Avant que l'on ne l'oublie - Akua

C'est ainsi. Rien ne peut y remédier. C'est ce que je suis, c'est ce que je serai.

Akua avait renoué avec sa nature profonde, en se terrant là où elle pensait être à sa place : dans les tréfonds du Domaine des Ténèbres. C'est là qu'elle était née, c'est là qu'elle avait grandit, c'est là qu'elle se sentait être en adéquation avec le monde. Enfin, avec son monde. Le Monde Obscur, les Ténèbres, ce n'est qu'ici qu'elle se sentait "à l'aise" — même si cette proximité avec la noirceur ne la rendait bien évidemment pas heureuse pour autant.

Elle avait compris qu'elle n'était pas faite pour la Lumière, côtoyer ses habitants n'avaient fait que la renvoyer face à son identité et l'inégalité des cœurs. Le sien ne pouvait pas supporter les émotions que l'on ressent face à la chaleur de la bonté et la générosité des bienfaiteurs du Royaume de la Lumière. Même ceux qui ne se voyaient pas comme tel émettaient une lueur qui pesait sur l'âme noire d'Akua.

La joie. L'amitié. L'amour. Je ne suis pas faite pour cela. Ces sentiments me sont impossibles, et même s'ils arrivent à parvenir jusqu'à mon cœur, ils ne font que me faire souffrir. Je suis incapable de les comprendre — incapable de les accepter. Alors à quoi bon essayer ? Vivre dans la Lumière, c'est souffrir, et la souffrance mène aux Ténèbres. C'est pour cela que je suis de retour dans ces lieux.

Elle avait fini par se recroqueviller sur elle-même, au sens propre comme au figuré. Elle s'était assise au bord d'un précipice dont seules les âmes les plus torturées connaissaient le fond, en admettant qu'il y en ait un. Là, elle regardait le vide. Lasse, elle pensait à s'y laisser glisser. Que pouvait-il lui arriver, si elle s'engouffrait encore plus profondément dans l'obscurité ? Il y a-t-il seulement quelque chose au-delà de la noirceur de ces lieux ? La mort peut-être. Mais Akua n'était pas assez forte pour l'embrasser. Elle n'avait pas envie de vivre, mais n'avait pas non plus envie de mourir.

Je ne peux... qu'attendre...