadeau précieux pour lui. Soudain, la cloche retentit à nouveau. Etonné et curieux, il se redressa et se dirigea vers la sortie lorsqu’une voix le retint.

- Dépêche-toi, Ventus…
- Hein ? Qui es-tu ?
- Ou tu ne reverras jamais Terra.
- Hein ? C’est quoi cette histoire ? Je peux voir Terra quand je veux.
- Comme maintenant ? Il s’en va, tu sais. Et quand tu le retrouveras il aura changé.
- Écoute, je ne sais pas qui tu es, mais tu ne connais pas Terra. Lui et moi, on forme une équipe. Tu me cherches ou quoi ?
- Grandis un peu. C’est ça pour toi, l’amitié ? Tu ne sauras jamais la vérité si tu ne vas pas voir par toi-même. Que vas-tu apprendre si tu restes coincé ici, cantonné à ce qu’il y a dans ton petit monde ?

Ventus ne comprenait plus rien. Il avait la sensation de connaître ce garçon qui se tenait face à lui, dans sa chambre, le visage camouflé sous un casque. La sensation agréable de tout à l’heure lui revint. Seulement, les paroles de l’inconnu perturbaient trop le pauvre blond qui n’arrivait plus à réfléchir. Comment cela Terra allait changer ? Non. Impossible. C’était son meilleur ami. Ven regarda, totalement déboussolé, l’intrus qui ouvrit un passage pour s’en aller. Troublé, le blond hurla le prénom de l’homme qui l’avait pris sous son aile. Il fonça en dehors de sa chambre et gravit à toute vitesse les escaliers. En face, Terra. Celui-ci se retourna lorsque le plus petit l’interpela et tenta de parler.

- Tout va bien.

Le coupa-t-il en lui ébouriffant gentiment les cheveux. Ventus n’arrivait même plus à trouver les mots, il ne savait plus ce qu’il voulait dire, il avait tout oublié. Il regarda alors son ami invoquer son armure et disparaître dans un portail, transformant alors sa Keyblade en véhicule volant sous l’admiration du blondin. Bien décidé à ne pas voir Terra changer, il utilisa sa propre armure pour la toute première fois et se mit à la poursuite de son meilleur ami, les paroles de l’inconnu raisonnant à nouveau dans sa tête, ignorant celles d’Aqua qui lui recommandait d’attendre.



Pour la première fois de sa vie, le blondin put explorer des nouveaux Mondes, connaître de nouvelles personnes et découvrir des choses qui lui étaient jusque là inconnues. Il ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller, tout en recherchant son ami, et tentant d’éviter les conseils d’Aqua qu’il rencontra dans le Domaine Enchanté. Il ne pouvait abandonner Terra. Pas après ce que cet étrange garçon lui avait dit. Cela lui arrivait également de songer à Yûki. Il n’avait plus revu celle-ci depuis l’examen du symbole de maîtrise. Il espérait qu’elle allait bien. Pourtant, au fond de lui, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine crainte pour elle et une terrible inquiétude quant à son sort. Il était presque certain que quelque chose lui était arrivé.

Ventus se baladait dans les Entrechemins, la tête ailleurs, lorsqu’il vit une silhouette lui passer devant. C’était lui ! Le garçon au casque ! Il le narguait même ! Cela frustra le blond qui se dit qu’il devait avoir un tête-à-tête à nouveau avec ce mystérieux inconnu pour apprendre plus sur cette histoire de changement chez Terra. Il se décida de le poursuivre, ne se doutant de rien, fonçant aveuglément, guidé par ses instincts, mais également, conduit par un désir étrange. La sensation douce et agréable était de nouveau là. Pour la troisième fois…

Ven posa ses deux pieds dans une longue chute sur un sol aride. De la poussière entra dans ses yeux, ce qui le fit pleurer. Il maudit ces tempêtes. Son cerveau lui brûlait un peu le crâne. Non pas à cause du soleil ardent qui tapait juste au dessus de sa tête. C’était tout autre chose. Quelque chose d’indescriptible. Et… il y avait… une présence encore plus troublante. Yûki ?! Seulement, le pauvre était terriblement troublé à l’idée de retrouver le garçon casqué qu’il n’arrivait plus à mettre ses idées en place et savoir où mettre les priorités.

- Où se cache-t-il ?

Lâcha vainement Ven, cherchant sur place l’inconnu. Il sentit quelque chose derrière lui. Ou plutôt quelqu’un. Vivement, le blondinet se retourna pour faire face à ce garçon qui l’intriguait tant. Sans aucun doute perturbé par tout ce qu’il se passait autour de lui, Ventus lâcha la première chose qui lui venait, animé par une certaine impulsivité due à sa désorientation et son agacement, tandis que l’autre en face était tout à fait calme.

- Bon ! Pourquoi t’as dit que Terra aurait changé ?
- C’est pourtant clair, idiot. Le Terra que tu connais aura disparu pour de bon.
- C’est complètement ridicule !
- Ridicule… ou vrai.

Ventus n’arrivait plus à se calmer. Il était à bout de nerf. Seulement, toute sa tension chuta lorsque l’inconnu leva son bras, invoquant alors une Keyblade. Intéressé, intrigué, inquiet, le blond ne put que fixer cette arme qu’il détenait également, sans aucun doute surpris par le fait que son adversaire soit propriétaire d’une clé. Cependant, se rappelant de la situation et des paroles de l’intéressé, il prit en main sa propre Keyblade, déterminé à le vaincre si c’était ce qu’il voulait.

- Bien. Voyons ce que tu as dans le ventre.

Le combat était très intense. Tous deux avaient une grande puissance et une bonne maîtrise de la Keyblade. Cependant, Ventus avait un gros désavantage par rapport à son adversaire : il n’était pas assez concentré pour s’engager dans une telle bataille. Surtout qu’en face, il paraissait être plus fort que le pauvre blond qui fut finalement éjecté au loin sur le sol. En catastrophe, il se retrouva à faire une roulade arrière, s’en brisant presque la nuque et le dos, et s’effondra à terre. Ses os lui faisaient terriblement mal. Il n’arrivait plus à se relever, peu importe les efforts monstrueux pour bouger, il restait collé au sol. L’autre en profita pour se rapprocher, n’hésitant pas à se moquer du garçon à terre.

- C’est tout ? T’es qu’un bon à rien. C’est contre les ordres du Maître, mais peu importe. En ce qui me concerne, je n’ai plus besoin de toi.

Ven l’écoutait parler, tandis qu’il avait cessé de bouger, ayant compris que cela était futile. Et bien qu’il tentait de saisir ce qu’il voulait dire, le jeune adolescent ne comprenait rien. Qui était ce Maître ? En quoi avait-on besoin de lui ? Pendant qu’il se posait ces questions, son adversaire chargeait une puissante attaque.

‘C’est la fin ?’

Se demanda Ventus, s’attendant à ce que, lorsque le sort s’abattrait sur lui, il en perdrait sa vie. Une vague de tristesse s’empara de lui. Il n’avait pas pu dire au revoir à ses amis. Il n’avait pas revu une dernière fois Yûki et Terra depuis le jour du symbole de maîtrise, Aqua depuis le Domaine Enchanté. Il ne lâchait pas une seule larme. Il aurait pu. Mais il n’en avait pas la force. Mais alors que le dernier gong avait sonné pour lui, il se retrouva transporter ailleurs, par une étrange souris anthropomorphe qui lui lança un sort de soin, permettant ainsi à Ven de recouvrer ses forces. Le blond, légèrement désorienté, regarda pendant un moment ce nouveau porteur de la Keyblade qui décida de défier sans crainte le garçon casqué. Ventus prit peu de temps pour se redresser et prêter main forte à la souris.

A deux contre un, la victoire était évidente ; surtout que Ven avait remarqué que son allié du moment maîtrisait avec une quasi perfection sa clé, ce qui suscita une grande admiration chez le blondin, espérant lui aussi un jour pouvoir être capable de telle prouesse.

L’adversaire se retrouva à terre. Le combat était terminé. Cependant, celui-ci prit peu de temps pour se redresser d’un coup, avant d’avouer amèrement sa défaite, exprimant une certaine rancœur envers Ventus qui avait l’impression qu’il s’agissait de sa propre rancune.

- Pff, tu as gagné. Mais tu ne perds rien pour attendre.

Et il disparut dans un portail de Ténèbres. Ayant enfin du répit, les deux acolytes quittèrent leur garde, tandis que le blond se demandait, pour la énième fois, de quoi parlait l’autre. Il se tourna ensuite vers son frère d’arme :

- Merci, je te dois une fière chandelle. Je m’appelle Ventus. Et toi ?
- Mickey.
- Tu as une Keyblade.
- Oui, le grand Yen Sid est mon mentor. Il a découvert que les mondes sont en danger et… je suis parti sans rien dire.
- Alors on est deux. Je me suis enfui aussi.
- Il me suffit de penser à un endroit et le Fragment d’Etoile m’y emmène. Enfin c’est ce que je pensais… mais c’est plus compliqué que ça. Où ? Quand ? Cet objet n’en fait qu’à sa tête. Ceci dit, je ne t’aurais pas rencontré s’il ne m’avait pas amené ici. Ce n’est peut-être pas un hasard. Peut-être qu’il réagit par rapport à quelque chose.

Ils apprenaient à se connaître, à constater des points communs. Ils s’interrogèrent par la suite sur ce petit objet de téléportation que tenait Mickey dans sa grande main ganté. Suite à la remarque de ce dernier, les deux nouveaux amis se penchèrent sur l’étoile, curieux. Une soudaine lumière aveuglante s’en échappa, impressionnant les porteurs de la Keyblade. Lorsque Ventus reprit conscience, il était à nouveau seul, dans les Entrechemins, protégé par son armure, et près d’un nouveau Monde. Ayant en tête les dernières paroles de la grande souris, il décida d’y rendre une petite visite, dans l’espoir d’y retrouver ses amis là-bas.(c) par elfyqchan pour Never-Utopia

Il débarqua en plein centre d’une grande place aux tons violets. Quelque peu perdu et cherchant la moindre connaissance, il observa autour de lui, demeurant sur place. Il remarqua tout d’abord un vieux canard abordant des vêtements luxueux et marchant fièrement en s’appuyant sur sa canne. Le regard noir de cet inconnu se tourna sur celui de Ventus à travers ses petites lunettes à monture absente. Le blondinet entendit des bruits de pas dans son dos et cessa ainsi de regarder l’aîné. Il vit ainsi de derrière son ami Mickey qui partait dans une direction précise, intriguant Ven qui se mit à courir après lui.

Presque à bout de souffle, Ventus arriva au niveau d’un immense château. Cependant, trop préoccupé à l’idée de retrouver la souris, le garçon n’y prêta pas plus d’attention. Accélérant le pas, il distingua la présence de deux hommes  à  la musculature impressionnante, portant tous les deux une arme imposante et presque intimidante, veillant sur l’entrée géante de la bâtisse impressionnante. A peine fut-il arrivé à leur niveau, l’adolescent lâcha un cri de surprise lorsque les gardes lui barrèrent la route.

- Pas si vite.
- Le château est fermé.

Ven ne pouvait pas faire demi-tour ainsi alors qu’il savait parfaitement que Mickey était ici. Il chercha à débattre pour trouver son laissez-passer.

- Mais quelqu’un vient de passer par ici ! C’est un ami à moi.

Le blondin comprit par l’échange de regard des deux géants qu’il devait y avoir erreur et qu’il devrait poursuivre ses recherches ailleurs. Il se retint de lâcher un soupire. Décidément. Il avait l’impression de n’être doué qu’à faire éloigner ses amis de lui. Entre Aqua qu’il rejetait presque, Terra  qui l’avait ignoré, Yûki qui était disparue et à présent Mickey qui s’était volatilisé par magie, il lui semblait qu’il n’arrivait pas à garder ceux qu’il aime auprès de lui.

- Il n’y a aucun visiteur ici. Va-t-en, gamin, avant que les monstres s’en prennent à toi.
- J’aurais juré que c’était lui.

Tandis que l’homme aux cheveux bruns devait évoquer l’affaire des Nescients, d’étranges créatures que Ven avait pu rencontrer à plusieurs reprises dans les différents Mondes et qui sembleraient être un danger pour l’équilibre Lumière et Ténèbres, Ventus baissa la tête, totalement désespéré. Le cœur lourd, il se retourna, prêt à partir. Mais une nouvelle surprise débarqua. En effet, un étrange Nescient géant s’éleva dans les cieux, auparavant caché par les marches.

Les gardes se mirent en position offensive et n’hésitèrent pas à s’approcher de la créature. Le porteur de la lance clama, s’adressant au monstre :

- Le Jardin Radieux ne tombera pas face à vous.
- Je m’en charge !

S’écria Ventus, les dépassant, prenant son courage en main et oubliant ses idées sombres. Il n’avait aucunement envie de laisser ces pauvres hommes se charger du Nescient. Il avait assez d’expériences pour pouvoir l’affronter depuis qu’il avait quitté la Contrée du Départ. Néanmoins, les géants, ignorant tout de ce sujet, ne semblaient pas du même avis que ledit ‘gamin’.

- Arrête !
- Tu n’es qu’un enfant !

Les ignorant, Ventus poursuivit son ascension. Rapidement, il comprit qu’on les avait arrêtés, ayant entendu une voix tout à fait inconnue. Il poursuivit le Nescient jusqu’à la place où il était arrivé et y vit le pauvre canard à chapeau haut qui tentait vainement de se défendre avec sa canne qui paraissait alors bien misérable face à une telle créature.

- Non mais dis donc ! Recule, sale bête ! Tu n’auras pas mon argent !

Keyblade à la main, Ven s’arrêta pour donner un puissant élan dans son bras pour lancer son arme sur le Nescient. Celui-ci se prit la clé de plein fouet ce qui le fit fuir. L’adolescent n’attendit pas plus longtemps pour le poursuivre.

-Attends… Attends, mon petit.

Le cri de celui qu’il venait de sauver l’empêcha de dépasser la place. Poli et bien éduqué, Ventus n’eut d’autre choix que de stopper sa course pour s’intéresser au cas du richard.

- Je voudrais te remercier quand même.
- C’est pas la peine.

Ventus était reconnaissant de cette proposition, cependant, il était trop pressé pour l’accepter. Malheureusement, le canard ne paraissait pas de son avis.

- Minute, papillon ! Je ne parle pas de ma fortune. Disons, un peu d’or, une compensation pour…
- Faisons vite, alors.
- J’ai ce qu’il faut dans mon chapeau !

Malgré lui, Ven fut finalement bien intrigué par ce que pouvait lui offrir le vieillard, se penchant légèrement sur lui, gardant encore ses distances tandis que l’autre riait joyeusement, retirant son chapeau de la tête pour y fouiller à l’intérieur.

- Viens par ici.

Poussé par sa grande curiosité, le blondin ne se fit pas plus prier et s’approcha rapidement de son sauvé. Ce dernier, pour garder un suspens auquel il devait trouver un certain plaisir, plaça furtivement son haut-de-forme au niveau de son bec, ou peut-être cherchait-il à communiquer un secret à Ventus. Quoiqu’il en soit, le garçon était pendu à son bec, les mains posées sur ses genoux.

- Dis-moi, petit… tu viens d’un autre monde, pas vrai ?

Ven s’attendait à tout sauf à cela. Surpris, il ne trouva rien à dire pour se défendre. Comment savait-il cela ? Avait-il mal caché son secret ? Eraqus avait pourtant prévenu qu’il ne fallait rien dire sur l’existence des autres mondes pour l’équilibre. Le canard ria, amusé par la réaction du garçon, le fixant avec un regard presque malicieux.

- Ne t’en fais pas. Motus et bec cousu. Avec moi, ton secret est bien gardé. Je ne vais pas te poser de questions. Je suis dans la même situation.

Écoutant attentivement, Ventus fut plus intrigué que jamais. Il ne s’attendait pas à rencontrer d’autres personnes étrangères à des Mondes que lui-même visitait. Décidément, se disait-il, il avait encore beaucoup à apprendre sur ce qui l’entourait.

- J’ai demandé à Merlin l’enchanteur de m’envoyer ici d’un autre monde. L’aventure mène à la fortune, pas vrai ?

A force de parler, Ven se rendit compte qu’il perdait un temps précieux. Un peu exaspéré, il se redressa vivement et interrogea son interlocuteur :

- Super. C’est tout ?
-  Ouh là, je te retarde, petit.

Pendant un court instant, l’avide de richesse fouilla dans son chapeau pour en sortir trois cartes.

- Tiens, des passes à vie pour Disneyville. Tu t’amuseras beaucoup là-bas ou mon nom n’est pas Balthazar Picsou ! Tiens, c’est pour toi et deux adultes.

Ventus prit sa récompense et inspecta les passes, à la fois intrigué et assez dubitatif. En tout cas, il pourrait en passer à ses amis s’ils les croisaient. Il songeait à Terra, Aqua et Yûki. Néanmoins, il craignait ne pouvoir en croiser aucun. En effet, avec tout ce qu’il se passait entre eux quatre, ils n’avaient plus vraiment d’occasion de se retrouver.

Il reprit sa poursuite auprès du Nescient qui n’était finalement pas si loin que cela. A chaque fois qu’il était près d’une de ces créatures, Ventus ressentait quelque chose de mystérieux réagir au niveau de son cœur. Il avait l’impression qu’il se serrait et qu’il voulait le faire vomir du sang. Pourtant, il y avait la sensation agréable qui se faisait. Le blondin n’y comprenait plus rien et avait depuis longtemps abandonné la raison.

Se concentrant sur sa cible, Ven remarqua qu’il se trouvait sur une sorte de place digne d’une arène. Mais ce qu’il constata plus que tout était la présence de Terra et Aqua. Tous trois surpris, ils ne purent pas se plonger dans une longue discussion enthousiaste à l’idée de se retrouver après tout ce temps puisque trois Nescients géants, dont celui que Ventus poursuivait, fusionnèrent pour ne fait plus qu’une armure gigantesque et menaçante. Les amis n’attendirent pas plus pour faire apparaître leur arme, prêts à se battre, bien que le blondin du groupe faisait transparaître son grand malaise.
Durant tout le long du combat, Ventus était partagé entre une grande douleur et l’impression d’être apaisé. Discrètement, il cracha quelques perles de sang, à l’insu de ses amis. Il devait rester fort. Il voulait prouver qu’il n’était pas faible. Il n’avait pas envie de l’être. Sinon, cela signifiait qu’il ne pouvait utiliser dignement sa Keyblade car il ne la méritait pas. Il semblait simplement déstabilisé par la présence du Nescient, ce qui le perturbait d’autant plus. Heureusement, l’union avec ses deux amis était plus forte que la créature solitaire. Dans un geste coopératif, les trois guerriers se jetèrent sur leur cible et la firent disparaître. Enfin, ils pouvaient profiter de ce précieux moment d’autant plus qu’ils pouvaient se réjouir de leur victoire massacrante. Cependant, Ventus ne pouvait s’empêcher d’avoir des remords sur l’absence de Yûki. Il était presque certain d’avoir senti sa présence dans les Terres Funestes. Hélas, il ne pouvait y retourner. En effet, sa première visite avait été terrible là-bas pour lui car il se sentait au bord du malaise tout en étant réconforté. Il détestait ressentir cela. Son estomac lui donnait des remontés terribles qui lui brûlait l’œsophage et lui brisait le cœur en mille morceaux.

- On l’a eu.
- On fait une bonne équipe.
- C’est vrai !

Ventus se rappela soudainement des tickets qu’il avait obtenus de la part de cet étrange Balthazar Picsou. Encore une fois, l’adolescent se sentait coupable. Sa presque Jumelle aurait pu avoir un billet. Il lui aurait donné celui que le canard avait donné personnellement et tant pis pour lui, il s’en passerait. Le cœur lourd, il garda pourtant sa bonne humeur :

- Au fait ! J’ai ces tickets pour vous !
- Pour quoi ?
- Des passes à vie pour Disneyville. Il a dit que… que c’était pour deux adultes.

Il afficha une fausse mine dépitée, comme s’il boudait sur le fait qu’il n’était vu uniquement comme un enfant. C’était plus ou moins le cas, néanmoins, ce qui le touchait le plus était le fait que Terra et Aqua étaient déjà vus comme des adultes.

- Qui ça, nous ?

Remarqua, amusée, Aqua avant d’échanger un rire avec Terra. Malheureusement, ce doux moment de partage prit fin lorsque la jeune femme s’engagea dans un sujet sérieux et surtout fâcheux qu’elle avait déjà évoqué auprès du blondin dans le Domaine Enchanté :

- Écoute, Ven… Il faut que tu rentres.
- T’en fais pas, Aqua. Ce type masqué, c’est de l’histoire ancienne. Il ne dira plus rien sur Terra.

Impulsivement, Ventus évoqua le sujet du jeune homme qui l’avait plus ou moins harcelé plusieurs fois. Cela l’étonna le premier. Pourquoi parler de lui ? En tout cas, Terra paraissait être le deuxième surpris par la remarque du plus petit :

- Tu as vu le garçon masqué ?

Ce fut dans un ton presque agressif que l’aîné interrogea son meilleur ami, la main posée sur son épaule. Abasourdi, Ventus n’eut d’autre choix que de bégayer bêtement, s’insultant intérieurement d’imbécile.

- Euh… o-oui.
- Vanitas…

Cela devait être le prénom du garçon. Ven se retint de crier de douleur. Cela lui paraissait tellement familier mais tellement vague en même temps. Il se contenta d’écouter ce que son mentor avait à dire.

- Ven, Aqua va te ramener.

Terra était si sec et sérieux, cela en terrifiait presque le blondin. Pourtant, il décida de ne pas obéir et de continuer à faire sa tête de mule, bien décidé à ne pas abandonner ses amis dans un tel combat qui avait une ampleur aussi importante.

- Non ! Je veux venir avec vous.
- Tu ne peux pas. Ce que nous avons à faire est dangereux. Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur.

Ventus souhaitait continuer à débattre. Seulement, Aqua intervint.

- Qu’y a-t-il de si dangereux, Terra ? Ce n’est pas ce que le Maître t’a demandé.
- La voie est peut-être différente, mais je combats les Ténèbres.
- Je n’en suis pas si sûre. J’ai été dans les mêmes Mondes que toi et j’ai vu ce que tu as fait. Tu ne devrais pas t’approcher autant des Ténèbres.

Ses deux amis discutaient et Ventus avait gardé jusque là le silence mais il ne put rester impassible face à la dernière remarque de la jeune femme. Un peu au bord des larmes, il intervint avant d’être coupé par Terra, visiblement blessé lui aussi par les propos de la jeune Maître :

- Arrête, Aqua. Terra n’aurait jamais…
- Quoi, tu m’espionnes ? C’est ce que le Maître t’a ordonné de faire ?
- Il voulait juste…
- Aqua…
- Je vois.

Le jeune homme tourna le dos à ses proches, sans aucun doute vexé voire torturé à l’idée de savoir que son Maître, celui qui le considérait comme son propre fils et que lui-même voyait en lui un père, ne lui faisait pas confiance. Il commença à s’éloigner, ce que Ventus ne pouvait accepter. Il ne désirait pas être encore séparé de lui après tant de temps de recherches et une si courte retrouvaille.

- Terra !

Il ne fit qu’un pas et la voix agressive de Terra l’arrêta, choqué par les agissements de son modèle.

- Reste où tu es ! Je suis seul maintenant, ok ?
- Terra, écoute, je t’en supplie ! Le Maître croit en toi, je te le jure ! Il était juste inquiet.

Aqua tenta en vain d’arrêter le châtain en demeurant sur place. Ven, totalement impuissant et ne voulant pas s’attirer la colère de son meilleur ami, se contentait de le regarder s’éloigner. Il était presque proche de la crise de larmes. Il ne s’attendait pas à une telle scène. Il aurait souhaité rester auprès de Terra encore. Impulsivement, il lâcha la première chose qui lui vint, bien qu’il n’y pensait pas vraiment :

- T’es horrible, Aqua.

Il en regrettait cette réaction puérile. Il espérait sincèrement que son amie ne le prendrait pas au sérieux et qu’elle ne lui en voudrait pas. Le cœur lourd, il écouta ses explications :

- Mh… Maintenant tu connais la vérité, mais le Maître aime Terra et ça tu le sais aussi.

L’adolescent eut un tilt. La jeune femme ne faisait que de parler d’Eraqus : est-ce que cela signifiait qu’il était entièrement impliqué dans le départ d’Aqua qui avait été chargée de veiller sur Terra mais aussi de ramener Ven ? Le blondin n’attendit pas plus longtemps pour poser la question :

- T’-t-il ordonné de me ramener aussi ?

Aqua baissa la tête, cessant de le regarder, gardant le silence. Qui ne dit mot consent. Et Ventus connaissait bien cette expression. Il retint un soupire chargé de tristesse et cracha encore une fois la première chose qui lui passa par la tête :

- Aqua… Le fait de devenir Maître de la Keyblade t’est monté à la tête. Je vais chercher Terra.

Il ne laissa pas plus de temps à son amie pour réagir et fonça rejoindre son mentor. Il put entendre légèrement le soupire plein de remords d’Aqua qui le laissa partir librement. Ventus s’en voulait à nouveau. Il ne laissait pas assez sa raison s’exprimer. Il était trop sensible. Ce Vanitas… il avait raison en disant qu’il était faible. Lorsqu’on laissait trop ses sentiments, son cœur agir à la place du cerveau, des pensées, cela signifiait qu’on manquait de force. Il était pathétique. Pourquoi portait-il cette maudite Keyblade ? Il remettait encore en question sa possession de la clé tandis que ses pas se dirigeaient au hasard, croisant fortement les doigts pour que Terra soit encore présent. Il avait besoin de le revoir, de lui reparler. Seul à seul. Il voulait être soulagé. C’en devenait vital. Il pouvait être optimiste, mais sans ses amis, il était perdu dans le noir de l’ignorance et du doute.

Il se retrouva à nouveau sur la place pour la troisième fois. Il était décidément très attiré par l’endroit il fallait croire. Et encore une fois, un événement alarmant attira son œil. En effet, un pauvre gamin, encore plus petit que lui, aux cheveux argentés portant une blouse trop grande pour lui était menacé par des Nescients. Ventus s’interposa avant que les créatures ne fassent quoique ce soit et ordonna à l’enfant inexpressif de s’enfuir. L’intéressé partit au petit trot se mettre à l’abri. Le blondin, pendant ce temps, s’engagea dans un violent combat contre plusieurs hordes de Nescients tous plus puissants les uns que les autres. Plusieurs fois, l’adolescent crut qu’il allait y passer mais heureusement que ses divers techniques et sorts lui permettaient de s’en sortir. Il avait toujours autant mal dans ces terribles combats, mais il gardait la tête dure afin de vaincre ses adversaires du moment.

Peu de temps après son combat, une voix retentit.

- Ienzo, où es-tu ? Réponds !

Ven avait déjà eu l’occasion de l’entendre lorsqu’il était aux portes du château. Il devait s’agir de la personne qui avait arrêté les gardes pendant que Ventus poursuivait le Nescient géant. Il tourna sa tête et put voir un homme portant également une blouse blanche aux cheveux blonds décolorés.

- Ah … te voilà.

Soupira-t-il de soulagement en apercevant l’enfant que Ven venait de sauver. L’intéressé s’approchait de l’adulte qui marchait sur la place. Les deux se retrouvèrent finalement devant l’adolescent blond qui gardait pour le moment le silence, n’osant intervenir.

- Je t’ai dit de ne pas t’éloigner, non ? Je te remercie.

Lâcha le scientifique en se tournant vers le jeune garçon.

- Nous faisons de notre mieux pour élever ce garçon en l’absence de ses parents.

Ventus écoutait attentivement son interlocuteur, cependant, il ne pouvait s’empêcher de se sentir oppressé par le regard vide du petit Ienzo. Un peu maladroitement, le blondin s’adressa au gamin :

- Oh, tu es seul alors ?

Il savait qu’il avait posé une question rhétorique un peu stupide et surtout vexante. Néanmoins, Ienzo ne dit rien. Ventus prit le choix de ne pas plus en parler et s’adressa de nouveau au grand scientifique :

- Monsieur, je cherche un ami à moi. Il est grand et habillé un peu comme moi. L’auriez-vous vu ?
- Hmm… Je l’ai peut-être vu dans les Jardins extérieurs. Suis ce chemin.

Il indiqua un grand passage dont l’ouverture immense donna quelques frissons au jeune porteur de Keyblade. Cependant, il n’allait pas reculer. Terra était sans doute là-bas, et il voulait lui parler. Il avait l’impression que cette histoire avec Vanitas n’était pas prête de se terminer, contrairement à ce qu’il avait pu croire naïvement puisque son meilleur ami paraissait être au courant de choses dont Ventus lui-même ignorait.

- Merci.
- Non, merci à toi d’avoir protégé Ienzo. Et… j’ai comme l’impression que nos chemins se croiseront à nouveau.

Un peu étonné, le blondinet regarda les deux hommes en blouse s’éloigner de lui, réfléchissant encore sur les propos de l’adulte avant de se décider enfin de se diriger vers les Jardins extérieurs. A toute allure, il ne s’arrêta pas un seul instant, ignorant totalement la présence du moindre Nescient, ne voulant pas encore souffrir.

Lorsqu’il vit son meilleur ami avancer, tête baissé, près d’une fontaine, Ventus l’interpela :

- Terraaa !

Le plus grand s’arrêta et se tourna vers le blondin. Celui-ci, une fois à son niveau tenta de le convaincre, avec son petit air enjoué qui avait toujours fait craquer ses proches, de partir avec lui :

- Emmène-moi avec toi.
- Je ne peux pas, Ven.

Terra lui tournait la tête. Cela déboussola deux fois plus Ven en entendant sa réponse. Son sourire s’effaça et ses yeux se baissèrent. Décidément…

- Pourquoi ?

L’air attristé du blondin paraissait toucher le cœur de l’aîné qui tenta de le réconforter en le regardant à nouveau.

- C’est que… quand j’aurai vraiment besoin de toi, je sais que tu seras là.

Ventus releva sa tête, retrouvant le sourire. Terra ne le rejetait donc pas. Il voulait toujours de lui. Quel soulagement !

- Ben, évidemment ! Tu es mon ami.
- Oui. C’est vrai. Merci, Ven.

Le châtain paraissait tellement sévère à ce moment-là, voire plongé dans ses pensées. Il apparaissait perdu, comme s’il cherchait la bonne voie. Il donnait l’impression de s’égarer du droit chemin. Sans dire un mot de plus, il s’en alla, protégé par son armure, chevauchant sa Keyblade transformée en véhicule, laissant Ventus seul. Celui-ci le regarda prendre le Portail pour les Entrechemins avant de se rappeler des dernières paroles de son mentor. Il fit le rapprochement par rapport à ce qu’il avait dit juste avant à propos de son travail en solitaire. C’était sans doute une bonne nouvelle, néanmoins, Terra demeurait dans la solitude, d’autant plus qu’il venait de repartir. Ven, un peu inquiet, se dit à haute-voix qu’il ferait mieux d’en parler à Aqua et partit à la recherche de la jeune femme.

Celle-ci se trouvait sur la place du Jardin Radieu. Elle avait la tête baissée, sans doute en pleine réflexion. Cependant, Ventus cria son nom, ce qui la surprit. Elle le regarda, intrigué.

- Ven ! Tu l’as trouvé ?
- Oui, mais… il est reparti.
- Je vois…… Alors je dois repartir.
- Aqua, laisse-moi venir-
- Non, Ven ! Fais ce que je te dis et rentre à la maison.

L’air très sérieux d’Aqua déçut terriblement Ven. Terra voulait encore de lui mais demeurait seul et Aqua refusait qu’il vienne avec elle pour le retrouver. Il n’était pas un enfant ! Il savait parfaitement se battre et l’avait bien prouvé à de maintes reprises ! Mais il semblerait que la jeune Maître refusait de le savoir si loin de la Contrée du Départ. Très touché, Ventus baissa la tête, et demanda d’une petite voix :

- Pourquoi tu ne veux pas ?
- Pour ne pas t’exposer au danger. Tu comprends ?

La main maternelle d’Aqua sur son épaule ne changea rien de l’humeur attristé du blondin qui se faisait tout le temps rejeté par ses amis. Quand il était tout le temps avec Yûki, dans une époque qu’il lui paraissait à la fois proche et lointaine, il se sentait bien à ses côtés. D’autant plus qu’il avait l’impression d’être un peu plus complet, sans pour autant être entier. Malheureusement, cette ère si douce paraissait impossible à retrouver, et cela, Ven en avait parfaitement conscience. Déboussolé, il laissa Aqua partir, sans rien dire, à la recherche de Terra, tandis que lui, se plongeait dans ses bons anciens souvenirs où il était si proche de ses deux amis.



Cela faisait quelques semaines que Ventus était devenu un élève d’Eraqus et il avait encore du mal à se forger une identité. Ses yeux bleus prenaient de plus en plus de vie, néanmoins, son visage demeurait inexpressif et il n’y avait aucune lueur dans son regard. Il se battait souvent contre ses camarades afin de devenir plus fort. Hélas, ils étaient plus puissants que le pauvre blondin qui les affrontait avec une ridicule petite épée de bois d’entraînement. Certes, l’arme de Terra, souvent son adversaire, était de la même matière, néanmoins, elle avait plus d’allure puisqu’elle avait la forme d’une Keyblade.

Cette fois-là encore, Ven se fit expulser au loin par Terra. Se retrouvant à terre, l’adolescent lâcha un faible cri de douleur, sa petite épée de fortune s’effondrant à ses côtés. Il se redressa difficilement sous les moqueries de son mentor qui paraissaient plus être des encouragements provocateurs :

- Tu abandonnes déjà ? Allons, Ven. Je te croyais plus fort que ça.

Aqua, qui se trouvait non loin de la scène de combat, se montra bien plus maternelle envers le petit, ce qui amusa le plus grand :

- Ven, tu y étais presque. Réessaie !
- Quoi, tu prends parti maintenant ?

Toujours à terre, le petit Ventus hocha de la tête aux paroles de la jeune femme. Oui. Il ne devait pas laisser tomber. Pas maintenant. S’il voulait avoir sa Keyblade, ignorant qu’il la possédait déjà, il devait continuer de se battre jusqu’au bout pour se montrer digne de la porter. Il se releva en s’emparant de son épée pour foncer  sur Terra. Le combat fut de nouveau lancé.

Quelques temps plus tard, les trois amis étaient assis au bord de l’arène improvisée. Tandis que Terra et Aqua regardaient droit devant eux, admirant l’horizon, Ventus avait les yeux baissés sur un point invisible, tenant précieusement sa triste épée. Terra s’allongea un peu plus, en quête d’une position confortable et son regard fut attiré sur les entailles creuses de l’arme du blondin.

- Ven, tu vois toutes ces entailles ?
- Chacune prouve que tu apprends.

Les deux plus âgés tentaient de stimuler le benjamin qui les regardait un peu dans la vague. Terra, prit d’une envie d’être professeur du jour, s’empara de sa Keyblade de bois et donna des conseils :

- Tu veux forcer ton corps à bouger. Tu devrais plutôt apprendre à laisser ton corps te guider, ok ?

Le jeune homme se mit finalement debout avant de tousser un peu pour finalement improviser une cérémonie de remise de Keyblade à Ventus, ce qui amusa Aqua :

- Je te fais don de cette arme. Tant que tu en auras l’étoffe, car par cet acte je te l’offre, un jour tu seras son porteur.
- J’y crois pas ! Depuis quand tu es Maître, toi ?
- Mon seul rêve est de devenir Maître de la Keyblade.

A cette révélation, Aqua et Ventus échangèrent un regard.

- Tu n’es pas le seul.
- Je sais. Toi, Ven et moi partageons le même rêve.

Finit Terra en tendant sa Keyblade à Ventus. Celui-ci lâcha un petit rire, souriant, prit d’une soudaine confiance, comme encouragé par les paroles de ses amis, et apposa sa main sur l’arme de bois de son meilleur ami. Un jour, Terra sera fier de lui.


Ce souvenir donna envie au blondin de regarder cette Keyblade de bois qui était gravée du nom de son meilleur ami, adossé contre le mur de la place où il était resté depuis le départ d’Aqua, proche d’une voie permettant d’y accéder. Très nostalgique et attristé, il fit plusieurs fois tourner l’arme de bois avant de la faire tomber maladroitement aux pieds d’un adolescent plus âgé que lui, abordant une coiffure hérissée rousse, des yeux verts et des vêtements aux couleurs chaudes. L’intéressé ramassa la Keyblade avant de la manipuler un peu.

- C’est à toi ?
- Lea, on n’a pas le temps.
- C’est bon, Isa. Ce sera pas long.

Ledit Lea parla avec son ami avant de s’approcher de Ventus qui n’avait rien dit jusque là. Le rouquin n’hésita pas à se moquer du blondin.

- T’as encore des jouets à ton âge ? C’est mignon.

Lea lui tendit son arme. Ven détourna le regard. Il était vexé. Ce n’était pas qu’un simple ‘jouet’. Il s’agissait du symbole d’une promesse avec ses amis. La réaction du garçonnet amusa le rouquin qui jeta la Keyblade pour montrer fièrement deux sortes de frisbees avec des têtes enflammées dessus.

- Regarde ça. Tada !! T’en dis quoi ?
- Pas grand-chose.
- T’es juste jaloux ! Moi, c’est Lea. C’est bon, c’est retenu ? C’est quoi ton nom ?
- … Ventus…
- Ok, Ventus ! Battons-nous !
- Se battre ? Mais pourquoi ?
- T’as peur de perdre ? Allez. J’espère que t’es prêt !

L’enthousiasme de Lea rendit la bonne humeur à Ventus qui reprit sa Keyblade de bois, se releva et se mit en position d’attaque. Le rouquin en était très satisfait. Le pauvre Isa fut forcé d’assister à ce combat même s’il aurait préféré faire ce qui était à l’origine prévu.

- Je vois qu’on se comprend !
- Tu vas le regretter !

Le combat commença. Durant tout le long, Ven se rendit compte à quel point ses entraînements avec Terra portaient ses fruits aujourd’hui. En effet, le pauvre Lea n’eut aucune occasion de frapper le blondin avec ses petites armes. Ce fut ainsi qu’il se vaudra à terre sur son derrière, essoufflé. Pourtant, son égo ne semblait pas avoir été atteint, car il en redemandait :

- T’as eu… ton compte ? Parce que je veux bien dire… qu’on est à égalité.

D’abord un peu surpris, Ven fut amusé. Le rouquin paraissait être un mauvais perdant et était du genre à apprécier la saveur de la victoire.

- Hein ? Pff… Héhé ! C’est ça !...

Isa se permit d’intervenir en s’approchant. Il n’hésita pas une seule seconde de remettre les pieds de son ami sur terre en employant un vocabulaire bien sarcastique.

- D’ici, la seule chose que je voie c’est un grand ‘L’ sur ton front pour ‘loser’, ‘lamentable’ , ‘laborieux’.

Visiblement habitué, Lea fit semblant de se plaindre de ce que lui disait le jeune adulte aux cheveux bleus.

- Quoi ? Tu devrais me soutenir normalement ! ‘C’est pas ton jour’ ou ‘Voilà le résultat quand on retient ses coups !’ Tu parles d’un ami !
- Oh, alors je devrais mentir ?

Lea baissa le regard avant de s’étaler sur le sol, croisant les bras derrière sa tête pour s’y appuyer, tout en parlant à Ventus, prenant des faux airs de désespérer pour finalement afficher un grand sourire :

- Tu vois ce que je dois supporter ? J’espère que tes amis sont pas comme lui.

La remarque fit rire les trois jeunes. Hélas, cette petite ambiance amicale et bon enfant prenait fin. Isa et Lea devaient partir. Pour une fois, Ven avait un sourire pour cette séparation, d’autant plus que le rouquin lui affirma qu’ils se retrouveraient :

- Lea, on doit y aller.
- Ok !
- Déjà ?
- On se reverra un jour, va ! Après tout, on est amies maintenant.

Le blondin sourit, voyant dans sa périphérie qu’Isa s’éloignait alors que Lea s’était relevé.

- Ne l’oublie pas.
- Ok, Lea !

Le rictus du plus petit s’agrandit et Lea alla rejoindre son ami. Alors que le blondin leur tournait le dos pour partir, il demeura un peu sur place pour écouter leur dernier échange d’une oreille discrète :

- C’est quoi ton problème avec les cas désespérés ?
- Je veux que tous ceux que je rencontre se souviennent de moi. Pour vivre éternellement dans les souvenirs des gens.
- Moi, je ne t’oublierai pas. Et pourtant j’essaie !
- Tu vois ? Je suis immortel !
- T’es odieux.

Ils se tournèrent vers le château que Ventus n’avait pas pu explorer, ayant tenté en vain de retrouver Mickey.

- T’es prêt ?
- Toi tu l’es, on dirait.
- Ouais !

Et ils partirent. Ven, très touché par le rêve de Lea, se fit une réflexion à voix haute, paraissant plus perdu que jamais.

- Ça doit être sympa… de savoir qui sont ses amis.

En effet, avec toutes ses remises en question provoquées par l’éloignement mutuel de ses amis, le blondin s’interrogeait sur ses relations amicales. Il aurait tellement souhaité avoir Yûki à ses côtés pour se sentir soulagé. Malheureusement, elle demeurait disparue. Si seulement il avait la force de retourner sur les Terres Funestes… mais cette force étrange le faisait toujours reculer.(c) par elfyqchan pour Never-Utopia

Ventus se rappela de son ticket pour Disneyville et il décida de s’y rendre. Après quelques voyages dans certains Mondes, il se retrouva dans le Pays Imaginaire où il put y faire la rencontre du joyeux et engagé Peter Pan et sa fidèle amie Clochette et de deux Garçons Perdus, la Plume et le Frisé. Après quelques courses et combats contre l’entêté mais pas si redoutable Capitaine Crochet, le petit groupe obtenu un immense coffre. Mais surprise, il était vide. La Plume et le Frisé avaient perdu le contenu. Peter, loin d’être écrasé par la tristesse, les rassura. Finalement, sur une décision commune, sur une idée de la Plume, ils décidèrent d’y mettre leurs objets précieux. Ven, très enthousiaste, y rangea sa précieuse Keyblade de bois, marquant un renouveau. Clochette, elle, portait le Fragment d’Etoile de Mickey et allait le mettre dans le coffre. Ce n’était pas la première fois que le blond avait vu la petite fée avec et lui demanda gentiment de lui donner l’objet, certain que Mickey était passé par ici. La petite créature refusa dans un premier temps mais en entendant la voix pleine de reproche de Peter, elle y renonça. A peine eut-il le fragment dans la main qu’il brilla fortement à la surprise de Ventus qui fut ainsi transporté dans un autre Monde où on avait sans aucun doute besoin de son aide.

La lumière du Fragment s’écrasa violemment sur le sol d’un nouveau Monde.

- Roi Mickey !

Put entendre Ventus, étalé à terre, un peu assommé, d’une voix criarde.

- Non, c’est pas lui on dirait.

Lança une seconde. Le blondin redressa un peu sa tête, toujours à moitié dans le coma, tenant précieusement le Fragment dans sa main. L’objet tapa à l’œil de l’un des deux animaux anthropomorphes du même genre que Mickey ou Picsou. Là, il s’agissait d’un chien chevalier et d’un canard magicien.

- Regarde ! Ce garçon a le Fragment d’Etoile qu’a emprunté le Roi !
- Le Roi ?

S’interrogea à voix haute Ven avant de comprendre de qui il s’agissait.

- Oh, vous devez sûrement parler de Mickey.

Il inspecta un instant le Fragment. Mickey était-il en danger ? Il semblerait que les deux inconnus étaient inquiets à son sujet. Etait-ce pour cette raison que l’objet en forme d’étoile avait amené le blondin ici ? Il prit peu de temps pour se redresser et tenta de placer une phrase mais il fut coupé par les deux animaux, visiblement soulagés, qui foncèrent vers lui.

- Je l’ai vu… Hein ? Hé, doucement !

Ils l’avaient tous les deux pris pour le pousser vers les portes d’une tour où ils étaient assis sur les marches juste avant.

- On est contents de te voir !

Lâcha le petit canard. Pas un seul instant ils ne le lâchèrent et l’emmenèrent ainsi jusqu’en haut de la tour où se trouvait un bureau. Tranquillement assiégé devant sa table, un grand homme à la longue barbe grise, vêtu d’une robe de magicien bleu avec son haut chapeau décoré d’une lune et d’étoiles couvrant son crâne chauve, gardait sa tête baissé, les yeux fermés, les mains sur ses cuisses. En face, se tenait droitement le canard et le chien, encadrant le pauvre Ventus.

- M. Yen Sid ! Nous savons peut-être où se trouve le Roi !

Le grand magicien révéla ses minuscules pupilles, se redressa et offrit une petite surprise au blondin qui ne s’attendait pas à ce qu’il connaisse son identité.

- Ah, Ventus…
- Huh ?...
- Eraqus m’a beaucoup parlé de toi. Mais dis-moi, n’as-tu pas reçu l’ordre de rentrer ?

Ventus se sentit coupable. Il en était bien conscience qu’Aqua et Terra lui avaient répété de retourner dans la Contrée du Départ. Cependant, il voulait se battre à leurs côtés, régler cette affaire avec cet étrange Vanitas et retrouver Yûki qui lui manquait terriblement.

- Monsieur, je…
- Peu importe.
- Huh ?...
- Mickey n’est pas très obéissant non plus.

Plaisanta l’imposant Yen Sid avec un sourire qui brisait son image sévère avec ses gros sourcils gris froncés. Cela arracha un petit rire à Ven. Cependant, il se calma rapidement car les affaires sérieuses reprenaient.

- Alors, que savez-vous sur Mickey ?
- Regardez !

Le canard déposa sur le bureau le Fragment d’étoile. Le chien voulut donner des explications mais il butta plusieurs fois sur le prénom de Ven ce qui exaspéra le petit magicien n’ayant visiblement aucune patience.

- Le jeune Ventrus… Ventilus… Venus…
- Appelle-le Ven !
- Oui, c’est mon surnom.
- Ven l’avait sur lui !
- Peux-tu m’expliquer ?
- Je suis tombé sur Mickey, mais on a été aspirés par la lumière… Je ne sais pas où il est passé.

Raconta tristement Ventus. Il avait senti les regards pesants de tous les protagonistes présents dans la pièce et hélas, il ne leur était d’aucun secours. Il était tout comme eux : ignorant à propos de ce qui avait bien pu arriver à Mickey. Le canard et le chien lâchèrent une plainte désespéré, plus inquiets que jamais pour leur roi.

- Il n’était pas dans le Monde où j’ai trouvé ça.
- C’est ce que je pensais… Mickey passe d’un Monde à l’autre. Ceci explique pourquoi je n’arrivais pas à le localiser.
- Mais c’est possible maintenant ?
- Oui, en effet.

Sous la question du canard, le grand magicien agita ses bras, concentrant un sort, focalisant ses pensées sur le Fragment d’Etoile qui était lié à Mickey, avant de tendre ses mains sur le bureau, activant ainsi une vision. Quelle terrible surprise pour tous de constater que Mickey était à terre sur un sol aride que Ventus reconnaissait très bien pour être ce territoire où il avait affronté Vanitas et rencontré la souris. La souris paraissait mal en point, tentant en vain de se relever, sa Keyblade couchée près de lui. Pris de panique et de colère, Ven posa violemment ses mains sur le bureau, s’approchant de la vision.

- Mickey !
- Le Roi !

Le canard et le chien s’étaient avancés également. La vision disparut en nuage tout comme elle était venue. Tout le monde était angoissé pour le pauvre Mickey en danger.

- Que s’est-il passé ? Où est-il allé ? Il va bien ?
- Une force sombre et puissante entrave ma magie.
- Dîtes-nous où se trouve le Roi, M. Yen Sid. Donald et moi irons là-bas pour le sauver !
- Vous deux ? Je ne crois pas que ce soit approprié.
- Mais je suis le Capitaine des chevaliers royaux !
- Et moi, le magicien royal !

Les deux animaux tentaient de convaincre Yen Sid de les laisser partir et firent même apparaître fièrement leurs armes : un bouclier et un bâton de magicien. Cependant, le grand sage ne paraissait aucunement convaincu par leurs arguments.

- Je vais le trouver. Je reconnais cet endroit.

S’autorisa d’intervenir Ventus.

- Alors on vient avec toi !
- Non, j’ai une dette envers lui. Mickey m’a sauvé, alors je ne peux exposer ses amis au danger.

Le chevalier et le magicien royaux paraissaient plus déterminés que jamais, mais Ven les arrêta, ce qui les déboussola encore.

- Ne vous en faites pas. Je promets de le ramener sain et sauf.

Jura l’adolescent, plus convainquant que jamais. Une nouvelle promesse.

- Bien. Alors nous comptons sur toi, Ventus.

Yen Sid afficha un sourire d’encouragement et le blondin hocha de la tête avant de tourner le dos, près à prendre la porte pour partir direction les Terres Funestes où Mickey avait besoin de lui.
Ventus prit peu de temps pour traverser les Entrechemins et foncer vers l’immense désert. Il parcourut pendant un moment les sentiers. Il savait parfaitement où était Mickey. Il avait reconnu l’endroit où ils avaient tous les deux affronté Vanitas côte à côte alors qu’ils ne se connaissaient pas.
L’adolescent remarqua Mickey et fonça sans aucune hésitation vers lui. Celui-ci ne bougeait pas d’un pouce. Ven s’agenouilla et retourna la souris pour la mettre sur le dos et souleva un peu sa tête, regardant comment il allait. Le malheureux lâchait quelques bruits à peine audibles dans sa douleur.

-Comme on se retrouve, mon garçon.

Se fit soudainement entendre une vieille voix un peu cassée par l’âge. Une voix familière à Ventus. Voire trop. Qui en devenait terrifiante. Pourtant, c’était la première fois qu’il l’entendait. Il redressa la tête et la tourna vivement en entendant des bruits de pas s’approcher. Son sang ne fit qu’un tour. Son cœur avait cessé de battre. C’était Xehanort. Ven était de nouveau pris de ces nausées écœurantes qu’il avait envie de cracher mais elles restaient malheureusement au fond de sa gorge, en train de l’étouffer doucement tandis que son estomac se tordait et ses intestins se déchiraient. Malgré ces terribles douleurs, Ven coucha doucement son ami et se releva pour faire face au vieux Maître.

- Maître… Xehanort.

Ce fut la première fois qu’il prononça son prénom. Et il le regretta. Il fut pris d’un soudain flash qui lui apporta de vagues vieux souvenirs successifs et surtout incompréhensibles. Des choses qu’il avait oubliées. Sa tête lui cognait et il souffrait. Impuissant, Ven tomba sur ses genoux, ses mains s’agrippant à ses cheveux comme dans un geste vain de faire taire sa douleur. Il exprimait quelque peu sa douleur serrant les paupières et les dents. Cette scène parut extrêmement satisfaire Xehanort.

- Ah oui… tu commences à prendre conscience… de ce que tu as perdu. Mais ce n’est pas définitif. Tu as dû perdre pour trouver. Si tu le désires, tu peux tout récupérer. Reprends la part qui te manque. Affronte-le ! La Lumière pure contre Les Ténèbres pures pour forger la Clé Ultime. La toute puissante X-Blade !

Durant tout le long du discours du vieillard, Ventus était pris de douleurs toujours plus fortes que les autres. Ce que racontait Xehanort lui paraissait tellement évident mais à la fois tellement confus.

‘De qui parle-t-il ? Ce n’était donc pas une sensation de vide que je ressens mais bien un fait réel ? Je ne suis donc pas complet ? Ce n’était pas que des idées que je me faisais ? Où est ma moitié ? Je veux la retrouver… Je veux être uni avec elle à nouveau… Je dois l’affronter ? Mais pourquoi ?... Je… je ne veux pas…’

Le blondin se noyait dans ses pensées, se perdait dans ses souvenirs tumultueux et oubliés. Mais ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase lorsque Xehanort évoqua la X-Blade. Presque mort, Ventus s’effondra totalement à terre.

- La Key… blade ?

Demanda-t-il faiblement. Il ne comprenait pas. En quoi le nom de cette arme qu’il avait déjà en possession lui faisait tant de mal ? Pourquoi souffrait-il tant ? Anéanti, il demeurait étalé, écoutant les explications de Xehanort qui se révélait chef d’orchestre de toute l’aventure qu’avait subi Ventus.

- Pas les Keyblades que nous manions, toi et moi. ‘X’… une lettre ancienne. Certains la prononcent ‘kai’, mais son sens est le même : la mort ! Une lettre qui désigne la fin.

Tout en parlant, l’homme au bouc grisant tendit ses mains dans les airs pour faire apparaître un vortex géant de Ténèbres. Ventus, demeuré au sol, prit peu à peu conscience de ce dont il était capable de faire.

- … Et j’ai le pouvoir de la créer ?
- C’est exact.

Il y avait une terrible teinte de jouissance dans l’affirmation de Xehanort. Le vortex se faisait plus violent, déclenchant une tempête de sable encore timide autour des protagonistes avec un Mickey encore inconscient, un Ven épuisé et un Xehanort fourbe et satisfait.

- Eraqus le sait aussi… Il sait ce que tu es vraiment.
- Le Maître ?

‘Ce que je suis vraiment ? Je… je ne suis qu’un objet ?’

Se questionna intérieurement le blondin. Cela le blessait. Le Maître ne voyait en lui qu’une pauvre chose. Mais ce qui l’étonna plus encore c’était que son tuteur était au courant de cette histoire. Pour quelle raison avait-il gardé silence sur une information aussi cruciale ? Ven se rendit compte à ce moment-là à quel point il ne savait rien de lui-même.

- Ne t’es-tu jamais demandé pourquoi il ne t’autorisait pas à partir et à devenir plus fort ?

En y réfléchissant, Ventus voyait que Xehanort disait vrai. Eraqus l’avait toujours moins entraîné que Terra ou Aqua. Yûki avait subi le même sort que lui. Il ignorait pour quelle raison tous les deux se faisaient presque tout le temps rejetés des entraînements. S’il avait pu se battre de temps en temps, ce n’était que par l’intervention de ses amis en cachette des yeux du Maître. Et les occasions étaient parfois rares, car le tuteur ne devait en aucun cas les voir. Quant aux autres Mondes, le Maître refusait tout le temps de lui en parler et le blondin n’en avait que très peu de connaissances grâce à celles de Terra.

Face au silence de Ven à sa question, Xehanort enchaîna.

- Eraqus avait peur de toi. Si jamais tu apprenais la vérité et que tu comprenais ce que tu étais… Il ne t’a jamais fait confiance, sinon pourquoi t’aurait-il surveillé en permanence ?

Tout ce que racontait Xehanort avait du sens, se disait Ven. Eraqus n’avait jamais eu confiance en lui et l’avait souvent rejeté et séparé de Yûki. Un éclair provenant du vortex s’écrasa près du visage de Ven, ce qui lui fit peur. Pris d’une certaine colère, il finit par se relever.

- Oui. J’ai eu beau le lui demander, il n’a jamais voulu me laisser voir d’autres Mondes.

De nouveau sur ses pieds, il prit un peu de temps avant de trouver son équilibre. Xehanort, en face, finit par tendre sa main et envoya une terrible bourrasque que l’adolescent eut énormément du mal à affronter, plaçant ses bras devant son visage, les yeux mi-clos.

- Va ! Va lui demander ! Cherche la vérité et souviens-toi que ton existence a un but important !

Hélas, Ven ne put plus longtemps résister. En même temps que Mickey toujours dans le coma, il se fit emporter dans la tempête qui l’entraîna dans le vortex. Il reprit connaissance, seul, en boule, dans son armure, dans les Entrechemins. Il se redressa et nagea un peu en battant des pieds dans l’espace avant d’être repris de sévères maux de tête dus à tout ce qu’il s’était passé sur les Terres Funestes. Il s’agita un peu en se posant mille et une questions.

‘Que suis-je ? Que m’a caché le Maître pendant tout ce temps ?’

Remettant toute sa vie en question, Ven se mordait la lèvre pour éviter de crier tout ce qui lui passait par l’esprit. Pris d’un terrible doute, de questions troublantes, il était déterminé à connaître la vérité. Il vit alors de loin la Contrée du Départ. Eraqus devait l’attendre là-bas. Après tout, il avait ordonné à Aqua de le ramener là-bas.

‘Je dois connaître la vérité. Je veux savoir qui ou ce que je suis. Je dois être la personne qui me connaît le moins et ça en devient terrifiant. J’ai peur de moi-même.’


Ventus arriva finalement dans son foyer de toujours, surfant sur son véhicule. Une fois proche du sol, il retira son armure et rendit la forme originale à sa Keyblade. La tête baissée, le visage triste, le cœur lourd, l’esprit plein de questions, le blondin marcha lentement sur la place devant l’entrée du château. Il regrettait presque d’être venu ici. Il finit même par s’arrêter au milieu de ce qui avait été plusieurs fois l’arène improvisée de combat avec ses trois amis et observa le bâtiment. Il lâcha ensuite un long soupire.

’Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ?... Que va me dire le Maître ?...’

Finalement, il reprit confiance. Il était déterminé. Il ne devait pas reculer s’il voulait connaître la vérité. Néanmoins, il ne put s’empêcher de baisser la tête et les yeux en remarquant qu’Eraqus était en train de descendre les marches ce qui arrêta l’avancée du blondin qui préférait que ce soit son Maître qui vienne à lui et non pas le contraire. Une fois l’escalier franchit, le tuteur aux cheveux bruns grisants exprima sa surprise.

- Ventus, tu es seul ? Je pensais qu’Aqua…

Ven lâcha un soupire. Son cœur était insupportable. Il était au bord des larmes. Néanmoins, par une certaine volonté qui lui était inconnu, aucune perle de sel ne glissa sur sa joue. Eraqus, une fois proche de son élève, s’agenouilla et posa paternellement ses mains sur chacune des frêles épaules du petit blond qui n’osait regarder dans les yeux son enseignant.

- L’important c’est que tu sois rentré. Tu n’as rien à faire à l’extérieur de ce Monde. Tu dois rester ici pour apprendre-
- Dans votre prison ?
- Comment ?

Ventus, pris d’une nouvelle colère, osa couper celui qui s’occupait de lui. Cela surpris Eraqus qui quitta sa figure douce.

- C’est votre excuse… pour m’avoir emprisonné ici, non ?!

S’énervant de plus en plus, l’adolescent se recula. Cela faisait depuis tellement d’années qu’il avait envie de s’exprimer. Auparavant, il se taisait car il se disait qu’il devait y avoir des dangers qu’il n’était pas prêt à affronter, puisqu’Eraqus ne l’entraînait pas. Mais non. C’était parce que le Maître défiguré avait peur que Ventus ne soit plus sous sa surveillance. Il avait conscience du danger que représentait le blondin.

Eraqus, le visage sévère face à celui plein de haine de Ven, se redressa et demanda presque agressivement :

- Que t’a-t-on raconté ?
- Que je suis censé être une sorte d’arme… Une sorte de… ‘X-Blade’ !

Ventus faisait des grands gestes et hurlait. Il voulait savoir. Eraqus était resté silencieux depuis trop longtemps. Ce dernier, comme perdu dans ses pensées, posa une main sur une de ses vieilles cicatrices.

- Je le savais. Xehanort n’a jamais renoncé.

Eraqus évoqua alors un souvenir qui expliquait l’origine de ses blessures. Quelques temps plus tôt, lui et Xehanort avaient eu une discussion. Le chauve avoua ses désirs de redonner naissance à une vieille guerre : la Guerre des Keyblades, afin de savoir s’ils étaient dignes de la pure Lumière. Cependant, cela impliquait la destruction et le chaos et Eraqus n’était pas prêt de laisser Xehanort accomplir ses projets fous. Prêt à combattre celui qui avait été autrefois son meilleur ami, voire un frère d’arme, il fit apparaître sa Keyblade, néanmoins, Xehanort l’arrêta rapidement en invoquant une sombre aura de Ténèbres inquiétante et lança deux rayons qui blessèrent le pauvre Eraqus qui s’effondra au sol. Xehanort ne serait pas arrêté si facilement et il abandonna son ancien ami. Ventus comprit peu à peu ce qu’il était en train de se passer et ce qu’il impliquait dans l’histoire.

- J’ai échoué… J’aurais pu l’arrêter, mais je n’ai pas réussi. Mais cette fois-ci, n’échouerai pas !

Ven fut pris d’une grande panique. Il était destiné à forger la X-Blade. Cette arme se révélait dangereuse. Et Eraqus était déterminé à stopper Xehanort. Est-ce que cela signifiait que le Maître défiguré était prêt à… le tuer ? Il semblerait bien que les effrayants soupçons de l’adolescent s’affirmaient par le visage plein de détermination de l’adulte mais également par l’invocation de sa Keyblade. Le regard acier transperça les yeux bleus innocents de Ventus qui comprit que cela allait être fini de lui. Il fut d’avantage terrifié par la position offensive du vétéran.

- Maître ! Qu’est-ce que…

Ventus savait parfaitement ce qui allait se passer, mais dans la peur il interrogea son tuteur, reculant encore. Son cœur lui faisait terriblement mal. Son Maître l’angoissait. Il avait peur de mourir.

- La X-Blade n’a pas sa place dans ce Monde ou ailleurs. Xehanort a révélé ses intentions. Je n’ai donc pas d’autre choix.

Quoi ? Il allait l’éliminer comme ça ? Sans aucune pitié ou compassion pour lui ? Eraqus ne l’avait donc jamais aimé pour qu’il ose lever sa Keyblade sur lui pour le tuer ? Ventus savait que le Maître avait toujours préféré Terra et Aqua à lui et Yûki mais il n’aurait jamais imaginé que son tuteur ne ressentait pas le moindre amour pour lui. Avait-il donc pris Ventus par force ? Ven regardait son Maître avec toute la détresse du monde dans les yeux. Mais cela laissait de marbre l’intéressé qui n’allait pas reculer pour empêcher Xehanort d’accomplir sa quête.

- Pardonne-moi… mais tu dois disparaître !

Il chargea une puissante attaque de Lumière du bout de sa Keyblade avant de la lancer sur Ventus. De longues chaînes composées de Lumière foncèrent alors sur le blondin. Celui-ci se savait impuissant et avait parfaitement conscience que cela ne servait à rien de s’échapper car il ne pourrait y parvenir. Il se contenta alors de serrer les dents et les paupières, attendant sa fin.

- VEN !

Cria une voix que Ventus connaissait que trop bien dans le noir. Une éblouissante lumière transperça un peu les paupières toujours closes du blondin qui finit par les soulever pour constater ce qu’il venait de se passer. Terra venait de le sauver. En effet, son meilleur ami, le protégeant en s’étant placé devant lui, avait paré l’attaque mortelle d’Eraqus grâce à son armure. La Keyblade en main, le jeune homme indiquait clairement sa volonté d’affronter son Maître, celui qu’il considérait comme son père, pour la vie de Ventus.

- Quoi ?

Lâcha impulsivement Eraqus, tout aussi choqué que Ven par cette intervention surprise et inattendue.

- Maître, vous êtes devenu fou ?!

Interrogea à forte voix Terra, visiblement choqué par la tentative de meurtre.

- Terra ! Eloigne-toi, c’est un ordre !
- Non !
- Tu n’écoutes pas ton Maître ?
- Non !

L’armure du châtain disparaissait en lumière montrant toute la colère et déception sur son visage. Il demeurait devant Ventus qui écoutait la discussion et regardait tristement celui qui l’avait pris sous son aile. Le blondin était pris de remords. A cause de lui, il avait mis en chaos la relation père-fils que Terra et Eraqus avaient toujours entretenu et il savait ô combien le Maître était très important pour son meilleur ami.

- Pourquoi est-ce que je n’arrive à rien avec toi ?

Cette question rhétorique, visant pourtant Terra, ne put que faire mal à Ven. Terra avait toujours tout fait pour qu’Eraqus soit fier de lui, et Ventus en avait parfaitement conscience. Mais ce que venait de dire leur tuteur révélait une déception envers celui en qui il voyait un fils.

- Si tu n’as pas le cœur à m’obéir, alors je te réserve le même sort qu’à Ventus.

Le blondinet remarqua quelque chose : la teinte de la voix d’Eraqus montrait là une profonde tristesse, un chagrin qui sera sans aucun doute insurmontable pour lui. Cela lui brisait le cœur de devoir tuer Terra. Une larme glissa même sur sa joue. Ven comprit alors que sa vie n’avait aucun sens pour Eraqus. Il l’avait prit sous sa charge parce qu’il avait eu pitié de ce gamin sans vie qu’il était. Mais ce n’était pas de la compassion. A ce moment-là, Ventus envia un peu Terra, mais il était plus désolé pour lui. Il voulait que son meilleur ami parte. S’il restait, il allait se faire tuer lui aussi !

Eraqus fonça sur Terra qui se contentait de parer les coups de son ‘père’. Ventus, impuissant, était agenouillé et ferma les yeux en mettant ses mains devant lui, n’osant pas regarder le combat. Il finit par rouvrir les paupières. Tout alla vite dans son esprit en regardant le combat. Père et fils s’affrontaient. Terra devait souffrir de ce combat tout autant qu’Eraqus. Et tout ça c’était de sa faute. Au bord des larmes, la gorge et le cœur serrés, le blondin hurla à son meilleur ami, baissant la tête :

- Arrête, Terra ! Il a raison…
- Tais-toi !
- Terra…

Terra, par ce simple ordre, avait montré qu’il n’était pas prêt de l’abandonner. Parce que contrairement à Eraqus, il l’aimait parce qu’il était son meilleur ami.

Ven se tut et regarda durant tout le long Terra. Après quelques instants de combat intensif, Eraqus repoussa la Keyblade de son élève en l’abaissant avant de faire un long bond en arrière pour charger une onde de choc de Lumière qui repoussa Terra et Ventus. Le plus grand ne fit que de reculer, un peu dans les airs, et réussit à se réceptionner sur le sol. Ven, lui, étant sur ses genoux, il fut renverser en catastrophe en roulade arrière et son crâne cogna fortement contre le sol ce qui l’assomma. Etalé à terre, il ne bougea plus. Néanmoins, il sentit qu’on le souleva. Il entendit plus ou moins un échange entre Eraqus et Terra. Du côté de l’un, il sentait une puissante aura de Lumière et de l’autre une de Ténèbres.

Ventus reprit conscience lorsqu’il fut jeté au sol par son meilleur ami dans un Portail qu’il avait ouvert. Il se redressa difficilement sur ses bras, se retrouvant à quatre pattes avant de tendre une main vers son mentor et lâcha un appel de détresse :

- Terra, attends !

Malheureusement, Terra était trop occupé à faire face à Eraqus et ce fut la dernière image que le blondin put voir du combat avant que tout ne devienne noir.

Le Portail mena en catastrophe l’adolescent sur une plage tranquille et tropicale. Ven se pressa de se relever et hurla le nom de son meilleur ami en se précipitant sur le passage pour le rejoindre mais hélas il se referma sous son nez. Déterminé à le rejoindre pour arrêter l’affrontement, il amena sa main sur son morceau d’armure pour la porter mais une voix qu’il avait déjà entendu plusieurs fois le coupa dans son élan en le surprenant.

- Tu vas quelque part ?

Ventus se retourna et leva la tête pour apercevoir le garçon au casque. Vanitas. Il se tenait droit sur un pont de bois en hauteur et prenait des airs hautains voire provocateurs. Ven le regarda un moment et ressentit la sensation d’apaisement encore une fois. Il se sentait complet.

Cependant, ses pensées étaient bien plus tournées sur ce qu’il était en train de se produire dans la Contrée du Départ et n’avait aucunement envie de se préoccuper de cela. Il répondit alors simplement :

- J’en ai fini avec toi !

Il ne chercha pas à plus discuter. Il lui tourna le dos et s’éloigna de lui pour trouver un endroit plus tranquille où il pourrait partir. Néanmoins, Vanitas ne paraissait pas partager ses idées.

- Ce n’est que le début pourtant… Tu es assez fort maintenant pour remplir ton devoir. Alors qu’attends-tu ? Rejoins-moi maintenant.

Il fit apparaître sa Keyblade, révélant sa détermination à affronter le blondin. Forger la X-Blade. Vanitas était depuis le début la part de Ténèbres que Ventus cherchait tant en vain et qu’il avait perdu pour des raisons qu’il ignorait. Sa moitié qu’il devait affronter. Il s’arrêta de marcher et garda le dos tourné à son alter-égo. C’était tout à fait normal si Ven s’était senti bien et complet lorsque Vanitas était dans les parages, bien qu’il ignorait que c’était grâce à lui jusque là. Tous les deux ne faisaient qu’un.

- Deviens la X-Blade.

Ajouta le jeune homme composé de Ténèbres. Celui de Lumière cessa de l’ignorer et lui répondit en tournant légèrement sa tête vers lui, serrant les poings.

- Non, je refuse. Il m’a dit que le seul moyen de forger la X-Blade est qu’on se batte. Et moi, je ne me battrai pas…

‘Parce que je ne veux pas te blesser… Je t’ai trop longtemps cherché pour te perdre…’ ajouta-t-il pour lui-même.

- Avant, tu n’aurais pas été capable de rétorquer.

Ventus fut soudainement pris d’une horrible douleur comme lorsqu’il était dans les Terres Funestes avec Xehanort. Mais cette fois-ci, elle fut d’avantage plus forte.



Le désert était plus sec que d’habitude et bien plus effrayant. De nombreux Sans-Cœur aux longs bras et antennes avec des petits yeux dorés vides encadraient un pauvre gamin blond aux yeux bleus pris de panique. Sur un terrain supérieur, observait un vieillard au bouc gris, regardant hautainement son élève. Il s’agissait d’un entraînement que Xehanort faisait subir au pauvre Ventus qui tenait sa Keyblade en main, plus prêt à s’en servir pour se défendre plutôt que d’attaquer.

Affolé, Ven chercha en vain dans tous les sens la moindre chose qui pourrait le faire sortir de ce mauvais pas. Il finit par demander d’une voix cassée par l’effroi :

- Pitié, ne faîtes pas ça, Maître ! Je ne suis pas assez fort !

Il leva sa tête vers le vétéran qui ne montrait aucune compassion dans la détresse du blondin.

- Non… C’est parce que tu te retiens. Laisse les Ténèbres se réveiller dans ton cœur. Libère-les maintenant ! Transforme ta peur en rage.

Les Sans-Cœur se faisaient de plus en plus ce qui terrifiait Ventus qui se contentait de trouver un endroit ‘sécurisant’ dans le petit espace où il était prisonnier pendant que son Maître continuait de lui donner des conseils très douteux.

- Il le faut ! Si tu ne laisses pas la tempête en toi se déchaîner, elle t’effacera de la surface du monde, sois-en certain !

Les créatures de Ténèbres s’approchaient de lui. Ven était effrayé. Il allait y passer. Il n’était pas prêt. Il était incapable de réaliser ce que son Maître lui demandait. Laisser la rage l’envahir. C’était impossible pour lui.

- Vas-y… étreins les Ténèbres. Et forge la X-Blade pour ton Maître !

Les Sans-Cœur étaient terriblement près du blondin qui ne faisait que des les regarder, tétaniser par la peur. Elles devaient être plus puissantes que lui. Il ne put rien faire d’autre que de lâcher un cri d’effroi lorsque l’une des créatures se jeta sur lui, suivie par les autres. Après un terrible massacre, Xehanort les fit disparaître avant de s’approcher tranquillement de son élève blessé et presque inconscient qui était étalé sur le ventre à terre. Il le regarda de haut avant de poser un pied sur le petit pour le retourner sur le dos.

- Ainsi, tu préfères mourir plutôt que d’utiliser ce pouvoir ? Espèce d’incapable. S’il le faut, j’extrairai les Ténèbres en toi de mes propres mains.

Il mit rapidement en place ces propos en faisant apparaître sa Keyblade dont il plaça le bout au dessus du torse de Ventus. Un rayon transperça en pleine poitrine le blondin et une moitié de cœur en ressorti. Il s’agissait de toutes ses Ténèbres. De dangereux et inquiétants rayons se formèrent autour du cœur et un jeune homme vêtu d’une combinaison sombre et portant un casque en ressorti tandis que Ven lâchait un cri de douleur avant de perdre totalement conscience, ses yeux bleus vide de toute vie, comme s’il était mort. Ainsi furent séparés Ventus et Vanitas.



Ventus souffrait encore de terribles maux de tête de ses vieux souvenirs qu’il avait oubliés autrefois. Il comprenait tout à présent. Il avait été accueilli par Eraqus parce qu’il était ami de Xehanort et celui-ci le lui avait confié parce qu’il ne devait pas rester auprès de Vanitas, sinon, avec sa faiblesse, il aurait disparu face aux Ténèbres puissantes de son alter-égo et cela aurait détruit les plans du Maître fourbe. Eraqus, lui, n’avait qu’accepter Ventus parce qu’il s’agissait d’un élève de son vieil ami et qu’il avait eu de la pitié en voyant ce gamin à moitié mort qui tenait encore pourtant debout et qui était très instable.

- Soit… Je vais te donner une raison de te battre.
- Quoi ?

Les douleurs s’apaisèrent. Ventus se tourna à nouveau vers Vanitas qui se faisant menaçant.

- Retrouve-moi dans le seul endroit où puisse naître la X-Blade : la Nécropole des Keyblades. Là-bas, tu me verras ôter la vie de Terra et d’Aqua. Nous verrons alors si tu es toujours pacifiste.

Un Portail de Ténèbres se forma derrière lui et il disparut à l’intérieur, ignorant le cri de Ventus.

- Attends !

Il ne voulait pas l’affronter, mais il ne lui laissait pas le choix. Non. Xehanort ne leur laissait pas le choix. Leur combat était inévitable. Plein de haine à l’idée de perdre ses amis, il sortit sa précieuse Eclaireuse verte, le porte-bonheur en forme d’étoile qu’Aqua avait fait et donné à tous ses amis la veille de l’épreuve du symbole de maîtrise. La regardant, le blondin la serra dans sa main en faisant une promesse.

- Terra, Aqua, Yûki… Je jure de mettre fin à tout ça.

‘Nous allons tous les deux en souffrir… il doit en avoir conscience lui aussi… mais il ne reculera devant rien… Et je ne veux pas sacrifier la vie de mes amis… Si seulement nous nous étions retrouvés dans d’autres circonstances. Vanitas… je suis désolé…’

Il sortit sa Keyblade, rangeant son Eclaireuse, et ouvrit un Portail ainsi avant de prendre son armure et transformer son arme en véhicule pour partir dans les Entrechemins. La Nécropole des Keyblades. C’était ce désert où il s’était retrouvé deux fois là-bas. Un lieu auquel lui et Vanitas étaient liés. Ce serait là leur terrain d’affrontement. Ce serait là leur fin. Aucun des deux ne s’en sortirait. C’était un fait auquel ni l’un ni l’autre ne pouvait échapper.(c) par elfyqchan pour Never-Utopia

Ventus arriva à destination. Plus que jamais, son cœur lui faisait mal. Il souffrait terriblement. Cependant, il n’allait pas reculer. Pour la vie de ses amis, il était prêt à affronter Vanitas. S’il n’avait pas menacé la vie de ses amis, jamais il ne serait venu.

Le blondin marcha un peu sur le sol aride de l’immense désert et se stoppa sur le bord d’une falaise et observa ce qu’il se présentait sous ses yeux. Déterminé, l’adolescent fit apparaître son arme et la leva le plus haut possible.

- Amis pour la vie.

Se dit-il à voix haute, pensant à Terra, Aqua et Yûki. Son ascension reprit doucement jusqu’à ce qu’il tombe de plus en plus sur des Nescients tous plus menaçants les uns que les autres. Ven avait peur. Il allait s’épuiser avant même d’atteindre la zone de combat ultime.

Pendant un long moment, le blondin marcha dans le désert, se défendant comme il pouvait contre les Nescients. Il arriva finalement sur un terrain immense où reposaient des milliers de vieilles Keyblades rouillées, abandonnées par leurs porteurs. Il remarqua dans un genre de carrefour formé par les clés que Terra et Aqua discutaient ensemble.

S’approchant de plus en plus de ses amis, le blondin réfléchissait rapidement sur ce qu’il pourrait leur dire. Il devait leur parler de son combat inévitable contre Vanitas. La X-Blade allait être forgée, ça, il n’en avait pas de doute. Il aurait besoin de l’aide de ses amis. Et malheureusement, il n’y avait qu’une seule issue dans toute cette histoire. Son cœur cognait fort dans sa pauvre poitrine. Il baissa la tête, gardant un peu de distance par rapport à ses amis.

- Xehanort veut que j’affronte Vanitas… pour créer une sorte de ‘X-Blade’. Mais le Maître a dit qu’il fallait empêcher ça… et il a voulu se débarrasser de moi.
- Une Keyblade ?

Demanda Aqua, n’ayant visiblement pas compris de quoi pouvait bien parler le blondin. Celui-ci secoua doucement la tête, le regard plus baissé, et amena sa main près de son cœur. Combattre Vanitas le terrifiait au plus au point. Qu’il perde ou qu’il gagne face à lui, tous les deux en sortiraient brisés de cette bataille.

- Je ne sais pas ce que c’est… mais je suis terrorisé rien que d’y penser.

Il serra un peu sa main. Terra, compatissant, s’approcha de lui et posa une main fraternelle sur la petite épaule du blondin et tenta de le rassurer en souriant.

- Ne t’en fais pas, Ven. On est là pour toi.

Aqua avança également et hocha de la tête pour affirmer les propos de son ami. Cependant, Ventus n’avait pas fini de parler. Il restait encore cet horrible choix qu’il avait fait qui demeurait au fond de sa gorge, en train de l’étouffer.

- Il faudra que j’affronte Vanitas. Et si c’est le cas… je veux que vous-
- Rien ne peut nous séparer, pas vrai ? Je trouverai toujours une solution.

Terra le coupa violemment, jouant le rôle de grand frère. Il serra un peu plus son emprise sur l’épaule de Ven pour appuyer ses propos. Aqua, quant à elle, s’abaissa un peu pour être à la hauteur de l’adolescent et posa une douce main maternelle sur sa joue, lui affichant un tendre sourire. Néanmoins, Ventus n’était aucunement touché par ces gestes. Il les repoussa même et osa finalement redresser sa tête pour les regarder dans les yeux.

- Je vous le demande en tant qu’ami… Vous devrez… m’achever.

Ven regardait sévèrement ses amis. Tous deux comprirent qu’il ne plaisantait pas et qu’il n’était pas prêt de revenir sur sa décision. Il ne pouvait y échapper. La X-Blade devait être détruite coûte que coûte même si cela entraînait la mort du blondin. Sacrifier une vie pour des milliers d’autres, c’était mieux ainsi. Terra et Aqua se redressèrent, exprimant tout de même leur surprise mais également leur tristesse. Ils allaient perdre leur ami.

Une tempête de sable commença à se lever et les trois amis tournèrent leur tête et aperçurent Xehanort qui s’approchait d’eux. Dans un étrange flash, Vanitas apparut à ses côtés. Tous deux s’arrêtèrent une fois la distance plus ou moins réduite avec le trio. Le Maître tendit son bras pour montrer toutes les Keyblades présentes dans le désert.

- Admirez ceci. Autrefois, ces clés sans vie étaient puissantes et unies avec le cœur de leur maître. Sur ces terres arides, les Keyblades de Lumière et de Ténèbres croisèrent le fer au cours de la Guerre des Keyblades ! Plusieurs porteurs de Keyblade perdirent la vie afin de trouver la clé ultime. Et bientôt, elle sera mienne… X-Blade !

Finit-il en pointant du doigt Ventus. Le trio réagit rapidement en faisant apparaître leur armure pour se protéger ainsi que leur arme pour attaquer. Ven voulut se lancer en premier, cependant, Terra le retint en le repoussant légèrement après l’avoir rattrapé par l’épaule. Le jeune homme voulut se jeter sur le vieux Maître mais ce dernier leva un morceau du territoire ce qui fit que Terra s’écrasa lamentablement dessus. Le plus impressionnant fut la montée d’une autre partie du désert en immense tour qui passa au dessus de l’endroit où était tombé Terra. Ventus ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. D’autant plus que le ciel crépusculaire fut couvert peu à peu de nuages gris qui changèrent l’ambiance.

L’adolescent ne put s’inquiéter d’avantage pour son meilleur ami. En effet, un étrange tourbillon composé de Keyblades jaillit du sol et tenta de l’agresser avec Aqua. Celle-ci avertit le blondin, tandis que Vanitas se précipita sur la tornade pour monter sur une Keyblade et foncer sur Ventus qui ne put esquiver l’attaque. Il fut renverser en catastrophe mais pris peu de temps à se relever. Vanitas fonçait à présent sur Terra qui tomba dangereusement de son morceau de terre. Aqua, impuissante, regarda son ami tomber et ne put rien faire contre une nouvelle tempête de vieilles clés qui la portèrent dans les airs et lui en brisèrent le casque lorsqu’elle chuta. Ven se précipita vers elle. Elle allait bien. Elle usa même de sa Keyblade pour lancer un sort de protection sur Terra qui souffrait de tous les coups des clés qu’il recevait. Ventus, très inquiet pour son meilleur ami, tenta de le rejoindre. Il s’écrasa sur une plateforme et Xehanort se trouvait non loin de lui, s’emparant de sa Keyblade, montrant son intention de le blesser. Le blondin se précipita et, dans un bond, tenta de frapper le vieux Maître par derrière au niveau de sa tête avec son arme. Hélas, sa cible disparut soudainement pour reparaître dans son dos et l’attrapa dans son saut par le casque. L’adolescent s’agitait pathétiquement dans le vide, tentant en vain d’échapper à Xehanort. Terra cria le nom de son ami. Il tenta de se lever pour lui porter main forte mais Vanitas déboula avec son armée de Keyblades qui firent tomber le jeune homme. Depuis le sol, Aqua remarqua Ven se fit geler soudainement par le Maître et lâché du haut de la falaise. Il se cogna violemment plusieurs fois tout le long de sa chute. En cet instant, Ventus crut bien qu’il allait mourir et malheureusement, il ne pouvait pas bouger d’un seul pouce. Heureusement qu’Aqua put réagir rapidement et le réceptionna après s’être lancée sur le sol. Elle constata que son armure était également amochée mais ce qui lui importait le plus était la santé de Ventus dont elle pouvait voir le visage figé, le casque étant presque intégralement détruit.

- Ven, ça va ?

Celui-ci ne put malheureusement répondre, mais il n’avait pas grand-chose. Quelques égratignures sans doute. Son armure l’avait bien protégé.

Xehanort envoya une sphère de Ténèbres dans le ciel pour repousser quelques nuages et faire découvrir un étrange Kingdom Hearts artificiel qui ne présageait rien de bon. Ventus, tout en regardant la scène, s’interrogeait à propos de Yûki. Il se souvenait bien d’avoir ressenti sa présence ici à sa première visite, mais pas cette fois-ci. Allait-elle bien ? Était-elle en sécurité ? Il espérait fort. Il aurait tellement voulu la revoir. Malheureusement, il ne pourrait plus. Après son combat contre Vanitas, il devra être tué pour sauver tout le monde. Elle allait terriblement lui manquer. Cela faisait déjà depuis un long moment qu’il désirait la revoir, mais depuis le Symbole de Maîtrise, il n’en avait plus trouvé d’occasion.

Aqua veillait sur le pauvre Ven congelé lorsqu’un étrange homme intervint.

- Laisse-moi m’occuper du glaçon et va te battre avec Terra.

Il s’agissait d’un homme élancé à la chevelure mi-longue ébène, plaqué vers l’arrière. Il avait une sorte d’uniforme que Ventus avait déjà vu dans le Jardin Radieux – le même que celui des gardes !- avec un foulard rouge un peu dégradé. Ses oreilles étaient étrangement pointues comme Xehanort. Et il avait un autre point commun avec le Maître : son unique œil visible doré. Il portait également une vilaine cicatrice sur sa joue gauche et un cache-œil noir sur la partie droite de son visage.

- Tu dois être furieuse qu’il ait zigouillé ton Maître.
- Qui es-tu ?

L’interrogea Aqua, demeurant impassible face à son commentaire et surtout très méfiante de ce qu’il était capable de faire.

- Tu crois que vous avez un grand rôle à jouer, vous deux. C’est ça… T’es juste là parce qu’une fois que j’en aurai fini avec toi, Terra succombera aux Ténèbres. Bon, qui veut passer en premier ?

Ventus, jusque là resté silencieux et qui tentait de bouger pour faire fondre la glace, s’énerva. Les sourcils froncés, le regard tourné vers l’étrange inconnu, les dents serrées, il hurla un simple :

- Ferme-la !

L’homme, loin d’être intimidé, leva ses mains en s’amusant à se moquer du blondin :

- Oooh ! Le morveux se prend pour un super porteur de Keyblade ? Il a pas l’air content, dis donc.

Cela énerva encore plus l’adolescent. Il détestait qu’on se moque de lui. Il avait toujours eu en horreur cela. Cela le rabaissait et il en faisait déjà assez dans son propre coin pour que d’autres en rajoutent une couche. Aqua, plus réfléchie, intervint :

- Vas-y, perds ton temps. Tu auras beau essayer de nous séparer avec tes manipulations, ça ne marchera pas !

Elle allongea doucement Ventus sur le sol pour se relever. Celui-ci retenta de se libérer de sa prison de glace, malheureusement, c’était trop difficile. La jeune Maître de la Keyblade se releva et se retourna vers l’inconnu, faisant apparaître son arme.

- Terra va prouver qu’il est plus fort !
- Aqua !

L’adolescent, remarquant que l’homme aux yeux dorés avait sorti des arbalètes, tenta vainement d’arrêter son amie ayant peur pour elle. Il ne put entendre que le combat, étant incapable de tourner la tête pour voir comment se déroulait la bataille. Durant tout ce temps, il ne demeura pas impassible. Il gigotait comme il pouvait pour briser la glace. Il pensait à ses amis aussi pour se donner du courage et de la force.

Au final, après plusieurs minutes, Aqua réussit à épuisé son adversaire qui, à bout de souffle, plaça un commentaire :

- J’oublie toujours qu’il ne faut pas se frotter aux porteurs de Keyblade. Mais, tu sais quoi ? Ça veut dire que j’ai fait le bon choix.

La jeune femme voulut lancer de nouveau l’assaut mais l’inconnu s’enfuit avant même qu’elle ne put faire quoique ce soit.

- Je devais juste lui faire gagner du temps et c’est réussi.
- Quoi ?

Aqua le laissa partir avant de se retourner, sans doute inquiète pour son ami.

- Ven !

L’adolescent, toujours gelé, tourna un peu son regard vers elle et hurla son nom lorsqu’il vit Vanitas juste au dessus d’elle, plus haut dans les airs, Keyblade en main. Celle-ci eut à peine le temps de se retourner qu’elle reçut de plein fouet l’attaque du casqué, s’effondrant à terre, inconsciente. En voyant cela, les menaces de son alter-égo revinrent dans l’esprit de Ven :

‘ Là-bas, tu me verras ôter la vie de Terra et d’Aqua. Nous verrons alors si tu es toujours pacifiste.’

En effet, Vanitas n’avait pas menti puisqu’il renversa sa Keyblade vers le bas avant de l’élever, prêt à transpercer le corps inconscient de la jeune femme avec. Ventus, fou de rage à l’idée de la perdre, réussit miraculeusement à faire fondre la glace et avant que Vanitas ait pu faire quoique ce soit, il l’arrêta en poussant un puissant :

- NOOOOOON !

Le ténébreux tourna la tête vers son alter-égo qui était à présent debout et surtout le regard plein de haine. Ven voulait faire la paix avec Vanitas, mais celui-ci était prêt à tout pour forger la X-Blade. Il avait failli tuer Aqua, et pour cela, le blond ne pouvait demeurer de marbre. Ils allaient se battre, c’était un piège et l’adolescent en avait parfaitement conscience, mais il avait également compris que ce combat était inévitable.

L’affrontement fut rude et long. Chacun montrait de véritables techniques de combat plus puissantes les unes que les autres. Ventus n’avait qu’une idée en tête : venger Aqua ; tandis que Vanitas, lui, ne désirait que former la clé ultime. Avec leurs arguments propres, ils étaient tous les deux animés par une même volonté de gagner. Au final, Ven se montra beaucoup plus fort que son alter-égo qui était penché sur le sol, montrant sa capitulation, entouré d’une étrange aura de Ténèbres.

- Tu as réussi, Ventus.

Le blondin se contenta de le regarder, demeurant en position de défense, Keyblade en main tandis que celle de Vanitas disparu quasiment en même temps que le casque qui avait si longtemps préservé sous anonymat son visage. Ventus put découvrir qu’il avait le même visage que lui avec des yeux dorés et une coupe en bataille brune.

- Maintenant que mon corps va disparaître, nous n’allons faire plus qu’un !

Ven ne put s’empêcher de s’inquiéter en entendant cela. Il s’était préparé à cela, mais le vivre en était une autre. D’autant plus que l’aura de Vanitas augmenta et s’étala en arc de cercle autour du blondin.

- La X-Blade va être forgée !

Cria fièrement le brun tandis que des Nescients sortirent de l’aura pour se jeter sur Ventus et l’immobiliser. Vanitas s’avança vers lui pendant qu’il tentait de s’échapper des trois Innodeurs.

- Les Nescients… viennent de toi ?

Cela expliquait encore pour quelle raison il se sentait si étrange en leur présence… Les points des i venaient enfin d’être posés. Toutes les questions de Ventus avaient trouvé leurs réponses. Vanitas afficha un sourire fier et prit la peine d’expliquer au blondin à quel point il venait de subir une défaite écrasante malgré le fait qu’il avait remporté le combat :

- C’est arrivé quand nous avons été divisés en deux. La négativité a revêtu la forme de ces monstres. Ils sont ce que je ressens : une horde d’émotions sous mon contrôle.

Pendant qu’il parlait, d’autres Nescients apparurent, affirmant ainsi les propos du brun.

- Je les ai libérés dans les Mondes où j’ai pu, en espérant t’attirer et t’éloigner de ton Maître.

Il s’avança dangereusement vers son alter-égo qui n’arrivait toujours pas à se libérer de l’étreinte étouffante des petites créatures.

- Il fallait que tu deviennes plus fort. Et les Nescients étaient les adversaires rêvés. Mais qu’importe le nombre de fois où tu les bats, leur négativité revient vers moi. Pour toi, Ventus, c’était perdu d’avance.

Les Nescients, exceptés les Innondeurs qui emprisonnaient Ven, disparurent peu à peu. Vanitas paraissait tellement fier de ce qu’il avançait. Affichant un énorme sourire sadique, il approcha encore du blondin et une lumière jaillit soudainement pour finalement donner une puissante sphère autour de Ventus qui écartela le sol où il était. Vanitas avait physiquement disparu, et Ven était là, seul, perdu dans l’énergie, tentant en vain de lutter contre une force invisible avant d’abandonner, lâchant un cri de douleur. La sphère de Lumière se transforma en un inquiétant rayon rouge.

Et tout devint noir.

Doucement, Ventus reprit peu à peu connaissance. Il se sentait tomber. Il leva difficilement ses paupières et remarqua que tout était sombre autour de lui. Ses pieds se posèrent sur une sorte de palier. Il baissa son regard dessus et remarqua qu’il y était représenté avec Vanitas. La représentation de son cœur. Ventus tourna sa tête à la recherche de son alter-égo qui tombait doucement derrière lui, portant une imposante arme dans sa main. Le blondin, en regardant l’étrange épée, se sentit très mal. Il avait l’impression que son cœur était réduit en miettes et que son corps voulait lui faire recracher tout le sang qu’il contenait. Il ressentait une mort imminente, et pourtant, il était encore en vie. Il fit face à Vanitas qui expliqua la situation :

- Notre union était incomplète.

Ventus se tenait sur la partie dédiée à Vanitas sur le pallier et inversement. Le blondin observa ce qui devait être la X-Blade. Elle était en mauvais état. Elle paraissait être en morceaux. Comme le cœur de Ven en ce moment-même.

- La X-Blade ne doit pas rester dans cet état. Rejoins-moi maintenant pour compléter la X-Blade !

Finit le brun en pointant son alter-égo du bout de l’arme. Celui-ci secoua la tête, montrant son refus. Il avait encore une chance de briser cette arme trop dangereuse pour être laissée entre les mains de Xehanort. Il devait détruire la X-Blade. Il fit apparaître sa clé qui paraissait bien petite à côté de celle de Vanitas et avoua son ultime ambition :

- J’ai une meilleure idée. Si je vous éliminais tous les deux ?

Cela fit bien rire Vanitas qui ne se retint pas de se moquer ouvertement du blondin, l’insultant même, néanmoins, ce dernier demeurait parfaitement déterminé. Il avait conscience qu’en décidant de détruire la X-Blade il ne s’en remettrait jamais et qu’il allait blesser Vanitas, cependant, s’il laissait faire, Xehanort serait le grand gagnant et qui sait ce qu’il était capable de faire ?

- Ton cœur fait aussi partie de la X-Blade, idiot. Si tu la détruis, ton cœur disparaîtra à tout jamais.
- Peu importe. Je ferai tout pour sauver Terra, Aqua et Yûki.

Le blondin remarqua un air attristé dans la lueur dorée de son alter-égo, tandis que son propre regard bleu était plein de détermination. Tant pis si cela le tuait, tant que ses amis étaient sains et saufs, c’était le plus important. Et peut-être pourrait-il enfin trouver la paix qu’il recherchait tant depuis qu’il avait été séparé de Vanitas et ce serait également le cas pour lui ?

- Hmff… Il n’y en a que pour tes amis !
- J’en ai, moi au moins ! Je suis devenu une partie de leur cœur, et eux une partie du mien. Mes amis sont ma force et moi la leur !

Hurla-t-il, plus prêt que jamais. Si cela devait être le dernier instant de sa vie, autant donner tout ce qu’il avait dans son pauvre cœur meurtri depuis tant d’années. Le combat fut encore plus difficile que le précédent. Ventus voulait gagner pour empêcher la X-Blade d’être intégralement forgée, tandis que Vanitas souhaitait compléter leur union pour que la clé ultime soit plus puissante que jamais. Tous les deux s’entredéchiraient. Chaque coup qu’ils portaient l’un sur l’autre leur faisaient terriblement mal. Cependant, ils n’étaient pas prêts de s’arrêter. Aucun retour en arrière n’était possible. Durant la bataille, le pilier fut brisé. Symboliquement, cela représentait le futur état du cœur de Ven à l’issue du combat. Celui-ci se montra bien plus fort que son alter-égo. Il réussit à le désarmer et le blondin ne put rien faire d’autre que de regarder le brun agiter ses bras dans le vide, tentant de reprendre la X-Blade. Finalement, à bout d’énergie, il ferma les yeux et se laissa tomber. La X-Blade et la Keyblade de Ventus disparurent en même temps dans des éclats de Lumière. Vanitas sombra jusqu’à un sol entièrement noir et eut le même sort que les clés. Le palier reprit forme et Ven put y poser à nouveau ses pieds. Il remarqua qu’il n’y avait plus que lui sur l’énorme vitrail. Il eut un petit sourire satisfait se disant qu’il avait réussi à sauver ses amis et ferma ses paupières, devenant à son tour des particules de Lumières, tandis que son cœur s’envolait haut.


Ventus tombait tout doucement dans un endroit qu’il semblait reconnaître. Un endroit où il avait pu se reposer suite à sa séparation avec Vanitas. Le cœur d’un enfant. Il reconnut la chaleur et la Lumière que portait ce cœur ce qui le rassura. Il allait donc reposer ici.

‘Cet endroit… Je suis déjà venu ici. Cette chaleur. Je me souviens maintenant… C’est ton cœur.’

Son cœur s’approcha tout doucement d’un palier où se tenait un petit garçon à la chevelure châtaine et aux doux yeux bleus innocents. Il était vêtu d’un petit tee-shirt blanc aux bords bleus et d’un bermuda rouge avec de fines sandalettes. Le vitrail était bleu avec des dessins représentant sans aucun doute les divertissements de l’enfant et reflétaient ainsi sa joyeuse et dynamique personnalité.

- Hé, vous m’entendez ?

Cria le garçonnet de sa petite voix encore aigüe à son jeune âge. Le cœur de Ven s’avança encore vers lui et lui répondit :

- J’ai entendu ta voix. Elle a percé les Ténèbres autour de moi.

L’enfant lâcha un soupire de joie en souriant, observant la descente de la petite Lumière sphérique.

- Seul, je l’ai suivie vers un océan de Lumière et je me suis retrouvé ici avec toi.

Le garçon tendit ses mains pour accueillir auprès de lui le cœur brisé de Ventus qui avait divagué dans une solitude sans nom. Il avait naïvement cru qu’il pouvait trouver la paix en gagnant le combat, mais c’était tout le contraire. Il avait terriblement mal. Cependant, être auprès de celui qui l’avait sauvé de la mort une première fois lui procurait une grande source de bonheur.

Le garçonnet souriait et hochait de la tête aux explications de Ven qui lui était très reconnaissant.

- Tu m’as redonné quelque chose quand j’en avais le plus besoin… Une seconde chance.
- Ah bon ?
- Mais… je dois me rendormir à présent.

L’enfant fut premièrement surpris avant d’exprimer une légère tristesse et sans doute grande compassion pour la faible lueur qui flottait entre ses mains.

- Tu es triste ?
- … Est-ce que je peux rester ici avec toi ?
- Oui, si ça peut te faire plaisir !
- Merci.

Le garçonnet, souriant, amena le cœur jusqu’à sa petite poitrine pour que la lueur entre en lui et se repose dans son propre cœur.

Et Ventus trouva enfin la paix.

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