La valse du Marionnettiste [PV: Kairi et Emiri]

Sasaki n'eut finalement pas à s'inquiéter pour Kairi. Celle-ci avait repris du poil de la bête et seule Emiko restait désespérément endormie. Elle avait toujours cet air neutre. C'était déjà un bon point: elle n'avait pas l'air de continuer ses horribles cauchemars. Mais si Sasaki avait réussi à chasser ses cauchemars, en apparence, avait-elle pour autant réussi à chasser ce qui empêchait Emiko de se réveiller ? Elle repensa à cette horrible Néo-Sasaki qui avait sûrement été responsable de l'état d'Emiko. Que lui avait-elle fait ? Comment l'aider ? Déjà qu'elle ne se sentait pas capable d'aider à battre ces poupées, elle n'arrivait pas non plus à venir en aide à Emiko, c'était frustrant. En attendant, la présence de Karah était rassurante, bien que ces histoires soient difficiles à saisir.

Fujimi n'eut aucun remords à s'attaquer à Belle bien que La Bête semblait hésiter du fait que celle-ci avait hurlé de terreur et supplié La Bête de l'aider. Que Fujimi y croit ou pas, qu'elle ait simplement décidé d'arrêter Belle parce qu'elle restait dangereuse, peu importait, Fujimi continuait le combat. Elle frappa aussi fort que possible le corps de Belle.

Soudain, La Bête se saisit de Fujimi et la souleva au dessus de sa tête. Tiens ? Pour une fois que c'était elle qui se retrouvait au dessus de la tête de quelqu'un. La Bête lança Fujimi sur une colonne de marbre, mais cette dernière se réceptionna et courut sur les parois de la colonne pour en faire le tour et revenir à la charge. La Bête s'interposa et les deux combattants se heurtèrent. Leurs mains sur le corps de leur ennemi, ils se poussaient, opposant et comparant leur forces respectives, dans l'espoir que l'un d'eux arriverait à repousser l'autre. Si La Bête eut un temps l'avantage, Fujimi parvint à prendre appui sur ses pieds pour commencer à faire reculer le monstre.

Mais le véritable ennemi n'était pas pour autant au repos. Belle se jeta sur le dos de la bête et le poignarda. Belle s'excusa, hurla, choquée de son geste, mais... Pour quelqu'un qui s'excusait, elle n'y mettait pas tout son coeur, semblait-il. Pas une larme, à peine les traits du visage qui s'attristaient... La Bête rugit en se cabrant. Fujimi en profita pour se dégager et éloigner Belle d'un coup de pied bien placé. Rien à faire. Belle n'était pas en verre comme l'était Cendrillon. Impossible d'en isoler la note capable de briser le corps de Belle... Était-ce seulement une poupée ? On en doutait.

Shiki en avait assez de cet horripilant marionnettiste. Cela ne l'empêchait pas de rester attentive. Et ce qu'elle entendait ne lui plaisait pas. Un monde détruit ? Pour quelle raison ? Comment ? Tuer, même en morceaux, ce n'était pas encore suspect, encore que l'on pouvait aussi se demander les raisons profondes d'un meurtre. Mais détruire un monde ? C'était la façon dont il présentait la chose... On ne pouvait pas dire qu'il s'en défendait ou qu'il faisait preuve de remords... Louche.

Raison de plus pour en finir rapidement.

-On attaque !

Shiki lança sa dague à corde, et bien sûr, Drocell l'évita en se penchant sur le côté, de quelques centimètres seulement. Mais la dague continua son chemin. Elle heurta une armure au fond, derrière Drocell. Elle ricocha sur le bouclier et alla s'enrouler autour d'un pan du petit lustre au dessus de Drocell. Shiki dégagea la manche de son kimono de sa mai-prothèse et crispa les doigts. Aussitôt, la dague empreinte de magie continua sa course à toute allure. La corde se déroula, glissa et la dague put chuter à toute vitesse sur le sommet du crâne de Drocell qui, convaincu d'avoir évité l'attaque et distrait par celles de Zéro, ne put esquiver, sans savoir d'où venait l'attaque.

Shiki tira d'un coup sec sur sa corde et la dague remonta avec sa prise. Drocell se retrouva pendu au dessus d'eux, le crâne ouvert. Zéro réarma ses armes et vida son chargeur sur le corps suspendu, comme à la pinata... A peu de choses près. Shiki lâcha la corde et Drocell chuta comme une pierre, inerte, les yeux globuleux.

Aussitôt, les deux princesses restantes s'immobilisèrent et s'effondrèrent sur elles-même. Le marionnettiste mort, ses créations n'avaient plus personne pour les faire marcher. L'instant de vérité: vérifier s'il s'agissait des vraies princesses transformées, ou de simples copies ?

-Il faudra que tu m'expliques certaines choses, toi. Gronda Shiki avant de descendre au rez de chaussée pour s'assurer que Sasaki était en sûreté.

Sasaki allait bien.

-... Mais Emiko n'est toujours pas réveillée, pourquoi ?

-Son visage ne semble plus torturé par la douleur. C'est bon signe. Tu t'inquiètes pour rien, je pense. Le pire est passé, elle se repose juste.

Le combat semblait terminé. Sasaki regarda autour d'elle en se demandant si le temps de parler à Kairi était enfin venue. De plus, elle se demandait où étaient les princesses de coeur. Elle était convaincue que ces princesses n'étaient pas les vraies. Même si cela ne tenait qu'en une sensation. Tout n'était pas tout à fait réglé donc. On comptait encore les blessés en quelque sorte. La fin de tout ceci ne s'était pas faite sans encombres...

La fin n'était pas venue pourtant. En effet, un cri retentit et Drocell revint au centre de la scène pour devenir une monstruosité géante. Pour ne rien améliorer, la créature sembla changer le lieu en un amas de ténèbres. Les ténèbres les entourèrent, empêchant toute échappatoire. Etaient-ils même seulement encore au château de la Bête ?

Sasaki retourna au chevet d'Emiko mais déjà elle sentait qu'elle était bien moins encore à l'abri que tout à l'heure. Elle tremblait de tous ses membres en regardant la chose qui se dressait devant eux.

Les hostilités s'engagèrent alors que Kairi envoyait sa lumière pulvériser le Drocell originel, mais il semblait indestructible. La vérité était là: quelle était la faiblesse de ce monstre ? Où frapper ? Il n'était pas temps d'y penser que les mains se ruaient sur les ennemis. Fujimi et Shiki eurent aussitôt le réflexe de s'attaquer aux yeux fixés sur ces mains. Finalement, le buste n'était pas vraiment leur préoccupation principale, mais plutôt ces mains, telles des entités à part entières. Mais c'est ce qui laissa penser à Shiki qu'elles protégeaient le "cœur" de la structure qui devait demeurer ce Drocell géant.

Sasaki ne pouvait pas détourner les yeux de l'horreur, du monstre qui se trouvait là. Elle ne pouvait pas croire qu'une telle chose puisse exister. Elle avait l'impression d'avoir sombré à son tour dans un horrible cauchemar. Et c'était d'autant plus gênant de ne pas pouvoir se débattre, de rester là sans pouvoir faire quoi que ce soit.

Soudain, elle sentit que les ténèbres semblaient grimper le long de ses jambes, la chatouillant comme de l'eau l'engloutissant peu à peu. Elle courait le long de sa peau et d'un coup sec, elles commencèrent à la tirer vers le bas, plus bas que le sol. Elle s'enfonçait inexorablement. Elle avait beau s'agripper au sol, elle n'arrivait pas à se retenir. Et quand l'idée lui vint d'appeler à l'aide, un bâillon de ténèbres aussi froid et gluant que de la mélasse vint se poser sur sa bouche alors qu'elle disparaissait.

Sasaki ferma les yeux tandis qu'elle se retrouvait comme enfermée dans un cocon noir où elle ne pouvait plus rien voir. Puis, elle sentit son coeur faire un bond. Sa cage se propulsait d'un coup sec vers l'avant pour la propulser et la faire tomber vers l'avant. On n'y voyait toujours goutte.

-Il était une Sasaki, pirouette cacahuète, il était une Sasaki qui avait de jolis yeux, qui avait de jolis yeux. Nous les lui avons arraché, pirouette cacahuète, nous les lui avons arraché, à la tenaille et au maillet.

Sasaki commença à y voir plus distinctement une forme se dessiner. Elle reconnut aussitôt la sienne et en conclut bien vite qu'elle était à nouveau en présence de Néo-Sasaki.

Le fait est que celle-ci avait profité de l'abondance de ténèbres pour facilement s'y déplacer et interagir avec. En ce moment même, elle s'en nourrissait et en devenait chaque seconde plus forte, sans que personne ne s'en aperçoive. Néo-Sasaki s'approcha de Sasaki et lui prit le menton. D'un sourire carnassier, elle se lécha les babines. Sasaki ferma les yeux, attendant que sa dernière heure arrive enfin. Elle resta quelques secondes qui lui parurent des heures les yeux fermés à attendre.

Un court instant après, elle n'avait toujours rien senti venir. Cela avait-il été moins douloureux qu'elle ne l'avait pensé ? Ou quelque chose retenait-il le bras de Néo-Sasaki ? Elle rouvrit les yeux et constata que Néo-Sasaki était toujours à quelques centimètres d'elle, mais sans son sourire sadique.

-Oh quoi ? Déçue ? Tu croyais vraiment que nous allions te faire bobo tout de suite ? Tu as si une mauvaise opinion de nous déjà. Tu sais, quand nous sommes apparue, nous étions une bête assoiffée de ténèbres, un truc sans forme et sans pensée. Et peu à peu nous avons pris forme, nous nous sommes gorgée de ténèbres et nous avons commencé à réfléchir.

-Que me veux-tu ?

-Te sauver, sœurette. Là bas tu étais en danger. Ici, tu es dans nos bras, saine et sauve. A l'abri de tout danger. Crois-nous tu ne crois rien. Nous dévorerons tes ténèbres un jour, mais pas tout de suite. Ce ne serait pas poli, nous nous connaissons à peine. Bien et si nous parlions de nous ? Nous deux nous voulons dire... Nous et Sasaki. Comment va ce cher Zéro ?

-De quoi veux-tu parler ? Murmura Sasaki, mal à l'aise. Elle essaya dans un vain effort de protéger Zéro.

-Arrête, on sait qu'on l'aime. Nous sommes toi. Ah, toi tu ne demandes que son amour. Nous voulons plus. Nous sommes l'incarnation de tes plus noirs désirs. Veux-tu savoir ce que ton coeur désire ardemment et que ta conscience refuse ?

https://youtu.be/7Tlzlqkjxnk?t=10m56s

Elle commença une danse langoureuse tout en s'amusant à disparaître et réapparaître dans les airs dans des positions suggestives autour de Sasaki qui se sentait de plus en plus mal à l'aise. Surtout que Néo-Sasaki se frottait à elle et s'amusait à lui faire peur. A présent, elles étaient dans un endroit inaccessible. A la fois ici et partout, comme diluées dans les ténèbres. Ici et ailleurs.

Sasaki n'aimait définitivement pas le regard que Néo-Sasaki avait en la regardant. Elle avait l'impression de voir une araignée devant une mouche prise dans sa toile, prête à la dévorer, mais d'abord à s'amuser un peu avec. A vrai dire, elle croyait malgré tout Néo quand celle-ci lui disait qu'elle ne lui ferait rien pour le moment, mais cela n'empêchait pas que sa présence était intimidante et que son regard en disait long sur ses projets futurs. Et puis, savoir que cette... Chose était issue d'elle. Le plus effrayant pour elle était de se demander ce qu'elle risquait de faire à d'autres personnes, ses amis tout particulièrement.

Elle comprenait très bien que cette chose était issue d'elle et donc elle craignait par dessus tout que Néo-Sasaki fasse du mal à qui que ce soit. Sasaki ne se le pardonnerait jamais car sans elle, Néo n'aurait jamais existé. Elle se sentirait toujours responsable de la présence de cette créature et de tous les méfaits qu'elle pourrait commettre. Déjà là elle s'en voulait car Emiko se portait mal et Néo-Sasaki y était sûrement pour quelque chose. Tiens, d'ailleurs...

-Qu'est ce que tu as fait à Emiko ? Tu peux pas l'aider ?

Néo-Sasaki lévitait, allongée sur le ventre en faisant les yeux doux, en se léchant les babines. Elle était toujours dans des positions tendancieuses, toujours dans une attitude charmeuse. Comme si elle savait que Sasaki était jolie et qu'elle mettait bien plus en avant cet atout que Sasaki. Même lorsqu'il n'y avait pas de beaux garçons à charmer.

-Emiko ? Emiko... Ah oui... Bof, on a joué quoi. Pis c'était pas notre faute, nous't'avons dit qu'au départ nous n'étions pas assez développées pour penser à ce que l'on faisait. C'était l'instinct. L'instinct du prédateur.

-Alors maintenant que tu as repris tes esprits, tu peux l'aider ?

Néo-Sasaki haussa un sourcil dubitatif, semblant visiblement considérer que Sasaki était un peu naïve et que c'était désolant de croire ainsi au père Noël. Toutefois, la créature ne perdait pas le nord. Elle sentait bien qu'il y avait un filon à exploiter.

-Si on l'aide, tu nous donnes quelque chose en échange ? Genre euh... Un peu de toi et 24h avec notre Zéronouchet.

-Euh... Faut voir. Qu'est ce que tu entends par là ? Tu ne vas rien lui faire hein ? Et pis un peu de moi, c'est à dire ?

-Tu nous connais si mal. On ferait pas de mal à notre amour de Zéro. On y va, on se fait passer pour toi, on profite de son amour. Pif, paf, et après nous te le rendons. Quant à un peu de toi, c'est indispensable. Tu vois, on est pas encore tout à fait toi. Les cheveux sombres, la peau pâle... Si tu nous laissais prendre encore un peu de toi, de tes ténèbres en particulier, nous serons un peu plus toi et nous te ressemblerons et Zéro ne se doutera de rien. C'est juste pour qu'on soit comme des jumelles ? C'est cool non ? Comme une famille.

Sasaki déglutit un peu, mais elle s'inquiétait un peu trop pour Emiko.

-Bon d'accord, mais un peu hein ? Pas trop.

-Promis ! Sur la tête à notre amour.

Néo-Sasaki semblait comme une petite gamine à laquelle on avait promis une montagne de bonbons. Elle cessa de léviter. Elle s'approcha de Sasaki et l'embrassa. Elle se mit à aspirer si fort que Sasaki eut l'impression que toute son âme partait. C'était douloureux, comme voir son âme harponné et tiré vers le rivage.

Kairi eût l'air terrifiée lorsque Drocell eût comprit la supercherie et lui dit que mentir ne lui allait pas du tout. Il avait raison, elle n'avait jamais su mentir, mais elle croyait que pour une fois, elle pourrait y arriver pour sauver ses amis et surtout, pour terminer très rapidement ce combat, car la vie de Sasaki semblait être en danger, il fallait aussi lui porter secours. Fallait-il lui répondre ? Lui dire la vérité ? Kairi ne savait pas, mais étant trop pure, elle ne pu s'empêcher de lui apporter la réponse à sa question existentielle, ce qui n'eût pas l'air de plaire à Karah.

"Parce que... parce que vous m'aimez bien non ? Et puis, je préfère devenir votre jouet plutôt que de les voir disparaître !"

C'était sûrement la mauvaise réponse, car une sphère l'emprisonna et commença à la compresser, ce qui la fit crier de douleur, ce qui était tout à fait normal, vu que se faire compresser ne faisait jamais du bien et encore moins quand c'était les ténèbres qui le faisait, l'élément qui vous cause le plus de faiblesses. En voyant ce qu'il était en train de se passer, son invocation eût l'air apeurée, elle ne voulait pas que sa maîtresse, son amie, voir même plus sa petite sœur meurt broyée, cela ne pouvait pas arriver, c'était impensable, comment Est-ce qu'elle allait faire pour vivre sans elle ? Son existence n'aurait plus aucuns sens, elle repartirait dans l'obscurité jusqu'au jour où la fille de Kairi ou une toute autre personne retrouverait son caillou d'invocation. Commençant à s'effacer, Karah se remémora les premiers instants où depuis l'endroit où allaient toutes les invocations, elle avait vu la princesse de cœur trouver son caillou d'invocation en forme de cœur bleu, suite à un tir de canon du Capitaine Crochet au Pays Imaginaire. Par la suite, elle revoyait dans sa tête le premier jour où elle avait rencontré Kairi, une amitié s'était tout de suite créée entre elles, elles étaient devenues une équipe inséparable, mais ce n'était pas le cas aujourd'hui. Entendre Kairi pousser des cris de douleur déchirait le cœur qu'elle n'avait pas, malgré ce que disaient les gens, les invocations avaient une âme, un cœur et un caractère bien à eux, voilà la raison pour laquelle Kairi les respectait et les aimait.

- Kairi ! Oh mon dieu c'est tellement triste et je ne peux rien faire pour elle !

Se mit à penser Karah en serrant les dents, car se sentir aussi faible l'énervait au plus haut point, elle aurait tant voulu faire pour l'aider, que c'était frustrant ! heureusement, Zéro réussi à la sauver en prenant sa place, ce qui fit que l'invocation reprit des couleurs, tandis que Kairi reprenait ses esprits en étant à genoux par terre tout en appuyant ses mains sur le sol en ayant la tête penchée. Cette dernière pleurait de soulagement, de honte et surtout de douleur. Karah aurait bien voulu la prendre dans ses bras, mais elle préféra ne pas le faire, ne voulant pas déstabiliser encore plus sa jeune maîtresse, qui fini enfin par se relever en essuyant ses yeux du revers de sa main droite tout en ayant l'air outrée par ce que Drocell lui avait fait.

"Pauvre fou ! Comment voulez-vous faire quelque chose de bien si vous détruisez l'original ? Vous êtes complètement malade !"

Après l'avoir engueulé, elle se senti mieux. Par la suite, Zéro vint la rejoindre et lui proposa un choix à faire. Elle réfléchit quelques secondes, puis sourit. Etant une princesse, qu'est-ce qu'elle pouvait faire de mieux ? Et bien, l'appât, toute façon, c'était toujours elle qui le faisait lorsqu'un plan devait se faire, alors pourquoi changer une équipe qui gagne ? Karah sachant très bien ce qu'elle allait faire, leva les yeux au ciel, décidément, elle ne changera jamais cette inconsciente de princesse de cœur !

"Je me charge de le distraire. Karah. Si jamais cela se passe mal, remet ceci à une personne de confiance et dit-lui de le transmettre à Sora"

Lui ordonna presque Kairi en lui confiant son précieux porte-bonheur en forme de fruit paopou, houlà, si la jeune fille confiait son porte-bonheur, cela voulait dire que la partie devenait serrée et qu'elle risquait bien d'y passer. Cependant, pensant à sa famille, elle ne pouvait pas se permettre de disparaître, alors elle ferait le maximum pour rester en vie. Elle regarda longuement Drocell, puis s'approcha à nouveau de lui et le regarda avec un air plus qu'innocent.

"Dites monsieur Drocell, vous ne m'avez pas dit quel était ma meilleure position, de profil... ou de face ?"

Elle se plaça de profil en prononçant ce mot tout en prenant une pose en mettant ses mains de façon à ce qu'elle soit très provoquante, puis lorsqu'elle prononça le mot face, la miss se mit de face, puis après un temps d'arrêt, à le regarder, un sourire se dessina sur son visage d'ange, ce qui n'était pas bon signe, la miss allait faire quelque chose d'insensé, mais assez utile pour que Zéro puisse faire le rester.

"Inferno !"

Kairi fit faire un arc de cercle à sa Keyblade avant de balancer la sauce, une immense colonne de feu se créa et emporta les mains, ainsi que le Drocell dans une ronde enflammée. Ceci étant fait, Kairi continua avec un combo, ce qui occupa le petit personnel, car la jeune fille se battait comme une tigresse, d'ailleurs, elle se battait avec tellement de rapidité, qu'on pouvait penser qu'elle avait deux Keyblade. En ce battant, on pouvait aussi avoir l'impression qu'elle dansait, car elle gesticulait beaucoup et faisait plusieurs rondes sur elle-même tout en envoyant son arme mordre de son feu flamboyant les multiples adversaires qu'elle rencontrait. En la voyant faire, le Drocell serait sûrement captiver par la jeune fille, mais en même temps sans sans défenses, car la miss empêchait les mains et le Drocell à taille humaine d'attaquer avec une telle énergie que Karah se demandait où elle la trouvait, surtout qu'elle devait avoir une ou deux côtés fracturées après être passée dans la sphère, donc tout en l'admirant, elle la regardait combattre, se tenant prête à prendre le relais pour que Zéro ne soit embêté à aucuns moments, peut-être qu'avec ce stratagème enfin ils réussiraient à battre le monstre.

[HRP: j'échange mon tour avec Zéro]

Sasaki s'inquiétait. Elle semblait complètement coupée de l'extérieur. Les clameurs du combat ne lui parvenait pas et tout n'était que silence hormis les excentricités de Néo-Sasaki. Sa dernière trouvaille était de sauter dans tous les sens en chantant: "Je vais avoir un rancard avec Zéro ! Je vais avoir un rancard avec Zéro !" et d'autres choses, elle se vantait de pouvoir se diviser en plusieurs, de ne pas avoir mal quand on la frappait, bref, c'était un peu tout le chant de gloire de Néo-Sasaki.

A vrai dire, Sasaki se fichait bien de ce que Néo avait en tête ou de ce qu'elle pouvait faire actuellement, elle-même s'inquiétait surtout de ne pas savoir ce qu'il se passait en haut. Comme quoi, en regardant le combat, son inquiétude était déjà grande et tout ce flot de violence, d'armes, de coups, de sang était insupportable à regarder. Mais ne rien voir, en être coupé, et ne pas voir Zéro, être certaine qu'il était encore vivant, c'était pire encore. Et puis il y avait Kairi aussi, elle avait promis de tout lui dire. Et si cela n'était pas possible à cause d'un accident ? Ou si elle n'arrivait pas à ressortir d'ici ?

-T'es sûr que nous sommes du même corps ? Sasaki pleure tout le temps et moi j'ai la pêche ! Sasaki a le blues et moi j'ai le rythme ! Disait-elle en faisant de grands pas de danse et des moulinets avec ses poings.

Depuis qu'elle lui avait piqué de ses ténèbres, Néo était effectivement un clone parfait de Sasaki. Pas une seule différence, même infime de couleurs, de forme... Tout y était. Même l'odeur. Et en plus, comme pour la transformer totalement, elle n'avait plus cette manie de s'appeler "nous" à la place de "je".

Soudain, comme aspiré par le plafond, bien qu'impossible de déterminer dans cet amas de ténèbres où était le haut et le bas, elles s'élevèrent et les ténèbres semblèrent comme aspirés et s'effacer.

L'instant d'après, elles étaient dans une pièce obscure et poussiéreuse. Elle avait l'impression de tomber en pleine réunion car il y avait du monde. Fort heureusement, du monde connu et amical... Pour la plupart. Néo-Sasaki continuait à tourner autour de Sasaki comme un indien autour de son totem en chantant "Je vais avoir un rancard avec Zéro ! Je vais avoir un rancard avec Zéro !". Sans doute n'avait-elle même pas remarqué le changement brutal de décor et la présence des autres personnes.

En relevant la tête, elle put voir entre les gens, un homme étrange qui s'adressait à eux.

-Oh ! Wah ! Qui est donc le décorateur de cet endroit ? On dirait notre prison à Shinrya. Pas vrai ma chérie ? Euh... Qu'est ce qu'ils font là tous ceux là ? Tu parles d'un rancard, pas même un peu d'intimité.

Shiki, qui jamais ne perdait le nord, enregistrait les informations. Si Zéro était une autre création de cet homme, au même titre que Drocell, alors la méfiance était de rigueur. Certes, Zéro avait détruit Drocell, mais qui pouvait savoir si son créateur n'allait pas à présent utilisé son autre création ? Il était un peu tôt pour déclarer à Stein qu'un marionnettiste sans pantins n'a plus aucun pouvoir.

Fujimi fit demi-tour sur place et marcha lentement vers la sortie. Elle s'en alla, sans un sentiment sur la figure. Où allait-elle ? Au grenier. Elle partait récupérer quelque chose. Seulement voilà, quelle drôle de réaction alors que le danger ne semblait pas écarté.

Sasaki n'était pas certaine de pouvoir tout comprendre. Elle était mal à l'aise. Elle aurait voulu que cela soit terminé, que ce retour au monde réel signe le retour des beaux jours, ou au moins le retour au calme, pouvoir embrasser Zéro, saluer Kairi et lui parler en amie, honorer sa promesse, guérir Emiko... Mais c'était comme si la nuit ne voulait pas se terminer.

Il semblait que tout ceci soit une nouvelle histoire de famille. Mais... Plus étrange. Un homme parlait de lui comme d'une chose plus que d'un véritable fils. Pire, ils se vouaient une haine, une haine qui avait menée apparemment à la mort de ce père... Ou en tout cas à sa mise en charpie. Sasaki en fut révulsée. Mais pas tellement par le geste que par la relation compliquée. Un père et un fils qui s'entre-déchirent. Sasaki aurait sûrement été plus choquée si elle n'avait pas elle-même eu une mère cruelle. Mais n'ayant jamais connu son père... Qu'est ce qu'un père ? Qu'est ce que l'amour père-fils ?

Choquée elle l'était, mais surtout parce qu'elle pensait que ce père avait dû être un horrible père pour que Zéro en arrive à cette extrémité.  Quelle sombre histoire de famille. La sienne, celle de Sasaki, lui paraissait déjà sombre, mais finalement elle était surtout inexistante. Sasaki avait passé sa jeunesse enfermée et n'avait finalement jamais vécu d'histoires de famille. C'était sans doute préférable à vivre une vie de famille aussi chaotique que celle de Zéro. Sa mère aurait-elle été aussi cruelle envers elle ? Elle n'en était pas sûre, mais elle était certaine d'avoir entendu le nom de "monstre" dans la bouche de sa mère, pour parler d'elle.

Il y avait aussi une soeur. Tiens, un point commun avec Sasaki. Mais c'était comme si toute cette famille était déchirée et que Zéro ne pouvait pas aussi facilement compter sur elle. Une famille... Voilà l'une des choses que Sasaki avait prononcé comme souhait en quittant Besaid. Reconstituer une famille avec Haruhi et Zéro. Mais Zéro, avait aussi une famille... Oui ou non ? Les choses étaient plus compliquées cependant.

Shiki n'était toujours pas convaincue pour autant que la création de Stein ne se retournerait pas contre eux. Aujourd'hui ou demain. Elle serra fort la poignée de sa dague. Peut-être valait-il mieux couper la gorge à ces deux-là avant qu'ils ne fassent plus de mal ? Zéro, peut-être. Ce Stein, oui certainement. Seulement voilà... Stein... Était... Étrange... De son œil de shinigami, elle ne voyait aucun lien de vie... C'était ironique. Les liens de vie étaient visuellement comme des faiblesses dans le corps humain, de véritables "coupez en suivant les pointillés" pour libérer la vie pour les shinigami, et donnaient au corps une apparence de corps cousus, ces mêmes coutures étant des failles. Mais là, Stein semblait raccommodé, déjà de base, et en revanche, elle ne voyait pas de liens de vie à exploiter. Ce pourquoi elle se méfia et n'attaqua pas, puisque la punition paternelle lui avait suffi et qu'il préparait son départ. De toute façon, ils n'étaient pas en position de force.

Lorsque Zéro fut propulsé contre le mur, Sasaki poussa un cri avant de se ruer vers son amour pour s'assurer qu'il était en vie. Oui, mais dans quel état ?

-Zéro ! Par pitié parle-moi ! Ça va aller, je vais m'occuper de toi, tout va bien aller. Reste avec moi !

Néo-Sasaki n'écoutait pas Stein, aussi quand il lui proposa son "aide", elle était en train de ronronner en se frottant à Zéro.

Pendant ce temps, Fujimi fixait la poupée dans le grenier, celle qui ressemblait beaucoup à Mei. Comment s'était-elle retrouvée ici ? La poupée bien sûr, pas Fujimi. Celle-ci toucha du doigt le buste de la poupée, mais elle restait inerte. Bien sûr, le fait de trouver une poupée alors qu'on avait eu celle de Stein sur le dos, cela ne semblait pas être une coïncidence. Mais celle-ci ne bougeait pas. Froide et inerte dans son cercueil de bois.

Fujimi hocha la tête silencieusement avant de saisir la poupée et de la soulever au dessus de sa tête, un peu comme elle faisait parfois avec Emiko, et puis elle l'emmena lentement avec elle. Elle était plus grande qu'elle, ses bras pendouillaient, imitation parfaite de la chair. Fujimi s'arrêta un temps dans le couloir. Elle posa la poupée géante contre un mur, en position assise. Fujimi s'assit à côté d'elle et prit la main de la poupée tout doucement. Elle posa sa tête sur l'épaule de la poupée en fermant les yeux. Quand elle les rouvrit, c'était comme si deux poupées sans vie encombraient le couloir, l'une à côté de l'autre.

Alors comme ça elles n'étaient pas mortes ? Elles étaient bien en vie ? Kairi fût tellement émue en les voyant apparaître dans leur sarcophage de verre qu'elle faillit pleurer de joie, oui elle était vraiment trop sensible cette imbécile ! Se reprenant, elle se leva difficilement, se trainant un peu pour rester sur les genoux tandis qu'elle essayait de trouver un moyen pour les sortir de là. Cela ne dura pas longtemps, car elle fût interrompue par le long discourt du père de Zéro qui leur expliquait tout ce qu'il lui était arrivé et comment il en était arrivé jusqu'ici. Il avait eût de la chance de s'en sortir vivant. En entendant cette histoire, Kairi se mit à penser à ses parents. Elle n'avait pas beaucoup de souvenirs d'eux, mais ce qu'elle savait, c'était qu'ils s'étaient battus jusqu'au bout pour les protéger des ténèbres, elle et Kira, sa jumelle qu'elle avait encore oublié pour la deuxième fois consécutive. Avec Sora, elle faisait tout pour ne pas répéter les erreurs du passé, mais il n'était pas impossible qu'ils ne voient jamais leur fille grandir jusqu'à sa majorité, surtout à cause de leur rôle d'héros qui pouvaient les amener à la mort chaque jours. Voyant par la suite Zéro se faire propulser et Sasaki le rejoindre en étant dans tout ces états, Kairi fronça les sourcils. Même s'ils ne s'étaient pas quittés en très bon termes, il n'avait pas le droit de le duper, ni de le frapper sans raison, quel genre de père était-il pour être asusi fourbe ? Kairi se le demandait.

*Karah m'a dit de ne plus utilisé mes pouvoirs mais...*

Tout en ayant cette pensées, Kairi baissa la tête. Il ne lui restait pas beaucoup de magies et elle ne savait pas ce qu'il se passerait lorsqu'elle en aurait plus, Est-ce ça serait la mort ? La fin d'une histoire qui se finirait en bad end ? Ou bien est-ce que ça ne changerait rien à sa vie ? C'était si rare qu'elle en arrive à de telles extrémités qu'elle en avait presque peur, mais d'un autre côté, il s'agissait d'aider un ami qui souffrait et qui saignait, mais aussi d'empêcher un couple d'être séparé. Kairi se leva et péniblement, elle marcha en direction de Zéro en ayant les bras ballants, comme si elle était un zombie sorti d'une pierre tombale. Lorsqu'elle fût prêt de Zéro, elle tomba à genoux, puis plaça sa main au-dessus de son ami.

"Je n'ai presque plus de magie, mais si je te laisse souffrir et en si piteux état, je ne pourrais plus me regarder dans une glace, ce n'est pas dans mes principes de ne rien faire pour aider un ami en difficultés"

Une lueur jaunâtre s'échappa de sa main et soudain, petit à petit, les blessures de Zéros se refermèrent et sa douleur s'était progressivement estompée. Après avoir usé de sa magie, en sachant bien que demain Karah allait l'engueuler, Kairi eût un vertige et faillit s'évanouir. Heureusement pour la princesse de cœur, elle aperçu un éther, elle s'avança jusqu'à lui, puis l'utilisa et une partie de sa magie était revenue, un dixième, ce n'était pas beaucoup, mais cela lui serait suffisant pour continuer l'aventure. Ce petit rajout de magie l'aida à mieux tenir sur ses jambes, mais ce n'était pas encore le moment pour Kairi d'aller courir un marathon.

"Je n'ai pas eût l'honneur de passer du temps avec mon père, mais je vous trouve un peu dur avec lui. Vous lui reprocher des choses dont il a sûrement eût une bonne raison de commettre, pourquoi ne tenteriez-vous pas de parler avec lui pour briser la glace ? En tout cas, une chose est sûre ! Avoir eût l'idée d'utiliser les princesses de cœur pour les intégrer à votre plan et avoir eût l'envie de les disséquer est impardonnable ! Attendez un peu que je retrouve l'intégralité de ma magie et je vous assure que vous aller amèrement regretter vos actions ! Sinon... vous le pensez vraiment quand vous dites que vous voulez nous garder comme cobaye ? Parce que, je ne voudrais pas vous vexer, mais... j'en ais pas trop envie, surtout qu'après ma visite au château, j'ai encore pleins de choses à faire... A moins que mon avis ne compte pas et que vous le fassiez quand même, prenez tout de même le temps de réfléchir avant de faire n'importe quoi. De plus, on a quoi à y gagner ? Et puis, je pense que vous ne laisseriez même pas les trois princesses partir contre notre bonne initiative"

Kairi avait lancé un regard noir à Stein, puis avait changé sa façon de le regarder et lui parler, parce qu'à vrai dire, elle n'était pas trop tentée par sa proposition, de plus, elle ne pouvait pas ouvrir un portail de lumière pour sauver tout le monde, il lui fallait encore attendre un petit peu avant de faire un tel prodige, voilà la raison pour laquelle elle essayait de marchander pour éviter de finir en sujet de laboratoire.

N'eut été l'intervention de Kairi, Zéro serait resté grièvement blessé. Sasaki en était infiniment reconnaissante envers la princesse de coeur. Elle avait à présent une dette envers cette jeune femme. Plus que jamais, elle voulait se montrer sincère envers cette amie de sa demi-soeur Emiri. Mais l'instant n'était toujours pas venu. Bientôt, sans aucun doute. N'eut été l'intervention de cette Alice, Stein ne serait peut-être pas parti tout de suite. Mais finalement, il quitta la pièce et laissa ce monde seul, avec cependant encore quelques soucis, certes plus infimes (encore que l'un d'eux inquiétait toujours autant Sasaki), sur les bras. Au moins, il n'y avait plus d'ennemis à proprement parler.

Shiki se tourna vers Zéro, l'air suspicieux. Elle fronça le nez avant de se tourner vers la Bête. La pauvre créature avait reçu un coup phénoménal. Il ne s'en remettrait pas facilement et en fait, il allait avoir besoin lui aussi de soins. Souci: Kairi était déjà épuisée, et avait puisée dans ses dernières forces pour soigner Zéro. Shiki sortit une potion et un bandage. Elle en fit boire à la bête en plus que d'en humecter le bandage et d'enserrer le crâne de celui-ci. Ca mettrait du temps à se soigner, mais la blessure restait superficielle.

Zéro s'était tournée vers le duo des Sasaki. Celles-ci se regardèrent, l'air un peu étonné. Ben... Oui, à vrai dire, Sasaki s'y était déjà fait, çà ne l'étonnait pas de voir son reflet à côté d'elle, même si elle continuait de la craindre et de se méfier d'elle. Zéro demanda à cette "copie" ce qu'elle voulait.

-Ce que je veux ? Mais c'est évident !

Néo-Sasaki voltigea jusqu'à Zéro et se frotta contre lui.

-Je suis Sasaki, je suis une autre elle. Alors je t'aime moi aussi grand fou. Un bisou, rien qu'un petit bisou ! Waaah ! Néo-Sasaki se pencha un peu trop et Zéro s'écarta un peu et la doublure vint s'écraser contre le sol en pestant. En se relevant, Néo-Sasaki se rendit compte qu'elle avait perdu son nez sur le sol. Elle le récupéra, et le revissa sur son visage.

Oups, forcément, cette Néo-Sasaki n'en avait rien à faire du secret... Bon... Et bien... Mieux valait tôt que tard... De toute façon, elle n'aurait jamais dû avoir de secrets pour Zéro... Et puis comme ça, elle ferait d'une pierre deux coups. Kairi et Zéro en même temps...

-Ne peux-tu pas aider Emiko comme promis ?

-Emiko ? Ah oui, Emiko. Bien sûr. En gage de ma bonne foi.

Néo-Sasaki s'approcha d'Emiko et inspira un grand coup... Avant de lui envoyer une paire de claques.

-TU... VAS... TE... RÉVEILLER... OUI ?

-Hein que quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? Oh Sasaki, c'est toi qui me tape ? Ca va pas la tête ? Et euh... QUOI ? Deux Sasaki ? Oh mon dieu... Et Emiko retomba dans les pommes, choquée. OK. Emiko enfonçait le clou aussi sur son nom. La distraction forcément...

-Ah oui bon bah là je peux rien y faire, hein. Elle se réveillera plus tard avec un grand seau d'eau froide. Bien, j'ai fait ma part du marché, je veux la mienne... Viens là mon Zéronouchet, mon roudoudou. Viens goûter à la Néo-Sasakimania ! Moins de blabla, plus de zipplaboum dans mon plumard direct !

A ce même instant, Fujimi rentra dans la pièce avec la marionnette dans ses bras. Elle regarda tout le monde de son air inexpressif avant d'aller se mettre dans un coin, comprenant qu'ils avaient encore des trucs à se dire avant la prochaine histoire.

En entendant les premières paroles de Stein, Kairi ne pu s'empêcher de dire dans un murmure presque inaudible "Mes amis sont ma force", inutile de vous dire qu'elle n'avait fait que reprendre des paroles déjà prononcées par le garçon qu'elle aimait, étant ce qu'elle pensait, elle avait trouvé que c'était bien de l'enregistrer dans sa tête et de la sortir dès qu'elle le pourrait. En entendant les paroles suivantes, la princesse de cœur fût choquée. Il était vraimen tun grand malade, il fallait qu'il aille se faire soigner ! Kairi commençai à mieux comprendre pourquoi Stein avait été laissé pour mort. Ne sachant pas quoi répondre face à ces dires sordides, Kairi le fixa en tremblant et en tenant à peine sur ses jambes lorsqu'il approcha sa main de son visage. Heureusement, Zéro régit à temps et il ne pu pas la toucher, ce qui fit soupirer de soulagement la jeune fille, bien que ce fût de courte durée, car ce cinglé vint s'agenouiller pour mettre sa tête prêt de l'arme. Qu'est-ce que Zéro allait faire ? Lui tirer dessus ou l'épargner ? Kairi tremblait de plus en plus, elle ne voulait pas voir quelqu'un mourir devant ses yeux même s'il était la pire des pourritures. Un miracle inespéré fit son apparition et emporta Stein avec elle. C'était certain, ce n'était pas un au revoir définitif, il allait revenir, mais dans l'état qu'ils étaient, ils n'allaient pas aller bien loin, voilà sûrement la raison pourquoi aucuns dispositifs de sécurité n'avait été posé pour les empêcher de s'enfuir

"Merci Zéro"

Articula Kairi avec peine, car elle était encore choquée après ce qu'il venait de ce passé. Restant debout comme un piquet, la jeune fille pu voir Zéro s'occuper des sarcophages et questionna cette deuxième Sasaki. En la voyant rater son bisou, Kairi ne pu s'empêcher d'avoir un léger sourire aux lèvres, ouf quelqu'un venait de la réveiller sans le faire exprès et c'était sûrement mieux ainsi. Par la suite, elle scruta la doublure en se demandant comment elle allait faire pour sortir Emiko de son sommeil profond, s'attendant à quelque chose de grandiose, Kairi eût des yeux ronds comme des soucoupes en voyant Néo-Sasaki frapper la jeune fille endormie et le pire était que son stratagème venait de fonctionner, bien qu'il ne dura pas longtemps, au moins, Emiko était sortie d'affaires et Karah serait sûrement ravie de le savoir lorsqu'elle la reverrait. Par la suite, cette doublure se mit à donner pleins de surnoms à Zéro, ce qui fit rire la princesse de cœur qui ne se doutait pas que cette copie serait autant entreprenante. En la voyant agir ainsi, elle se mit à penser à Sora en se disant qu'il avait de la chance qu'elle ne le harcèle pas de la sorte. Les laissant s'amuser, Kairi se dirigea vers Shiki qui venait de s'occuper de la Bête.

"Le pauvre, par chance, il ne devrait pas avoir trop de séquelles, par contre, je suppose qu'il ne faudra pas trop l'approcher dès qu'il se réveillera, il risque d'être un peu agité, surtout s'il voit l'état de Belle"

En prononçant ces dernières paroles, la jeune fille aux cheveux rouges venait de baisser la tête, l'air attristée par l'état de la Bête, dont le physique était aux yeux des gens monstrueux, mais pour elle, il ne l'était pas, car il compensait avec sa beauté intérieur qui dépassait largement celle d'un sublime prince, quoi que, tout dépendait qui jouait le rôle du princes, car si c'était Sora, alors là, la comparaison ne comptait plus et n'avait plus de sens, car étant amoureuse, il était bien normal que Kairi pense que son aimé était le plus beau. Soupirant, Kairi se dirigea ensuite vers les sarcophages et se mit à nouveau à genoux devant eux pour regarder ses amies.

"Pourquoi est-ce qu'elles ne se réveillent pas ? C'est insensé ! Il leur a fait quoi pour qu'elles dorment aussi profondément ? En plus, dans mon état, je ne peux même pas leur ouvrir un portail de lumière pour les mettre en sécurité, c'est vraiment injuste !"

Kairi pleurait devant les trois princesses endormies en étant dégoûtée de ne pas pouvoir en faire plus pour elles, ne supportant pas de les laisser en proie à un dégénéré mental qui pouvait faire son apparition d'un instant à l'autre. Dans cet état, on aurait dit une gamine qui venait de se perdre dans une forêt obscure et qui ne savait plus par où passer pour retrouver le bon chemin, comme quoi, être une héroïne ne voulait pas dire qu'on réussissait à tous les coups. Kairi plaça sa main dans la poche de sa robe et chercha son porte-bonheur, mais ne le trouva pas, ce qui fit qu'elle arrêta de pleurer, car elle se mit à ce concentrer sur un autre détail qui était tout aussi important que ses amis.

*C'est toujours quand j'ai besoin de toi que tu n'es pas là... pff je l'ai oublié où ? Je ne peux pas repartir sans notre porte-bonheur*

Pensa la jeune fille en balayant la pièce de ses beaux yeux bleus tout en se demandant où elle avait bien pu le perdre tout en espérant que personne ne le lui avait volé pour l'obliger à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas faire. Se souvenant des paroles de Stein, Kairi se mit à trembler, non ça ne pouvait pas être lui qui le possédait, il devait sûrement être dans une autre pièce. Tout en espérant que c'était le cas, Kairi reporta son regard sur ses trois amies endormies tout en ayant pas remarqué Fujimi qui s'était calée dans un coin de la salle.

Lorsque les princesses se réveillèrent, la première chose que fit Kairi fût de les prendre tour à tour dans ses bras, ne pouvant s'empêcher d'exposer ses sentiments, surtout que son câlin, elle le méritait amplement après avoir tout tenté pour sauver leurs copies qu'elle pensait être véridiques. Lorsque ceci fut fait, la princesse recula pour les laisser souffler tout en ayant un grand sourire aux lèvres, se sentant requinquée comme si elle venait de se doper, comme quoi, cette phrase qu'elle avait soufflé tout à l'heure à Stein n'était pas que des paroles en l'airs, puisqu'elles résumaient très bien ce que ses amis représentaient pour elle, allant mieux, il était tout naturel que la miss se sente en forme. Toutefois, le sourire de Kairi s'effaça lorsque Zéro lui dit que c'était peut-être son père qui possédait son précieux porte-bonheur. Elle voulu le remercier pour cette information, mais n'en eût pas vraiment le temps, car il s'en alla avec les deux Sasaki pour parler en privé. De quoi allaient-ils discuter ? Sûrement d'un sujet qui ne la concernait pas. Voyant qu'Emiko était sortie de sa torpeur, la princesse de cœur se rendit compte que tout était arrangé, malheureusement pour elle, son aventure n'était pas terminée. Elle scruta du coin de l'œil ses amies qui s'occupaient de la bête, puis fixa tour à tour les amies de Sasaki d'un egard bref, mais précis, comme pour les juger de ses deux prunelles bleus.

*Maintenant que je sais qu'elles vont bien, j'ai le cœur plus léger, mais il n'est pas encore l'heure pour moi de m'amuser. Elles ne risquent rien en leur compagnie, je peux m'éclipser sans regrets*

Pensa la jeune fille en ayant l'air un peu triste de les quitter si vite, elle espérait qu'elles comprendrait, car son porte-bonheur était aussi précieux que leur amitié. Comme une gamine faisant une fugue, Kairi profita qu'aucuns regards n'étaient rivés sur elle pour s'en aller comme une voleuse en faisant le moins de bruits possible. Avant de prendre cette décision, elle avait encore bien regardé dans tous les coins de la pièce et elle avait même longuement réfléchit à l'endroit où elle l'avait perdu, elle en était arrivé à la conclusion que même si elle ne supportait pas cet homme, il fallait qu'elle le retrouve pour lui poser la question. Lui qui savait tout, elle n'aurait même pas besoin d'ouvrir la bouche pour qu'il sache la raison pour laquelle elle venait lui rendre visite.

*Je suis stupide, je suis partie sans savoir où il se situe. Bon tant pis, ça ne fait rien, je pense que j'ai largement le temps de chercher jusqu'à ce qu'ils aient tous terminé de discuter, ils n'ont sûrement même pas remarqué mon absence*

Kairi n'était pas stupide d'être partie sans demander d'informations, elle était stupide de s'aventurer dans une pente glissante qui la menait sûrement vers un piège tendu par cet homme ignoble qu'elle détestait tant. Marchant doucement pour ne pas trop sentir la douleur de son corps endoloris, la miss se demandait si elle allait réussir à lui mettre la main dessus avant que ses amis ne la retrouve. Regardant à droite et à gauche, Kairi continuait d'avancer tout en se demandant si elle n'était pas en train de tourner encore en rond, vu que c'était sa spécialité. Se sentant observée, la princesse de cœur angoissait un peu, mais continuait sa marche jusqu'à ce qu'elle se retrouva face à face avec une pièce du château qui semblait être abandonnée, ce qui lui fit se poser plusieurs questions à propos de la densité du château et de la fiabilité de son propre sens de l'orientation.

Sasaki baissa le regard. En gros, Zéro ne lui en voulait pas, mais il l'avait inquiété. D'un certain point de vue, c'était plus grave encore. De par ses choix désintéressés (en tout cas, dans lesquels elle ne trouvait pas un intérêt réellement personnel), elle se mettait en danger et par conséquent, c'était Zéro qui s'inquiétait qu'elle ne se blesse inutilement ou pire encore. Elle s'en voulait d'avoir causé cette inquiétude. Mais elle ne pouvait pas pour autant s'en vouloir d'avoir essayé de sauver son amie. Se sacrifier pour les autres... Mais parmi les autres, il y avait Zéro. Difficile de contenter tout le monde.

Néo, elle, se fichait pas mal de ce qu'on lui disait. Elle trouvait même un peu naïf qu'on puisse la remercier d'avoir sauvé Emiko alors que de un, elle l'avait fait par intérêt, et de deux, elle était responsable de son problème, alors bon... Elle lévitait en se demandant bien où il voulait en venir.

-Oh bah non alors, je déteste attendre et encore moins si c'est pour vous regarder faire des mamours sans moi. Si tu crois pouvoir me retenir, essaye toujours.

Néo éclata de rire avant de tourner sur elle-même en pirouette et de disparaître en émettant un bruit de bulle qui éclate. Sasaki n'était pas mécontente que Néo soit partie.

Lorsqu'il proposa une danse, Sasaki releva la tête en ayant l'air surprise. Puis, elle sourit en ayant les yeux humides. Elle courut vers son torse pour s'y réfugier. Qu'est ce qu'elle l'aimait, lui et ses attentions.

-Mais quelle bonne idée ! Ce n'est pas tout ceci qui doit nous faire oublier que nous sommes dans une fête et nous faire oublier toute trace de romantisme. Fit Lumière en sautillant vers eux, venant à peine d'entrer, Big Ben qui peinait à sa suite. -Allons mes enfants, lumière tamisée, ambiance, chandelle et... Musique ! Oh et le petit plus de la maison, un cadeau d'une inconnue à votre attention.

Sasaki prit un petit morceau de papier enroulé autour d'une baguette de bois. Elle déroula le papier. Dessus il était écrit: "toute princesse a besoin d'une robe pour danser. Signé: M." Instinctivement, Sasaki agita la baguette au dessus de sa tête et par magie, dans une nuée d'étoiles, sa tenue changea en une superbe robe blanche et bleue. Même sa coiffure avait été refaite, un diadème dans les cheveux, une petite queue de cheval dans les cheveux. Et un instant, l'aura étoilée de la magie lui donna une aura de beauté.

Spoiler:

-Ah ! Voilà qui est mieux en effet. Musique !



[HRP: deux à la suite je vous gâte, prenez celle que vous voulez]

Sasaki se colla encore à Zéro. Elle le serra fort dans ses bras avant de poser sa main sur son épaule et de saisir timidement son autre main. Elle rougit un peu. C'était gênant de se retrouver les seuls à danser et encore plus dans cette tenue qui lui donnait l'impression d'être dévorée des yeux par l'assemblée.

Pendant ce temps, Fujimi souleva Emiko comme elle en avait l'habitude. Ou presque. Elle la souleva d'une seule main au dessus de sa tête et coinça la poupée de Mei sous son autre bras.

-Repoooose-moi je sais marcheeeer !!! Geignait Emiko.

Shiki, quant à elle, suivit le duo non sans trouver que le château respirait toujours une drôle d'impression. Oui, celle d'habitude, mais... Aussi cette sensation que ce qui le hantait jusqu'alors avec ses marionnettes et cie... Habitait encore la château.

Sasaki était aux anges. Rien ne valait un instant passé au plus près de Zéro, l'amour de sa vie. Elle gardait le regard fixé dans ses yeux, envoûtée par son sourire amoureux qu'elle lui rendait au centuple. Chaque seconde était un instant précieux et magique. Ce n'était pas Besaid, et pourtant elle avait la sensation d'être retournée à cette soirée, cette soirée qu'elle aurait cru être un rêve. Le rêve continuait malgré le cauchemar, était-ce possible que le rêve soit éternel ? Elle s'abandonnait à ses pas assurés, à ses mains chaudes. Plus rien d'autre ne comptait.

Et puis quand la danse fut finie, Zéro l'embrassa. Elle s'abandonna également à son baiser qu'elle lui rendit en enserrant son cou. Fujimi et Emiko venaient d'entrer et Emiko, toujours dans les airs soulevée par Fujimi, elle regardait le couple d'un air ému, comme si elle trouvait ça beau. Fujimi, elle, restait inexpressive en gardant le bras levé, et la poupée sous son bras.

-Hmmm....... Bon je peux descendre maintenant ?

Fujimi leva la tête. Elle hocha la tête avant de reporter son attention sur le couple, mais sans baisser le bras. Sasaki enlaça fort son Zéro. Elle ne voulait plus le laisser partir. Fujimi releva la tête vers Emiko et déposa son amie sur le sol. Elle déposa sa poupée contre un mur avant de se tourner vers le couple et d'avancer vers eux. Sasaki venait de relâcher Zéro quand elle vit que Fujimi était juste à côté d'elle à la regarder fixement.

-Fujimi ?

Fujimi enlaça Sasaki, toujours sans une expression dans le visage. Sasaki fut surprise par son geste mais elle lui caressa ses cheveux proéminents en souriant. Fujimi la lâcha et hocha la tête en regardant le visage de Sasaki. Puis, elle se tourna vers Zéro et l'enlaça à son tour. Puis, de même, elle s'écarta, hocha la tête en le fixant puis retourna à sa marionnette de Mei.

-Quelqu'un a vu mes coloriages ? Demanda Emiko.

Pendant ce temps, Shiki sentait que la présence se renforçait. Et donc que Kairi était peut-être en danger. Elle jeta un coup d'oeil dans la direction que les autres avaient pris. Sa tâche était avant tout de veiller sur Sasaki. Il y avait Zéro, Fujimi et Emiko avec elle... Si elle considérait à présent davantage Zéro comme un aimant à problèmes, elle pensait Sasaki à peu près en sûreté. Toutefois, on a beau s'appeler Shiki, être une shinigami, on en perd pas une certaine prudence. Si elle se tuait à protéger Kairi, alors elle faillirait à sa tâche de protéger Sasaki. Cruel dilemme.

-Il y a sept princesses de cœur, une seule de Shinrya. Je ferais mieux de veiller sur cette dernière. Conclut-elle en prenant la direction de la salle de bal.

Hors de question d'en rester là. Voilà sans doute ce que le couple pensait. Après une journée aussi mouvementée, après cet "abandon", cette inquiétude que Zéro avait fait subir à Sasaki, il était impératif que la soirée soit aussi festive que possible, qu'elle fasse oublier un temps tous les problèmes. Sans que Sasaki puisse se douter qu'une princesse en subissait encore quelques-uns. Zéro demanda à ce que les domestiques passent à un rythme plus... Effréné. Il était temps de danser à en perdre la tête, respirer la joie festive. Sasaki en fut étonnée, car elle n'aurait pas pensé que Zéro puisse vouloir à ce point s'amuser. Mais elle savait au fond d'elle, toute confiante qu'elle était envers les sentiments de son amant, que Zéro faisait tout cela pour elle, qu'elle passe le meilleur moment possible. C'était comme revenir aux joyeuses soirées auprès du feu à Besaid. C'était presque nostalgique.

Spoiler:

Zéro l'entraîna la première et elle ne pouvait pas s'empêcher de rire. Elle ne savait pas pourquoi mais elle riait à gorge déployée, tout à son bonheur, d'un rire clair et beau. Lorsqu'il alla entraîner Emiko, elle fut encore plus étonnée. Mais comme emportée par un tourbillon, elle continua à tourner sur elle-même et à danser avec grâce, jusqu'à ce qu'Emiko vienne la rejoindre et prenne ses mains dans les siennes. Les plaisirs simples, voilà bien ce que Sasaki et Emiko partageaient comme passion. Juste le plaisir de s'amuser entre amis.

Plus étonnant encore fut le fait que même Fujimi fut invitée à danser. Fujimi leva la tête vers Zéro. Elle le dévisagea de son air froid et inexpressif. Elle resta longtemps à observer son visage puis sa main, raide, les bras le long du corps apparemment sans trop comprendre. Elle finit par tendre la main et attraper celle de Zéro. Elle se laissa emporter vers la piste, mais resta fixe et raide à observer tout le monde autour d'elle. Emiko vint alors et lui prit les mains pour danser avec elle... Plus exactement, Emiko dansa, les mains dans celle de Fujimi et elle tournoyait autour d'elle, autour de Fujimi qui restait fixe, les deux bras tendus vers Emiko. Puis, Emiko lâcha l'une des mains de Fujimi, et, miracle, Fujimi fit tourner Emiko comme une toupie. Emiko tourna, tourna, tourna, encore de plus en plus vite.

-AAAAAAHHHHH !!!! Arrête !

Fujimi lâcha la main d'Emiko qui partit en tournant comme une fusée sans pouvoir s'arrêter. Quand enfin elle put s'arrêter de tourner, Emiko marchait comme une ivrogne, pâle comme un mort, la tête qui tournait.

-Beuh... Je vais aller... M'allonger un peu...

Sasaki éclata de rire avant de se jeter sur Zéro espérant qu'il la fasse tourner dans les airs entre ses bras.

Shiki était arrivé sur ces entrefaites. Elle se posa contre un mur, les bras croisés à observer tout ce monde, les sourcils froncés. A voir Zéro s'amuser avec elle, elle passa sa main sur son menton et se demanda quoi penser. Des problèmes il y en avait, mais... A côté de ça, ce Zéro semblait combler Sasaki, et faire preuve d'attention. Comme si de rien n'était... Sasaki était heureuse... Il valait peut-être mieux qu'elle en profite. Et si Zéro y contribuait de temps à autre... Les problèmes... Elle était là pour les régler après tout. Même si cela devait venir de l'amant de Sasaki, elle devait respecter ce choix et surveiller simplement leurs arrières.

[HRP: j'échange mon tour avec Kairi, si tu veux bien.]

Sasaki se laissait porter par Zéro. Être là au creux de ses bras, danser, tourner à en perdre la tête, voilà sans doute ce que l'on pouvait appeler l'euphorie. Comme beaucoup de moments aussi insouciants, ils nous transportent et nous font oublier la tempête au dehors. Mais ils sont aussi éphémères que cette même tempête, tout du moins jusqu'à ce qu'une autre tempête vienne prendre sa place. 

Lorsque Kairi entra une première fois en trombe dans la pièce, elle tendit une lettre à Zéro avant de repartir à nouveau. Sasaki n'avait pas lâché son amant mais fut très étonnée et même déçue que Kairi s'enfuit à nouveau. Elle aurait même voulu la suivre, essayer de comprendre pourquoi cette alerte... Elle la poursuivit jusqu'à la sortie de la salle de bal, puis jusqu'aux escaliers donnant sur les ailes et ce fut là qu'elle la perdit de vue.

Et heureusement, car ce château était un vrai labyrinthe. Elle aurait été plus loin, la jeune fille n'aurait sûrement pas retrouvé son chemin jusqu'à la salle de bal. Prenant en compte ce fait, elle préféra donc s'éloigner et retourner dans la salle de bal en priant qu'il n'arrive rien à Kairi. Déjà, l'absence de Kairi jeta un froid sur ces moments d'insouciance. Difficile de s'abandonner encore une fois sans savoir si Kairi n'était pas en danger. C'était malheureusement le souci avec Sasaki, c'est qu'elle n'avait pas les moyens de sauver ses amis, en tout cas pas sans se mettre cruellement en danger.

Cette courte absence avait fait que Sasaki n'avait rien remarqué du trouble de Zéro. En revanche, deux personnes dans la salle, à qui rien ne pouvait échapper à leurs yeux perçants, avaient remarqué. Shiki la première bien sûr, véritable chien de chasse aux aguets avait "reniflé" l'étrangeté de l'air de Zéro. De toute façon, Kairi qui lui donnait une lettre, c'était déjà suffisamment inquiétant. La seconde c'était Fujimi. Plus qu'un chien, parlons d'un vrai radar à trucs qui clochaient. Toutefois, si Shiki fixait Zéro ostensiblement, Fujimi avait simplement jeté un regard de biais à Zéro. Mais les deux regards avaient un point commun: leur froideur tranchante.

Shiki s'approcha, les bras croisés, en se décollant du mur. Autant elle avait presque décidé de le laisser tranquille sur les questions, autant là, elle estimait de son devoir de savoir ce que cette lettre laissait présager pour la suite.

-Un problème ? Demanda t-elle, mais sur un air et un ton limite agressif.

Mais avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, Sasaki rejoignit à nouveau la salle et Shiki décida de remettre à plus tard son enquête. Elle décocha un regard froid à Zéro avant de retourner à sa place.

Sasaki s'approcha de Zéro et haussa les épaules, sous entendant: je ne l'ai pas trouvé, je ne comprends pas. Dans sa tête, elle désirait enfin lever le voile sur son mensonge. Et à présent, elle voulait aussi le lever pour son amant à qui elle avait entière confiance. Incroyable comme les dernières secondes d'un secret sont désagréables. Elle enlaça son Zéro sans mot dire, la joue contre son torse.

-Et si toi et moi, on partait se changer les idées ? Dans un endroit plus ensoleillé ? Un endroit où je pourrais te dire combien "je t'aime" ?

Elle resta un instant au creux de son torse en écoutant son coeur battre. A croire qu'elle aurait aimé vivre collé à lui en permanence. Une petite absence de quelques heures et c'était déjà la catastrophe pour elle, qu'est ce que ça serait si elle ne le voyait plus pendant 15 ans ?........

Soudain, la rumeur d'un cri parvint jusqu'à la salle de bal et figea chaque convive. Chacun tendit l'oreille en quête d'un autre son qui permettrait de comprendre. Mais le silence fut bien plus oppressant, bien plus inquiétant encore. Alors inquiets... Ils n'osèrent même pas bouger.

Ce fut lorsque certains commencèrent à songer sérieusement à aller voir ce qu'il se passait qu'une... qu'un pantin entra en sautillant gaiement avant d'exploser. La même idée traversa le groupe: nouvelle attaque de ce Stein ? Kairi suivait de près cette chose, apparemment épuisée mais saine et sauve. Shiki, la méfiante, fut cependant moins sûre de cela. Encore un tour de Stein ? Mais non... Shiki pouvait voir qu'elle était bien une mortelle de chair et d'os, elle aurait pu lui couper les failles de vie pour laisser échapper celle-ci, ce qu'elle n'aurait pas vu sur un pantin.

Elle se mit alors à chanter un petit air entraînant. Sasaki, qui avait eu son visage traversé par l'inquiétude, se remit à sourire. L'euphorie reprit à nouveau Sasaki et Emiko qui éclatèrent de rire avant de se remettre à danser.

Lorsqu'elle eut fini, Sasaki applaudit avant de se ruer vers Kairi et de l'enlacer. Elle avait quand même eu sacrément peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Toutefois, Kairi semblait pâle. Elle demanda alors si Sasaki n'avait pas quelque chose à lui dire. En effet... Sasaki hocha la tête.

-Retournons dans le vaisseau. Cela doit rester entre nous autant que c'est possible. Et puis, tu pourras t'y reposer tant que tu le veux. Zéro, toi aussi, je dois t'en parler.

Une fois dans le vaisseau, Emiko et Fujimi mirent la marionnette ressemblant à Mei dans un coin du vaisseau. Fujimi s'installa à ses côtés et caressa les cheveux du pantin comme une fille coiffe les cheveux de sa poupée. Shiki, comme à son habitude, se posa contre un mur du vaisseau, les bras croisés. Il y avait une marionnette dans ce vaisseau mais elle alors, c'était la statue de marbre...

Sasaki s'assit et mit ses mains entre ses jambes en se mordillant les lèvres, la tête basse. Comment dire ? Par où commencer ? Elle jeta un regard à Zéro. Elle avait l'impression de l'avoir trahi, d'avoir bâti leur relation sur un mensonge éhonté. Finalement, c'était surtout pour lui qu'elle parlait, et s'inquiétait plus de ce qu'il pourrait dire. Même, elle avait peur qu'il se fâche.

-Voilà... Je ne suis pas Emiri Kimidori. Kairi a bien compris que c'était impossible. Je suis désolée de t'avoir fait une fausse joie. Mais c'est Shiki qui m'a dit de faire comme ça pour protéger Emiri. Elle prit une grande inspiration. -Une femme, Fujino, celle que nous avons vu à la nécropole, Zéro... Elle a juré de se venger d'Emiri et pour assouvir sa vengeance, elle a essayé d'invoquer ma demi-soeur. Heureusement, ce fut Shiki qui se chargea, sous couverture, de ramener l'âme. C'est Emiri qui lui a alors conseillé de me ramener moi à sa place... Voyez vous... Bien que j'ai vécu quinze printemps, je n'ai presque pas vécu, presque pas vu le ciel. J'ai été enfermée toute ma vie par ma mère et quand je fus libérée... Ce fut par Stain qui se servit de moi pour détruire mon monde. J'en suis morte. C'est Emiri qui a décidé que je méritais de vivre et de rattraper ce temps perdu... Mais pour cela, je devais éviter que Fujino se rende compte de quoi que ce soit, au risque qu'elle ne recommence. Je suis aussi la demi-soeur de Haruhi...

Ainsi, Emiri avait parachevé son oeuvre commencé lors de la chute de Marina. Elle avait permis à Haruhi de vivre sa vie, vie qu'on lui avait arraché trop tôt, puis elle avait fait de même avec sa demi-soeur Sasaki. Et finalement, sans le savoir, Sasaki avait elle aussi été un outil, destructrice d'un monde, honte suprême, et comble de l'ironie par une personne portant quasiment le même nom que Stein.

-Je suis désolée... Vraiment... Non seulement de vous avoir menti mais en plus parce qu'à présent, je dois vraiment ressembler à un monstre à vos yeux... Je n'ai rien voulu de tout ça... Zéro, s'il te plaît, ne sois pas fâchée contre moi... Se repentit-elle tristement, le front bas, les yeux humides, les cheveux tombant comme deux rideaux sur les côtés de son visage.

Les dés étaient jetés. De toute façon, elle savait qu'elle ne pouvait plus se cacher. Kairi l'avait déjà percé à jour tout à l'heure lorsqu'elle avait saisi qu'il était étrange que Sasaki ne soit pas avec Zarxnos ou en tout cas, soit en pâmoison devant un autre. Du coup, Sasaki se montrait plus décidée quant au fait de lui révéler. Sa surprise fut grande, car la situation s'avéra l'inverse exact de ce qu'elle s'était imaginée.

Zéro ne se fâcha pas. Au contraire, il fut réconfortant et affirma encore et encore son affection pour Sasaki. Un nom restait un nom, c'est ce qu'il y avait derrière, la fille derrière ce nom qui comptait, car Sasaki n'avait jamais essayé d'être Emiri. Elle n'avait fait que porter ce nom comme on le lui avait demandé. Il l'enlaça. Elle comprit alors bien au delà des mots qu'elle n'avait pas à s'inquiéter. Son Zéro l'aimait toujours autant. C'était le pardon qu'elle lui offrait alors.

Comment devait-il l'appeler alors ? Devait-il continuer à l'appeler Emi ? Ce surnom qu'elle s'était donnée elle-même, presque comme pour mieux lui appartenir, tout en se libérant à moitié de sa fausse identité, mais en l'usurpant également à moitié. Ou bien Sasaki, ou encore un dérivé, un surnom de ce véritable prénom. C'était un vrai dilemme.

-Appelle-moi comme tu veux. Ce que tu veux que je sois.

Il l'embrassa tendrement. Il n'y avait plus aucune angoisse à son sujet. Et même, à cet instant, elle n'en avait plus du tout.

Mais soudain, il y eut un revirement de situation. Alors qu'elle croyait le pardon de Kairi déjà acquis, celle-ci sembla choquée et même retournée par ce récit. Elle lui refusa au moins le nom de monstre, mais lui octroya celui d"usurpatrice", et bien franchement, cela ne faisait pas grande différence pour Sasaki. Pour elle, c'était comme porter le nom de monstre, c'était être vu comme quelqu'un d'autre et quelqu'un de mauvais.

Mais Sasaki ne comprenait pas. Tout à l'heure, dans le château, Kairi s'était rendu compte de la supercherie. Elle avait eu une réaction similaire, un certain ras le bol des trahisons et des mensonges, mais finalement, elle avait eu cette phrase qui avait rassuré Sasaki alors: "notre amitié ne doit pas être brisée pour quelque chose d'aussi bête".

Son petit monde s'effondrait, presque autant que celui de Kairi. Elle avait fait du tort à quelqu'un qu'elle considérait déjà comme son amie. Elle était pourtant convaincue que... Haruhi l'avait acceptée... Kairi moins, beaucoup moins... Et maintenant, elle se retrouvait désœuvrée, désarmée... Elle ne pourrait jamais fermer l'oeil tant qu'elle n'aurait pas réglée ce problème. Mais comment réparer un tel mensonge ?

Dans sa tête, c'était simple: Emiri avait voulu cela, alors pourquoi ses amis ne l'acceptaient-ils pas ? Pourquoi parler d'injures ? Mais sans doute était-ce là le problème: elle ne pouvait pas et ne voulait pas être Emiri, elle voulait juste être elle et qu'on l'aime pour ce qu'elle était. Mais en partant de ce mensonge, elle avait entaché cette chance.

Emiko était comme paralysée par la scène. On sentait qu'elle voulait faire quelque chose pour aider Sasaki. Cette dernière pleurait des larmes silencieuses. Shiki elle-même paraissait surprise. Fallait dire que son but avait toujours été de rassembler les anciens alliés d'Emiri autour de Sasaki. Mais elle n'aurait pas cru que cela prendrait de telles proportions.

-Sasaki... Je suis désolée, c'est de ma faute, c'est moi qui t'ait demandée d'agir de la sorte...

La présence de Sasaki était comme un couteau que l'on remue dans la plaie, fantôme d'Emiri. Finalement, ce n'était pas tant Sasaki le problème, que ce qu'elle représentait par rapport à Emiri et ses amis.

-Je souhaiterais que tu aies ramenée Emiri... Tu aurais sûrement fait bien plus d'heureux... Ramène-la ! Ne serait-ce que pour consoler Kairi !

-Je ne peux pas, il faudrait un corps de toute façon.

-Alors prends le mien à la place !

-Sasaki, je ne peux pas faire ça.

-Pourquoi ? Parce que ce qui est mort doit rester à sa place ? Je suis bien revenue moi !... Je n'ai pas choisi, je n'ai rien choisi... Je n'ai pas voulu ça !...

Elle préféra ensuite se réfugier dans sa cabine, allongée sur le ventre dans ce petit lit étroit de cagibi. Elle s'enferma à double-tour et ne laissa rentrer personne et préféra rester la tête sous l'oreiller, honteuse. Elle aurait voulu enfermer son visage, le cacher, le voiler.

Emiko et Fujimi sortirent alors du vaisseau pour prendre l'air soi-disant. Elles s’assirent au sol contre un muret. Visiblement, il n'y aurait pas de départ avant un certain temps.

-Et bah ma Fujimi... Sacrée histoire... Je me demande bien comment on va s'en sortir... Mais... Je crois que ça ira... Oui... Ca va aller. T'es pas d'accord ?

Fujimi hocha la tête. Elle était cependant visuellement bien moins convaincue. Mais c'était uniquement dû à son air inexpressif. Si elle n'avait pas été convaincue, elle l'aurait sûrement dit... Et Emiko aurait fait comme si de rien n'était, ce qui n'aurait donc pas changé grand chose.

-Et si on faisait une grosse séance de spiritisemesle ! De spirichisme... De spiritisme ! Comme ça, on contacte Emiri et Emiri réconcilie tout le monde en disant le fond de sa pensée.

Là, Fujimi fit un grand non de la tête, elle fronça même les sourcils. Mais Emiko fit comme d'habitude et fit comme si de rien n'était. Aussitôt, elle partit récupérer une serviette dans le vaisseau, se l'enroula autour de la tête comme un turban, déballa une table, alluma des bougies tout en se brûlant les doigts, au milieu de l'allée.

-La grande Emirma est dans la place !

Fujimi se frappa le front en continuant de faire des non de la tête.

-Hmm... Hmmm... Hmmm... Esprit es-tu là ? Si tu es là, frappe trois coups !

Fujimi frappa Emiko trois fois.

-Mais non pas toi ! L'esprit ! Toi, répands de l'encens !

Et Fujimi lança tout un tas de bois d'encens... Sans l'allumer.

Emiko était du genre... A faire les choses à fond, et plus elles étaient immatures, insensées, illogiques, enfantines et plus elle les appréciait. Au final, on finissait même par se demander si elle croyait réellement atteindre son but ou si à force, elle se prenait tellement au jeu qu'elle en oubliait le but réel de ses "étrangetés" pour ne pas dire bêtises. En tout cas, elle s'était mise à appeler l'esprit d'Emiri, sans pour autant que cela semble servir à quoique ce soit. Jusqu'à ce que... Une petite faille semble permettre à quelque chose d'apparaître.

Emiko en resta bouche bée. Comme quoi, elle-même ne croyait peut-être pas y parvenir. Elle assista à l'apparition de Karah sans mot dire, paralysée, stupéfaite. En plus, elle ne savait pas à quoi ressemblait Emiri et elle crut même un moment avoir vraiment réussi. Jusqu'à ce qu'elle reconnaisse Karah... Qu'elle prit tout de même pour Emiri se faisant passer pour Karah. Un truc du genre. Enfin bref, elle ne comprenait pas un broc de ce qu'il se passait. Et ce n'était certainement pas la réaction de Karah qui l'aida.

Celle-ci la prit dans ses bras, lui déposa un bisou sur sa joue et s'en alla après l'avoir remercié et attesté de sa joie de la voir à nouveau éveillée. Emiko ne dit rien et ce ne fut que quelques instants après le départ de Karah qu'elle réussit à se reprendre et qu'elle se mit à clamer à Fujimi:

-T'as vu ? J'ai réussi. Tu vois que ça marche ! La grande Emirma a encore réussi !

Inutile de dire, je suppose, que Fujimi n'en fut pas touché. En tout cas, pas visiblement, elle resta là à fixer Emiko de sa face inexpressive. Sans aucun doute s'était-elle déjà dit qu'Emiko n'avait pas réussi ce qu'elle voulait mais qu'au fond avec Emiko il valait mieux ne pas chercher à raisonner.

Durant un long instant, Sasaki resta donc seule à pleurer sous son oreiller, dans sa cabine. Elle essayait en même temps de comprendre la réaction de Kairi tout en cherchant comment résoudre la situation. Elle aurait tant voulu qu'elle et Kairi soient de bonnes amies. Tant voulu que Kairi lui parle de sa demi-soeur. Mais c'était impossible à présent. Elle n'oserait même plus lui en parler même si Kairi acceptait de lui parler à nouveau.

Si seulement Emiri pouvait lui apparaître et lui expliquer qu'Emiri aurait voulu qu'il en soit autrement et qu'elle avait elle aussi espéré que la présence de Sasaki viendrait... Comment dire... Pallier à l'absence d'Emiri. Bien sûr c'était impossible. Sasaki n'était pas Emiri, mais cette dernière espérait que par Sasaki, Emiri communiquerait ce message: "je suis là, je veille sur vous, je pense à vous, tout mon amour pour vous, c'est cette fille, Sasaki, qui le porte. En elle, vous trouverez votre ancienne amie et une nouvelle amie."

Et puis soudain, Sasaki commença à entendre des voix derrière la porte. Deux pour être exact. Et le ton montait. Elle aurait même juré entendre comme des gifles ou des baffes. Ca se battait ? Ou quelqu'un faisait du mal à quelqu'un ? L'une des voix, c'était Kairi... Et l'autre, elle l'avait aussi entendu durant le combat. Mais Sasaki n'arrivait pas à remettre un nom sur cette voix.

Malgré elle, elle écoutait. Apparemment, la fille inconnue, (plus exactement celle dont elle ne se souvenait plus bien), exhortait Kairi à s'excuser, arguant que Kairi avait une philosophie de l'amitié qui ne saurait accepter de repousser qui que ce soit, encore moins la demi-soeur d'Emiri. La jeune Kairi n'était pas vraiment encline à le faire sans rechigner. Toutefois, on pouvait sentir que ce n'était pas par méchanceté, pas vraiment parce qu'elle était têtue, mais bien plus parce que cela était gênant et difficile à formuler. Kairi avait besoin de temps pour se faire à l'idée, sans aucun doute. Mais cette fille inconnue voulait malgré tout gommer tout malentendu.

Kairi finit par clamer qu'elle était désolée, affirma que Sasaki était simplement mal tombée, elle avait fait déborder le vase sans le vouloir à cause d'un trop grand nombre de mensonges. Pendant un instant, Sasaki resta silencieuse et la porte resta fermé, le couloir restait alors plongé lui aussi dans le silence et l'attente.

Et puis, l'instant d'après, le déclic de la serrure indiqua que Sasaki avait déverrouillé la porte. Puis, la porte fut poussée lentement et dévoila Sasaki, les yeux ronds, le regard hagard, la bouche entrouverte, le visage ravagé par les larmes. Mais, en partie soulagée, elle se jeta au cou de Kairi et l'enlaça. Un instant, elle ne dit rien, se contenta simplement de lui accorder ce câlin qui était autant un pardon qu'une demande de pardon. Juste comme si elle cherchait à voir si elle était sincère et si elle était prête à l'accepter.

-C'est moi qui suis désolée, Kairi. Je te jure que j'aurais aimé que les choses soient autrement. Si je le pouvais, je te rendrais Emiri à ma place. Je veux pas qu'on soit fâché et je ne veux plus te mentir, plus jamais. Kairi... Je crois que je mériterais moi aussi une bonne paire de claques... Si ça peut t'aider à te sentir mieux... Dit-elle en se dégageant en la fixant avec un faible sourire sincère. Il n'y avait rien de trop pour ses amies. Si Sasaki devait se jeter d'une tour pour sauver ses amis, elle le ferait. Si Sasaki devait se tuer pour bannir à jamais la souffrance et la mort de ce monde, elle le ferait.

Pendant ce temps, Shiki s'était posté à l'entrée même du vaisseau dès que les deux filles étaient montées à bord. Comme Zéro ne les suivait pas, elle estima que le moment était bien choisi pour avoir une petite... Discussion.

-Zéro... Je crois que tu me dois quelques explications. A commencer par qui était ce Stein et ce qu'il nous veut, s'il reviendra et s'il risque de blesser Sasaki. Et que dit cette lettre ? Des ennuis en perspective ? Shiki le fixa les bras croisés, lui parlant d'un ton dur et froid. Sa visite n'avait rien d'amical et elle n'allait pas laisser Zéro tranquille. Elle espérait que Kairi retiendrait Sasaki suffisamment longtemps pour qu'elle puisse utiliser la force si nécessaire sans que Sasaki n'en vienne à en être alarmée.

Sasaki n'avait voulu qu'une chose dès qu'elle avait vu Kairi: devenir son amie car quiconque avait fréquenté sa demi-soeur ne pouvait qu'être une bonne personne, une personne avec qui elle pourrait apprendre d'Emiri. Et Sasaki était têtue, elle voulait tout tenter pour que tout le monde soit son ami, elle ne pouvait pas se résoudre à laisser un conflit latent, à ignorer un ami potentiel pour une dispute aussi grave soit-elle. Aussi, elle était tout simplement comblée de voir que Kairi lui avait pardonné. Et cela alla au delà de ses espérances.

Sa nouvelle amie l'embrassa sur le front avant de lui offrir un présent symbolique, un pendentif superbe qu'elle s'empressa de lui accrocher autour du cou. Sasaki se laissa faire docilement et quand elle eut fini, Sasaki observa le pendentif, un grand sourire aux lèvres. Elle avait à présent deux colliers, l'améthyste de Zéro et celui de Kairi. Et beh, si tous ses amis lui offraient un collier, elle aurait un torticolis. Mais deux, c'était très bien. Celui de Kairi s'encadrait parfaitement dans le cercle décrit par celui de Zéro, au dessus de l'améthyste. Hihi, c'était d'ailleurs rigolo de l'entendre dire qu'elle trouvait que le collier lui allait bien. Zéro lui avait dit la même chose en lui donnant le sien: quelque chose comme "ce collier renforcera votre beauté déjà sublimé par votre kimono".

"Ne l'enlève pas". Comme si. Elle comprenait bien toute la signification de ce collier. L'enlever c'était comme rejeter son amitié. Elle le garderait tout contre sa chair aussi longtemps que possible. Dommage qu'elle n'avait rien à offrir en retour. Sasaki n'avait quasiment aucune possession, hormis les cadeaux que les gens lui faisaient. Un jour, il faudrait qu'elle guette tout ce qu'elle pouvait trouver et en faire des bijoux, des petits trucs jolis qu'elle pourrait échanger comme des présents symboliques.

-Merci Kairi. Je le porterais toujours. Promis.

Ensuite, Kairi proposa de parler d'autre chose. Plus précisément de leurs amants respectifs. Et la question directe de Kairi fut de lui demander si elle songeait à se marier avec Zéro. Sasaki fut surprise par la question. Elle n'y avait jamais pensé. C'est à peine si elle savait ce qu'était le mariage. Mais elle se doutait de ce que c'était, mais n'y avait jamais réfléchi. Vivre avec Zéro était déjà un peu comme s'ils étaient mariés. Sasaki rougit en baissant la tête en regardant ses deux index qu'elles joignaient entre eux.

-Ben euh, non... On se connaît depuis pas longtemps. C'est un peu mon garde du corps en plus de mon amoureux, alors il me quitte pas. Je sais pas si on va se marier ou pas... Je suis pas trop sûre de ce que c'est, ni s'il serait d'accord...

Se marier avec Zéro. Son passage à Besaid, seul vrai moment où elle avait pu connaître un peu comment la vie en société fonctionnait, ainsi que les traditions, avait été bien trop court pour comprendre toutes ces choses comme ce que signifiait réellement se marier. Pour elle, il n'y avait pas de quoi s'en préoccuper tant que l'on vivait déjà ensemble. Elle ne savait pas trop comment ça se passait, si c'était agréable ou pas. Mais bon... Elle était quand même convaincue que si cela devait lui arriver, et que Zéro était d'accord, elle passerait un moment inoubliable avec son âme soeur. Alors pourquoi pas ? Même si elle aurait bien aimé voir un mariage d'abord pour voir comment ça se passait.

-Je ne connais pas de Sora. Mais je suis sûre que s'il t'aime alors il reviendra un jour. Si vous vous mariez... Ben ptet que si tu veux, je viendrais. Ptet comme ça que je saurais ce que c'est et que je pourrais voir si ça me donne envie pour Zéro et moi...

Des questions lui brûlaient les lèvres sur Emiri, mais franchement elle doutait que c'était une bonne idée d'en parler à présent. Sujet tabou, quoi. Déjà avec Haruhi, ça avait failli partir en sucette. Si Sasaki n'était pas si mignonne et Haruhi pas aussi tendre malgré ses airs de grande dure qu'elle se donnait, ça se serait sûrement mal fini. Mais du coup...

-Je ne sais plus si je l'ai dit, mais j'ai une autre demi-soeur, Haruhi. Tu la connais aussi, non ? J'ai pas eu le temps de lui parler, elle avait l'air un peu... Colérique, mais une bonne amie.

Pendant ce temps, Shiki écoutait avec attention tout ce que Zéro voulait bien lui dire. Admettons-le, elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi bavard et aussi coopératif. Cela ne le rendait pas plus sympathique à ses yeux, et pas moins dangereux, mais au moins, elle était mise au courant et c'est tout ce qui l'importait. En gros, le passé rattrapait Zéro. Et pas le meilleur. Les erreurs et les regrets. Shiki resta neutre. Etait-ce rassurant ? Rien de tout cela n'était rassurant. Une arme de destruction massive, un père manipulateur et fou... En gros, les ennuis ne faisaient que commencer.

Shiki haussa les épaules après un instant de silence tendu.

-J'imagine que l'on ne peut rien y faire. Mais ta présence ne fait que rallonger la liste d'ennemis dont on aura à se soucier. Mais égard à Sasaki, je t'autorise à rester. T'as juste intérêt à ne plus jamais la laisser en plan comme ça. Autrement, tu te débrouilleras seul. Le passé est fait. Laisse les morts derrière, ils ont déjà assez fait de tort. Tu as un oisillon fragile sous ton aile, alors tu ferais mieux de songer au futur.

HS : Désolée j'avais pas vu que vous aviez répondu

Sasaki était trop mignonne à sourire de la sorte et puis, ses paroles lui allaient droit au cœur, c'était plus que certain, si un jour l'ombre qu'elle aimait lui faisait officiellement sa demande, elle serait la première informée, enfin l'une des trois premières informées, car elle en parlerait avec sa gardienne et Ondine, la marraine de Mélina, puis tous ses autres amis en seraient tenu au courant, elle n'en oublierait aucuns, elle s'en faisant la promesse ! Par la suite, elle lui demanda des précisions sur Haruhi. Tient elle aussi faisait partie de la famille ? Oh mais oui, après tout, c'était bien plus que normal.

"Tu dois sûrement avoir raison et ne t'en fais pas, tu seras l'une des premières à le savoir si un jour notre projet se concrétise. En ce qui concerne Haruhi, elle partageait son corps avec Emiri, ce qui donnait un mélange assez épique, mais elles semblaient bien s'organiser. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, mais lorsque je l'ai aperçue, elle était très énergétique, ce qui donnait souvent l'impression qu'elle s'énervait pour rien. Avec elle, il ne fallait pas que les choses trainent, sinon elle les faisaient bouger à sa façon, elle était un peu bizarre, voir même très excentrique, mais dans l'ensemble, c'était une gentille fille, je pense que tu devrais passer un peu plus de temps avec elle."

N'était-elle pas censée être morte elle aussi ? Après la grande bataille à Shinrya, elle avait disparût et n'avait plus donné de nouvelles, en tout cas, Kairi n'en avait plus entendu parlé jusqu'à présent, ce qui fait qu'elle était un peu surprise, mais en même temps heureuse qu'elle soit encore vivante. Du coin de l'œil, elle pu apercevoir Zéro qui s'en allait furtivement et le plus discrètement possible vers une autre direction, va savoir où il pouvait bien se diriger.

"Je crois avoir vu Zéro passer, il ne voulait peut-être pas nous déranger. Je pense que tu devrais aller le rejoindre pour profiter un peu de lui, nous venons tous d'avoir une rude journée, même s'il n'est que ton garde du corps, il ne faudrait pas qu'il se sente abandonné. J'espère que ça ne vous dérange pas si je reste encore un moment avec vous. Encore désolée pour avant, je vais essayer de faire tout mon possible pour qe tu sois heureuse et surtout pour que tu puisses rattraper tout ton temps perdu"

Elle lui fit un grand sourire, puis s'en alla de la cabine, pensant qu'elle l'avait assez squattée. En repensant à ce qu'avait dit Sasaki au sujet de Zéro, Kairi ne pu s'empêcher de sourire à nouveau, c'était en veillant sur elle et en la protégeant constamment que Sora s'était rapprochée d'elle et inversement, s'ils continuaient sur cette voie, c'était sûr qu'un jour leur relation irait bien plus loin qu'une simple relation de couple. Espérant tout le meilleur pour son amie, Kairi se mit à visiter le vaisseau un peu plus en détail, ouvrant une ou deux portes qui ne lui semblaient pas trop privées, mais aui au final l'étaient, ce qui la gênait beaucoup, mais on pouvait lui pardonner, elle était nouvelle à bord de ce vaisseau.

Lorsqu'elle s'adressa à lui, Shiki resta froide et retira son regard de Zéro. Elle ne laissait jamais rien transparaître et fuyait le regard quand c'était possible pour ne laisser aucune chance de laisser les autres la percer à jour. Elle ne regardait les gens que lorsqu'elle avait quelque chose à découvrir, à obtenir. Ses yeux perçaient alors comme des rasoirs et rien ne lui échappait, mais comme elle savait que l'inverse pouvait être vrai malgré le mur de glace qu'elle s'était échafaudée devant elle, elle en venait fréquemment à éloigner son regard vers le lointain, à se retourner, méprisante.

-Peu m'importe. Fais ce qu'il faut pour ne pas me créer plus de problèmes et tu restes. Fais l'inverse et je n'aurais aucun remord à te chasser. Ne me remercie pas, tu n'auras pas souvent l'occasion de le faire de toute façon.

Quoiqu'elle ait voulu dire, elle sembla opiner au conseil de Zéro et fit marche vers le vaisseau. En route, elle fit signe de la tête à Emiko et Fujimi de rentrer. Ces dernières obéirent promptement. Pour une fois, Fujimi n'eut même pas à forcer Emiko à presser le pas.

Sasaki écouta Kairi lui parler de Haruhi. C'était plus ou moins ce qu'elle avait pu sentir en rencontrant Haruhi. Une fille sympathique mais quelque peu excentrique. Elle ne savait en revanche pas qu'Emiri et Haruhi avaient été proches à ce point. Partager leur corps... Sasaki comprenait mieux pourquoi Haruhi avait été à ce point touchée en parlant d'Emiri. C'était pas que de l'amitié, c'était... Plus.

-Oh crois-moi je compte bien passer autant de temps que possible avec elle. C'est un peu ma seule famille. Je l'aime déjà beaucoup. Dès que nous aurons retrouvé Aube, je tiens à ce qu'on fasse route ensemble.

En parlant de faire route ensemble, Kairi termina en indiquant la présence de Zéro à Sasaki et en semblant dire qu'elle souhaitait rester encore un peu. Sasaki se demanda juste ce que cela signifiait. Faire tout son possible pour la rendre heureuse en plus ? A l'entendre, elle les accompagnait. Cela ne pouvait qu'enchanter Sasaki, même si elle espérait que Kairi ne s'en ferait pas trop avec cette histoire de "la rendre heureuse et rattraper le temps perdu". Elle était déjà aux anges, il ne lui en fallait pas beaucoup. Disons en tout cas qu'elle espérait que ça ne deviendrait pas non plus un fardeau pour Kairi. C'était juste... Merveilleux de se dire qu'il y avait tous ces gens qui avaient ces mots là en bouche: "te rendre heureuse". Elle, elle l'était. Elle espérait que les autres l'étaient et qu'ils ne se tuaient pas à la tâche.

En ayant le sentiment d'être bien entourée et chanceuse, Sasaki se tourna vers Zéro. Que faisait-il ? Il trifouillait l'ordinateur de bord. Lentement, elle s'approcha et passa ses bras autour de son cou dans son dos. Elle lui souffla après l'avoir embrassé sur la joue:

-Salut, toi. Qu'est ce que tu fais ? Tu essayes encore de t'enfuir ?