un bon Barbecue en foret (libre)

Emiri n'en pouvait plus. Ce n'était ni le temps chaud, ni la jungle impénétrable, ni les quelques animaux sauvages qu'elle avait rencontré, ni la longue marche qu'elle avait entreprise qui l'énervait le plus, mais les commentaires ininterrompus d'Haruhi sur cet endroit.

-Pourquoi qu'on est venus ici ? Tu crois vraiment que Zarxnos viendrait perdre son temps ici ? Qu'est ce qu'il y ferait ? Du safari-photo ? Y fait une chaleur pas possible et on a rien croisé d'humain depuis quand on est atterri ici et on est dévorés par les moustiques.

Rectification, Emiri était dévoré par les moustiques car tant qu'elle avait le contrôle du corps, c'est elle qui se prenait toutes les attaques des moustiques voraces. Pour une fois, elle était prête à laisser Haruhi prendre le contrôle pour qu'elle réalise vraiment l'ampleur de ce qu'elle se plaignait. Elle n'était jamais contente. Pour une fois qu'elles bougeaient, qu'elles allaient dans un endroit mystérieux loin de toute vie, elle se plaignait.

Et puis zut, mine de rien, elle s'effaça, ne pensa plus à rien, se fit presque invisible, comme si elle n'existait pas. C'était une technique qu'elle avait depuis toujours: ne pas se faire remarquer, s'oublier soi-même. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Haruhi prit la place d'Emiri sans que cette première ne se rende compte de rien.

Tout en continuant de déverser ses plaintes, elle se rendit bien vite compte qu'elle voyait le décor beaucoup mieux qu'il y a cinq minutes. Elle prit deux minutes de réflexion et se rendit compte de la forfaiture d'Emiri.

-Eh, c'est pas fair-play ça. J'ai jamais dit que je voulais prendre le contrôle. Eh, tu m'écoutes ?

Mais Emiri ne répondait pas. Elle était d'un naturel calme et sympathique mais elle n'avait pas pu s'empêcher de se jouer d'Haruhi. C'était de bonne guerre. Haruhi avança donc en boudant quand elle sentit une odeur de viande grillée. Elle renifla bruyamment et son estomac se fit entendre.

-Ah, enfin une trace de civilisation. A table !

Emiri voulut à nouveau parler et arrêter de faire la sourde oreille pour préconiser la prudence mais trop tard. La jeune Haruhi courait déjà à toute allure vers l'endroit d'où provenait le doux fumet, jusqu'à tomber, à quelques mètres à peine du bivoauc, sur un gorille de plusieurs mètres de haut. Celui-ci observa Haruhi et la saisit par la taille pour mieux l'examiner.

-Non, mais voulez-vous me lâcher grosse brute ?

Il suffisait de demander. Alors que le gorille avait retourné Haruhi pour pouvoir l'observer sous toutes les coutures, il la relâcha sans crier gare et s'enfuit. Haruhi, alors dans une position peu approprié à la chute, tomba quasiment sur la tête. Elle se releva tout en pestant avant de sentir la présence qui avait fait fuir le gorille. Un sans-coeur.

-Maman !

Habituellement, Haruhi était toujours partant pour un combat. Mais là, devant un sans-coeur gorille de deux mètres de haut, dans une jungle qu'elle n'aimait décidément pas, elle préféra fuir dans la direction du bivouac. Le sans-coeur la suivait tranquillement tout en arrachant quelques arbres au passage de sa forte musculature.

Haruhi tomba donc sur une jeune fille en train de cuire à la broche une quelconque viande.

Dois-je vous décrire ce qu'Haruhi faisait tandis qu'on se battait contre un sans-coeur géant ? Elle avait récupéré un peu de la viande que le sans-coeur avait relâché après le coup de Zena, et s'en régalait comme si de rien n'était.

-Ca va pas ? Tu pourrais aller l'aider. Fit Emiri, outrée de son comportement.

-Bah, elle a l'air de très bien s'en sortir.

Zena atterrit à côté d'elle suite à un puissant coup du sans-coeur et se releva comme si de rien n'était pour repartir à l'assaut.

-Ah, tu vois, elle a beaucoup d'énergie.

Emiri botta mentalement les fesses d'Haruhi qui se mit sur ses jambes en un saut. Tout en grommelant, elle sortit sa keyblade et fonça tête baissée vers le sans-coeur. L'attaque de Zena avait détruit l'arme du sans-coeur. Haruhi sauta sur le dos et frappa de toutes ses forces sur le cuir du monstre. Mais le sans-coeur semblait insensible. C'était comme un moustique piquant un singe.

Tout étonné de voir un parasite titiller son dos, le singe sans-coeur saisit la jeune fille qui continuait de frapper sans regarder ce qu'elle faisait. Elle continuait de frapper la grosse main du sans-coeur, imperturbable, non sans quelque "tiens vilain pas beau" "tiens, tiens". Quand elle s'arrêta, elle vit devant elle le sans-coeur qui la tenait à hauteur de son oeil pour mieux l'observer.

-Quoi, t'as jamais vu une fille, primate dégénéré.

Décidément, elle en avait marre de cette jungle. Elle planta sa keyblade dans l'oeil du sans-coeur qui la laissa tomber. Hop, atterrissage sur les fesses. Ce qui nous faisait deux excitées en colère contre un sans-coeur désormais borgne. Deux bourrines contre un primate en colère.

Haruhi vit la jeune femme s'attaquer à l'autre oeil. Le monstre était donc à présent aveugle. Haruhi se réjouissait déjà de voir ce monstre quasiment vaincu. Mais c'était sans compter un menu problème. Le sans-coeur commença à dépérir comme s'il fondait. Et de ces yeux, au fur et à mesure, sortirent de multiples ombres. Des dizaines, des centaines, des milliers peut-être.

-Super ! Encore la chance ! On a décidément pas de chance avec les sans-coeur, c'est toujours pour nous les hordes.

Haruhi se releva prête à se battre. Le gorille sans-coeur était désormais disparu, et de lui, il ne restait plus que ses rejetons. Haruhi se mit dos à dos avec Zena.

-Bon moi, celle qui en détruit le plus a gagné ?

-Ah là, je te retrouve.

Fit Emiri dans sa tête. Elle était effrayée intérieurement mais elle sentait qu'Haruhi reprenait enfin un peu d'aplomb et reprenait du plaisir à foncer tête baissée dans un combat démesurée.
Elle sauta sur le premier sans-coeur venu et frappa dans tous les sens. Puis devant l'ampleur du combat, elle cria:

-Je crois qu'on sera pas de trop de trois.

Elle invoqua son mog dans une gerbe de lumière. Celui-ci sortit sa mini-keyblade. L'intérêt de ce petit mog était qu'il se faufilait partout à grande vitesse. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il alla sous les sans-coeur pour leur asséner des coups sous le ventre. De temps à autre, il lançait un shuriken. Du côté d'Haruhi, ça baignait.

Dans le ciel apparut un dragon blanc. Ah ça... C'était autre chose que le mignon petit mog d'Haruhi. Celle-ci fut tentée de bouder mais il y avait encore beaucoup trop de sans-coeur. Elle se concentra donc sur ces saletés de créatures qui pullulaient encore.

Après un long combat, les sans-coeur semblaient neutralisés. Haruhi, l'air satisfait, toqua avec son doigt sur l'épaule de Zena, alors de dos. Elle lui fit fièrement:

-86, j'ai eu du mal à compter. Y en avait tellement.

Certaine d'avoir gagné, elle observa le champ de bataille. C'était pas bien joli. La clairière était dévasté. Le sol était calciné et c'était une chance que rien n'ait brûlé. Les arbres étaient déracinés. Un vrai capharnaüm. Un vrai désastre, oui.

-Bon, moi je vais me reposer.

Fit Haruhi. Emiri essaya de la retenir, mais non, Haruhi laissa la place à Emiri. Ses cheveux s'allongèrent et devinrent blonds.

-Je déteste faire ça devant les étrangers, tu le sais pourtant.

-*RONFLE*

-Ok...

Emiri sourit l'air gênée de débarquer à l'improviste. Elle dit:

-Merci de ton aide. Je m'appelle Emiri et toi ? Bravo tu as été formidable.

Emiri regarda la fière bestiole s'envoler dans les airs. Elle s'était assise près du feu et regardait Zena tourner la broche. Elle semblait très proche de son compagnon. Elle enviait presque une telle complicité. Depuis qu'elle était vivante à nouveau, elle n'avait pas encore pu compter sur une telle complicité, pas même avec cette stupide Haruhi. Elle se demandait ce qu'elle avait voulu dire par "je lui dirais peut-être pas tout, mais je lui dirais". Qu'est ce qu'elle voulait lui dire ? Elle préféra ne pas insister sur ce point car elle n'aimait pas paraître indiscrète.

La chasseresse se présenta comme étant Zena et précisa que l'animal la remerciait. Elle ne comprenait pas pourquoi. C'était plutôt lui qui l'avait sorti d'affaire. Qu'est ce qu'elle avait fait de spécial envers cette créature ? Bah, tous les remerciement sont bons à prendre.

-C'est moi qui le remercie, sans lui, on ne serait peut-être pas là à en parler. C'est une étonnante créature. Comment vous êtes vous lié d'amitié avec lui ?

Surtout que ce n'était pas le genre d'animal que tu pouvais trimballer partout. Ca ne devait pas passer inaperçu. Curieuse d'en savoir plus sur cette étrange jeune femme, elle demanda en espérant ne pas être indiscrète:

-Vous êtes d'ici ?

En y réfléchissant un peu, c'était peu probable. Une jeune femme en pleine forêt qui prendrait un bivouac en pleine nature avec rien d'autre qu'un sac. Cela ressemblait plus à quelqu'un en voyage, mais après tout, cela n'impliquait pas qu'elle voyageai de monde en monde, elle pouvait explorer ce monde seulement.

Emiri écouta attentivement l'histoire de Zena et du dragon. C'était assez mignon comme histoire. Un couple improbable: le chasseur et la proie réunis. Exactement comme elle était reine de lumière (enfin métaphoriquement) et lui, prince des ténèbres. Oui, si on extrapolait, les deux couples n'étaient pas si différents. Enfin, ils ne l'étaient pas, aujourd'hui ça avait changé.

-Ah ne te remets pas à chialer à cause du passé, ou parce que tu ne sens pas assez forte.

Fit Haruhi qui en fait, n'aimait pas voir Emiri triste et espérait bien que la fois où elle avait extériorisé cela au château de la bête avait suffi. Mais ça n'avait pas suffi, cela ne suffirait jamais. Mais cette fois, Emiri se fit forte et chassa de son esprit les idées noires.

-Mon monde à moi n'est plus depuis longtemps aussi. Très longtemps.

Quoi que ? Qu'est ce qu'elle en savait ? Un guerrier de la Keyblade avait bien réussi à sauver les mondes il y a longtemps, son monde était peut-être revenu ? Promis, un jour, elle se mettrait à sa recherche quand elle aurait fini le plus important, ou bien elle tomberait peut-être dessus par hasard durant ses recherches ?

-Si vous n'êtes pas d'ici, que faites-vous dans ce coin paumé, si je ne suis pas trop indiscrète ?

Emiri fut étonnée d'apprendre que Zena avait cet étrange pouvoir de voyager et d'atterrir quelque part sans même le vouloir.

-Rien n'est dû au hasard. Je suis sûr que si tu es là, c'est que tu étais destiné à venir ici. D'ailleurs, j'ai bien l'impression qu'ici, tu es dans ton élément.

Fit-elle avec un grand sourire. Elle avait remarqué les habits, l'arsenal et l'agilité de Zena et sentait qu'elle devait adorer la chasse, et donc une jungle... Quoi de mieux pour une chasseresse ? Par contre, pour une princesse habituée aux châteaux et à un minimum de confort, c'était bizarre. Mais Emiri avait l'habitude de ne jamais se plaindre.

Elle croqua dans la viande qu'on lui avait tendu pour chasser ses idées noires mais Emiri se sentait déjà de mieux en mieux. Le grand air peut-être ? Elle finit goulûment sa part et puis tout doucement, elle se leva. Elle sentit autour d'elle, la forêt, les présences qui la peuplaient. Pas de trace d'un guerrier des ténèbres. Zarxnos n'était pas là, encore.

-Je dois absolument partir. On se reverra peut-être, mais je suis pressée.

Elle fit un signe de la main. Puis, elle marcha tout doucement vers son vaisseau en espérant retrouver son chemin.

[HS: pour moi, c'est fini à moins que ton perso ait encore quelque chose à dire ou à me faire faire. ^^]