Le Départ [solo]

~ Décision :

J’avais fait mon sac. J’avais fait le nécessaire, j’avais prévenu le secrétariat de ma fac, j’avais prévenu mon psy, j’avais achevé tous mes préparatifs.
J’avais pris une décision.


Il s’était écoulé à peine deux jours depuis que j’avais fait la connaissance des demoiselles Takamina et Chiery Himeji, et j’avais d’ores et déjà dévoré une bonne partie du Livre du Sage, d'après sa Majesté Makoto Byakuya Himeji de Nomugo.
Et plus je lisais, moins j’en savais.

La frustration m’étouffait. Je comprenais les mondes, la magie, les Ténèbres, la Lumière, je découvrais et comprenais cet univers jusqu’alors totalement méconnu, mais je ne parvenais à m’y inscrire. Les réponses qui m’apportaient satisfaction entraînaient immanquablement d’autres interrogations, et je ne savais comment user de ce savoir. Ma Keyblade restait un mystère pour moi.
J’étais comme un homme-tronc avisant un formidable trésor en haut d’un escalier : je saisissais bien qu’il me fallait gravir les marches pour l’atteindre, mais je savais également que j’étais dans l’impossibilité physique de le faire.

Et puis j’avais lu le nom Yen Sid. J’avais lu les mots « Maître de la Keyblade ». J’avais lu le lieu « Tour Mystérieuse ». Et, surtout, j’avais lu « train fantôme ». Et à partir de là, rien, plus rien, n’avait été en mesure de m’arrêter. J’avais fait mon sac. J’avais fait le nécessaire, j’avais prévenu le secrétariat de ma fac, j’avais prévenu mon psy, j’avais achevé tous mes préparatifs.
J’avais pris une décision.

Je me rendis à la gare, mon sac sur l’épaule et l’estomac noué.
J’avais menti à mon psy, en vérité. Et à ma fac. Pour la première fois depuis mon réveil, je prenais une décision seul, sans demander l’opinion de mon entourage. Pire, je faisais une chose dans leur dos. Des gens chargés de me surveiller, de m’aider, de me soigner, et je leur avais menti, pour mieux les quitter.
C’était aussi excitant qu’inquiétant. Autrefois, je n’avais pas autant peur de sortir des sentiers balisés, mais tout avait changé, depuis…

Je m’assis sur un banc. Des trains partaient un peu partout, vers le reste de la ville, la plage… Mais celui que j’attendais était d’une autre nature. Je patientai, mon casque sur les oreilles, mon roman à la main. Les minutes passaient, lentes, interminables.
J’attendis.
Je sortis mon carnet et dessinai. Enfin, je gribouillai.
Les heures passaient.

Je commençai à me dire que c’était stupide. Que je ferais mieux de rentrer chez moi. Qu’espérais-je, au fond, du journal de deux orphelines portant des oreilles de chat ? Était-ce bien raisonnable ? N’avais-je pas prouvé que je n’étais plus capable de vivre seul ? Mon cœur était devenu une épave, et je ne valais guère mieux…
Non, il me fallait un soutien moral et mental, sans quoi je sombrerais. J’étais malade, après tout ; je n’avais plus la force de courir comme ça, sans boussole, après des rêves.

Je me levai donc, et esquissai un mouvement vers la sortie…
Lorsqu’il entra en gare. Tout violet et doré. Décoré de lunes et d’étoiles. Il ressemblait à un train pour enfant, un manège pour parc d’attractions.
Je regardai autour de moi : la gare était pratiquement déserte. J’allai vers le train. Ses portières s’ouvrirent à mon approche. J’y pénétrai. Elles se refermèrent.
Le train siffla, et, l’instant d’après, quitta la gare.

Et je réalisai qu’il n’était venu que pour moi.

Et je réalisai que j’étais réellement parti.

… Ce que je ne réalisai pas, c’est que mon voyage m’emmènerait bien plus loin que j’aurais pu l’imaginer.

[Fin du RP]